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Administration et insécurité, hantises de plus de 60% des investisseurs en Tunisie
25/10/2017 | 19:59
6 min
Administration et insécurité, hantises de plus de 60% des investisseurs en Tunisie

 

L’investissement étranger en Tunisie est l’un des plus importants moteurs de développement. Pendant plusieurs années, la Tunisie  constituait un site d'affaires attractif pour les investisseurs étrangers. Toutefois, la situation générale du pays, depuis la révolution, a changé la donne. Pour avoir un aperçu plus concret sur la réalité de la situation, la CTFCI a réalisé un baromètre de la conjoncture économique en Tunisie. Des chiffres mitigés et des résultats contrastés. Lecture.

 

La Chambre Tuniso-Française de Commerce et d'Industrie (CTFCI) est l'une des plus anciennes Chambres mixtes en Tunisie. Avec plus de 1.600 adhérents tunisiens et français, elle s'adresse à toutes les entreprises tunisiennes et françaises ou mixtes, qui souhaitent investir et s'implanter en Tunisie et en France.

De par son rôle d’interlocuteur des opérateurs économiques à la recherche d'informations, d'assistance ou de conseils en Tunisie ou en France, la CTFCI a, publié un baromètre de la conjoncture économique, réalisé en septembre 2017.

 

Climat des affaires : des facteurs contraignants qui persistent…

 

Le climat des affaires en Tunisie a été étudié par rapport à la stabilité politique, de la sécurité, de l’accès au financement, de la fiscalité et des charges sociales, des infrastructures, des ressources humaines et des procédures administratives. Et même si le climat des affaires dépend du profil de chaque entreprise, il en ressort que la persistance de trois facteurs contraignants : les procédures administratives, l’insécurité et l’instabilité politiques.

Ces facteurs demeurent les obstacles majeurs au développement des entreprises en Tunisie. 64% des dirigeants considèrent les procédures administratives comme un frein important au développement de leur entreprise, soit le même taux enregistré en octobre 2016. Il s’agit de la contrainte la plus sévère au développement des entreprises.

L’insécurité est la seconde contrainte la plus sévère pour 61,8% des chefs d’entreprise, suivie de l’instabilité politique qui constitue une source de préoccupation pour 58,1% des entreprises sondées. Ces taux étaient, respectivement, de 60,2% et 53,4% en octobre 2016.

Les infrastructures et les ressources humaines sont les facteurs qui freinent le moins les performances des entreprises.

 

 

Par ailleurs, certains facteurs exogènes ont un impact sur le climat des affaires en général et sur les performances des entreprises qu’elles soient totalement exportatrices ou partiellement exportatrices, à l’instar des opérations de transfert, de devises difficiles pour 43% des chefs d’entreprises, ou encore, la baisse du cours du dinar par rapport à l’euro et au dollar, qui est considérée comme un handicap.

 

 

Certains services sont satisfaisants, d’autres beaucoup moins

 

Les avis concernant la qualité des infrastructures et des prestations fournies par l’administration sont aussi divers que variables.

D’une manière générale, les dirigeants sont moyennement satisfaits des services fournis par les administrations. Seuls 8,9% des dirigeants sont satisfaits de l’efficacité des services fournis par l’administration. La plupart sont plutôt «moyennement satisfaits» de l’efficacité de ses services.

En effet, 58,1% des dirigeants sont insatisfaits des délais des procédures des administrations, et 51,4% sont insatisfaits quant à leur simplicité.

D’une manière plus spécifique, le niveau d’insatisfaction vis-à-vis des procédures de douanes a augmenté de 36,2% à 43.7% entre octobre 2016 et septembre 2017, estimant que la collaboration avec la douane constitue une difficulté pour l’entreprise et 73,5% d’entre eux pensent qu’il s’agit d’un axe sur lequel l’Etat devrait intervenir en priorité.

