alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 05:32
A la Une
Youssef Chahed, préjugé favorable, validité 100 jours
04/08/2016 | 15:59
5 min
Youssef Chahed, préjugé favorable, validité 100 jours

Les réactions à la nomination à la tête du gouvernement de Youssef Chahed sont globalement favorables, 24 heures après l’annonce officielle.

Si son plus grand atout demeure l’âge et une certaine virginité politique, Youssef Chahed a 100 jours pour entamer un nombre infini de chantiers, afin de pouvoir continuer à surfer sur la bonne image dont il bénéficie.

 

Nonobstant le dénigrement et les intox classiques de trois partis politiques, autoproclamés révolutionnaires, la nomination de Youssef Chahed à la tête du gouvernement est dans son ensemble bien acceptée par la scène politique tunisienne. Il faudrait en effet être fou ou de forte mauvaise foi pour trouver à redire sur la nomination d’un quadra à la tête du gouvernement d’un pays, longtemps critiqué pour ne pas avoir placé des jeunes à des postes élevés de l’Etat.

Certainement, l’argument de la jeunesse seul ne pèse pas lourd pour évaluer la qualité d’un titulaire à un tel poste, mais il a le mérite d’envoyer un signal positif pour les scènes nationale et internationale. Maintenant, le plus dur reste à faire, il s’agit de convaincre.

 

Le premier exercice difficile du nouveau chef consiste inévitablement dans le choix de son équipe. Comme dans tout choix, il risque de faire plus de mécontents que de satisfaits. Au vu du nombre de candidatures et de propositions de candidatures qui affluent depuis 24 heures, les éconduits devraient être nombreux. Et ces derniers ne vont pas se priver de le dénigrer quand ils vont être écartés.

D’après les informations en notre possession, ou plutôt des bruits de couloir sérieux qui circulent, les ¾ du gouvernement de Habib Essid vont être maintenus par son successeur. On parle des départs du ministre des Affaires religieuses Mohamed Khalil (dont la prestation était des plus dramatiques), du ministre de la Défense, Farhat Horchani, du ministre de l’Intérieur, Hédi Mejdoub et du ministre des affaires sociales Mahmoud Ben Romdhane et probablement du ministre de la Santé, Said Aïdi. Ce dernier fait les frais de son bras de fer courageux avec les syndicats, mais également pour avoir fait face à plusieurs lobbys puissants du monde médical, paramédical, pharmaceutique et parapharmaceutique. Il y a même un chef de parti dont l’activité principale demeure la sponsorisation de pages FB spécialisées dans le dénigrement du ministre de la Santé. 

 

D’autres ministres devraient changer de portefeuille, à l’instar de Samira Meraï, ministre de la Femme qui pourrait être remplacée par Salma Elloumi, ministre du Tourisme et de Slim Chaker, ministre des Finances qui pourrait rejoindre la Grande Muette.

Pour les entrants, plusieurs noms circulent dont notamment les leaders politiques Ahmed Néjib Chebbi et Samir Taïeb, deux grands militants et patriotes, aux compétences certaines, mais exclus par les urnes. Samir Taïeb a cependant préféré rejeter l’offre arguant du fait que Youssef Chahed est membre de Nidaa Tounes et n’est donc pas indépendant. Pour sa part, Ahmed Néjib Chebbi ne devrait pas rejeter la proposition d’un grand ministère de Développement. En la matière, l’application de son programme électoral devrait vraiment faire sortir les régions et le pays du gouffre.

Le nom de l’ancien ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi revient de nouveau et il est question qu’il aille à l’Intérieur.

Marouane El Abassi devrait par ailleurs occuper un grand ministère chargé de l’Economie et des Finances. Cet économiste de la Banque mondiale et enseignant dans plusieurs universités prestigieuses, de Tokyo à New York, serait le candidat idoine pour ce portefeuille. A noter qu’il a été reçu, aujourd’hui, par Youssef Chahed à Dar Dhiafa, ce qui tend à accréditer cette thèse.

Deux autres noms circulent, les candidats de l'UPL de Slim Riahi, à savoir Mahmoud Baroudi pressenti à la Jeunesse et le Sport et Samira Chaouachi pressentie (tout comme Selma Rekik) pour le portefeuille de la Femme. Toujours selon les rumeurs, Mehdi Ben Gharbia pourrait remplacer Kamel Jendoubi en tant que ministre chargé des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les Organisations des droits de l’Homme.

 

Si ce casting aboutit, il y a de fortes chances pour que Youssef Chahed puisse mettre en application rapidement le plan de route qui lui a été dressé et de continuer ainsi à surfer sur la vague de sympathie.

Cette sympathie pourra-t-elle l’aider pour autant à faire passer la pilule des véritables décisions douloureuses qu’il doit prendre ? Il ne faut en effet pas se leurrer, le mal profond de la Tunisie est d’ordre structurel et non conjoncturel. Résoudre réellement les problèmes de la Tunisie revient quasiment à dire à appliquer les réformes recommandées par le Fonds Monétaire International (voir notre article à ce sujet). La feuille de route établie par les parties participant au dialogue national n’est qu’un éventail politique à ce qui doit être réellement entrepris dans le pays.

