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Chroniques
Un bel instant de démocratie
Par Sofiene Ben Hamida
16/06/2019 | 17:00
4 min
Un bel instant de démocratie

Par Sofiene Ben Hamida

 

 

Franchement, il y a de quoi être fier d’être Tunisien. Le pays, à l’occasion de la discussion des amendements de loi électorale, est en train de vivre un instant démocratique par excellence. La pluralité des idées et des positions a de quoi nous rendre fiers de notre expérience. Elle ne doit pas nous inquiéter ou nous faire peur. La démocratie ne peut se construire et se raffermir que dans ce climat contradictoire tant qu’il reste civil et non violent.

Dans d’autres circonstances, même chez nous parfois, les grandes questions qui touchent le pouvoir politique, l’alternance ou la gestion des affaires de l’Etat auraient été traitées d’une toute autre manière.

La plus sommaire, prend la forme d’un putsch, d’un communiqué militaire avec ou sans effusion de sang. Elle annonce la suspension pure et simple des anciennes règles et la mise en place d’une nouvelle structure qui a les pleins pouvoirs, dicte les nouvelles règles selon sa convenance et relègue la reprise de la vie civile à des échéances plus ou moins lointaines. La dernière preuve de cette démarche putschiste nous vient du Soudan où les populations continuent de mourir pour réclamer que le conseil militaire ne soit qu’une parenthèse et une transition vers le retour à la vie civile.

 

Sinon, il y a l’autre démarche plus édulcorée mais aussi dictatoriale et anti-démocratique. Elle profite d’un rapport des forces très déséquilibré entre, d’un côté un pouvoir en place fort et autoritaire et de l’autre côté, une opposition politique et une société civile faibles ou inexistantes. Dans cette démarche, tout passe par un respect strict des lois.  Mais des lois taillées sur mesure en l’absence de voix discordantes et en usant du parlement pas comme une instance législative mais comme une simple chambre d’enregistrement. Ben Ali en Tunisie avait adopté cette démarche édulcorée et a révisé le code électoral pour barrer la route, en toute « légalité », à ses opposants. Plus récent encore, Al Sissi en Egypte a profité de sa mainmise sur le pays pour réviser la constitution dans le sens de lui permettre une rallonge de la durée de gestion des affaires de l’Etat.

Alors quand chez nous, un débat aussi contradictoire, aussi important et aussi grave est engagé avec hargne et ferveur dans l’espace public, sur les plateaux de télévisions, les colonnes des journaux ou dans l’hémicycle du parlement, mais sans violence, sans dépassements graves qui perturberaient la paix sociale, il y a lieu d’être confiant et de se dire que notre expérience démocratique va dans le bon sens. Quand l’armée et les forces de l’ordre se cramponnent à leur mission et restent insensibles aux tergiversations du monde politique, il y a lieu d’être confiant et de se dire que les bases de la construction démocratique sont solides.

 

Bien entendu, nous aurions pu faire mieux si nous n’avions pas laissé trainer la question de la constitution de la cour constitutionnelle ou si nous n’avions pas été permissifs lors de la rédaction de la loi sur les associations. Nous aurions pu faire mieux si nous avions appliqué strictement la loi sur tout le monde, si on n’avait pas érigé les passe- droits en système et le clientélisme en mode de gouvernement.

Pour l’heure, et compte tenu des erreurs antérieures, ceux qu’on appelle les démagogues, les populistes, les poujadistes, les vendeurs de chimères et les profiteurs de la misère du peuple qui arrivent en trombe pour occuper les devants de la scène ne sont pas dans le tort. Ils ont juste profité des failles d’un système démocratique qui n’est pas encore très performant. Ils montrent à travers leurs démarches une grande intelligence même s’ils laissent trahir un sens éthique et moral défaillant. Avant eux, il y a eu Al Aridha qui avait pleinement profité en 2011 de la chaîne de télévision de son patron Hachemi Hamedi. Slim Riahi ne doit son score électoral qu’à l’argent distribué à droite et à gauche lors de sa campagne. Ennahdha avait aussi profité de ce système de clientélisme et a été le premier parti politique à payer les crédits de ses adhérents chez les épiciers du coin, à distribuer les aides sociales et même les moutons de l’Aïd.

 

De l’autre côté, ceux qui font tout pour barrer la route à ces « escrocs » de la politique n’ont pas tout à fait tort. La démocratie  a le droit et le devoir même, de se défendre contre les ennemis de la démocratie et ceux qui veulent l’utiliser à des fins antidémocratiques. On pourrait leur reprocher le fait de vouloir changer les règles du jeu à quelques semaines des élections, mais ce n’est là qu’un grief secondaire tant le débat est contradictoire et tant le résultat du vote au sein du parlement n’est pas garanti à l’avance comme on a pu le constater à plusieurs reprises.