 

 

Quant à la qualité des infrastructures, les réseaux portuaire et routier sont perçus comme étant de moindre qualité en comparaison avec les autres infrastructures (distribution électrique, réseau téléphonique, eau et assainissement, réseau internet, réseau aérien).

 


D’autre part, le réseau téléphonique est jugé comme plus satisfaisant que le réseau internet. 42,8% des dirigeants sont satisfaits du réseau téléphonique contre 31,1% qui le sont pour le réseau internet.

 

 

La lutte contre la corruption : Une démarche rassurante

La campagne de la lutte contre la corruption menée par le gouvernement tunisien, notamment, contre la contrebande et le marché parallèle, a pu convaincre 62,2% des dirigeants. Toutefois, seuls 21,1% pensent qu’elle est très convaincante, et les 41,1% restants pensent qu’elle est plutôt convaincante.

 

 

Dans le même contexte, la lutte contre la contrebande serait a fortiori bénéfique à l’image de marque du site tunisien des affaires et à l’investissement, pour environ 4 dirigeants sur 5.

 

 

 

Et l’action syndicale dans tout cela…

La perception de l’action syndicale reste très mitigée. Si 74,4% des dirigeants pensent que l’action des structures syndicales au sein de l’entreprise est un facteur de dialogue, ils sont 55,2% à la percevoir comme un facteur de tension. Toutefois, 42,7% la considère comme étant un facteur de blocage du processus de production.

 

 

 

De bonnes performances et des perspectives positives

 

Les indicateurs de performances, sont bons dans l’ensemble. 44,4% des dirigeants pensent que leur chiffre d’affaires va augmenter en 2017 versus 2016. D’autre part, 44,7% des dirigeants pensent que leurs résultats vont être bénéficiaires en 2017 et 44,9% d'entre eux estiment que leurs investissements ont augmenté (ou augmenteront) en 2017 par rapport à 2016. Il faut dire que la disponibilité d’un personnel qualifié est pour 71,5% des dirigeants un facteur qui favorise l’investissement.

Toujours est-il, 27,1% des entreprises pensent avoir des résultats déficitaires pour la même année 2017.

 

 

Les perspectives économiques sont, aussi, positives puisque 60,4% des dirigeants pensent que leur chiffre d’affaires va augmenter en 2018 et 37,8% pensent que les perspectives économiques de 2017 seront meilleures qu’en 2016. Par ailleurs pour 2017, ils sont 32,2% à penser que les perspectives vont rester les mêmes et 27,8% à penser qu’elles seront moins bonnes.

 

Toujours est-il, si la disponibilité d’une main d’œuvre qualifiée encourage les investisseurs, outre les infrastructures liées aux NTIC et celles liées à l’énergie qui sont de qualité, constitue un avantage pour le site tunisien, la lourdeur des procédures administratives, le climat d’insécurité et d’instabilité politique, représentent des freins pour les chefs d’entreprises. La baisse du cours du dinar par rapport à l’Euro et au Dollar est perçue, également, comme un handicap.

En tout état de cause, et en dépit des résultats contrastés, les chefs d’entreprise affichent toujours une confiance dans le site tunisien des affaires et le considèrent comme compétitif et attractif. Cette perception doit être soutenue par une série de réformes fondamentales, notamment, au niveau des points négatifs relevés, afin de réaliser «  la transition économique » tant attendue.

 


 

25/10/2017 | 19:59
6 min
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Commentaires (7)

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Gg
| 26-10-2017 10:44
...parce qu'il raison:

"aujourd'hui les zones ou les pays dans lesquels les entreprises investissent ne sont pas les zones où le chomâge est fort et où le coût de la main d'oeuvre est faible...Non! Les entrepreneurs investissent aujourd'hui dans les zones prospères et SECURES où la main d'oeuvre est qualifiée et PRODUCTIVE (d'Où le phénomène récent de relocalisation au sein des pays de l'OCDE). Ce n'est que donc que si nous parvenons à obtenir tous ces avantages que l'avantage comparatif du coût de notre main d'oeuvre sera efficient."

