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Chroniques
Une loi de finances complémentaire ne serait plus à l’ordre du jour
19/07/2018 | 19:12
3 min


Par Houcine Ben Achour

 

Décidément, c’est la cacophonie politique qui règne dans le pays. Elle ne va pas s’estomper de sitôt. L’interview télévisée du président de la République, Béji Caïd Essebsi, n’a fait qu’accentuer ce charivari et déboussoler ses plus fidèles supporters. Il n’est nullement nécessaire d’épiloguer sur le contenu de son intervention pour y déceler ses choix. La préférence portée à la chaîne de télévision pour fournir sa position sur la grave crise politique qui secoue le pays depuis l’échec patent du projet de pacte de Carthage II préfigurait déjà ses choix. Le pire, c’est qu’il ne les affirmera pas tout net mais usera de contorsions et de louvoiements proprement inacceptables. Et les options qu’il exposera sur le devenir du gouvernement Chahed ne furent que de faux-semblants.

Au lieu de montrer qu’il demeure le plus puissant acteur de la vie politique en vertu des prérogatives constitutionnelles qui sont les siennes et notamment l’article 99 du texte fondateur de la 2e République, le chef de l’Etat a préféré le rôle du faux-arbitre dans le conflit entre son fils et directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi et le chef du gouvernement et non moins membre du même parti, Youssef Chahed.

 

Il n’est nullement nécessaire de discourir plus sur la position du président de la République, car, par essence, elle n’a rien résolu mais au contraire elle a davantage plongé le pays dans l’incertitude, alors même qu’une petite dose d’espérance y pointait du nez, en dépit des contingences du quotidien.

 

Nonobstant les interminables tractations qui jalonneraient sa désignation et la composition de son gouvernement, quel est le plus qu’apportera le nouveau chef de gouvernement au cas où Youssef Chahed viendrait à partir ? Les compétences qu’on lui souhaite résoudraient-elles les lacunes du gouvernement Chahed ?

De tout cela rien n’est moins sûr et incite plutôt à faire sien l’adage selon lequel « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ». Car, aucun gouvernement aussi compétent soit-il n’est en mesure d’appliquer un programme cohérent - surtout pas la feuille de route du Pacte de Carthage II et ses vicissitudes - de sortie de crise tant que le champ politique est dominé par les intérêts individuels ou partisans, par les lobbies et la corruption. Le seul programme qui tienne, qui s’impose à nous, en dépit de ses imperfections, reste le programme économique (2016-2020) en vertu duquel le Fonds monétaire international a accordé un crédit de 2,9 milliards de dollars. Un programme qui peut toujours être révisé compte tenu de la conjoncture et des performances économiques affichées par le pays.

 

La conjoncture internationale est porteuse, les reformes économiques engagées portent des premiers fruits et le redressement des finances publiques du pays est perceptible. Certes, cette situation n’est perceptible pour le moment qu’au niveau macroéconomique. Il faudra quelques temps encore pour qu’elle fournisse ses effets au niveau des entreprises et des ménages.

C’est la première fois que l’on accomplit ce sur quoi on s’est engagé avec le FMI, l’incontournable acteur de la scène financière internationale, en faisant résolument face aux difficultés non sans ressentir des douleurs. Il est préférable d’en payer ce petit prix aujourd’hui que d’en acquitter un lourd tribut demain.

 

Compte tenu des données budgétaires actualisées, c’est la première fois depuis 2011 qu’on ne discute pas de l’éventualité d’une loi de finances complémentaire comme c’était le cas à pareil moment au cours des années passées. N’est-ce pas là une sacrée performance à mettre à l’actif du gouvernement Chahed au lieu d’évoquer un lourd passif sur la base des coupures d’alimentation en eau potable dans telle ou telle zone ou région ou d’un taux de chômage qui pourtant se stabilise ou d’une pauvreté qui est néanmoins en recul.  

Selon les projections effectuées au cours du 2e trimestre 2018, les ressources propres du budget de l’Etat dépasseraient les objectifs initialement fixés, le budget des salaires et rémunérations seraient en-deçà de ce qui était prévu. Dans le même temps, les dépenses sociales sont maintenues à leur niveau initial et le déficit budgétaire contenu  dans les limites fixées par la loi de finances 2018 en dépit de l’accroissement prévisible des dépenses de subvention à l’énergie.  

19/07/2018 | 19:12
3 min
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Commentaires (2)

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Forza
| 20-07-2018 07:06
Si on le laisse travailler et si on caisse le tanbir. Parmi les bonnes décisions aussi de cette semaine est la décision du Gouvernement de vacciner les enfants de la première année primaire contre l'hépatite A.

SELIM
| 20-07-2018 02:13
Bon article objectif et neutre, loin des polémiques stériles et de mauvaise foi visant à faire tomber Chahed. Cette mafia politico-économique veut tout simplement l'écarter du chemin de la présidentielle de 2019 ! Quelle bassesse et quel manque de patriotisme !! Il faut sauver Chahed car c'est la dernière chance du pays et d'ailleurs les bailleurs de fonds ne s'y sont pas trompés en soutenant son bilan et en misant des fonds importants ! N'est-ce pas mon vieux beji ?