Par Sofiene Ben Hamida
16/06/2019 | 17:00
4 min
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Commentaires (7)

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Léon
| 17-06-2019 12:01
Cela fait huit longues années que monsieur Ben Hmida "initie" le peuple tunisien à la démocratie 2.0. De quelle démocratie parle-t-on lorsque l'on va contre la volonté du peuple. Si vraiment démocratie il y a, Ben Ali serait actuellement en Tunisie.
Mais passons, et donnons un exemple vivant, un tableau véridique, une réalité mal analysée par les analystes de pacotille qui pullulent dans nos chaines depuis le 14 maudit et dont monsieur Ben Hmida est un digne représentant pour ne pas dire l'égérie.
Le beau tableau démocratique, nous l'eûmes dans un scène, pleine d'enseignements, qui avait eu lieu après les élections de la « criminelle constituante » en 2012.
Le premier enseignement est ce que nous rappelle, à juste titre (certainement après avoir lu les dernières interventions de Léon) notre Ben Hmida National: Al 3aridha Echa3bia de Hichem Hamdi qui était la deuxième force politique au sein de la constituante a été le fruit d'une chaine de télévision accompagnée de mesures populistes. Mesures que Hamdi n'aurait, à l'évidence, pas pu assurer. En effet le peuple tunisien avait voté en masse pour ce monsieur qui ne diffère de Karoui que par le look; ce dernier inspirant la haute bourgeoisie alors que le premier inspire plutôt un élément de « Ahl El 7ogra » devenu riche. Un nouveau riche, ou plutôt un ancien pauvre (ce point est à lui seul un enseignement sans commune mesure sur les dangers du suffrage universel chez les peuples rétrogrades).
Le second consiste en un « constituant » qui fut l'un des ministres de la Tunisie post-merdolutionnaire, un ancien dirigeant d'un club de foot dans le peuple de footeux qui vote pour tous les présidents de clubs. Remarquez que tout président de club qui s'est présenté fut automatiquement élu (ce point est, encore à lui seul, un enseignement sur les dangers du suffrage universel chez les peuples rétrogrades). Il s'agit de Ben Gharbia. L'histoire aurait pu s'arrêter là si Ben Gharbia n'avait pas craché lors d'une séance sur un représentant de Al 3aridha, deuxième émanation "démocratique" du grand peuple de Tunisie (sic!).
Un Ben Gharbia bien poli et bien "démocrate" au joli look, issu de la bourgeoisie cul-cul, venu d'une belle région touristique, arrivé par un score de « zéro virgule » (essentiellement dû au foot), et qui crache sur un élu du sud profond, chauffeur de taxi, arrivé par un très haut score, digne de concurrencer Ennahdha, en pleinière, devant toutes les chaines de télévision.
Voilà ce qu'est le respect de la démocratie par les démocrottes eux-mêmes, ces penseurs au joli look, à l'instar Ouild Sidna Gharbia. Ce crachat ne l'a pas empêché de devenir un sinistre ministre dans le pays qui pullule d'imbéciles à hauts diplômes et dont il est le triste représentant.
L'histoire ne se serait encore pas arrêté là si ce même Ben Gharbia n'avait pas fait une déclaration après ce triste événement dont il aurait dû s'excuser platement, par exemple en mettant en avant la perte de ses nerfs ou par exemple, la peur de se faire corriger par sa femme pour ne pas avoir fortement réagit au discours de Gassas. En effet, ce dernier a essuyé un crachat pour avoir dit qu'il aimait que sa femme lui lave les pieds à son retour du travail (certainement pour titiller ces diplômés bien-sur-soi). Pourquoi pas? En démocratie, il faut respecter les avis contraires. N'est-ce pas? Après tout El Gassas respecte ceux qui en appellent aux orgies, dans le noir sous une musique techno, avec les doses idoines d'extasie sans se demander qui encule qui, quel est son âge, son sexe (sauf s'il le sent bien), son appartenance politique, sa religion (je rigole!)..
Je m'égare, revenons donc à cette déclaration du démocrate Ben Gharbia. Il avait justifié son acte en disant tout simplement:
"c'est bien fait pour lui; comme çà les tunisiens saurons pour qui voter la prochaine fois".

