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Tribunes
A mes amis de Nidaa, votre crise n'est pas seulement la vôtre !
11/11/2015 | 13:14
6 min
A mes amis de Nidaa, votre crise n'est pas seulement la vôtre !

Par Abderrahim Zouari*

 

Comme de très nombreux citoyens de notre pays, je souffre de la situation que vit votre parti depuis de longs mois, situation qui a atteint son paroxysme ces dernières semaines. Je vais éviter de rappeler ici les derniers et tristes soubresauts auxquels vous devez faire face, car ces derniers sont suffisamment étalés sur les colonnes de nos journaux, suffisamment présents dans les discussions de bureau et de café, dans les couloirs des administrations et les chancelleries étrangères. 

 

Bien que n’étant pas membre adhérent  à votre parti, je me sens entièrement concerné. Et je ne suis pas le seul. Je fais partie de ces très nombreux Tunisiens qui, sans être membres du parti ont espéré, voulu et contribué à sa réussite, parachevant cet accompagnement en portant la candidature du Président du parti  au deuxième tour de la présidentielle. Cette mobilisation à vos cotés fut logique, car votre rêve initial était le nôtre, car votre projet de société est toujours le nôtre mais aussi car de nombreux dirigeants et cadres du parti au niveau national ou régional comme de très nombreux autres sympathisants comptent parmi nos amis les plus proches. Mais ce soutien tire aussi ses raisons de l’espoir que vous avez suscité de créer une grande formation progressiste ouverte sur les differentes sensibilités de ce vaste élan moderniste pour démarrer enfin les nombreuses réformes dont le pays a tant besoin.

 

Pour toutes ses raisons, vous l’avez compris, votre formation n’est pas uniquement la vôtre et votre crise aujourd’hui n’est pas seulement la vôtre. Vous me permettez donc de m’exprimer pour le reste de ma lettre sur NOTRE crise commune.

 

Nous savions tous que Nidaa avait des fragilités intrinsèques à sa construction trop rapide mais oh combien nécessaire. Construction qui a abrité des courants et des personnalités de sensibilités et de parcours politiques différents, mais réunis autour de 3 principaux objectifs communs : la nécessité d’un rééquilibrage des forces politiques, la défense d’un modèle de société progressiste et le démarrage de reformes aussi vitales qu’urgentes.  Ce sont ces trois objectifs qui ont permis à tous de dépasser leurs différences voire leurs divergences et de se lancer dans les campagnes législatives et présidentielle de 2014 avec le succès que l’on connait.

 

Aujourd’hui, soit un an après les succès électoraux du parti, si la crise que nous vivons est déjà plus que regrettable, sa non-résolution peut devenir dramatique pour le pays tout entier. Car si on ne trouve pas de résolution rapide, le rééquilibrage des forces politiques n’aura été qu’une courte période éphémère, le modèle de société progressiste va se trouver de nouveau menacé et les reformes entamées risquent d’être retardées avec le coût social et économique que cela signifie.

 

Bien entendu, chacun de vous, à la direction du parti a ses arguments, ses justifications. A vous entendre vous avez tous raison, à vous voir vous déchirer vous avez tous tort. L’histoire de toutes les façons ne pourra que vous juger, que nous juger tous très sévèrement ; certains pour s’être entêtés dans des postures rigides et tous les autres pour ne pas avoir su réconcilier les parties.

 

A part vous exprimer mon trouble et mes craintes je voulais aussi et surtout vous communiquer une lecture complémentaire de ce qui nous arrive et une invitation à y réfléchir pour tenter de trouver une sortie de crise.

 

On a entendu toutes sortes d’explications à la crise : on nous a parlé d’ambitions personnelles. Elles existent certainement mais les ambitions personnelles ne sont jamais en elles-mêmes le problème.  Leurs existences sont mêmes des moteurs nécessaires en politique et il est sain qu’un parti rassemble de nombreuses ambitions.

 

On nous a aussi parlé de différences de sensibilités politiques au sein du parti. Mais cette autre  explication ne me suffit pas non plus. Là aussi, ce n’est pas le plus grave car les grands partis qui se veulent populaires doivent par définition être capables de contenir des courants différents tant que ce qui les rapproche reste plus fort que leurs différences.

