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A la Steg, la guerre est déclarée !
22/03/2019 | 19:59
5 min
A la Steg, la guerre est déclarée !

 

 

Rien ne va plus à la Steg. Le dernier incident en date a fait sortir de leurs gonds les syndicats et employés de la société qui sont entrés en "grève" pour protester contre la plainte déposée par la direction générale contre Ridha Torkhani. 

 

Les syndicats de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) sont dans une colère noire. La direction générale de la société a porté plainte contre Ridha Torkhani, un de leurs leaders, à cause du sit-in ouvert entamé le 1er mars dernier au siège social de l’entreprise. Le secrétaire général de la section de Tunis de la Fédération générale de l'électricité et du gaz et secrétaire général du syndicat de base du siège de la société relevant de l’UGTT, a été convoqué hier jeudi 21 mars 2019 par la brigade criminelle de la Cité El Khadhra et interrogé pendant plus de 3 heures. On l’accuse d’entraver un service public, d’interdire l’accès aux fonctionnaires de la direction générale, d’empêcher le directeur général d’effectuer sa mission et d’ériger une tente sans l’aval de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). M. Torkhani risquerait une peine de prison de 5 ans et plus.

 

Une accusation «abusive, sans une once de vérité» rétorquent ses collègues, l’objectif étant d’intimider syndicalistes et employés. Cette plainte sonne comme une atteinte au droit syndical et une volonté de nuire non seulement aux syndicats mais aussi à la société, le mouvement étant né, selon eux, pour défendre la société qui vit une crise importante à cause, entre autres, de la mauvaise gestion du DG Moncef Harabi.

Depuis que le mouvement de protestation a commencé le 1er mars 2019, les services de le Steg ont continué à fonctionner normalement, a indiqué Slim Bouzidi, membre de la Fédération générale de l'électricité et du gaz, dans une déclaration à Business News ce vendredi matin 22 mars 2019. Il explique que seules les personnes qui ne travaillaient pas et n’étaient pas en permanence se rassemblaient devant la tente érigée en face des locaux de la direction, les autres vaquaient à leurs occupations.

Le syndicaliste a précisé aussi que le sit-in est légal et a été entrepris suite à la réunion de l’instance sectorielle avec l’accord de l’UGTT et de la fédération.

Autre fait important, les protestataires n’ont pas empêché les membres de la direction d’accéder à leurs bureaux. Il en est de même pour M. Harabi, qui selon eux, n’est pas venu au siège depuis le début du sit-in. D’ailleurs, il était en vacances lorsque le mouvement a été entamé.

 

Business News a tenté de joindre aussi bien l’attaché de presse de la Steg que Moncef Harabi, mais sans succès. Ceci dit, selon des sources bien informées, des menaces pèseraient sur le responsable qui a dû improviser et diriger la société d’un local se trouvant dans la Zone Urbaine Nord. Ainsi et pour éviter une confrontation qui n’apporterait rien de bon à la société, il a décidé de recourir plutôt aux voies légales qui lui sont offertes.

 

Mais pourquoi tout ce remue-ménage ? En effet, depuis quelques semaines, le bras de fer continue entre le syndicat et la direction et le ministère de l’Industrie et des PME. Les syndicalistes refusent le prolongement d’un an du mandat du DG, qui a atteint l’âge de la retraite. Pour eux, son bilan a été négatif, la situation de la société s’étant largement aggravée. Ils veulent un nouveau responsable à la tête de l’établissement qui sera capable de redresser la situation et de sortir la société de la crise.

Concrètement, les syndicalistes pointent certaines lacunes chiffrées. Depuis que le DG a pris ses fonctions début 2017, les dettes de la société se sont aggravées, passant de 4,41 milliards de dinars fin 2016 à 6,53 milliards de dinars à long terme (+2,12 milliards de dinars) et de 587 millions de dinars à 1,69 milliard de dinars à court terme (+1,1 milliard de dinars), selon les chiffres communiqués par le syndicat de base.

 

Le résultat d’exploitation est passé de 310,6 millions de dinars en 2016 à -594 millions de dinars en 2018. Les créances clients sont passées de -979 millions de dinars en 2016 à -1372 millions de dinars en 2018. 48,5% de ses créances proviennent du public : 23% entreprises publiques, 18,5% administrations et 7% collectivités locales. En décembre 2018, trois entreprises publiques ont cumulé à elles seules plus de 227 MD de créances : la Société nationale de cellulose et de papier alfa (SNCPA) 83 MD, El Fouladh 78 MD et Société des Ciments d'Oum El Kélil (Ciok) 66 MD. Côté ministères, celui de la Santé se place en tête  avec 48 MD, suivi de ceux de l’Agriculture 47 MD et de l’Intérieur 41 MD.

 

Pour le directeur général, c’est un ensemble de facteurs qui ont bouleversé la donne. Dans un document destiné au Conseil d’administration de la société, il en énumère plusieurs, notamment la hausse du prix du baril corrélée au glissement du dinar, la hausse de la demande du pays avec une baisse de la production d’énergie, la compensation qui n’est pas systématiquement versée, une décision d’un conseil ministériel datant du 30 décembre 2014 qui stipule la séparation entre l’achat et la vente de gaz naturel et entre les sociétés publiques concernées, etc.

 

Moncef Harabi propose diverses solutions, notamment de trouver des lignes de financements en devise qui permettraient à la Steg de faire face à ses engagements ainsi que d’opérer des achats à terme pour le gaz naturel et qui lui permettraient de se prémunir totalement contre les risques de change.