Appliquer le véritable remède (les recommandations du FMI) suppose une sérieuse confrontation avec les syndicats et un pan de l’opposition et de la société civile. Pour pouvoir bien affronter cette bataille, Youssef Chahed se doit d’être un fin tacticien en politique. Chose qu’il n’a pas, au vu de son âge. La période Ben Ali a en effet empêché totalement l’éclosion de toute une génération d’hommes politiques, ce qui fait que la scène politique d’aujourd’hui soit quasiment dépourvue de quadragénaires et même de quinquagénaires. 

Cette absence d’expérience de politique politicienne ne devrait cependant pas être un obstacle majeur pour Youssef Chahed, puisqu’il devrait bénéficier à tout moment de l’expérience de son mentor Béji Caïd Essebsi et, sans aucun doute, de celle d’une équipe de conseillers chevronnés dans son cabinet. Youssef Chahed est donc appelé à être à l’écoute du locataire du palais de Carthage et des conseillers qu’il nommera (ou plutôt qu’on nommera à ses côtés) pour pouvoir réussir son chemin.

Si les bruits de couloir se confirment, ce sera cette fusion de la jeunesse dynamique qui peut et de la vieillesse expérimentée qui sait qui assurera l’éventuel succès du nouveau chef du gouvernement.  

 

Raouf Ben Hédi 

04/08/2016 | 15:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (5)

Commenter

Amine
| 05-08-2016 10:30
Un lobbyiste des sociétés de l'industrie agricole et des engrais US, travaillant pour le compte de l'ambassade US à Tunis est a la tete de l'executif tunisien...une personne sans experience notable d'a peine 10 ans entre maitre assistant universitaire et quelques jobs sommaires avec le fameux titre passe partout "d'expert" aupres d'organismes.... bref avec a peine une dizine d'années d'experience legere, .... du jamais vu, à ce point la gouvernance d'un gouvernement est legere.... Certes on a vu pire avec des moins que rien du genre Hamadi Jbeli et Ali laarayedh, des bras cassés.... mais le pays coule et on a toujours pas mis l'interet supreme du pays en avant!

takilas
| 05-08-2016 08:14
Maintenant c'est incontestable la secte dite de nahdha préfabriquée à Londres en 2011, constitue une contrainte majeure pour le travail et le fonctionnement de La Tunisie, car leur seul objectif et idée malveillante c'est de mettre main basse et arnaquer comme bon leur semble ce pays prestigieux. Ceci étant, hormis leurs milices « achetés »et soudoyés avec un argent colossal (c'est avec l'argent qu'ils espèrent coloniser La Tunisie dont l'origine de cet argent reste plus ou moins connue panama papers compris, avec les arnaqueurs du pétrole libyen, il y a un espoir que leurs applaudisseurs de fortune issus de sud tunisien se désistent de leur idée et prétentions régionalistes, surtout à conquérir la capitale Tunis et ce en s'introduisant par tous les moyens de corruptions et de chantages dans les administrations tunisienne' pêlemêle et à ne rien foutre sauf de bénéficier de avantages en plus d'un fauteuil de deux chaises d'accueil d'un ordinateur d'un téléphone et la dernière innovation en vogue pour tous ces sudistes celle d'un véhicule ; sans parler (des sudistes) qui ont les banques à leur disposition pour s'acquérir, toujours à Tunis, de villas luxueuses, de véhicules luxueux et d'un projets lucratifs dont leurs investissements requièrent l'intervention de ces banques par des sommes considérables et inaccessibles même par ceux qui économisent pendant des dizaines d'années voire des siècles ; pour l'anecdote il y en a parmi ces incultes de l'ARP qui tiennent bon à mettre main basse sur les terres domaniales des terres qui sont supposées appartenir à l'Etat et rien qu'à l'Etat et qui ont été défendues pendant des siècles par les tunisiens honorables en non ces incultes comme dit venus de Londres pour conquérir La Tunisie et surtout sa capitale. Cette pauvre capitale, que personne n'en et ne défend, surtout pas les députés de l'ARP et qui devient un vrai dépotoir de saleté, car sa propreté avec cette densité immense de population, n'est jamais réalisable surtout que les terres qu'elles soient agricole ou vague ont été environnantes ont été toutes massacrées et conquises par lesdits ***
d'une façon anarchique et barbare animosité et haine aidant de leur haine envers cette ville prestigieuse. En somme ils ne pourront jamais (cette secte de nahdha) devenir utile à La Tunisie d'abord en raison de leur formation, leur éducation et leur niveau d'instruction précaires et puis en raison de leur mentalité infecte pleine de corruption, de haine et d'envie envers les autres tunisiens qui sont à l'évidence meilleurs qu'eux en tout point de vue (cela leur fera râler davantage et augmenter leurs complexes pervers), et ce depuis des années et non des siècles car ils n'existaient même dans les annales tunisiennes ni dans l'histoire tunisienne sauf peut-être devenus dernièrement connus par leur traitrise importée de Londres et de Paris et ce après s'être enrichis et bénéficier de leur part (donc comme leurs applaudisseurs) des meilleurs avantages et grandes richesses tout en étant bien sur à Tunis qui paradoxalement (donc) la détestent et manifestent une animosité et un haine indescriptibles. Toutefois aucun gouvernement ne pourra travailler dans la règle de l'art tant que les assassinats de CHokri Belaid et Mohamed Brahmi, du moins, ne sont pas révélés. Donc les députés (corrompus et incultes ) doivent d'abord montrer qu'ils sont dignes de représenter le peuple en exigeant de dévoiler la réalité et « non pas aider les malfrats à cacher la vérité ». Un autre titre : "mascarades à l'ARP;ils ne sont d'aucune utilité".