 

L’autre explication qui est de dire que des parties extérieures s’activent à faire échouer Nidaa est possible, mais ce n’est pas une explication valable et je vous invite, je nous invite à ne surtout pas tomber dans la facilité de chercher des boucs émissaires pour nous détourner de nos propres responsabilités.

 

Non, ces explications ne peuvent  à elles seules ou même additionnées expliquer toute la dimension de cette crise. Car l’autre explication manquante que je vois pourtant clairement devant moi est le manque de réflexes démocratiques dans nos rangs. Je le dis avec gravité car si j’ai moi-même longtemps servi un pays, un Etat et mon peuple avec la conviction que le sous développement devait avant tout être terrassé au plus vite, je l’ai fait sous deux chefs d’Etat qui affichaient d’autres priorités que la démocratie. J’assume pour ma part cette réalité et je ne veux fuir aucun reproche ni responsabilité.

 

Mais reconnaitre avoir longtemps servi mon pays pendant des périodes où la démocratie fut étouffée ne signifie pas que je ne reconnais pas aujourd’hui que les principes démocratiques récemment acquis au niveau de l’Etat sont une chance historique pour le pays, ni que les reflexes démocratiques doivent dépasser les seuls rouages et institutions de l’Etat et s’étendre au cœur même des partis et des mentalités de tous les citoyens.

 

Mes chers amis,

Si  comme pour la plupart de mes compatriotes, janvier 2011 fut le début d’une période de difficultés économiques, sociales et sécuritaires sans précédent, elle fut aussi et surtout l’amorce d’une nouvelle période de libertés pour le pays.  Période durant laquelle s’est forgée en moi la conviction que la stabilité de ce pays est indissociable de la construction d’une société démocratique et de partis démocratiques où les libertés et les opinions des uns et des autres sont protégées par tous.  Conviction que le passage en force n’a plus d’avenir et que seuls le dialogue, les échanges, la recherche de consensus (qui fait déjà partie de notre culture commune et dont le pays tout entier vient d’être récompensé par le Nobel) et in fine, le recours à des élections libres peuvent aboutir à des résultats solides et prennes.

 

Croyez-moi. Mon message est plus qu’une conviction, c’est un appel du fonds du cœur d’un homme désintéressé et à la longue expérience politique qui vous l’adresse. Soyez au rendez vous des aspirations de notre peuple a qui nous devrons toujours tout. Prenez exemple sur Béji Caïd Essebsi, fondateur de votre parti et aujourd’hui Président de tous les tunisiens qui a réussi à vous rassembler, a nous rassembler au delà de nos différences et même dans les moments les plus critiques.

 

Faites de même aujourd’hui ! Si ce parti aspire à demeurer un parti de pouvoir, comme je le lui souhaite, que ses dirigeants agissent à l’instar de Béji Caïd Essebsi comme des rassembleurs et des démocrates en commençant par unir les rangs de leurs partis par le dialogue et le respect.

 

Cessez de vous abimer les uns les autres. Le pays a besoin de chacun de vous sans exception. Apprenons à travailler ensemble comme le pays tout entier est en train d’apprendre à le faire avec courage malgré ses différences.

 

Comme notre peuple l’a déjà compris, comprenons que votre avenir, que notre avenir doit se construire non pas malgré nos différences mais grâce à elles.

 

Votre ami

Abderrahim Zouari

 

 

* Ancien candidat à la présidentielle

11/11/2015 | 13:14
6 min
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Commentaires (31)

Commenter

Matmati Fatma
| 21-11-2015 18:43
Ce monsieur qui n'a pas récolté 1% des voix aux élections présidentielles, s'honore de ce résultat et s'arroge un titre qui devrait lui faire plutôt honte. Un résultat médiocre pour un has been qu'on oubliera très vite. Fatma Matmati

Zinzi Mestiri Abdelkader
| 20-11-2015 09:13
De l'affaire Godot, pour ses débuts dans la vie active à aujourd'hui, ancien prisonnier, pour méfaits et crapuleries divers, le parcours de ce monsieur est celui d'un homme sans principe, sans idéal, et sans honte. ZMA