A4
| 26-10-2017 09:56
En plus, l'Etat n'arrive plus à payer les architectes, les bureaux d'études et les entreprises qui lui construisent des bâtiments, des ponts, des échangeurs, des routes, etc ...
Mais il continue bien sûr à payer ceux qui ne font rien: les bandits de Kerkennah (Petrofac), les bandits d'El Kammour (winou el betroul), les faux travailleurs des sociétés environnementales, les fonctionnaires en sureffectif (toujours absents), etc ...

khambout
| 26-10-2017 09:36
Cher Kays,
quand on a cette capacité d'analyser et de tenter d'expliquer dans des termes assez simples pour le commun des Tunisiens (dont certains se croient pourtant immortels ;)...) la situation critique dans laquelle nous somme, il faut passer à l'étape suivant qui est l'engagement dans la société civile voire dans la politique! stp ne reste pas les bras croisés quelque soit ton âge, ta forme physique ou tes conditions de vie!!!
Courage!

TEAM-TONIC
| 26-10-2017 09:06
C'est du n'importe quoi !
ça n'a l'air de rien comme çà mais c'est une horreur.
Une épine dans le pied que tout le monde en Tunisie traine depuis des années et des années sans comprendre pourquoi on a besoin de cette connerie.
Notre productivité est détruite rien que par çà....
Si j'en parle c'est que c'est trés facile de le décider et de l'appliquer....immédiatement.
Incompréhensible !

Kays
| 26-10-2017 08:35
Le pays est en proie à une crise économique dont la gravité peut à terme saper les fondements du vivre ensemble. L'augmentation des prix à la consommation défie la raison. L'huile extraite des fruits de l'arbre dont la culture plurimillénaire traverse toute notre terre du nord au sud ne serait selon certains pas entrée dans notre culture culinaire. Eh bien qu'à cela ne tienne, au prix actuel il en sortira définitivement.
La bsissa ou encore la zamita aussi n'est pas entrée dans notre culture culinaire, eh bien tant mieux elle ni entrera plus lorsque l'on sait que la "kila" de lentille a vu son prix multiplié par 4 voir 5. La tomate, la pomme de terre non plus n'est pas entrée dans la culture culinaire, eh bien tant mieux car à respectivement 3 dinars le kilo et 1,5 dinar le kilo, nous ferons des frites et des sauces tomates les jours de fête.
Je ne vais pas ici faire étalage des niveaux de prix actuels, ceux qui font leurs courses connaissent l'ampleur du phénomène.
Il faut en voir les conséquences sociétales. Car si vous avez encore au regard de votre revenu les moyens de vivre encore confortablement sachez que votre voisin pourtant travailleur qui bien que propriétaire de son logement ne peut avec 600 dinars par mois faire vivre décemment sa famille.

Si votre voisin vit mal, sachez que le phénomène de pauvreté relative s'accroit durablement et que bien que vous ayez un revenu confortable, cela menace à terme votre sécurité et la confiance au sein de votre société. Je ne parle même pas du cas du chômeur.

Contrairement à ce qu'on a pu penser les économistes dans les années 70, aujourd'hui les zones ou les pays dans lesquels les entreprises investissent ne sont pas les zones où le chomâge est fort et où le coût de la main d'oeuvre est faible...Non! Les entrepreneurs investissent aujourd'hui dans les zones prospères et SECURES où la main d'oeuvre est qualifiée et PRODUCTIVE (d'Où le phénomène récent de relocalisation au sein des pays de l'OCDE). Ce n'est que donc que si nous parvenons à obtenir tous ces avantages que l'avantage comparatif du coût de notre main d'oeuvre sera efficient.

Nous devons impérativement y arriver, c'est une question de survie.

La situation est très grave (risque d'explosion de la délinquence de droit commun, et plus généralement de troubles sociétaux) mais nous pouvons y remédier.

