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Anis Majoul : Il faut ouvrir le marché tunisien de l'automobile
06/10/2015 | 15:01
6 min
Anis Majoul : Il faut ouvrir le marché tunisien de l'automobile

 

Business News s’est entretenu, vendredi 2 octobre, au showroom Mazda de Ben Arous, avec Anis Majoul, directeur général d’Economic Auto, filiale d’UADH et concessionnaire de la marque japonaise Mazda. Autour du secteur automobile en Tunisie et de ses problèmes, M. Majoul a réitéré l’appel de tous les concessionnaires : l’ouverture du marché de l’automobile et l’abolition du système des quotas.

 

Ainsi, Anis Majoul estime qu’avec la nouvelle répartition des quotas de 2011, la marque Mazda a été énormément lésée. En effet, depuis 2012, Economic Auto a introduit les voitures particulières (VP) sur le marché tunisien. Auparavant, le concessionnaire ne vendait que les pick-up et les SUV et se suffisait donc des 1.000 unités qu’on lui avait accordées. Mais ce quota n’est désormais plus suffisant depuis qu’il s’est investi dans les VP, surtout qu’à partir de 2014, il s’est introduit sur le segment B, avec sa Mazda2.

 

Le directeur général d’Economic Auto avance que rien qu’avec la Mazda2, il pourrait écouler les 1.000 unités en 6 mois, son produit étant performant et fiable.

 

Anis Majoul a sévèrement critiqué la philosophie des quotas calculés sur la moyenne des quatre dernières années. Pour lui, les quotas distribués ne suffisent pas. En plus, le gouvernement et le ministère du Commerce se sont dérobés de leur responsabilité et ont renvoyé la balle au bureau exécutif de la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles, qui est devenu, de ce fait, juge et partie. Or ici, il s’agit de distribution de richesse et il est naturel que chacun favorise ses propres intérêts, explique-t-il.

 

Il réclame l’ouverture pure et simple du marché de l’automobile ou au moins une ouverture partielle, avec la libéralisation du segment B. En effet, avec la politique des quotas, les concessionnaires favorisent l’importation des produits dans lesquels ils réalisent le plus de marge au dépend des consommateurs à faible revenu, indique-t-il, en fustigeant ce système «inéquitable» selon ses dires.

 

Autre problème relevé par M. Majoul, Economic Auto collabore avec un partenaire japonais qui travaille avec des commandes fermes et un stock zéro: les commandes doivent être passées avant cinq à six mois de la date de livraison sans possibilité de se dérober. D’ailleurs, à cause de la dernière décision de la DGCE, des véhicules importés par le concessionnaire sont bloqués sur les ports grec et espagnol. Maintenant, il est obligé de payer des frais portuaires additionnels qui peuvent atteindre 50 dinars par jour et par véhicule. Ceci est à l’encontre de la logique des économies que veut faire le gouvernement sur la balance des paiements. D’ailleurs, le directeur général de Mazda explique qu’il ne peut plus revenir en arrière : il s’est engagé envers le constructeur et a ouvert une lettre de crédit.

 

Anis Majoul a, aussi, évoqué la situation des agents agréés qui se sont engagés avec Economic Auto, à travers l’ouverture de showrooms. Ces promoteurs emploient des personnes et ont des frais à payer mais se retrouvent sans voitures à vendre à cause de la politique des quotas. Il en est de même avec les clients : le concessionnaire est incapable de leur avancer une date de livraison de leurs véhicules à cause du manque de visibilité et de la non-fixation ferme des quotas pour l’année en cours.

 

Prenant comme exemple le secteur des camions qui était auparavant régi par le système des quotas, il affirme que, depuis sa libéralisation en 2012, ce secteur a été autorégulé. Donc pour lui, l’ouverture du secteur profitera avant tout au consommateur : des prix plus bas et un meilleur service après-vente. Et si dès demain, l’ouverture du marché est décidée, les importations ne dépasseront pas la capacité totale du marché, à savoir, 80.000 véhicules, tout en instaurant une concurrence seine qui profitera au plus performant et à celui qui détient le réseau le plus étendu, estime-t-il.

