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Un moratoire pour un joint
20/02/2017 | 19:59
5 min
Un moratoire pour un joint

 

Le débat sur l’amendement de la Loi 52, sanctionnant les consommateurs de stupéfiants, est plus que jamais au cœur de l’actualité tunisienne. Entre les députés qui tardent à ratifier le projet de loi, des arrestations qui suscitent l’indignation d’une partie non-négligeable de l’opinion publique, une société civile qui se mobilise et monte au créneau, la pression était telle que le gouvernement et la présidence de la République sont entrés en ligne de compte.

 

La semaine passée, plusieurs membres du gouvernement ont apporté leur soutien à la campagne appelant à l’abrogation de la peine d’emprisonnement pour les consommateurs de cannabis sous le hashtag #Baddel52. On a vu la secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Faten Kallel, s’engager clairement de même que le secrétaire d’Etat au Transport, Hichem Ben Ahmed. Samedi c’était au tour de chef du gouvernement, Youssef Chahed de demander l’accélération de l’examen du projet de loi et de dire « Non à la prison ».

L’annonce, samedi, d’une interview exclusive du président de la République et d'une éventuelle décision qu’il devrait révéler, allant dans le sens d’une suspension de la loi 52, a créé le buzz. Comment peut-on suspendre une loi même provisoirement ? Le président n’outrepasserait pas là ses prérogatives ? N’est-ce pas une ingérence de l’exécutif dans le pouvoir législatif ? L’incompréhension régnait sur les réseaux sociaux en attendant le passage du chef de l’Etat.

 

C’est donc dimanche sur Nessma Tv, que Béji Caïd Essebsi est revenu sur cette question, assurant de prime abord qu’il existait une grande différence entre la loi sur les stupéfiants et celle relative à la consommation de cannabis. Comme attendu, il a appelé à l’accélération de la procédure d’amendement de la loi 52, dans le sens de la suppression de la peine d’emprisonnement envers les consommateurs, contre l’accentuation de la peine pour les trafiquants.

« Nous avons besoin d’une solution radicale jusqu'à la révision de la loi 52 », a annoncé BCE. Cette solution radicale selon le président de la République consiste à réunir le Conseil national de sécurité pour lui demander de ne plus poursuivre les jeunes pour consommation de cannabis.

« La vie de ces jeunes peut être détruite à cause de ce genre de loi inadéquate. Et puis, on ne peut rien reprocher aux magistrats, puisqu’ils ne font qu’appliquer un texte de loi déjà existant, et ne peuvent même pas appliquer l’article 53 du code pénal (donnant la possibilité au juge d’atténuer la peine encourue, NDLR.) ». Pour Béji Caïd Essebsi, cette situation ne pourra plus durer.

 

L’interview étant très attendue, les réactions ont été nombreuses. Certaines personnalités voyant en cela une grande avancée et une décision dans le sens du progrès, d’autres affichant leur incompréhension et mettant sur la table la sempiternelle question des prérogatives présidentielles.

Dans les faits, en quoi consiste cette proposition ? Quelle serait la procédure à suivre dans le cas de son application ? Quelles en seraient les conséquences ?

Tout d’abord, le Conseil national de sécurité, présidé par le chef de l’Etat, est composé du chef du gouvernement, du président de l’Assemblée des représentants du peuple, de la haute hiérarchie militaire et sécuritaire, outre les membres du gouvernement, notamment les ministres de la Justice et de l’Intérieur.

Le président devra ainsi donner ses directives pour que les consommateurs ne soient plus arrêtés ni poursuivis. Le ministre de la Justice, de par ses prérogatives, a la possibilité de suspendre les poursuites. Le ministre de l’Intérieur, de son côté, les arrestations.


Saida Garrache, conseillère du chef de l’Etat, a donné des précisions sur la proposition de Béji Caïd Essebsi. Elle a expliqué que le président n’a pas la possibilité d’abroger une loi, puisque seule une loi, pourrait en abroger une autre. Toutefois, il a des pouvoirs discrétionnaires dans le domaine de la jeunesse et de la sécurité nationale, ce qui a permis la prise d’une telle décision.

Ainsi, dans l’attente de la promulgation d’une nouvelle loi relative à la consommation du cannabis, que Saida Garrache espère « plus clémente pour éviter de détruire l’avenir des jeunes », la consigne sera donnée aux sécuritaires et au ministère public afin de ne plus les arrêter et les emprisonner sur la base de ce chef d’accusation.

 

Ce que suggère le président de la République est donc un moratoire suspendant l’application de l’arrestation et des poursuites des consommateurs de cannabis, en attendant que les députés votent pour le nouveau projet de loi. La présidence fait ainsi pression sur l’assemblée, la poussant à abolir dans le nouveau texte de loi la peine d’emprisonnement. Ce qu’il faudrait maintenant, c’est que les élus suivent. Et s’ils votaient contre ? Et s’ils choisissaient malgré tout de garder la sanction privative ? Les efforts et les espoirs d’une société civile qui s’est mobilisée sans relâche, tomberaient à l’eau, mais surtout c’est la parole du chef de l’Etat qui serait mise en cause…   

 

En attendant, les députés ne semblent pas pressés de voter cette loi en dépit de la mobilisation générale. C’est que le conservatisme a la vie dure.

