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Ahmed Brahim, le repos du guerrier
03/04/2014 | 1
min
Ahmed Brahim, le repos du guerrier
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Ahmed Brahim, leader emblématique d'Al Massar, a annoncé le 3 avril 2014 sur Mosaïque FM qu'il renoncerait à la présidence du parti en juin prochain, date du congrès électif. L'un des dinosaures de la scène politique tunisienne tire sa révérence faisant ainsi preuve de maturité, de responsabilité et de pragmatisme. Une leçon pour d'autres dirigeants de partis et hommes politiques.

Ahmed Brahim est l'un des rares leaders politiques qui a réussi à garder le respect et l'estime de ses adversaires car il a toujours été un homme de dialogue, d'union et de réconciliation. C'est d'ailleurs ce côté gentil et "grand-père sympathique" qui lui a joué des tours par moments.
A bientôt 68 ans, Ahmed Brahim se retire en laissant derrière lui une carrière de militant et de dirigeant riche en batailles et combats contre le despotisme et la dictature.

Le futur ex-président d'Al Massar a été l'un des rares leaders politiques à se conformer de manière souple avec les soubresauts consécutifs que connait la Tunisie depuis la révolution. On lui a reproché d'avoir fait partie du gouvernement de Mohamed Ghannouchi, le dernier des premiers ministres de Ben Ali. Il a répondu par sa conscience qu'il fallait faire perdurer l'Etat et qu'il pouvait être efficace et en agissant. Cette abnégation Ahmed Brahim l'a toujours eue. Il avait également été sévèrement critiqué lorsqu'il s'était présenté en 2009 à l'élection présidentielle.

Quand les médias ont acquis une certaine liberté et que la critique est devenue normale et quotidienne, Ahmed Brahim a été l'un des plus "sportifs". Il est le premier à rigoler et apprécier les imitations de sa voix particulière. Il a toujours été accessible et souriant. Rattrapé par l'âge et par certains soucis de santé, Ahmed Brahim lâche la barre d'Al Massar. Il aura cette sagesse pour pérenniser le parti et pour préparer une transition qui se fera dans la sérénité. Le leader historique aura combattu jusqu'au bout pour réaliser l'un de ses vieux rêves : unir les partis démocrates afin de faire face à Ennahdha et éviter le scénario des élections d'octobre 2011.

En choisissant de se retirer volontairement de la présidence d'Al Massar, Ahmed Brahim donne une leçon aux acteurs de la vie politique tunisienne. Par cet acte, il reconnaît qu'il n'a plus le même apport qu'il pouvait avoir il y a quelques années. D'autres leaders politiques deviennent des boulets pour leurs partis et sont difficilement supportés par leurs propres militants. Ils en arrivent à devenir des éléments de répulsion du parti au lieu d'être des vecteurs d'attraction.

Dans le club très fermé des présidents de partis influents ou historiques, on constatera que Ahmed Brahim est le petit jeune de la bande. Béji Caïd Essebsi en est, évidemment, le doyen avec ses 88 ans. Il est suivi par Mustapha Ben Jaâfar et Rached Ghannouchi avec respectivement 74 et 73 ans. Ensuite vient Ahmed Néjib Chebbi qui aura 70 ans en juillet prochain. Avec ses 68 ans, Ahmed Brahim a pourtant choisi de quitter la scène politique pendant que d'autres dinosaures continuent à faire la pluie et le beau temps dans un pays peuplé en majorité par des jeunes.

Le fait que Ahmed Brahim se retire jette un pavé dans la mare et pourrait constituer une raison pour relancer le débat sur le représentation des jeunes dans les partis politiques. En effet, les repères de nos politiciens sont ancrés dans une autre époque et sont façonnés par une vision archaïque. Au cours du dialogue national, quand il a été question de choisir un nouveau chef de gouvernement, le nom d'Ahmed Mestiri avait été évoqué avec insistance. Il est logique que le choix se porte sur une personne ayant 89 ans quand ceux qui doivent le choisir ont 70 ans.

Ahmed Brahim laisse derrière lui un parti en croissance qui est arrivé à occuper une place relativement importante sur la scène tunisienne. Un parti qui a des prises de positions courageuses en conformité avec son ADN. Parmi ces prises de position nous rappellerons son refus de participer à un quelconque dialogue si d'autres partis s'en trouvent exclus comme ce fut le cas lors du débat suscité par la présidence de la République au palais El Dhiafa. Une autre prise de position plus récente est celle annoncée par le porte-parole officiel du parti, Samir Taïeb, lors d'une allocution à Jawhara FM le 3 avril 2014.

Dans son intervention, Samir Taïeb déclare que son parti ne participera au dîner organisé par la présidence de la République en l'honneur du prince du Qatar. Il a également déclaré que la récente tournée de Mehdi Jomâa dans les pays du Golfe était une perte de temps et qu'il aurait fallu se diriger directement vers des pays dont l'aide serait plus conséquente comme l'Europe ou les Etats-Unis d'Amérique.

Ahmed Brahim va donc quitter Al Massar pour laisser la place à d'autres dirigeants plus jeunes. Toutefois, il a précisé qu'il continuerait l'action politique et qu'il se tient à la disposition du parti pour toute mission temporaire ou pour donner des conseils s'il est consulté. Gageons que le parti Al Massar ne fera pas l'économie de profiter des conseils et des avis de son grand sage.

Marouen Achouri
03/04/2014 | 1
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