Adnène
| 15-11-2015 23:18
C'est vrai que son sens politique de M.Zouari est dépassé et usé par des courbettes de type rcd-istes. Des propos vagues et superficiels pour dire que le monde et bon, le monde et gentil serrez-vous la main, alors que des courants dévastateurs loin d'être conciliants sont en train de miner l'entente initiale prônée par Nida basée sur une société égalitariste, à distance du fait religieux et l'exploitation de la religion à des fins politiques,le maintien de la cohésion sociale en évitant le laminage de la classe moyenne et celle au faibles revenus, l'allégement de la bureaucratie ......Tout est balayé, des instructions bureaucratiques des plus bizarres ont pris place. Un exemple qui me vient à l'esprit, celui de la procédure pour le maintient du reliquat des devises rétrocédées dans le solde de l'allocation annuelle, il doit se faire par une déclaration à l'aéroport au moment du retour avec le paiement d'une taxe ....à part le fait que ceci nie le fait que l'allocation devise et un bien personnel dont doit disposer le citoyen, on voit que ce gouvernement n'a même pas pensé à la peine du voyageur qui c'est payé des heures de transits, d'avion, d'attente de bagage pour ensuite faire la queue pour se faire inscrire un montant de quelques centaines de dinars sur son passeport .....Voilà un exemple des mesures balancées par un gouvernement accepté par Nidaa pour faire reprendre au tunisien, sa joie de vivre ..... quant aux autre points relatifs au développement régional, à la stimulation de l'investissement ...c'est passé aux oubliettes ..... de profondes divergences existent au sein de ce parti et ce n'est pas les propos apaisants qui y remédieront, mais c'est plutôt une mise à plat des objectifs et des méthodes de gouvernance au sein du parti et au niveau du gouvernement qui doit se faire et où chacun saura comment prendre position dans un travail tel que promis à la masse d'électeurs.

Abel Chater
| 12-11-2015 20:04
Salut mon frère.
Tous mes voeux de joie et de bonheur à vous et à toute votre famille.

esmoun
| 12-11-2015 19:40
Il résulte d'une maladresse que mon commentaire a été envoyé avant d'être terminé et avt que je puisse le relire. je voulais donc finir en précisant que le fait d'énoncer dans une envolée magistrale des "lapalissades" que le moindre quidam de chez nous-en proie à un stress oppressant , passe son temps à ruminer, ne suffit pas tant s'en faut à faire de monsieur Zouari l'homme de la situation... à supposer qu'il le souhaite .

eshmoun
| 12-11-2015 19:24
Je dois préciser en tout premier lieu que le passé je m'en tape "royalement" pour plagier feu MOHAMED V Allah yarhamou!surtout celui des hommes politiques car il n' en n'existe pas des masses de par le monde qui ne traînent pas des casseroles derrières eux ;souvent en plus la rumeur tend à les exagérer sinon à en inventer;en plus si l'on considère ce qui se dit sur les meurs de certains dirigeants (tes) qui se sont succédés depuis le "Changement".. ...l'actuel je veux dire Mr Zouari se situe dans une bonne moyenne ;je veux dire: pas de quoi fouetter un animal politique (qu'il n'est pas d'ailleurs) il ne faut pas confondre avec le sens de l'intrigue;c'est vrai que comme vous dites et que comme je le pense un peu cyniquement c'est l'intérêt de la nation qui prime (n'entendons nous pas même des voix s'élever dans le populo pour regretter Ben Ali et qui vont jusqu'à souhaiter son retour ;un comble!le contenu de l'article attribué à Si Abderrahim est un bijoux dans le genre mais il ne fait qu' exprimer avec talent ce que les tunisiens souhaitent dans leur ensemble et des aspirations on ne peut plus normales dans la situation dramatique que traverse le pays

Ben
| 12-11-2015 17:32
Quel que soit les forfaits de monsieur ZOUARI, il faut commenter l'objet de son appel à la réconciliation des leaders d'un parti sur lequel tous les tunisiens ont misé, et non son passé politique.
Une voix de concorde, un appel à la raison ou une invitation à la réconciliation sont toujours les bienvenus quel qu'en soit l'auteur.
Monsieur ZOUARI serait, me semble-il, sincère dans ce qu'il dit. Ce qu'il avance tire son origine de l'expérience de l'homme politique qu'il est depuis quarante années.
Moi, en tous les cas, j'apprécie et j'adhère à l'approche qui en dit long sur les véritables dangers qui guettent le pays, des dangers qu'il effleure dans son appel à serrer les rangs sans les expliciter, et pour cause : Le danger est là, il vous guette, faites attention au loup dans la bergerie, au lieu de vous concentrer sur le passé de l'auteur de cet appel à la vigilance.

