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Chroniques
Un an après, leurs méthodes ont changé…
27/06/2016 | 14:59
5 min

 

A l’actualité cette semaine, le très mauvais feuilleton du gouvernement d’unité nationale, la visite en France de Rached Ghannouchi et la libération du postier de Tozeur détenu injustement pendant une semaine.

Il y a un an, l’actualité de la semaine s’est illustrée par l’attentat à l’hôtel Imperial à Sousse. C’était trois mois après un attentat au musée du Bardo et cinq mois avant celui du bus de la garde présidentielle à Tunis. Au lendemain de cet attentat, la Tunisie a reçu 1001 promesses d’aides en tous genres : matérielle, logistique, technique… « La Tunisie ne sera pas seule », nous a-t-on promis… Elle n’a pas été seule en effet. Comme elle, la France et la Belgique ont eu leurs attentats, au cours de cette dernière période, perpétrés par les mêmes obscurantistes… Paix aux âmes innocentes mortes au Bardo, Sousse, Tunis, Paris, Bruxelles et ailleurs.

 

« La Tunisie ne sera pas seule », nous a-t-on promis… Mais comment va-t-on nous aider quand un chef du parti au pouvoir reçoit les ambassadeurs de ceux qui nous aident le plus, en étant derrière son bureau, en violation totale du protocole et du minimum de respect requis ? Quand ce même parti au pouvoir est empêtré dans des querelles intestines dignes d’un jardin d’enfants ? Et quand l’une de ses dirigeantes hésite s’il faut inviter le tabbel avant le zakkar ou le zakkar avant le tabbel pour le 4ème anniversaire de son parti. Un anniversaire organisé en pleine rue à un pâté de maison de l’ambassade de l’Union européenne…

Et comment se concentrer sur l’identification précise de nos besoins réels en matière de lutte contre le terrorisme quand le gouvernement n’a cessé de vaciller pendant ses 18 mois d’exercice et que son chef refuse d’admettre ses limites ? La lutte contre le terrorisme a été et est une priorité absolue. Elle a été la promesse électorale de tous les partis aux dernières élections. C’était il y a moins de deux ans. Au vu de l’actualité des trois derniers mois, la priorité absolue du pays est de savoir qui va occuper le poste de chef d’un  gouvernement sans programme et sans feuille de route…

 

Pendant ce temps-là, les islamistes d’Ennahdha continuent à travailler sérieusement leur propre feuille de route. Après avoir réussi avec brio leur congrès, ils peaufinent leurs relations à l’international.

La semaine dernière, Rached Ghannouchi a été reçu à Paris avec tous les honneurs par Jean-Marc Ayrault, Elisabeth Guigou, Claude Bartolone et Jean-Pierre Raffarin. Sur Facebook, on pourrait constater que Hafedh Caïd Essebsi et Sofiene Toubel n’aiment pas ça. 

Sur le terrain réel, ce sont les cousins (germains ou lointains, mais cousins quand même) des terroristes qui travaillent d’arrache-pied à se refaire une virginité et ils ont du succès.

Les terroristes veulent imposer la parole divine par la terreur. Les islamistes l’imposeront dans le velours par la bonne politique et une bonne communication.

 

Un an après les attentats de Sousse, le constat est cuisant, il n’y a aucune ville ou métropole au monde qui ne soit à l’abri d’un acte terroriste. Une fois cette donne établie, les services de sécurité se sont adaptés pour l’affronter, du mieux qu’ils peuvent.

 Qu’a-t-on concrètement fait en Tunisie pour affronter les terroristes de demain ? Il ne se passe quasiment pas une semaine sans que les médias (dont Business News) ne parlent de l’arrestation d’un ou des groupes qui s’apprêtaient à commettre des actes terroristes. Ces médias relaient, tous, des sources ou des communiqués officiels du ministère de tutelle. Si l’on revient au détail de chacun de ces communiqués, le nombre de terroristes présumés arrêtés concurrencerait celui de la population entière… On sent qu’il y a comme de l’exagération en l’air, mais faute de pouvoir vérifier la véracité des éléments qu’on nous fournit, on se tait.  D’autant plus que les informations de ces arrestations (qu’elles soient réelles ou inventées) sont supposées rassurer la population et pousser les vrais terroristes à l’erreur.

