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Chroniques
Youssef Chahed…ou un autre
02/08/2016 | 17:00
4 min

 

Youssef Chahed futur chef du gouvernement ? C’est en tout cas ce que les dernières indiscrétions émanant de Carthage révèlent. L’information qui, au départ, avait tout du ballon d’essai, est aujourd’hui en train de prendre forme. Peut-être car ceux qui ont lancé ce ballon ont estimé qu’il a finalement suscité l’engouement recherché…

Quoi qu’il en soit, cette annonce a, de prime abord, suscité peu de critiques du moins du côté des partis au pouvoir. Si on le critique, notamment pour sa proximité avec la famille Caïd Essebsi, les éloges, eux, se sont faits plus bruyants. D’abord parce que l’homme est jeune. 41 ans pour être exacte. Un quadragénaire à la Kasbah a de quoi réjouir. Personne n’est contre un peu de sang frais et une vision sans doute moins étriquée que celle dont nous avaient habitués les « séniors » qui l’ont précédé, Habib Essid, Ali Laârayedh, Hamadi Jebali, Béji Caïd Essebsi et Mohamed Ghannouchi.  Mais aussi car nombreux reconnaissent un homme compétent et intègre. Serait-il l’homme providentiel dont on n’a pas arrêté de brosser le tableau depuis l’exercice chaotique de Habib Essid ? Il ne faut pas se leurrer non plus car ce n’est sans doute pas pour sa « brillante » prestation en tant que ministre des Affaires locales, ou en tant qu’ancien secrétaire d’Etat à la pêche que Youssef Chahed a été choisi. Son nom semble créer une sorte de consensus entre Nidaa (auquel il appartient) et Ennahdha, les partis au pouvoir qui comptent donc. Mais aussi, notamment, du côté de l’UPL et des Destouriens. Il ne s’est pas « sali » avec l’ancien régime, il est jeune et ne traine, encore, aucune casserole. Il en faut peu aujourd’hui pour convaincre. En effet, après le récent carnage au Parlement, réservé à Habib Essid, il faut reconnaitre que pour accepter un tel poste, il faut avoir une certaine dose de casse-cou…et ne pas avoir peur de se bruler les ailes.

 

Une chose est sûre cependant. Si le nom de Youssef Chahed venait à être officiellement proposé par Carthage, les membres du Parlement plongeront  la tête la première. Oui car nous ne sommes pas près d’oublier le cirque des hypocrites et des chiffe-molles dont nous a gratifié le Bardo, samedi dernier lors de la plénière du vote de confiance contre le gouvernement Essid. Des discours vides de sens dans lesquels le populisme s’est joyeusement mêlé à des critiques évoquées à demi-mots. Il a fallu que l’homme soit à terre, livré à ses bourreaux, pour que les hyènes se jettent sur son cadavre et se disputent pour savoir qui d’entre eux prononcera le discours le plus « mémorable », dans une minable opportunité d’être, enfin, vu et entendu. Au lieu des critiques constructives, qui devront servir au cabinet à venir, l’on s’est contenté de formules de politesse, de circonstance, prononcées face à un homme qu’on a placé seul sur le bûcher et qui a dû assumer, seul encore, les égarements et les cafouillages d’un système tout entier.

On n’est pas aussi près d’oublier que ce même Youssef Chahed fait aussi, comble de l’ironie, partie de ce même gouvernement qu’on vient d’abattre il y a à peine quelques jours. Serait-il le seul, de toute la mêlée, à être au-dessus des critiques ?

 

Il importe peu que ce soit Youssef Chahed qui occupera le fameux poste à la Kasbah. Peu importent ses compétences et les programmes qu’il projette de réaliser ou d’annoncer à l’adresse de ceux qui seront, pendus à ses lèvres, à l’attente d’une personnalité salvatrice. Le chef du gouvernement providentiel n’existe pas. Ce qui comptera, le plus, en revanche, ce sera tous ceux qui l’entoureront. Ses conseillers qui lui dicteront ses moindres faits et gestes, qui devront chronométrer ses apparitions, ses discours et ses décisions comme du papier à musique. Ce qui comptera aussi ce seront les députés qui prendront les décisions importantes et voteront les lois adéquates avant qu’il ne soit trop tard. Avant de profiter de leurs rares apparitions pour se montrer et dire ce qui doit être dit. Ce sera aussi le choix de son équipe, qui l’accompagnera dans sa mission et assumera ses propres responsabilités, chacun à son niveau. Ce sera aussi les institutions de l’Etat et ses mécanismes qui devront apporter leur pierre à l’édifice. Youssef Chahed, aussi intègre, aussi compétent et aussi brillant qu’on veuille nous le présenter, ne pourra rien seul. Il ne pourra rien faire contre les saboteurs, les corrompus, ceux qui ne souhaitent pas que les choses changent, ceux qui ont la flemme d’accompagner le changement et ceux qui veulent que le marasme reste là où il est car il arrange leur propre petit monde.

 

Youssef Chahed ou un autre peu importe le nom du moment où le futur chef du gouvernement tunisien organisera, comme il se doit, les prochaines échéances électorales, qu’il donnera un coup de fouet à une économie agonisante en redonnant aux investisseurs la confiance qui fait défaut aujourd’hui et en redorant l’image du pays, qu’il mènera de front (et non par de simples slogans pompeux) une guerre contre la corruption en s’attaquant à ceux qu’il faut destituer, en sécurisant le pays, en gardant en place ceux qu’il faut garder, en assainissant l’administration et en prenant les décisions qu’il faut contre eux qui le pousseront, sans aucun doute, à tourner en rond.

