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Chroniques
Affaire du ministère de l’Energie: Le coup dans l’eau de Youssef Chahed
02/09/2018 | 15:59
3 min

Par Sofiene Ben Hamida

 

Nous nous sommes réveillés ce dimanche (pourquoi le dimanche ?) avec de nouvelles augmentations des prix du carburant. Ces augmentations entrent dans le cadre d’un système de régulation des prix qui, depuis son instauration, n’a jamais profité aux citoyens, pas encore. Mais il est certain que ces augmentations n’ont  aucun rapport avec le limogeage annoncé vendredi du ministre de l’Energie, de son secrétaire d’Etat et de quelques autres hauts responsables du ministère qui a été rattaché au ministère de l’Industrie. Il est tout autant certain aujourd’hui que cette purge dans le département de l’Energie n’a aucun rapport, contrairement à ce qu’on a voulu faire croire aux Tunisiens, avec la lutte contre la corruption et s’insère tout simplement dans le cadre d’une guéguerre entre Carthage et la Kasbah qui perdure depuis des mois et qui ne finit pas de montrer l’incompétence et l’égoïsme des uns et des autres.

 

Toutefois, il faut bien se rendre à l’évidence que l’affaire de ce champ pétrolier est une affaire grave, un scandale comme l’a si bien montré notre collègue Imen Nouira dans son article sur Business News. On aurait compris donc, applaudi même, que le chef du gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête et décide la réorganisation du département de l’Energie pour combler les lacunes évidentes. Mais de là à vouloir présenter ce dossier comme une affaire nouvelle, méconnue de ses services, découverte par hasard, désigner de facto les coupables et apparaitre comme le champion de la lutte contre la corruption, il y a là beaucoup à redire.

 

D’abord, ce dossier n’est ni méconnu, ni découvert par hasard comme s’est hasardé à le dire le porte-parole du gouvernement. Depuis 2009, date de l’expiration du contrat de la société en question, tous ceux qui sont passés par le ministère de l’Energie étaient au courant du dossier. Il s’agit de quatre ministres indépendants (Abdelaziz Rassaâ, Mehdi Jomaâ, Kamel Bennaceur et Héla Cheikh Rouhou), deux ministres islamistes (Lamine Chakhari et Mongi Marzouk) et un ministre de Ben Ali qui se trouve aujourd’hui conseiller auprès de Youssef Chahed : Afif Chelbi. Faire porter le chapeau au seul Khaled Gaddour est une manœuvre grossière, surtout que c’est lui et non le hasard, qui a alerté la présidence du gouvernement sur les lacunes de ce dossier à l’occasion d’une invitation adressée par cette entreprise pétrolière au chef du gouvernement pour l’inauguration de son puits.

 

L’enquête ordonnée par Youssef Chahed devrait aussi établir la responsabilité des chefs de gouvernements successifs qui se sont relayés depuis la révolution. Il serait anormal, sauf incompétence avérée, qu’un chef de gouvernement ne soit pas au courant d’un problème de cette ampleur dans un secteur stratégique comme le secteur énergétique. Il s’agit de Mohamed Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi, Hammadi Jebali, Ali Laârayedh, Mehdi Jomaâ et Habib Essid.

Elle devra aussi déterminer la responsabilité de Youssef Chehed lui-même dans ce dossier scandaleux. En effet n’est-il pas au courant depuis longtemps de ce dossier sans prendre les mesures nécessaires? N’a-t-il pas présenté lui-même cette entreprise comme un exemple de réussite pour encourager les investisseurs étrangers à s’implanter dans notre pays lors des assises Tunisia 2020 ? Crier aujourd’hui au scandale est en lui-même scandaleux tant ils sont tous responsables, en attendant que la justice, elle seule dans le cadre d’un procès équitable, nous livre les noms des coupables.