L'augmentation des prix doit être résorbée impérativement et nous devons opérer une réforme de l'administration tunisienne en soumettant les fonctionnaires à une logique de performance (voir système Singapour), chaque service devant être piloté et suivis par des cadres eux-même régulièrement évalués avec pénalité ou gratification financière selon leur performance (logique libérale au sein de l'administration??? Non logique de performance au service de l'enrichissement du pays!!!!).

Parralèlement tous les secteurs en tension dans le pays qui ne trouvent pas de travailleurs doivent impérativement se mobiliser pour rendre chacun de leur secteur beaucoup plus attractifs tant en terme de salaire, de conditions de travail et de carrière afin de pourvoir aux offres non pourvues.

Nous ne pouvons attendre 2019, la situation est grave mais encore solutionnable avant l'apparition de troubles dangereux pour la Nation.

L'Etat a fait beaucoup en terme sécuritaire (Merci Si Mejdoub, Si Brahem semble honorer avec panache sa mission mais il doit aller plus loin, LE POLICIER DOIT ETRE VISIBLE, cela rassure sur la présence de l'Etat et en ces temps difficiles cela est important) et peu à peu le tourisme reprend mais le chantier économique et social doit faire l'objet d'une mobilisation sans précédent sans jamais relâcher l'effort sécuritaire.

Nous avons une obligation de résultat et le temps presse.

L'état d'urgence sécuritaire a permis des mesures sécuritaires d'exception( que certains amoureux du désordre et de l'anarchie ont osé comparer à ceux de la dictature) qui nous ont protégés de nombreux attentats qui auraient détruit purement et simplement tous les espoirs de notre pays, eh bien l'état d'urgence économique et social doit imposer le retour du DIRIGISME et de la PLANIFICATION car c'est bien le vivre ensemble et la confiance qui commencent à être atteints.

Réveillez-Nous et ne nous assoupissons plus!!!

Il faut agir maintenant, les études, les évaluations, les commissions, les éternels débats...Nous n'avons plus le temps!!!!!! Tout de suite avant qu'il soit trop tard...


Tahya Tounes

Gojabo
| 26-10-2017 07:42
SVP, remplacez les mots"le site tunisien" par "la Tunisie" tout simplement.Notre pays n'est pas qu'un site, meme en employant le jargon du business, n'est ce pas BN !

Larry
| 25-10-2017 21:49
Voici un fait réel que je connais parfaitement bien !

Un investisseur étranger malgré toutes ses demandes et préoccupations (afin de l'obtenir au plus vite) n'ayant pas reçu sa carte de séjour depuis plus de 3 ans (bien que le dossier fusse extrêmement complet) s'est vu refusé son embarquement par la police des frontières malgré sa carte de séjour provisoire pour lui et sa famille...
Cette famille n'a pas pu se rendre aux funérailles de la grand-mère car il fallait juste avant de partir régler une somme de plus de 6000 dinars pour frais de pénalité sur le territoire !

Il était pris en otage !

D'un coté le Ministère de l'intérieur vous indique entre entre 1 et 3 mois pour l'obtention en fait cela prend parfois plus d'un an .... et de l'autre la police aux frontières ne vous laisse pas partir si vous ne l'avez pas en temps et lieu voulu, à moins de vous soutirer de l'argent sous formes d'amendes de retard !

Quelle logique dans tout ça : Il lui a donc fallut s'acquitter de cette somme et plus pour partir (définitivement) suite à l'incompétence des sous-fifres du Ministère de l'intérieur ...
Il faut en gros payer pour les conneries des autres si l'on veut sortir du pays !

MORALITE : Malgré ce que on lui avait dit au 2020.... L'état perd un investissement de 7 millions d'euros et 280 emplois direct, je ne parle pas des emplois indirects

Traité comme une merde à l'aéroport, il ne faut pas s'étonner qu'il ne revienne plus mettre un pied chez nous même en vacances !

C'est aussi ça l'administration Tunisienne.