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Chroniques
A-t-on pensé l'après-conférence Tunisia 2020 ?
17/11/2016 | 15:58
4 min

 

Qui se rappelle de la réunion du G7 à Deauville en 2011 à l’issue de laquelle les plus puissants de cette planète ont promis de satisfaire les besoins de financement du pays, évalués à l’époque par le gouvernement de Béji Caïd Essebsi à 25 milliards de dinars ? Car, c’est précisément dans la foulée de cette rencontre que l’idée d’une conférence internationale sur la Tunisie a émergé. Ce  rendez-vous devait fournir la preuve que le pays a effectivement besoin d’un tel montant, en présentant, outre un cadre juridique rénové de l’investissement et plus généralement du climat d’affaires, les projets-phares d’investissement du pays nécessitant des  financements extérieurs conséquents.

 

Cinq années sont passées, depuis. Autant dire un siècle, à l’ère du numérique. C’est qu’entre temps, l’Egypte y est allée de sa conférence internationale sur l’investissement, en mars 2015. Un franc succès, avait-on estimé. Les autorités égyptiennes espéraient alors attirer 15 à 20 milliards de dollars d'investissements étrangers lors de la conférence. Ils espéraient dans un premier temps doubler le montant des investissements étrangers pendant l’exercice budgétaire 2015-2016.

L'américain General Electric avait annoncé en amont de la conférence qu'il allait investir 200 millions de dollars dans une usine de la plate-forme industrielle et logistique qui va être créée en marge du percement du nouveau canal de Suez, le projet phare du président Abdel Fattah al Sissi. Une année  et demie plus tard, l’Egypte se débat dans des difficultés économiques sans précédent. La détérioration brutale du taux de change de la livre égyptienne, en est le plus significatif symptôme, reflétant le périlleux recul de ses réserves en devises et le recours au FMI pour un crédit de 12 milliards de dollars sur 3 ans.

 

Faut-il sur ces seuls faits franchir le Rubicon du doute sur la portée de la tenue d’une conférence internationale sur l’investissement en Tunisie ? Ce serait aller trop vite en besogne ou plutôt en conclusion.

Alea jacta est.

 

Cependant, cette interrogation en repose une autre, plus pertinente : a-t-on tiré les meilleurs enseignements des expériences passées en la matière ? La Tunisie a organisé des rencontres  internationales sur l’investissement, avant2011  mais également après. Les successifs « Forum de Carthage pour l’investissement » en sont l’illustration la plus éloquente. Quelles ont été leurs retombées ? C’est mystère et boule de gomme dans la mesure où on n’a pas entrepris de suivi-évaluation de ces manifestations.

 

Il faut espérer que la Conférence des 29 et 30 novembre prochain ne n’emprunte pas la même voie. Nous avons souvent affirmé que nous étions des champions dans l’organisation de manifestations et d’événements internationaux. Il convient désormais de montrer que nous le sommes aussi en termes de suivi. En amont pour introduire, le cas échéant, des correctifs dans le processus d’organisation et en aval dans le droit fil des objectifs assignés à cette importante rencontre. Voila où se situe le véritable enjeu.

 

Faut-il aujourd’hui s’attarder sur les préparatifs de « Tunisia 2020 » - il faut lire vingt-vingt et non pas deux mille vingt, paraît-il - ? A deux semaines de la manifestation, cela risquerait probablement de mettre en péril ce qui a été élaboré. Mustapha Kamel Nabli, ancien ministre du Plan et ancien gouverneure de la Banque centrale de Tunisie, s’y est essayé en estimant qu’on n’était pas « prêt » pour cette conférence. Un saisissant silence fit écho à la position de l’ancien Senior economist à la Banque mondiale. Ce dernier n’insistera d’ailleurs pas plus. Une façon peut-être de se convaincre de la fameuse formule : « alea jacta est ». Le sort en est déjà jeté. Il faut en prendre acte.

 

Toutefois, cette obligation ne peut aucunement exonérer les autorités d’établir un bilan préliminaire et d’effectuer un suivi des engagements annoncés ou pris lors de la conférence. Car il n’est nullement évident que le groupement chargé de l’organisation de Tunisia 2020 accomplisse une telle mission quand bien même celle-ci est stipulée dans les termes de références de l’appel international à manifestation d’intérêt relatif à « La promotion du Plan de Développement 2016-2020 et l’assistance dans l’organisation d’une conférence internationale».

A-t-on défini à ce groupement les modalités et les délais pour cette opération de suivi ? Qu’on se le dise. Sinon, cela signifierait qu’on n’est pas encore prêt pour l’après-conférence. N’est-ce pas, Mustapha Kamel Nabli ?

17/11/2016 | 15:58
4 min
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Commentaires (2)

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Fernand Danan
| 21-11-2016 22:59
Merci d'amplifier l'audience pour cette conférence internationale des 29 et 30 Novembre 2016 à Tunis.

Tout ça est très bien, mais y-at-il un Code des Investissements simplifié en 10 points ou en 15 points qui résume le code réalisé par l'ARP, Assemblée des Représentants du Peuple il y a 2 mois environ et qui soit publié en Français ou en Anglais, si la Tunisie appelle aussi des Investisseurs Américains + Anglais + Européens. Merci

j'ai assisté à la super conférence des investisseurs Américains du 5 Mars 2015 très bien organisée certes, mais quelles retombées ? Aucune info

DHEJ
| 17-11-2016 20:09
Un bon questionnement mais à qui?


L'administration avec les actuels gouvernants alors aucun espoir ... surtout après le non lieu prononcé dans l'affaire du martyr LOTFI NAGDH!