02/08/2016 | 17:00
4 min
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Commentaires (13)

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Analyste
| 04-08-2016 10:12
En effet peu importe,mais meme s il pourra et voudra faire, son parent le vieux de Carthage qui pietinne la constitution chaque jour, le laissera t il faire ? probablement pas parceque le viellot fait partie d un autre autre age . Que pourra t il faire sans un programme ? La declaration de carthage est une declaration d intentions et non un programme. Si les partis au pouvoir jusqu ici n ont pu presenter un programme que pourra t il faire ? En effet, l avenir du pays est sombre et il faut s attendre a une deuxieme revolutiom, improbable diriez vous, un peu de patience et celui qui vivra verra..

Tunisienne
| 04-08-2016 09:56
Bonjour chère Maryem,

Si le choix de Monsieur Chahed est justifié par la mise en oeuvre d'une certaine politique de BCE pour le pays, c'est très bien ! Car c'est exactement ce qui est attendu du Président de la République et de son parti vainqueurs des élections.

Le souci, c'est que Youssef Chahed risque d'avoir été désigné pour satisfaire les caprices claniques de BCE, ne pas contrarier les alliances et accords tordus et contre-nature du Président et lui permettre de continuer son mandat dans une certaine quiétude et sans trop de contrariétés...

Bonne journée !

Maryem
| 03-08-2016 13:45
Je pense sincerement que BCE a choisi son chef de gouvernement qui lui pretera son oreille pour accomplir sa politique(Celle de BCE) et j espere que je me trompe.

déja-vu
| 03-08-2016 12:23
Avec des assassins qui rôdent, zoomés 1000x par les caméras, une corruption jamais vue, une crasse dont les émanations défoncent la couche d'ozone, du banditisme et de la contrebande qui rongent les vestiges d'un état délabré et au bord de la ruine complète,
Il faut être ou niais ou complice pour croire à la "propreté" de ceux qui fixent des critères qui leur garantieront un/une "vierge", sourd(e), aveugle , de bonne foi, d'expérience minime surtout prêt à se faire humilier au moindre signe d'une vraie volonté de combattre le terrorisme et la corruption.
Voila les vrais critères recherchés.
Il faudra avant tout frotter, frotter un siècle avant de se donner le droit de parler de "propreté".
En attendant, des va-nu-pieds incultes et niais continuent à grossir des bedaines insatiables en dansant en rond aux rythmes de bendirs surchauffés...
Bousaadia ferait leur bonheur...

Tunisienne
| 03-08-2016 11:39
Vous semblez donner aux «conseillers» plus de poids qu'ils n'en ont réellement ! Certes, à un certain niveau de pouvoir, les conseillers ont leur importance (dans la façon dont ils vous présentent les choses), mais il reste surtout l'homme, sa force de caractère, sa vision, son fil conducteur et sa décision !

Par ailleurs, vous oubliez de mentionner que la principale «qualité» de Youssef Chahed (aux yeux de BCE) est sa docilité et sa loyauté envers sa personne (ce qui n'est pas pour déplaire aux alliés islamistes de BCE). Or, la loyauté à BCE n'est pas forcément équivalente à la souscription aux exigences de la phase...

Salutations

Nephentes
| 03-08-2016 10:08
y en a marre du cirque de la clique BCE et consorts

Les Tunisois n'ont pas besoin de ce vaudeville obscène pour réaffirmer leur grandeur; il y a clairement d'autres moyens beaucoup plus nobles pour le faire.

Tout ceci va mal finir, c'est très malsain

BCE n'est pas du tout à la hauteur de la mission que lui a confié le peuple: est ce là du patriotisme ??

jaghmoun
| 03-08-2016 00:04
l'aristocrate beji bey de tunis s'installe
a carthage et regne sur la politique
aprés avoir envouté le cheikh rached.
hafedh le fiston au plus haut sommet
du parti au pouvoir et regne sur le cercle d'influence et des reseaux
politique et affairiste.
beji engage le mari de sa fille son
medecin,son deuxieme fils l'incite
a rentrer en politique et de se montrer
tourne autour des proches pour les designer et leur donner un poste.
adore les ministres de ben ali il se tape chalgoum conseiller en economie
ben salem a l'institut de strategie,
ben ticha conseiller!!!!!!!!!
depense le fric du peuple et tourne
le dos a la revolution.
adore les americains et les francais
applique les consignes.
il a invité sarkozy,abdelwahab abdallah
zouari,raffarin,vauzelle.....tous des
courtisans de ben ali et ont soutenu
la dictature.
2/3 des deputés peuvent faire sauter
le president en cas de derive suivant
le destour.
fini le temps de la politique des salons
se la soukra et le temps des coups de fil de la part de si flen.

dadilesage
| 02-08-2016 22:42
Au 19eme siècle,l'homme providential,c'était sans doute Abraham Lincoln. Allah Yarhmou.Lisez son Gettysburg address et vous verrez.
Au 20 eme siècle,l'homme providential était Habib Bourguiba,Allah Yarhmou. Lisez ou mieux encore regardez son discours au Palmarium et vous verrez. Des qualities en commun. Grands esprits rationnels. Grands communicateurs.Grands éducateurs.

DHEJ
| 02-08-2016 21:57
Tu dis ce qui comptera ce sont les lois votées par L'ARP


Mais il faut que le Chef du Gouvernement PRODUISENT les meilleurs projets de loi pour qu'elles soient votées!


Le Président du Gouvernement doit faire bouger les choses par la loi et c'est la LEGIDYNAMIQUE!


Youssof CHAHED ou une autre personne ne connaissent pas ...

renardine
| 02-08-2016 19:35
la Tunisie ne se relèvera pas tant que ces partis islamistes mafieux ne seront pas dissous