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Adel Ayed optimiste pour le groupe Artes, malgré la conjoncture !
18/06/2018 | 19:59
8 min
Adel Ayed optimiste pour le groupe Artes, malgré la conjoncture !

Malgré une conjoncture économique difficile, un glissement important du dinar et des quotas en baisse, le groupe Artes avec ses trois marques Renault, Dacia et Nissan a terminé l’année 2017 avec un carton plein : une part de marché de 13,35% ainsi que des ventes et des résultats en hausse. C’est globalement ce qui ressort de l’Assemblée générale ordinaire (AGO) pour l’exercice 2017, tenue ce lundi 18 juin 2018 à l’hôtel Regency Gammarth.

 

L'assemblée s'est tenue sous l’égide de Moncef Mzabi, président du conseil d’administration et Adel Ayed, directeur de la société. Les actionnaires étaient globalement satisfaits des performances de l’entreprise étant conscients que le marché automobile est soumis à la politique des quotas. Ils auront droit cette année à un dividende brut de 0,615 dinar par action, mis en paiement à partir du 11 juillet 2018.

 

 

Le groupe a immatriculé, en 2018, 8.499 véhicules, en progression de 21,36%. Ce qui a permis à la marque de s’accaparer 13,35% de part de marché. Artes a 11,85% de part de marché et immatriculé 7.540 véhicules sous les marques Renault et Dacia. Adev, concessionnaire de la marque Nissan, a immatriculé 959 véhicules pour une part de marché de 1,5%.

Le groupe annonce que, grâce à ses trois marques Renault, Dacia et Nissan, il est le leader du marché des véhicules particuliers (VP), avec 7.281 immatriculations et une part de marché de 15,87%. Le cheval de bataille de Renault la Clio 4 a été le modèle VP le plus vendu en Tunisie en 2017, avec 2.775 unités vendues.

Ainsi et malgré, la baisse des quotas en 2017, le concessionnaire a amélioré ses ventes par rapport à 2016 de 1.496 supplémentaires, grâce notamment à la voiture populaire et aux appels d’offres (hors quotas).

 

 

Mieux, le concessionnaire a enregistré, en 2017, une hausse de 18,09% de son résultat net, qui est passé de 24,94 millions de dinars à 29,45 millions de dinars (MD), avec un impôt qui passe de 5,01 MD à 9,2 MD. Le chiffre d’affaires de la société a augmenté, pour sa part, de 19,33%, évoluant de 180,62 en 2016 à 215,53 MD en 2017. L’activité vente des véhicules neufs a rapporté 208,10 MD alors que l’activité après-vente a rapporté 4,94 MD avec des travaux d’atelier qui ramènent 1,43 MD. Des performances réalisées alors que le taux de change Euro/TND a augmenté d’environ 20% pour cette même année.

 

Pour sa part, le résultat net consolidé s’est situé à 35,42 MD contre 29,38 MD en 2016, en hausse de 20,56%. Le chiffre d’affaires consolidé a affiché une hausse de 17,88%, progressant de 222,59 MD à 262,39 MD, entre 2016 et 2017.

 

Le groupe Artes est composé de six sociétés : Artes (la société mère), Artegros, Adev, Vedev, Autronic et Artimo. Les filiales Artegros, Adev et Artimo y ont participé par un résultat net respectivement de 4,35 MD, de 2,31 MD et de 1,11 MD. Des résultats qui devraient être consolidés en 2018, avec l’entrée en activité de la nouvelle marque Lada, qui viendra renforcer les performances du groupe.

Lors de la lecture du rapport spécial, le commissaire aux comptes Moncef Boussanouga a précisé que Moncef Mzabi, Mzoughi Mzabi, Sadok Mzabi, la Société Dalmas représentée par Moncef Mzabi et la société CODEV ont déclaré leur renonciation aux jetons de présence au titre de 2017 pour un montant global de 25.000 dinars.

 

Adel Ayed a profité de l’assemblée pour annoncer un important programme d’investissement sur les 3 prochaines années. En effet, la société s’apprête à investir dans un grand centre de service-après ventre pour un coût allant de 30 à 35 MD, qui sera en grande partie financé par les ressources internes de la société. Le groupe désire ne pas voir de cannibalisme entre les marques du groupe. Ainsi, il s’oriente vers la consécration d’un showroom à chaque marque ainsi qu’au développement du service-après-vente.

 

Globalement les actionnaires ont été satisfaits des performances de la société. Les questions ont porté sur les nouveaux investissements de la société, les perspectives et quotas, le dividende et l’action ainsi que sur la nouvelle marque.

S’agissant de la voiture électrique, le directeur général a rappelé que l’Alliance Renault-Nissan est le leader des ventes de ces véhicules dans le monde grâce à la Zoé et à la Leaf avec 700.000 véhicules vendus dans le monde. Il a expliqué que le groupe est en train de suivre le dossier avec les autorités de tutelle et pourquoi pas l’installation de bornes photovoltaïques pour recharger les véhicules. Mais pour le moment, il estime que le cadre réglementaire n’est ni clair, ni propice, sachant que dans des pays comme le Maroc non seulement ces véhicules ne payent pas ni droit de douane ni TVA mais reçoivent en plus une subvention équivalente à 3.000 dinars tunisiens.