 

Pour Anis Majoul, les véhicules non fiables n’ont pas d’avenir en Tunisie, car le client tunisien est un consommateur averti. Il considère que si le secteur est libéré, le marché sera régulé en 2 ans.

 

http://www.businessnews.com.tn/images/album/BN24457mazda.jpg

 

Par ailleurs, M. Majoul ne comprend pas l’acharnement contre le secteur automobile, alors que tous les autres secteurs sont libres et ouverts. En Tunisie, malgré les problèmes de balance commerciale, les restrictions ne touchent que le secteur automobile, les autres secteurs ne sont pas inquiétés et les produits tunisiens sont concurrencés par des produits étrangers alors qu’ils sont produits localement.

 

En outre, les importations de véhicules ne représentent que 2,5% de la balance des paiements. En contrepartie, les entreprises de pièces de rechange du secteur font 37% du chiffre à l’export en plus des entrées fiscales des ventes de véhicules (TVA + droit de consommation+ droit de douane) ce qui équivaut à 100 millions de dinars environ, ajoute-t-il.

 

En contrepartie, le marché parallèle qui ne paye rien à l’Etat n’est pas inquiété. Pire, alors que nous sommes en pleine guerre contre le terrorisme, nous ne savons pas à qui profite cet argent, note-t-il.

 

Autre problématique évoquée par Anis Majoul, celle du secteur pick-up simple cabine 4x2. Il explique que ceux qui faisaient le montage en Tunisie (Complete Knock Down-CKD) bénéficiaient, avant, d’un certain avantage fiscal. Depuis 2008, et afin d’encourager la privatisation de la STIA, l’Etat a interdit l’importation de ce type de véhicules pendant 5 ans. Cette période a expiré fin 2013 et les restrictions sont toujours en vigueur. Or les trois opérateurs autorisés actuellement sur le marché n’arrivent plus à satisfaire la demande : les délais d’attente dépassant parfois les 6 mois, d’où l’explosion du marché parallèle et des réseaux spécialisés dans l’acheminement de ce type de véhicules. D’ailleurs, les acheteurs publics trouvent des difficultés énormes à s’approvisionner de ce genre de véhicules alors que des opérateurs comme Nissan, Toyota et Mazda se retrouvent à l’écart bien qu’ils ont des produits de bonne qualité.

 

M. Majoul appelle à laisser l’avantage fiscal à ceux qui font le montage en Tunisie, tout en permettant aux autres opérateurs d’importer une partie de la demande du marché que les opérateurs autorisés ne parviennent pas à satisfaire. D’ailleurs, il suffit de constater les chiffres du marché parallèle qui importe le double du marché officiel pour ce type de véhicule, pour comprendre la problématique.

 

En contrepartie, les concessionnaires, qui investissent dans le réseau et qui créent de l’emploi, sont écartés, martèle-t-il. En effet, Economic Auto s’est préparé à l’ouverture de ce marché en investissant dans deux succursales, l’une à Bou Salem et l’autre à Gafsa, mais qui demeurent sans aucune activité vu la fermeture du marché.

 

Notons qu’Economic Auto possède 11 points de vente à travers le pays (7 succursales et 4 agents agréés) : l’un des réseaux des plus développés estime M. Majoul. Un douzième succursale sera prochainement ouverte à Nabeul. En outre, des travaux sont actuellement en cours dans la succursale de Ben Arous : La superficie du showroom sera doublée, la capacité de stockage des magasins de pièces de rechange, triplé la capacité pour les ateliers en ajoutant 20 nouveau postes de travail.

 

Jusqu’à fin août le groupe UADH a été le leader du marché, avec 5.609 véhicules vendus, soit 16,45% de part de marché, souligne Anis Majoul.

 

Imen Nouira

06/10/2015 | 15:01
6 min
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Commentaires (8)

Commenter

Letranger
| 07-10-2015 17:08
" tous les Tunisiens ont qqn à l'étranger, ça permettra de faire rentrer plus de devises dans le pays."
A bon ? J'avais pas remarqué.