 

Non ce scandale n’a rien à voir avec la lutte contre la corruption dont Youssef Chahed se veut le champion. C’est un dossier qui montre la déliquescence de l’Etat et l’incompétence des dirigeants. Il montre surtout que ces dirigeants avides de pouvoir, au lieu de régler les problèmes du pays, cherchent à les instrumentaliser pour atteindre des objectifs personnels et égoïstes.

Dans une déclaration donnée à propos de ce dossier, Youssef Chahed avait affirmé: « Je n’ai peur que de Dieu et du peuple tunisien ». Nul ne peut se hasarder à expliquer les raisons de sa peur de son Dieu. Mais s’agissant du peuple tunisien, il a toutes les raisons de s’en méfier compte tenu des couleuvres qu’il n’a cessé de lui faire avaler.

 

02/09/2018 | 15:59
3 min
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Commentaires (23)

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Soufi
| 11-09-2018 10:37
Si tu vois combien de tes coups sont allés dans l'eau. Meskina tounés.

eshmoun
| 10-09-2018 19:37
"jamais le dimanche"? y a un rapport avec le fond de l'article qui me semble destiné à casser allègrement du "Chahed" ?... et ce ,quelque soit le jour de la semaine ....y compris celle des Quatre jeudi ...j'ai dit ! ....pas grand chose en fait ...à la mesure de la chro....même pas la force de finir ! sale ambiance !

Maxula
| 03-09-2018 19:41
Finalement, n'est-ce pas cet "article" lui-même qui serait plutôt "un coup d'épée dans l'eau" ?
A commencer par le titre, tronqué à mon goût, où l'auteur utilise "une variante" peu courante de la vraie expression, sinon la plus usitée ?
Peut-être a-t-il trouvé là un moyen peu coûteux de se distinguer'?'?'...plutôt que de proposer une solution à ce qu'il voit comme problème(s) ?
Maxula.

sassi
| 03-09-2018 14:23
il y a une contradiction dans cette analyse d'une part YC a fait brandir son épée dans l'autre cas vous avouez qu'il y a mauvaise gestion dans les services de l'Etat

aziz aziz
| 03-09-2018 14:09
une chose est sûre c'est que les gouvernements qui se sont succédé après la révolution (et même avant ) ont fait preuve de beaucoup "d'indulgence" à l'égard des entreprises tunisiennes actives dans le domaines de l'exploration et la production pétrolière. entre 2011 et 2014 la rarefication des activités d'exploration et de de forage malgré la hausse vertigineuse des prix du brut à l'echelle internationale a mis encore plus de pression sur l'Etat, gouvernement et instances législatives et consultatives compris pour entériner cette politique indulgente en espérant qu'in fine des résultats soient au rendez-vous en terme de valorisation des ressources pétrolières nationales.
Le cas de TOPIC/hal9 el menzel n'est pas isolé, en janvier 2014 Nawaat a présenté un dossier sur un autre cas "louche" concernant une autre Entreprise tunisienne opérant au nord Médenine avec un permis de production expérimentale qui s'éternise. ce qui prouve encore une fois que c'était un choix politique, et c'est dans ce cadre qu'il fallait en faire une évaluation sérieuse mais sereine de cette politique pour en tirer les conséquences.
La tirade de Y.Chahed elle, ne peut être interpreter que comme une tentative gauche de rachat politique par le biais de la sacro-sainte guerre contre la corruption, seul joujou qui reste pour le jeune chef de gouvernement afin de continuer à exister politiquement.

Canalou
| 03-09-2018 13:58
Est ce que nous voulons changer les pratiques sous la table ou informer ? sans juger personne il faut denoncer les fautes pour donner des lecons et prevenir les catastrophes .actuellement il y a un probleme de responsabilite a definir .mr gaddour etait cadre
dans ce ministere depuis 2011 avant d etre ministre .il ne peut pas ignorer ses dossiers .une autorisation en 2011 a ete accordee a ce cet investisseur sans respecter la loi .par principe, c est une defaillance et personne ne doit tolerer cela apres 2011 .cet investisseur a arnaque l etap .