Cette guerre psychologique et ce travail de terrain brillamment accomplis par le ministère de l’Intérieur semblent porter leurs fruits. Le ramadan 2016 s’est passé sans sang. Pourvu que ça dure, touchons du bois, il reste encore dix jours à tirer.

Ce travail sécuritaire a cependant ses limites et on a eu les preuves avec l’assassinat à leur domicile d’un couple de policiers lundi 13 juin dans les Yvelines en France. Les terroristes changent donc de méthode et il est à craindre que Laroussi Abdallah (l’auteur du double meurtre) ne soit que le premier d’une nouvelle « lignée » de terroristes qui séviront partout où ils en auront l’occasion. 

 

On en conclut, ce qu’on sait déjà, que le tout-sécuritaire ne saurait en aucun cas être la seule solution.

Un travail de fond doit être élaboré dans la société et c’est là le rôle des politiques.

Ce travail de fond passe par une justice exemplaire et on en est bien loin. L’affaire du postier emprisonné la semaine dernière en est la preuve. Qu’a-t-on fait à l’encontre des magistrats concernés par cette histoire, sachant que l’un d’eux est carrément sympathisant avec les extrémistes ? Rien, d’après ce que l’on sait !  

Un travail de fond doit être fait pour lutter contre la corruption, à commencer par les sécuritaires eux-mêmes. Qu’a-t-on fait contre cet agent filmé en flagrant délit de tentative de racket ? Rien, d’après ce que l’on sait !

Un travail de fond doit être fait contre les imams et les partis radicaux, ceux-là mêmes qui prônent le retour à la chariâa, rejettent la démocratie et la laïcité et refusent catégoriquement que leurs compatriotes vivent différemment d’eux.

Le vrai gros chantier de lutte contre le terrorisme passe cependant par une bonne instruction à l’école, une bonne éducation dans la famille et un investissement dans la culture et le bien-être. C’est un travail de longue haleine sur le long terme, mais on ne lit aucun programme de mise en route de ce projet chez nous gouvernants.

Quand on sait que tout cela figure déjà dans le programme des islamistes d’Ennahdha (dont chacun sait à quelle idéologie ils obéissent), on ne s’étonne plus qu’ils soient reçus avec tous les égards par les partenaires occidentaux…

Dans le monde numérique, il est connu que les meilleurs experts anti-piratage se recrutent parmi les pirates eux-mêmes. En matière de politique de lutte contre le terrorisme, ça ne semble pas être différent… 

27/06/2016 | 14:59
5 min
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Commentaires (18)

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salahdamak
| 05-07-2016 09:16
Merci pour ne pas avoir publié mon commentaire . Je l'avais d'ailleurs prévu . Vous ne faites que confirmer ce que je pense de vous . Vous n'etes qu'un ramassis d'imposteurs qui se prennent pour des démocrates donneurs de leçons .

luqman
| 01-07-2016 04:29
La classe politique tunisienne tout bord confondu est incapable de répondre aux enjeux du pays et se borne à des querelles intestines qui depuis longtemps maintenant fatiguent la population.
Aucun programme économique digne de ce nom, aucune réforme fondamentale.
Une population laissée à elle-même qui se démerde comme elle peut avec les conséquences que l'on voit au quotidien:
insécurité, terrorisme, chômage de masse...
Quand je lis les articles sur la Tunisie, je me dis que ce pays est victime de son immobilisme et surtout de son peuple incapable de se réveiller face à un monde globalisé bouillonnant. Un peuple qui aurait du depuis longtemps se débarrasser de tous ces parasites de politiciens et surtout retrousser ses manches pour travailler, une notion étrangère au peuple arabe, habituée plutôt à la paresse et à l'arrogance.

lazaro
| 30-06-2016 09:25
Rien n'évolue dans l'opposition anti- islamique en tunisie .C parce que elle est prise dans le piège de l'ancien régime qui l'attire puisque la plupart des gens qui composent l'opposition préfèrent vivre dans la dictature de l'ancien que de vivre un climat d'islamisation du pays ...En tout cas ils se trompent de sens c vers l'avenir qu'ils doivent s'orienter et c sur eux même et sur un vrai militantisme qu'ils doivent compter sinon il resteront comme avant sujet de grandes man'uvres et de manipulation des grands loups de la politique .