Léon
| 17-06-2019 12:01
Je vous laisse mesurer l'ampleur de cette déclaration en termes de démocratie. Non, je préfère vous l'analyser moi-même, car si vous étiez conscient, cette déclaration aurait fait un scandale sans précédent et que ce grand "démocrate" n'aura jamais été votre ministre.
Monsieur Ben Gharbia qui pouvait toujours rectifier le tir et dire qu'il avait oublié que Gassas ne représentait pas que lui-même mais la deuxième force politique du pays, a enfoncé le clou en disant quasiment qu'il n'avait pas craché seulement sur Gassas mais sur ses électeurs. Le "zéro virgule" démocrate (re-sic!) qui crache sur les vrais pourcentages sous la bannière démocratique (mille points d'interrogations).
Voilà ce qu'est votre démocratie, monsieur Ben Hmida. Elle vous ressemble. Elle est fausse, ou plutôt "madhrouba" pour tenir les mêmes propos que la populace qui y avait crue. Voilà en quelques lignes le tout du cru de votre démocratie.
Et ceci n'est que sur la plan national. Il faut voir ce qui se cache à l'internationale, mais cela vous échappe, sinon vous auriez tous été des Léon.
La seule démocratie qui vaille pour notre peuple est celle qui fut initiée par Bourguiba, pratiquée par Ben Ali et mise en échec par le ramassis d'incultes à diplômes et par les fanatiques de tout bord. Celle-là même qui n'empêchait personne de faire de la politique s'il s'affirmait dans les « rangs ». S'il n'essayait pas de « tricher » en passant par des idéologies douteuses ou en faisant commerce avec les paroles de Dieu. Beaucoup confondent « démocratie » et « multipartisme ». Je les ramène aux démocraties grecques. Elles ressemblent plutôt à la démocratie tunisienne de Bourguiba; imaginée par le Patriote Moncef Bey et mise en oeuvre par le non moins patriote Ben Ali.
Mais avez-vous ne serait-ce qu'un iota de recul sur l'Histoire et sur sa philosophie? De peuplades soumises sous l'excellent prétexte d'installer la « Civilisation » chez vous, vous êtes passés à des peuplades soumises sous le non moins excellent prétexte d'installer la « Démocratie » chez vous. Ceux qui prétendent vous l'installer ne l'ont même pas chez eux.
Mais tout le monde peut-il avoir la vision de Léon. Celui qui vous a conté tout cela depuis huit longues années. Celui qui avait vu dès les tous premiers instants qui ont suivi le 14 maudit la réalisation du verset 112 de la sourate des abeilles. En ces temps-là vous jubiliez. Et monsieur Ben Hmida, continue à jubiler aujourd'hui. Pauvre Bourguiba! Qui as-tu mis dans les rangs de l'école. Gassas n'est-il pas en fin de compte bien plus réfléchi, bien plus responsable; bien plus intelligent, bien plus patriote et bien plus démocrate que celui qui l'avait arrosé de son venin. Celui que Bourguiba a éduqué, que Ben Ali a nourri et qui a fini par leur cracher à la gueule, en détruisant l'édifice qu'ils ont construit.
Enfin, les vrais sondages établis en Europe mettent Abir aux alentours 86%. L'Europe « Otan-iste » elle-même s'inquiète. Des jeux avec les nombres et avec la loi battent leurs plein. Alors si vous voulez mon avis, bientôt ces mêmes otantistes qui ne s'occupaient jusque là que de votre nourriture après avoir ruiné le monde arabe, se mettront à se mêler directement de votre politique. De l'étape de « protectorat économique de l'Otan » vous passerez à une « colonie » de m'Otan. Peut-être même la première du genre.


Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Zohra
| 17-06-2019 08:51
Raison de plus il doit bien connaître et cerner le personnage.

Aliout
| 17-06-2019 07:56
Un article fort intéressant d'un Sofiene B . Hamida , hier rebelle et plus ou moins opposant , à présent ,assagi et de tempérament fort sensé ...

En tout cas , à mon humble avis l' analyse se tient de bout en bout ,tout en espérant qu'elle ne cache aucune rancune envers un patron de chaîne envers qui Sofiene B Hamida éprouverait peut être de la rancune puisqu'il a longtemps travaillé en chroniqueur dans cette chaîne puis subitement exclu !

Le Destourien
| 17-06-2019 06:41
il est vrai qu'en 2011 le décret loi relatif à l'élection de l'ANC a été promulgué 5 mois avant la date du scrutin de même pour la loi électorale de 2014.
On ne peut justifier et défendre la révision de la loi électorale en se référant à ces 2 exemples
2011 et 2014 ont été des années exceptionnelles pour le passage à une situation politique nouvelle et stable.

Mohamed obey
| 17-06-2019 00:31
Même la partie qui est derrière le projet de loi anti-démocratique n'a accouché de ce projet que par crainte de leurs concurrents; ils utilisent les ressources de l'Etat et disent à ceux qui veulent les croire qu'ils entendent empêcher les escrocs usant de leur chaîne Tv; or eux, ils utilisent la chaîne Nationale et bien d'autres. C'est un argument pipé qu'ils avancent et je ne les crois pas quand je vois des gens parmi eux, notamment des députés, qui viennent de revendiquer et arracher une augmentation de leurs privilèges et salaires et primes alors que le nombre des affamés s'élargit de plus en plus...

mansour
| 16-06-2019 18:57
pour arrêter le tripotage des règles électorales et montre le vrai visage de cette classe politique déshonorante guidée par les islamistes freres musulmans salafistes d'Ennahdha depuis 2011