mizaanoun
| 04-08-2016 23:49
« La pilule des véritables décisions douloureuses qu'il doit prendre. » C'est quoi ça ?

Donc le jeune homme choisi par BCE pour la fonction de chef de gouvernement, Youssef Chahed, jouit déjà de l'agrément de la « Représentation Diplomatique » des USA et par conséquent de Daniel Rubinstein, le chef de la mission ou l'ambassadeur. Et comme partout dans le monde les représentants officiels et non officiels des USA ont pour mission de placer au pouvoir les personnages qui conviennent au mieux à leurs intérêts, autrement dit, des agents en bonne et due forme.

Selon le câble publié par Wikileaks, avant d'être sélectionné par le « chef du gouvernement » partant Habib Essid comme ministre de la pêche puis comme ministre des affaires locales, le jeune homme avait travaillé directement en tant « qu'expert en matière d'agriculture » auprès du Département d'état US à l'agriculture à travers leur ambassade à Tunis. Une fonction qui consiste à introduire les produits agricoles US, les produits de Monsanto et autres transnationales de la même néfaste nature sur le marché tunisien. Et Dieu sait ce que veut dire ce genre de lobbying. La mort définitive de l'agriculture autochtone et un endettement supplémentaire du pays. Ces transnationales poussent les petits agriculteurs et paysans des pays du Sud vers le suicide. Rien qu'en Inde, en dix ans, entre 2005 et 2016 ils sont 250.000 paysans qui se sont suicidés pour être incapables de rembourser les dettes auxquelles ils ont été poussés à contracter auprès des banques pour acheter les produits chimiques recommandés par les agents des transnationales. Ce qui a nécessité et nécessite toujours une législation appropriée. Et quand on a le genre de législateurs de la ARP, le jeune homme n'aura aucun problème à faire passer n'importe quelle loi qui va dans le sens des intérêts de ses commanditaires au nom de la technologie. De toute manière des lois pareilles sont choses qui vont de soi dans une Tunisie depuis son « indépendance ». Depuis avant même la naissance du jeune et nouveau chef de gouvernement Youssef Chahed.
Enfin de compte on savait parfaitement que les dirigeants politiques actuels en Tunisie, ne diffèrent en rien de tous leurs antécesseurs. En tout cas BCE en personne, ami d'Obama ou de Bush, un personnage archi-connu de l'establishment tunisien acquis corps et âme aux intérêts de l'impérialisme, ne peut que choisir un agent agréé aux yeux des USA pour la fonction. Et la personne choisie est idéale. Jeune, bien connu des services US et ayant rempli la mission dans plusieurs pays déjà au profit du même « Patron » dans plusieurs pays comme le Japon, le Brésil et au sein d'autres organisations 'uvrant toujours pour les intérêts de l'Empire ! Comme on le voit, on peut faire beaucoup de chose même étant jeune ou justement dans cet âge idéal.

Mais la supercherie prend les dimensions considérables de l'indécence quand on ose présenter la formation en cours de ce gouvernement Chahed, comme gouvernement d'Union Nationale !

On reviendra sûrement sur la question.

hateam
| 04-08-2016 18:10
la clé de voute de la construction du prog d'un gouvernement n'est autre que la politique de dev régionale surtout.
Donc mettre N Chebby sur ce poste c bien l'équivalent de ce qui a été fait en mettant Z ladhaari de la Nahdha au poste de ministre de l'emploi.
Si Laadhari peut trouver des excuses de manque d'experience, N Chebby n'en trouvera point.
Si Chebby réussira dans ce poste, il aura servi l'image de Nidaa Tounes et de Y chahed potentiel candidat, surtout dans cette hypothése, pour des ambitions presidentielles.
Alors Chebby aura à se dire"l'eau qui va vers la haie, l'olivier en est plus méritant".
En cas d'échec même pour des raisons hors de sa portée il aura commis la grande gaffe de ce qui reste de sa carriére.
N chebby serait dans cette équipe méritoire du poste de ministre des affaires étrangères. Dans ce poste il pourra jouer pour ses chances de présidentiable et aussi pour une diplomatie économique.

Mouchahéd
| 04-08-2016 17:01
100 jours, c'est à l'étranger.

En Tunisie, c'est entre 40 et 50 jours qu'on juge un gouvernement. Et encore.

Dans tous les cas, on n'attend pas trois mois. C'est verifiable après huit gouvernements post-révolution.