ABDOU
| 07-10-2015 09:46
Je me permets de poser deux questions :
1) Quels sont les pays qui ont les meilleurs transports publics?
La reponse est simple. Ce sont les pays producteurs de vehicules routiers: l'Allemagne, le Japon, la France ....
2) Quels sont les pays qui importent le plus de vehicules routiers?
La reponse est aussi simple: Ce sont les pays exportateurs de petrole.
La Tunisie qui ne fait partie ni du premier ni du second groupe!
Cela aurait du inciter l'Etat a priviligier le transport collectif prive et public, routier et ferrovaire. C'est tout a fait le contraire de ce qui a ete fait. Resultat : un endettement des particuliers et une balance commerciale largement deficitaire. A ma connaissance le cout de la compensation energetique reserve rien qu' au transport est de tenez vous bien de 1 millard de Dinars annuellement. Imaginons un moment ce qu'on aurait pu faire en investissant cet argent dans des projets de transport collectifs surtout ferroviaires electriques. A titre indicatif le cout du projet RFR pour 2 lignes en double voies electrifies : Tunis - Gobaa(20 km) et Tunis Sidi Hassine(10km), materiel compris ne depasse ce montant cad 1 millard de Dinars ! Conclusion dans un pays aussi depourvu de moyens que la Tunisie, on ne peut pas se permettre le luxe de satisfaire les interets personnels en accordant a la voiture particuliere 80% du marche du transport ! C'est tout simplement suicidaire. C'est dire la necessite absolue d'avoir une vision pour le pays. Malheureusement, ce n'est nullement la priorite de nos hommes politiques que dire des "experts" en planification.

Yves
| 07-10-2015 09:01
C'est connu, chacun prêche pour sa paroisse. Monsieur Majoul veut gagner plus d'argent, il demande donc à pouvoir vendre plus.
La réalité économique du pays est bien plus complexe que celle là et parler de la balance des paiements n'est pas significatif. Il serait plus judicieux de parler de la balance commerciale du pays ou de sa réserve en devises étrangères.
Dans un pays où les tunisiens ont du mal à trouver en banque des devises lorsqu'ils voyagent il n'est pas raisonnable de libéraliser le marché automobile pour le moment.
Officiellement, le gouvernement dit disposer d'une réserve de change couvrant 110 jours d'importations, et les importations doivent couvrir en priorité les besoins alimentaires, médicaux, les matières premières et les biens d'équipement industriels.
Ouvrir complètement le marché automobile ferait certes chuter les prix des voitures, mais dans le même temps il accroîtra le déficit de la balance commerciale et fera fondre la réserve de change en quelques heures.
Il y a des priorité dans la vie, et rouler en Mazda n'en est pas une !

DHEJ
| 06-10-2015 19:30
Est les autoroutes qui va les ouvrir?

el manchou
| 06-10-2015 17:08
Il faudrait instaurer un système libéralisé où on peut payer par devise, tous les Tunisiens ont qqn à l'étranger, ça permettra de faire rentrer plus de devises dans le pays.
Mais bon, Loukil veut continuer à vendre ses citroëns au prix des BMW ...

Mansour Lahyani
| 06-10-2015 16:32
Très curieux : lundi, Ben Gharbia est en Suisse pour échapper à ses poursuivants, mardi il y est en villégiature' Si ce n'est pas un grossier coup de buzz pour faire connaître sa chaîne télé, ça y ressemble beaucoup' J'espère qu'il ne poussera pas la farce jusqu'à rentrer dans une caisse en bois de 2x0,60' pour nous prouver qu'il ne plaisantait pas !!

Mahdi
| 06-10-2015 16:31
Je viens de lire cet article et j'aimerai clarifier le point concernant la vente de pick up en Tunisie. Mr Majoul à annoncé que l'offre des trois constructeurs Tunisien ne satisfait pas la demande ,et que l'attente peut atteindre les 6 mois, je confirme que cette information n'est pas vrai il suffit de contacter ces concessionnaires et de constater que les véhicules pick up sont disponibles et immédiatement.

habib
| 06-10-2015 15:48
avec quelles devises espece de nase