Alouane
| 29-06-2016 15:31
Oui le gouvernement Essid est d'une efficacité exemplaire. Il applique intégralement le Programme du parti gouvernant le pays, Ennahdha, bien sûr.
En effet il a révoqué l'un des rares ministres nationaliste, loyal et intègre, Cheïkh Othman Battikh rien que pour avoir voulu rendre à l'état les mosquées scattées par les extrémistes inféodés à Ennahdha et d'avoir commencé à révoquer les imams extrémistes nommés par le gouvernement de la Troïka. Voilà maintenant que Khlil aux affaires réligieuses et Jalloul à l'éducation qui commencent à mettre en oeuvre le programme énoncé il y 3 ans par Mourou, endoctriner tout d'abord leurs enfants, en transformant l'école publique en Koutteb estival et que Horchani commence à ouvrir des mosquées dans les casernes Le gouvernement actuel est exclusivement un gouvernement d'Ennadha, qui applique le programme politique d'Ennadha devant de faux oliticiens arrivistes, incompétents et impuissants.

el manchou
| 28-06-2016 16:05
La révolution Bouazizienne ( tout comme la Bolivarienne ), est en train de couler.

Il faut comprendre une fois pour toute que le suicide d'un alcoolique ne déclenche pas de révolution en temps normal, sauf si un scénario est déjà prêt et qu'on attend une étincelle.

Il y a eu de tels suicides en Algérie, au Maroc ... et rien ou presque ne s'est passé, une question de timing sans doute.

Ce qui s'est passé est un coup d'état : les états-unis ne supportaient pas que Zaba leur tienne tête et ne soit pas un larbin alors ils l'ont viré.

Les islamistes "light" made in USA respectent à la lettre leur pacte : ils ne critiquent jamais les USA ni Israël.

Mais tout ceci n'est qu'un jeu de dupes, une fois forts et nombreux, les islamistes mordront la main de l'oncle Sam, la traitrise est dans leur ADN.

Abel Chater
| 28-06-2016 14:16
Les analyses de Nizar Bahloul ont beaucoup changé dans le bon sens de l'équilibre et de l'objectivité raisonnable. Il ne s'acharne plus contre ses adversaires jusqu'à la billevesée. Le lire est devenu un régal comme auparavant, au début de BN.
On est tous d'accord que le procureur de la République de Tozeur et son adjoint le juge cantonal, avaient été très injustes et très inéquitables à l'encontre du postier, mais à vouloir virer cette affaire par «l'un d'eux est carrément sympathisant avec les extrémistes», ça ne colle pas du tout.
L'annonce d'arrestations exagérées de terroristes, sans qu'on n'entende par la suite ce qu'ils ont fait d'eux, est une méthode copiée sur les Européens, et qui a été interdite par la Cour de justice européenne, la plus haute juridiction de l'Union Européenne. La police infiltre l'un des siens, qui exhorte quelqu'un ou quelques uns à commettre un acte terroriste, tout en lui procurant aide et argent. Lorsque l'acte arrive au stade de l'exécution, la police arrête le ou les «terroristes», tout en se félicitant d'avoir épargné une catastrophe au peuple et au pays. Une catastrophe dont les metteurs en scène appartiennent à la police elle-même qui a insinué cette hallucination, afin de s'acquérir les grades et les échelons.
Quant à tout ce qui se rapporte aux actes terroristes commis dans les pays qui bombardent les Arabes et les Musulmans à de milliers de kilomètres de chez eux et oublient, que notre globe terrestre s'est transformé en un village, il n'y a qu'une remarque à leur faire : «ne pourraient-ils pas imaginer qu'ils aient tué les parents ou les proches de l'un de leurs propres concitoyens, qui voudraient se venger d'eux?».
C'est cette politique aveugle des juifs génocidaires de Gaza, qui bloquent toute discussion au sujet de leurs crimes, qui a mené le monde dans cette insécurité mondiale. Sans que les croisés et leurs juifs ne mettent fin à leurs crimes dans le monde arabe et musulman, comment pourrait-on donc mettre fin à ce qu'ils appellent «terrorisme»?

