Un ministre prêt à quitter le pays devrait être déjà dehors !
Après le porte-parole du gouvernement qui nous disait d’arrêter la chicha et d’aller travailler, voici venu le ministre qui met une universitaire au défi de réciter un verset du Coran et qui nous dit qu’il pourrait quitter le pays si elle réussit. N’est-il pas beau notre gouvernement ?
Il faut déjà savoir que si un ministre devient le « héros » des pages « révolutionnistes » et des membres des ligues de protection de la révolution, il devrait s’inquiéter. Quand, en plus, il s’agit du ministre des Affaires religieuses, l’inquiétude devrait être double.
Avec sa dernière sortie, ledit ministre s’est mis à un niveau déplorable. Il a réagit d’une manière qui ne sied ni à sa position de ministre, ni même à celle de l'érudit qu’il est supposé être. Neila Slini, l’universitaire en question, n’a fait qu’émettre des réserves sur certains points de religion. En répondant par la provocation, par le défi et par le mépris, le ministre a eu la même réaction de ceux qui vont brûler des ambassades à cause d’un film !
Y aura-t-il des suites à ces propos ? Peut-on espérer un recadrage de la part du chef du gouvernement ou allons-nous faire comme si de rien n’était, faire le dos rond et attendre que ça passe ? Il parait plus que probable que c’est la deuxième option qui sera choisie, comme dans bien d’autres cas. Entre temps, le fossé se creuse de jour en jour entre les gouvernants, nos députés et la population.
Ce gouvernement de « compétences » a, par exemple, jugé opportun de lever la protection sur Walid Louguini, juge de son état et ancien porte-parole du ministère de l’Intérieur. Walid Louguini l’a appris par l’un des policiers chargés, justement, de cette protection. Celui qui était en première ligne dans la lutte médiatique contre le terrorisme s’est retrouvé, lui et sa famille, livrés à eux-mêmes. Hier, de passage chez Myriam Belkadhi, Walid Louguini a pleuré. Merci cher gouvernement ! Voilà comment un Etat qui se respecte traite ceux qui l’ont servi. Walid Louguini aurait pu rester dans n’importe quel tribunal et se faire joyeusement graisser la patte comme bien d’autres. Là il aurait été tranquille !
Nos députés ne sont pas en manque non plus. Pendant une séance de questions au gouvernement, il y avait une trentaine d’élus sur un total de 217. Des ministres, qui ont déjà assez de mal comme ça, ont déserté leurs départements pour venir répondre aux questions d’élus…absents. On ne va quand même pas leur demander une présence parfaite à leur lieu de travail. On n’aurait pas dans l’idée de leur demander de faire comme leurs électeurs, dont la plupart n’auront pas de quoi manger s’ils ne se lèvent pas pour aller travailler. Non, on ne leur demandera pas cela, ils en sont incapables. Par contre, on leur demandera un minimum de décence. On leur demandera de se rappeler qu’ils ne rendent service à personne et que nous ne leur avons pas demandé de se porter candidats. Que celui que ça n’intéresse pas de représenter le peuple dégage de cette assemblée !
En fait, que chaque membre du gouvernement, du plus petit employé jusqu’au plus influent des ministres, qui croit, ne serait ce qu’une seconde, qu’il nous rend service en occupant son poste, foute le camp. A un moment donné il faut remettre les choses en place : vous êtes payés par nos impôts, vous vous êtes chamaillés comme des gosses pour occuper vos postes, pour qu’on vous appelle « monsieur le ministre » et pour rouler en Mercedes. Donc, c’est nous qui vous rendons service par notre patience et notre « détachement », ne l’oubliez pas!