Malheureusement, les évènements successifs, tragiques, volontaires (très nombreux) qui ont ébranlé notre pays durant plus d'un demi-siècle de dictature nous ont bien accouché d'un constant sans appel : l'incapacité de notre premier « Président » autoproclamé à endosser l'habit (le supporter et l'assumer) d'un digne démocrate, d'un « grand patriote » au-dessus de tout soupçon,' l'incapacité du « système bourguibien » à respecter le citoyen, à l'honorer et à le promouvoir dignement.
Hélas, ce modèle bourguibien, qui a fait du « modernisme sélectif !» son cheval de bataille, a indiscutablement failli, il a échoué et les preuves sont accablantes.
Car, en réalité, ce n'était qu'un subterfuge qui cachait l'absence d'une vraie volonté politique, d'une vraie vision humaine, d'un vrai projet sociétal susceptible d'hisser notre pays (notre peuple) au rang des nations libres, démocratiques et développées.
Aujourd'hui, plus de 50 ans après, c'est avec amertume et dégout que nous constatons l'échec flagrant de ce miracle bourguibien car il n'a pas eu lieu contrairement à ce que prédisaient nombreux charlatans d'alors avec enthousiasme hypocrite et débordant.
Au contraire, il a laissé derrière lui un pays en perdition, un peuple jobard, désabusé et anéanti.
D'ailleurs, notre « raïs » obnubilé par la gloire, chafouin et d'apparence pathétique, a même tranché, d'une façon ferme, catégorique, méprisable et virulente sur la question de la démocratie, ce droit inaliénable, lors d'un « speech » prononcé en avril 1966 (probablement sa réponse à la lettre ouverte que lui a adressée de son exil le grand patriote militant et syndicaliste Ahmed Tlili en février 1966 critiquant l'absence du projet démocratique constamment ignoré et dénonçant les dérives insoutenables de l'appareil policier et sécuritaire et du parti unique et inique au pouvoir, le PSD).
D'ailleurs la propagande officielle d'alors traitait le peuple d'ignare, d'immature'voire indigne et ne méritait pas ce droit légitime... C'est pour tout dire de ce paradoxe de « l'idéal bourguibien !».
Quelle offense envers un peuple qui a offert à La Tunisie, tout au long de son histoire millénaire, une pléiade de grands hommes vrais patriotes épris de sagesse, de savoir et de courage comme Hannibal, Ibn Khaldoun, Mohamed Ali Hammi, Tahar Haddad,'!
A ce titre, et avec du recul, je me demande même pour quelle cause « raïs » a combattu La France coloniale, ce bastion des droits de l'homme, qui lui a offert l'hospitalité, le savoir et j'en passe.
En réalité, notre « renégat», qui avait sciemment trahi son « propre combat ! » pour la liberté et la dignité avant même de débarquer en « héros ! » à La Goulette le 1e juin 1955, n'avait qu'une seule priorité. Son unique obsession se résumait à verrouiller le pouvoir et à s'installer en seigneur intouchable. Ainsi, d'un colonialisme exogène il nous a imposé, sans concession aucune, un colonialisme endogène impitoyable et ce, au nom d'un patriotisme opportuniste.
Résultat des courses, aujourd'hui plus de la moitié de la population tunisienne (je le dis avec modestie) vit dans la misère et la pauvreté absolue.
L'égalité des droits et des chances entre régions, entre citoyens, n'était (et l'est toujours) qu'une chimère, une utopie.
En dépit de quelques réalisations mitigées, le fameux « projet bourguibien ! » n'a pas servi la société tunisienne dans son ensemble, surtout l'arrière pays, cette Tunisie profonde et authentique.
Au contraire, il l'a étouffée, bloquée en usant, entre autre, de l'intox et de la stratégie de la peur.
Il n'y pas de mystère pour dominer le peuple, il faut le priver de ses droits les plus élémentaires.
Ce sont les mêmes ingrédients et procédés inhumains qu'utilisait l'ancienne puissance coloniale pour maintenir les indigènes et les damnés dans un état de dépendance et d'esclavagisme.
Et, comme un malheur n'arrive jamais seul'Même La Nouvelle Tunisie de la « Brouette » nous déçoit à son tour et tous nos espoirs d'une émancipation réelle s'évaporent en douceur.