eshmoun
| 12-11-2015 16:20
c'est vrai qu'il avait des potes du temps de sa splendeur ;je ne les ai pas entendus avant son retour en grâce mais cela a du m'échapper .... Voilà qu'il a un"gabarit" celui du recours , rien que çà ...Guaulien s'il vous plaît!l'autre le considère comme un véritable homme d'état.. toujours dans le même délire ,untel va jusqu'à le qualifier de "sauveur" et "adhère à 1OO/100". Pu...n mais je rêve! encore les miasmes de ce foutu chambardement que l'on persiste à qualifier improprement.Car s'il est vrai que la situation actuelle se prête à ce genre de fantasme avec syndrome du sauveur , du rassembleur et j'en passe ,obnubilés que nous sommes par l'obsession légitime de voir cesser ce cauchemar on en arrive à accorder du crédit et à aduler toute personnalité suffisamment culottée pour prendre à grand fracas une initiative aussi ambitieuse et ardue.rappelons les polémiques récentes sur le mérite de te ou tel qui aurait osé je ne sais quoi .Et il me semble en l'occurrence que si le souhait des tunisiens va clairement dans ce sens il y a erreur sur la personnalité à laquelle certains veulent confier ces charges.Le PSD comme le RCD furent il faut le reconnaître des viviers de compétences et surtout, la société civile pullule de personnalités qui pourraient apporter des solutions que çà soit au niveau de NIDA ou pour le pays .

EL OUAFI
| 12-11-2015 14:45
Non le ridicule ne tue pas, mais comme le dit à juste titre précisément mon ami Abel Chater: "Idha la Tastahi faèfâal mâta chiite" je vous laisse méditer, sans occulter la vérité, et avec une objectivité et impartialité, des décennies aux commendes d'un parti oppresseur, galvanisé par une injustice flagrante envers les plus démunis, des régions laissées à l'abandon, infrastructure, délabrée, peule plongé, dans la misère, primaire, ne l'aviez-vous pas vu chez Mr ? votre êtes calfeutré chez vous rien ne vous manquent ; sortez de votre tanière et aller visiter les petits villages, Mechtas; et Douars les plus reculés du bled vous serriez surpris du désastre de vos 'uvres, votre passif et décadrant sans aucun résultat positif, si ce n'est pour les vôtres « la clique au pouvoir du 99,99% et si vous aviez le courage et un petit brun de probité relatez-nous la vérité nous vous en serons grès, ne me dites pas que vous ne vous êtes pas servis des richesses du pays comme si c'était la propriété de vos ancêtres, la triche la manigance, une corruption généralisée, c'était cela votre devise, votre jalousie à vous maintenir au pouvoir, pour vos intérêts personnels, loin de servir, ce peuple, spolier, martyrisé; par des gens de votre environnement sans scrupules.
Honte à ceux qui n'ont pas compris et n'ont pas retenu la leçon, votre parti est bien jeté aux oubliettes, sans retour sans regret, un bon conseil que puisse vous prodiguer chez Mr allez-vous cacher et disparaissent à jamais des vues de ces Tunisiens, ne supportant plus voir vos gueules, funestes, avec votre passé chargé d'arrogance et de mépris, disparaissez, et laissez nous construire une Tunisie Juste, Démocratique libre, libre à l'éternité "in chaa.(manai).
PS: Abel mes Salutations.

citoyen amer
| 12-11-2015 14:19
Ce faux j....devrait mediter ses mefaits
et son suivisme au profit de la dictature et la mafia Ben Ali/trabelsi et contre les interets de la Tunisie.
pendant 23 ans vous avez detruit la culture Bourguiba et instaure la culture du mensonge,des malversations de la corruption,de la destruction de la famille et de l ecole...ce a quoi est confronte tout le peuple Tunisien aujourd hui,il nous faut des generations pour reconstruire ce que vous avez detruit,reeduquer,enseigner,reformer
l enseignement.....etc.Presentez une lettre ouverte de mea culpa et excusez vous aupres du peuple,vous gagneriez peut etre une nouvelle sympathie.