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Chroniques
Après Petrofac, à qui le tour ?
20/09/2016 | 15:59
3 min

 

Les éternelles crises (encore et encore) au sein de Nidaa accaparent l’actualité. Et pourtant, l’actualité, la vraie, celle qui gagnerait à être connue et sur laquelle on devrait se concentrer davantage est ailleurs. La société tuniso-britannique de prospection et d’exploitation pétrolière, Petrofac, menace de quitter définitivement l’archipel de Kerkennah où elle est installée depuis 10 ans. Un départ prévu aujourd’hui-même…si les négociations n’aboutissent pas.

Une annonce de taille lorsque l’on sait que l’entreprise se bat contre des protestations qui, depuis 9 mois déjà, bloquent son activité. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Tout dépend de quel côté l’on se place.

 

Elle serait une bonne nouvelle pour ces centaines de manifestants qui sont derrière son départ. Ces habitants de Kerkennah s’indignent depuis des mois contre la « spoliation » des richesses de l’île par cette multinationale étrangère. On l’accuse de manquer de transparence sur des contrats pétroliers et gaziers et d’obéir à des lobbies, faisant « d’énormes profits en toute impunité ». Un enrichissement qui justifierait, selon les protestataires, que l’entreprise finance un fonds pour l’emploi au profit des diplômés chômeurs. Les manifestants, qui comptent aussi des pêcheurs, se sont aussi soulevés contre certaines marées-noires, dues à des fuites de pipeline, mettant en danger la biodiversité de l’île et menaçant leur premier (et unique !) moyen de subsistance.

Les manifestants, derrière ce départ de Petrofac, accusent l’entreprise de violer l’article de la Constitution tunisienne selon lequel l’Etat est souverain de ses ressources naturelles. Ils l’accusent aussi de négliger ses « engagements sociaux » en termes de développement local et de création d’emplois. Mais que gagneraient-ils exactement si l’entreprise quittait le pays ? En gros, rien du tout.

Personne n’a intérêt à ce que Petrofac quitte la Tunisie. La nouvelle serait mauvaise pour un camp comme pour l’autre. Elle l’est non seulement pour ces protestataires qui menacent son activité et lui demandent de rendre des comptes, que pour les centaines de personnes qu’elle emploie chaque jour. Petrofac assure aujourd’hui près de 500 emplois directs et indirects et fait tourner des dizaines de millions de dinars en devises dans les caisses de l'Etat chaque année. Une ressource non négligeable lorsque l’on connait la situation de Kerkennah…et de l’économie tunisienne.

 

L’archipel de Kerkennah, pour ceux qui connaissent, est un ensemble d’îles presque vierges vivant essentiellement de la pêche. L’infrastructure, aussi bien vitale que touristique, y est archaïque. L’activité pétrolière représente donc une manne non négligeable à exploiter. Mais suffit-il de créer des barrages, de bloquer des entreprises et d’instaurer un véritable no man’s land sécuritaire pour être entendu ? Kerkennah est en effet une zone de rébellion dans laquelle les forces de l’ordre sont personae non gratae, et ce depuis avril.

Mais il a fallu attendre que l’entreprise menace de partir dans le mois pour que les autorités daignent enfin sortir l’artillerie lourde. La ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Hela Cheikhrouhou, promet aujourd’hui de régulariser la situation de tous les protestataires diplômés (rien que ça !). Le nombre de ces derniers dépasse les 200 ! En plus donc de se taire face à des présumés dépassements pratiqués, depuis des années, par l’industrie pétrolière dans l’archipel, l’Etat capitule face à ceux qui le prennent en otage. De quoi donner l’exemple…

 

Les autorités tunisiennes ne savent pas, encore aujourd’hui, à quel saint se vouer. Ouvrir cette boîte de Pandore qu’est le lobby pétrolier en Tunisie, quitte à faire des découvertes qui fâchent, et assurer un réel contrôle sur les ressources naturelles tunisiennes en donnant toute leur légitimité aux revendications sociales. Ou alors, arrêter cette hémorragie qu’est le départ, en nombre, de multinationales vitales pour le pays en ces temps de crise.  Un équilibre à faire qui présente pour les officiels un véritable casse-tête.

Après Britsh Gaz, c’est au tour de Petrofac de plier bagages. En attendant la décision définitive face à des propositions gouvernementales qui pourraient jugées « être trop peu, trop tard », ce n’est pas le dossier Petrofac qu’il faudra régler mais toute une politique gouvernementale face à des multinationales aux situations délicates et à des tensions sociales devenues insoutenables…

 

 

 

20/09/2016 | 15:59
3 min
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Commentaires (26)

Commenter

saz
| 25-09-2016 21:40
On jette la pierre (et non "des pierres") , à
autrui et non "sur les autres".