Entre temps, la loi 52, c’est des milliers de jeunes et de moins jeunes emprisonnés pour un brin de fumette. C’est des milliers de vies brisées, d’espoirs et d’avenirs relégués aux oubliettes. C’est des milliers de familles touchées, parce qu’un enfant, un frère, un cousin ou un père s’est retrouvé en prison comme un vulgaire criminel, pour un joint.

20/02/2017 | 19:59
5 min
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Commentaires (7)

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YAEL STEIN
| 22-02-2017 22:58
Shalom,

Autant le fait d'envoyer quelqu'un (à plus forte raison un jeune) en prison pour un joint est complètement ahurissant et contre-productif, autant qu'il ne faut pas non plus ne pas punir (légèrement) le contrevenant ; car la solution de dépénaliser le chichon pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la société tunisienne, encore immature et pas assez développée financièrement pour faire face aux problèmes de la drogue (aussi primaire soit-elle).
La priorité pour la TUNISIE, c'est le redémarrage du contexte socio-économique, afin de sortir de l'ornière.
Ce n'est pas non plus le moment de légaliser le chichon, car cela fera un appel d'air pour tous les glandus et couillons qui ne foutent rien déjà, qui sont fort pour chauffer les chaises des cafés, au lieu d'aller se casser le dos pour travailler. Et YELOHIM / ADONAÏ / ALLAH seul sait qu'il y a du travail, mais il faut se salir les mains et se casser le dos et surtout devenir HUMBLE ET MODESTE pour servir l'essence dans une station d'essence avec bac + 8. Il faut faire comme vos cousins juifs qui sont des ingénieurs et des tronches, sont allés vivre dans un kiboutz et monter la garde et travailler la terre, arroser avec des seaux et des jerrycanes et ce pendants des années et des années, avant de prendre une retraite bien méritée pour la grandeur de leur pays. Les TUNISIENS PEUVENT FAIRE CELA, POUR LA GRANDEUR DE LEUR PAYS et le FUTUR DE LEURS ENFANTS.
Dans l'attente, il faut enlever cette loi et l'abroger afin de sauver des innocents ou bien de moins d'innocents mais il faut le faire, quitte à louper des trafiquants dans le lot, au moins on ne va pas bousiller la vie D'UNE SEULE PERSONNE A CAUSE D'UN CRIMINEL DE TRAFIQUANT.
Je m'adresse aux puristes qui sont pour l'embastillement quasi systématique de toutes personnes qui fumerait un chichon, je leur rappelle leur couardise du temps de Bourguiba ainsi que du temps du général, et qu'ils seront les premières à aller se prostituer et à aller payer un backchiche à n'importe qui, pour sortir leurs rejetons de la taule, quand il se seraient fait arrêter pour avoir fumer un joint.
MA AKHYAB SSAN'AATI A'IND GHIRII. HALAL AALAYYA WA HARAM AALIKOM.
Les andouilles qui se sont fait arrêtés pour le joint sont nos frères, nos enfants, et peut-être nos parents, aussi si YELOHIM / ADONAÏ / ALLAH est clément, il faut que l'on soit à l'image de notre créateur qui nous montre le chemin. Il faut arrêter cette pensée vindicative et apprendre à aimer et à aider les autres pour se relever et non les écraser.
C'est une des raison fondamentale qui fait que la société TUNISIENNE est en crise.
Le civisme, l'éducation et le respect de l'autre quelque soit sa religion, sa mentalité ou ben sa manière de vivre, il faut que les tunisiens se réapproprient ces trois axiomes afin de relever leur société et rejoindre les sociétés développées d'Europe et de l'Amérique du nord.
LES TUNISIENS SE DOIVENT DE PRENDRE LEURS DESTINS EN MAINS ET DE DECIDER DE PARTIR VERS LE DEVELOPPEMENT ET LE CIVISME.
LEHI TRAUT

jilani abdelaziz
| 22-02-2017 10:02
la tunisie a déjà détruit une partie de
sa jeunesse or l'histoire de cannabis fait l'objet d'un commerce ! il faut que cet article 52 cesse d'exister .
personnellement pendant l'année 2008 ,on m'a collé une affaire 70g de cannabis ( moi et mon fils ! ) nous étions déclarés en état de fuite , 5ans pour consommations et 10 ans pour trafics + chacun 6 500.000d .nous n'avions aucun antécédent dans la matière ! je ne fume même pas les cigarettes depuis toujours mais cette histoire : A bon chat bon rat ! depuis plus de 43 ans je vis en france ,mon fils est né en france : je suis conducteur de travaux principal , mon fils est gérant d'une société principale .
tout les organismes en france nous ont prévenu de ne pas se rendre en tunisie ! et depuis nous attendions l'abolition de cet article afin de rentrer dans le pays ! ...............
c'est une affaire de pharmacie 70g de cannabis . grâce au soutien de l'ancien régime et puis les interventions de X et y nous étions condamnés par contumace et avec exécution immédiate !