«Il faut mettre des incitations. Aujourd’hui la Zoé est à 45.000 dinars (soit 120.000 dinars), donc impossible à commercialiser pour le moment en Tunisie !», a-t-il précisé dans une déclaration à Business News.

 

En ce qui concerne la marque Lada, M. Ayed a évoqué l’engouement des Tunisiens pour le véhicule Urban 4x4 de la marque russe étant un vrai tout terrain avec sa boite de transfert et ses vitesses courtes. Il a indiqué que les retours sont très positifs et que les clients sont satisfaits du véhicule, en rappelant que Avtovaz, le constructeur de Lada, fait désormais partie de l’alliance Renault-Nissan et donc répond aux normes internationales et qu’il n’a aucune inquiétude à avoir par rapport à la fiabilité de cette nouvelle marque.

Interrogé sur les véhicules d’occasion, le DG a estimé qu’il s’agit d’un marché difficile et que c’est un autre métier, alors que la loi n'est pas assez claire. Il a indiqué que la société ne compte pas s’investir pour le moment dans cette activité, à cause des risques fiscaux sur la société mais que le dossier est à l’étude et que la société s’y intéressera si ses clients sont demandeurs du service reprise de véhicules.

 

Au volet des quotas, Adel Ayed a évoqué les pressions des autorités de tutelle pour comprimer les importations de véhicules, qui a commencé en 2017 et continue en 2018. Le régime des quotas est un vrai calvaire pour les concessionnaires qui demande la libéralisation du marché ou au moins la mise en place de méthodes de distribution plus transparentes et objectives.

Ceci dit, il a précisé que Renault a été leader des ventes du marché sur chacun des cinq premiers mois écoulés. Pour lui, le premier atout du groupe c’est les prix préférentiels pratiqués par le constructeur et qui permet d’offrir des véhicules accessibles au pouvoir d’achat des Tunisiens, d’où le succès de la Clio 4 et de l’Urban.

 

 

S’agissant du cours de l’action Artes qui ne reflète pas les fondamentaux, le DG pense que la situation difficile et l’état des réserves en devises, qui pousse le gouvernement à rationnaliser les importations et à baisser les quotas, on fait fuir les investisseurs, notamment institutionnels, qui ont estimé que le secteur est risqué alors que les performances de la société prouvent bien le contraire. Il a souligné que le conseil d’administration ne veut pas intervenir dans le cours d’une manière artificielle et pense que la valeur de l’action Artes va augmenter à long terme.

En réponse aux demandes d’augmentation du dividende distribué au titre de 2017, il a expliqué que le conseil a eu un long débat par rapport au montant, il a décidé de distribuer 80% du résultat et de garder le reste en cette période difficile où la société s’apprête à lancer de nouveaux investissements. Il n’a pas écarté pour autant une distribution d’actions gratuites au titre de 2018.

En ce qui concerne la hausse de l’impôt, M. Ayed a expliqué que le groupe a bénéficié d’un investissement exonéré l’exercice précédent et qu’en 2017 pour ne pas être porte-à-faux avec l’administration fiscale il a décidé de reporter l’investissement exonéré à 2018, surtout avec l’impôt sur les bénéfices qui passera de 25% à 35%.

 

La société ambitionne aussi de conquérir des parts de marché des pays voisins, notamment l’Algérie et le Libye. Certes, l’Algérie dispose d’une usine d’assemblage Renault mais pas pour Nissan, en plus l’usine ne fabrique pas tous les modèles. Ainsi et en usant des conventions avec l’Algérie, les produits assemblés en Tunisie ne sont pas soumis aux entraves douanières, explique Adel Ayed dans une déclaration à Business News, en nous confiant qu’un projet d’assemblage en Tunisie est actuellement à l’étude : «Nous sommes en train de travailler avec l’alliance Renault-Nissan, pour la création d’une usine tunisienne Nissan complémentaire avec celle qui existe en Algérie». Pour la Libye, le problème c’est la garantie des payements, sinon le marché libyen est très prometteur, surtout avec la mise en place d’une banque centrale en Libye. Il y a un marché de 15.000 pickups Nissan en Libye et qu’on ambitionne d’acquérir, nous avoue-t-il.

 

Tout en ne voulant pas donner de perspectives chiffrées pour 2018 de peur d'influencer le marché, Adel Ayed se dit très confiant pour l’avenir du groupe. «Je reste optimiste, malgré une conjoncture difficile. Renault est en train d’avancer et il y aura surement une bonne surprise pour Lada fin d’année». Et de soutenir / «Nous voulons que le titre Artes soit une valeur de fonds de portefeuille et non pas de spéculation !».

 

Imen NOUIRA

 

18/06/2018 | 19:59
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