Fares
| 24-09-2016 23:49
Et on lisant votre commentaire on se rend vite compte que vous maîtrisez mal la langue de Molière. Donc, commencez par balayer devant votre porte avant de jeter des pierres sur les autres.

Merci.

samir zalila
| 24-09-2016 20:51
Madame, arrétez de dire que l'infrastructure vitale est archaïque à Kerkennah; combien de fois vous êtes vous rendue à Kerkennah pour affirmer cela. A propos d'infrastructure vitale je citerai uniquement le cas de l'Hôpital: un établissement propre, un personnel médical et paramédical dévoués, compétents et efficaces, un service de chirurgie et une maternité opérationnels, un service d'hémodialyse rénale et un hélicoptère à disposition pour transférer les urgences médico-chirugicales vers Sfax. Pour les premiers soins tous les villages disposent de leur dispensaire. Il existe un problème de l'emploi à Kerkennah comme partout ailleurs en Tunisie et le droit à l'emploi aurait du être inscrit dans la constitution. Le problème social actuel résulte de l'indifférence voir le mépris des responsables au gouvernement envers les revendications légitimes de personnes sans emploi, diplomés ou non, et ce depuis le 19.01. Traiter ces personnes de voyous souhaitant le départ de Petrofac comme je le vois écrit ici et là,est une insulte envers eux, même si toute manifestation
pacifique n'est pas l'abri de débordements violents. Et lorsque vous parlez de l'indignation de la population sachez que cette indignation fait suite avant tout à la brutalité et la violence de l'intervention des forces de l'ordre en avril dernier pour réprimer manu militari un sit in somme toute pacifique.Madame, vous parlez de "spoliations des richesses de l'île". Le pétrole au large de Kerkennah est une richesse NATIONALE et non locale, et doit profiter à tous les TUNISIENS mais pas uniquement à une frange de la population. Et puis avez vous des chiffres à nous communiquer avant de nous parler de spoliations. L'Etat tunisien étant l'actionnaire majoritaire il me semble que c'est à lui qui il faut s'adresser en premier en cas de conflit. On a l'impression que depuis que l'on parle du conflit social à Kerkennah qui remonte au moins à 2015 (et c'est maintenant que l'on se réveille!) tout le monde est devenu expert qui en pétrochimie, qui en économie ou en problèmes environnementaux. Cordialement.

nass
| 21-09-2016 17:13
ah bonjour mme
il faut dire avant petrophc c est qui et aton fait qqc chose venez dans la region de monastir et vous allez voir le nombre de societe qui ont ferme et qui sont parti au maroc

sbb
| 21-09-2016 15:20
Comment peut on accepter que depuis avril il n y a plus de force de sécurité dans kekennah et la laisser entre les mains d extrémistes de tout bord. on doit pas donc s'étonner de trouver, le jour j, des caches d armes et les Daechiens fuyant syrte solidement installés dans l'île.

sidéré
| 21-09-2016 14:41
je n'ai pas vu plus défaitiste, plus pessimiste, plus négativiste comme article.

Anonyme
| 21-09-2016 13:33
Pourquoi voulez vous détruire tout ce qui fonctionne sous prétexte que vous voulez améliorer les conditions de vie du tunisien?...Vous seriez les premiers responsables si Malheur arrive à cette pauvre nation!...Malheureusement Aucun de nos Politicien n'est au niveau pour vous dénoncer ouvertement et vous mettre en prison pour "complot contre l'état".

Non Non
| 21-09-2016 13:13
C le Hizb Ettahrir qui est bien implanté à Kerkennah qui est derriere tout ça...

Kerkenniens chassez les de la bas.... si vous etes hommes courageux et abondonnez le Fikr de Hizb Ettahrir

URMAX
| 21-09-2016 13:05
.... nous nous serions "bien assis" ; non pas sur un siège, mais sur le concombre qui nous fait office de fauteuil !
Désolé, mais c'est vrai.
Nous ne nous réveillerons, que lorsque nous aurons touché le fond du puit !

Haroun
| 21-09-2016 12:26
Apres la catastrophe de PETROFAC,n'espérez plus l'arrivée d'autres investissements étrangers.Continuez à faire d'autres manifestations "démocratiques"qui ne méneront que vers d'autres catastrophes.Vous étes libres de tout détruire