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Chroniques
Voilà pourquoi ce qui se passe au sein d’Ennahdha intéresse les médias
Par Sofiene Ben Hamida
20/09/2020 | 15:59
3 min
Voilà pourquoi ce qui se passe au sein d’Ennahdha intéresse les médias

Par Sofiene Ben Hamida


 

Cent dirigeants nahdhaouis ont adressé cette semaine une pétition au président du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi lui demandant d’annoncer, dés à présent, son intention de ne pas briguer un troisième mandat à la tête du parti et de respecter les dispositions de l’article 31 du règlement intérieur limitant à deux le nombre de mandats pour tous les responsables sans exception.

Parmi ces cadres islamistes, on trouve une grande variété qui regroupe des membres de la Choura, des membres du bloc parlementaire islamiste, des anciens, des jeunes, des cadres à l’échelle nationale et des animateurs à l’échelle locale ou régionale. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que parmi les signataires de cette pétition, on retrouve des représentants d’ailes ou d’orientations politiques très différentes qui se sont longtemps affrontés dans le passé au sein des réunions des structures dirigeantes du parti. Il est évident que ce qui regroupe tout ce beau monde, c’est une farouche volonté d’évincer Ghannouchi de la présidence du parti, poste qu’il occupe depuis quatre décennies.

 

Il semble que les débats qui ont conduit à la rédaction de cette pétition ont duré deux mois, profitant de la disponibilité de tous en cette période de pandémie. Il semble aussi que les initiateurs de cette pétition ont mis en place une stratégie de communication et se sont partagés les apparitions et les déclarations dans les médias. Cette manœuvre semble être tellement bien menée qu’elle a obligé Ghannouchi à réagir. Il a envoyé, dans un premier temps, un message à tous les cadres régionaux du parti accusant les signataires d’agir à la faveur de la nuit comme des putschistes et prévenant que sa peau est dure comme tous les leaders. Il a ajouté que ces derniers ne sont pas tenus de quitter la direction de leurs partis après deux mandats, comme c’est le cas pour les dirigeants de l’Etat.

Ce qui est surprenant, c’est qu’en aucun moment, Ghannouchi ne semble trouver dans cette démarche une entorse aux règles démocratiques auxquelles il semble s’attacher. Dans une deuxième phase, le bureau exécutif d’Ennahdha s’est dit, sur un ton paternaliste, comprendre les craintes des signataires de la pétition et a affirmé sa volonté de tenir le congrès avant la fin de cette année. Bien entendu, immédiatement, les proches de Ghannouchi se sont arrangés de leur côté pour investir les plateaux des télévisions et des stations radios.   

 

Durant tout ce remue-ménage, beaucoup au sein de l’opinion publique s’interrogent pourquoi des médias ou des journalistes qui ne sont pas forcément connus pour être proches des islamistes ou faisant partie du cercle de leurs supporters, se sont emparés de la pétition des cent dirigeants nahdhaouis. En effet, cette pétition, ainsi que les réactions la concernant, de part et d’autre, a été au centre de l’actualité au cours de la semaine, faisant de l’ombre à d’autres questions importantes comme la propagation effrénée du virus du Covid-19, les atermoiements de la rentrée scolaire ou les dégâts des eaux après les dernières pluies. Ils oublient que les médias et les journalistes ne sont pas mandatés pour créer un monde nouveau ou fictif. Leur rôle se limite à rapporter le monde, le raconter et l’expliquer si possible en restant le plus proches possible de la vérité.

 

Or la vérité, est que le parti islamiste est le seul parti qui a gouverné le pays sans discontinuité depuis dix ans. Il est le premier parti au sein de l’ARP et a le plus grand boc parlementaire. Ennahdha est aussi le seul parti politique qui a des représentants dans tous les conseils municipaux.

La vérité aussi est qu’Ennahdha est actuellement le parti le plus structuré et le plus efficace. Par conséquent, il est plus influent que les autres partis politiques concurrents. Ces derniers, s’ils veulent se faire une place au soleil, et non continuer à se plaindre comme ils le font aujourd’hui, n’ont qu’à retrousser leurs manches, mettre les plans et les stratégies adéquates et aller vers les Tunisiens. C’est à ce prix qu’ils peuvent s’imposer aux médias et aux journalistes et, pourquoi pas, reléguer les informations concernant le parti islamiste au plus bas de la pyramide inversée, chère aux médias et aux journalistes.

 

Par Sofiene Ben Hamida
20/09/2020 | 15:59
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