dadykam
| 21-02-2017 19:31
Heureux que la liberté de presse, chèrement acquise,comptât d'aussi nombreux incitateurs à la débauche, défenseurs des faux-brimés, en devenant les défonceurs des lois qui régissent ce qui reste de notre société.... Cela va, malheureusement, jusqu'au Président de La République, que j'admirais, à n'en plus pouvoir, et depuis une éternité, qui pour se faire aimer, fait dans un populisme qui ne lui sied, allant jusqu'à défendre, le juriste qu'il est,les accusés d'un premier joint, consommé........Hakka, yé Si El Béji ???

La cause du peuple
| 21-02-2017 12:08
a cause haute demande ZATLA MAKTOUAA TAWA

zola
| 21-02-2017 11:03
Diable, quel débat ! Mais d'une stérilité incroyable. Les échanges se multiplient partout dans les médias pour faire croire à « l'homme moyen » que le sort de ce peuple et de ce pays est tributaire de ce que sera la loi sur les « drogues et dérivés » en Tunisie. Droguez-vous et si vous vous faites prendre, soyez digne après tout « oumourek ». Pourquoi voulez-vous embourber la majorité des tunisiens qui sont pressés de résoudre l'éternel problème du chômage, d'adapter le modèle économique tunisien aux besoins futurs de l'environnement géostratégique du pays ? Chaque année des milliers de jeunes tunisiennes et tunisiens quittent le pays avec un billet « aller simple ». Faites ce qui bon vous semble, mais restez chez vous, laissez les gens travailler et évoluer pour changer les choses. Elon Musk un jeune de l'Afrique du Sud est allé aux USA, bâtir un empire technologique et scientifique qui a laissé les américains sur place. Il est parti réaliser ses rêves d'enfant, et le voilà avec sa Tesla modèle 3, avec son lanceur spatiale récupérable, et son projet unique au monde du « tout énergie solaire ». Tapez-vous des clopes autant que vous voulez , shootez-vous si cela vous chante, mais pendant ce temps-là les voyages vers d'autres planètes se prépare à vitesse grand V. vous serez un jour seul sur la planète terre et vous mourrez de faim pour ne pas avoir travailler .

URMAX
| 21-02-2017 07:54
...
Punir les consommateurs sans arrêter les trafiquants, revient à arracher les feuilles des mauvaises herbes, sans arracher la racine ; ça finit toujours par repousser !
...
Et puis, s'il fallait punir tous les consommateurs de stupéfiants, sachez que, dans ce cas il faudrait aussi punir les fumeurs ; toutes classes confondues (cigarettes, pipes, cigares, chicha, ... ).
...
Effectivement, pour ceux qui ne le savent pas encore, la nicotine présente dans le tabac, fait partie de la même famille que l'héroïne, la caféine, la cocaïne, ...
...
Ce sont tous des alcaloïdes.
...
Un alcaloïde est une substance qui, lorsqu'elle est consommée régulièrement pendant un certain temps, est susceptible de créer une dépendance du corps humain à ce produit.
...
Ceux qui ont mal à la tête pendant le Ramadan, lorsqu'ils ne prennent plus de cigarettes ou de café ; c'est ça !
ILS sont légèrement drogués !
...
@ la brigade anti-stupéfiants et le système judiciaire : Passez du "blanco" sur la "52" , parce que je suis plus que certain que parmi vous, nombreux sont ceux qui prennent une petite clope avec un café le matin :
Caféine + Nicotine : 2 alcaloïdes !
...
Ce n'est pas pour rien qu'il est aussi difficile d'arrêter les café ou les cigarettes :
C'est parce que l'on est drogués !
...
Utilisez internet pour vous cultiver, pas pour faire "les câlins par procuration" !
...
URMAX

zohra
| 20-02-2017 20:45
La prison était persuasif contre la consommation de Zatla et au même temps elle a détruit beaucoup de jeunes, la souffrance des parents, une catastrophe pour les jeunes qui se trouvaient au milieu des criminels à cause d'un joint.

En France ils avaient tout essayé pour la sensibilisation au danger, mais rien à faire il y a de plus en plus de consommateurs dans tous les milieux.

En tunisie le risque Maintenant, le nombre de consommateurs va exploser.

Il faudrait trouver une solution pour punir les vendeurs.

Sinon l'abrogation de cette loi sans remplacement par une autre mais sans la prison sinon crains que ça fait le bonheur de la mafia et les trafiquants.