 

La situation sociale de la Steg est explosive et risque d’empirer à tout moment. Des solutions urgentes doivent être mises en place, pour que ce service public, primordial, ne soit pas affecté et que les Tunisiens ne soient pas pris en otage pour des raisons qui ne les concernent pas. La mise en place de réformes structurelles devient non seulement un impératif mais une urgence, pour préserver cet acquis important.

 

Imen NOUIRA

22/03/2019 | 19:59
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Commentaires (5)

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Sagesse
| 23-03-2019 20:36
Sans entrer dans les détails de fond réservés aux spécialistes, arrêtons-nous sur la forme: Les syndicats n'ont rien à voir dans la décision du gouvernement accordant au DG une année supplémentaire après l'âge de la retraite... Encore plus, de l'empêcher d'accéder à son bureau pour exercer ses fonctions !
C'est un vrai scandale ce que nous vivons aujourd'hui à la STEG où la majorité des employés sont pris en otages par ces syndicats exerçant hors la loi et la réglementation. Avec des pressions et des moyens illégaux, la grève générale a été imposée le vendredi 22/03/2019 !!
A travers un communiqué adressé au ministère de la tutelle, des directeurs de la STEG ont exprimé leur indignation tout en donnant leurs avis éclairant la situation au sein de la société... Ils ont également revendiqué leur droit d'exercer dans un climat saint et serein...
Les syndicats doivent savoir qu'il est temps, s'il n'est pas tard, de lâcher prise les institutions du pays qui risquent toutes, l'effondrement !
Ce qui se passe à la STEG est à l'image de la Tunisie affaiblie et meurtrie.
Toutes les forces actives sont exhortées pour sauver ce qui reste de ce pays...

Rationnel
| 23-03-2019 16:04
Le rôle des syndicats doit se limiter a la défense des droits des travailleurs. Imen Nouira doit se méfier des manipulations, elle répète les mensonges propagées par ces syndicats comme les "dettes de la société se sont aggravées".
On doit tenir compte de la dévaluation du dinar ( -24% depuis 2017) dans les résultats de la STEG puisque la majorité des coûts sont en dollars (le gaz naturel, les turbines et la maintenance) donc l'augmentation n'est pas si importante que laisse croire les syndicats. Si on tiens compte de la dévaluation du dinar, de l'augmentation du prix du gaz (+20%) et on néglige les dettes auprès des ministères et sociétés étatiques on observe que la situation financière de la STEG s'est amélioré.

La STEG est une société étatique, la majorité des dettes sont auprès de ministères et sociétés étatiques, donc c'est l'état qui a des dettes avec l'état. Pour payer ces dettes l'état va verser des sommes a une société étatique qui va payer ses dettes auprès d'une autre société étatique (la STEG), la STEG va verser l'excédent a l'état. Un exercice de comptabilité. La STEG vend l'électricité a un prix inférieur (200 millimes/kWh) au prix de reviens (270 millimes/kWh) mais c'est une décision de l'état, donc l'état est dans l'obligation de payer la différence. L'état et le FMI sont d'accord pour un ajustement graduel des prix de l'énergie et la STEG a fait des progrès dans ce domaine. On doit éviter une augmentation trop rapide qui peut provoquer des troubles sociaux comme ce fut le cas en Jordanie et a Haiiti.

On voit les conséquences désastreuses quand les syndicats se mêlent de la gestion des ministères et des sociétés étatiques:
- Le secteur de la santé s'est effondre, les syndicats ont réussi a renvoyer les ministres qui voulaient sauver le secteur comme Said Aidi.
- L'éducation est dans un état lamentable, les syndicats ont sabote tous les ministres qui ont essayer d'améliorer le secteur et ont réussi a renvoyer Jalloul.
- La secteur des phosphates est a l'arrêt ce qui fait perdre 8 milles milliards de dinars a la nation et la cause principale du déficit commercial, ce qui a son tour provoque la chute du dinar et l'inflation.

Dans tous ces cas le motif des syndicats était la protection des corrompus et la corruption de leur caïds et leurs avantages. Le fameux hôpital de Sfax ou des syndicalistes avait un commerce florissant pour la revente des médicaments, les phosphates ou des syndicalistes reçoivent des sommes importantes pour divers retournements comme l'a montre le reportage de la chaîne Al Hiwar, l'enseignement ou les enseignants veulent protéger les cours particuliers.

Les syndicats sont derrière la majorité des problèmes de la Tunisie. Cet article qui présente le point de vue des syndicats les aide dans leur mission pour la destruction du pays. La raison principale de leur protestations est e refus du progrès et des changements comme les énergies renouvelables qui peuvent aider la STEG a améliorer sa situation financière avec la production d'une électricité plus propre et a un coût plus bas ( 110 millimes/kWh).

Gran-buch
| 23-03-2019 10:47
L'article présente deux "idées", si non des aberrations que l'auteur n'a nullement justifiée. La première étant que le sit-in est "légal", dans quel code, règlement, loi ou tout autre texte réglementaire où il est autorisé d'effectuer des sit-in en campement devant l'entreprise. La seconde, depuis quand prolonger l'activité d'un DG d'une année, ou de n'importe quel cadre nécessite l'accord et la bénédiction du syndicat....et l'autorité de tutelle doit avaler les décisions des syndicats.

Le vrai
| 22-03-2019 21:59
Ces chiffres mentionnées, ne ressemble en rien à la vérité, elles sont données par les syndicats pour influencer les décisions.
22 jours, de la musique a fond, les dyndicats menacent les fonctionnaires .....
Mais la raison, la plus probable, sont les dossiers des trafiquants, qui ont été remises au procureur par la DG, et ses mêmes trafiquants sont des syndicats, ou leur proches

DHEJ
| 22-03-2019 20:48
A défaut de comptes dans la cour...

Combien est facturé le KWH a l'ambassade de Chine ou US?