Mansour Lahyani
| 03-09-2018 11:32
"Nul ne peut se hasarder à expliquer les raisons de sa peur de son Dieu" : je savais SBH un peu dur de la comprenette, mais là, il bat tous ses records ! Mais fait-il seulement semblant d'être ainsi ? Par pure miséricorde, je veux bien le croire...
Quant aux couleuvres qu'on veut nous faire avaler, Chahed n'est certainement pas le plus performant dans ce domaine : d'autres, notamment des chroniqueurs, se sont adonnés à cet exercice et y ont excellé au delà de toute espérance, et toute décence!

Nephentes
| 03-09-2018 09:44
On veux bien croire que Youssef Chahed est un taureau aux abois , fatigué par les innombrables estocades et dans l'attente de sa mise à mort

Mais que Si Sofiene ne se prenne pas pour un torero intrépide : n'est pas Juan Belmonte qui veut

Qu'il nous explique plutôt les mécanismes de malversation qui alimente TOUS les secteurs de notre économie , au profit de l'oligarchie mafieuse vis-à-vis de qui il a parfois montré une certaine.....distraction.

Et dont les agissements constituent un des principaux obstacles à l'investissement productif dans ce pays.

Sarah
| 03-09-2018 00:40
Je partage mot à mot vos propos et vous en remercie. Cette affaire est un signe incontestable de la déliquescence de l'Etat. Elle dénote aussi de l'absence de vision chez la classe politique dirigeante et éclaire sur l'incapacité de cette ploutocratie à produire un projet socio-économique pour le pays. L'incompétence des différents gouvernements qui se sont succédés depuis l'éviction de Ben Ali à ce jour est mise à nu. La Tunisie n'a pas de politiciens mais des OPPORTUNISTES de la politique qui se servent et servent leurs intérêts au détriment du devenir du pays. La révolution a été fourvoyée, les vautours ne font que se partager la tarte, seul le POUVOIR les intéresse pendant que le peuple saigne !

LARIO
| 03-09-2018 00:31
Laissons à part les sondages publiés aux journaux concernant la popularité des personnalités et les partis politiques pour différents raisons et à savoir ils sont vrais ou faux. Ce que peut étre à constater, que seuls deux partis plus ou moins connus le parti des ABBOU et le front populaire de HAMMA qui n'ont pas participé à aucun gouvernement, d'ailleurs ces deux mouvements représentés à l'ARP forment une OPPOSITION active et des critiques trés connus à la gouvernance de notre chére TUNISIE, il reste une année et quelques mois aux élections de 2019, si CHAHED veut poser sa candidatature aux élections présidielles, nul n'a le droit et la possibilité de l'interdire, et méme s'il ne se présente pas , la logique de la transparence de l'égalité des chances et de la neutralité lui imposent impérativement de démissionner tot ou tard et de connaitre la nomination d' un autre chef de gouvernement qui sera cautionné par une majorité de l'ARP et c'est lui qui constituera son nouveau gouvernement qui sera sa mission principale la préparation dans les régles de l'art les fameuses élections de 2019. Ce que j'éspére de se réaliser c'est de voir les ABBOU ou les HAMMA réussissent à ces élections présidentielles et surtout législatives et trousser les manches pour gouverner et appliquer leurs programmes en observant les positions et les attitudes de l'opposition réprésentée par ennahdha et le nida et en laissant le peuple qui évalue les résultats de leur gouvernance et de juger leur compétence, leur intégrité et leur transparence selon les régles d'une démocratie avancée et méritée, c'est une expérience à tenter et attendre ses résultats, c'est la derniére chance puisque les TUNISIENS et les TUNISIENNES ont tout expérimenté et il ne leur reste que de tenter cette derniére démocratique expérience. Enfin de compte on peut conclure que la démocratie qu'elle est choisie sera to be or not to be et aprés , une autre version de gouvernance, une autre paire de manches d'une certaine autre démocratie sera expérimentée et la vie continue