Hanni2
| 28-06-2016 13:05
Et pour longtemps! Il y a d'abord eu la période de la vengeance pure et aveugle qui s'est traduite par la libération de criminels sanguinaires que l'on retouvera ensuite à la mène des nos sympathiques sportifs du Chambi, la clochardisation et l'humiliation volontaire de l'Etat tunisien par la nomination d'incompétants notoirs (coucou Marzouguette) à des postes de préstiges ainsi que l'invitation de voyous de bas étages célébrés comme des héros au Palais...sans parler de tous ces Imams farfelus en provenance directe de l'étoile noire bédouinique du golfistan et à qui on déroulait le tapis rouge et offrait moultes courbettes pour qu'ils viennent nous "éduquer" religieusement! Ca c'était la période du fameux "moutou bi ghaydhikom" popularisé par Miss Ganouchette von Londonistan.

Puis la deuxième période! La période des rétributions et autres auto-indemnisations en tout genre! Les nominations partisanes à tout va et le dépecage en règle du cadavre tunisie! La mise à mort du secteur économique le plus important avec le double objectif de pousser des familles dans la misère et ainsi agrandir le potentiel de leurs futurs élécteurs ainsi que de couper la population tunisienne des autres visions du monde que représentaient les touristes venant visiter notre pays!

Evidemment tant d'incompétance et de rapacité combinée, même venant de gens qui craignent Dieu, ne pouvait manquer de provoquer un "léger" mécontentement chez les Tunisiens et c'est la qu'intervient la phase trois, qui je dois l'avouer relève le haut niveau de roublardise politique dont et capable le gourou, qui met à l'amende TOUS les autres politique tunisiens!

Donc cette phase trois absolument géniale ou la Nakba nous prouve sa "maturité" et qu'elle a "changé" en se rétirant du gouvernement (faisant apparaitre cela comme son propre choix alors que la population était à bout de nerfs) au moment même ou la tâche devient impossible tant le gourou et ses sbires ont vraiment fait tous ce qu'ils ont pu pour dégrader la situation. Ajoutons à cela le suicide plus que surprenant de Nida qui a accepté la charge impossible et qui apparait aujourd'hui comme étant résponsable de la situation catastrophique du pays alors que les dés étaient pipés dès le départ! La suite on la connait, un congrès à l'américiane et le "peuple" qui crient "On veut la Nakba de nouveau"...:o)

Maintenant c'est la phase quatre, celle de la pérénisation...d'ou le tour des popotes qu'est en train d'effectuer le gourou chez nos "amis" européens! Celle ou, repus qu'ils sont, ils ont même le temps de s'occuper de l'éducation nationale et de ce qui sera "enseigné" à nos enfants à l'avenir...autant vous dire tout de suite que si ils arrivent à compléter cette phase...c'en est fini de la Tunisie, et pour toujours!

Roby y hdina (pour une rare fois utilisàé dans le bon contexte ;)

Hannibal

M.chatti
| 28-06-2016 11:57
L'article montre bien que pendant que les uns travaillent, les autres profitent de la vie ou du peu de vie qui leurs reste au sein de l'Etat. Ennahdha impressionne avec son sérieux, son assiduité et sa discipline. On ne peut plus le nier : Ennahdha est un parti exemplaire. On peut ne pas être d'accord avec leurs principes. Mais en tant que parti, en ne regardant que la forme du parti, Ennahdha est clairement le modèle à suivre pour tous les autres partis tunisien. Il réussit des congrès, organise des voyages d'affaire où l'on rencontre des hauts responsables de pays stratégiques,' etc. Bref,
Pendant ce temps-là, d'autres partis 'sans les citer- inaugurent des cafés, font la fête, et se déchirent pour savoir qui prend le lead,'
La fable de Lafontaine n'a jamais été aussi bien représentée !

pseudo
| 28-06-2016 01:44
Ghannouchi creuse paisiblement son sillon;il ademandé à etre reçu;en baisant son voyage et en ayant recours à un geopolitologue français de renom;pourquoi voulez vous que la France refuse de le recevoir quand bce et lui s 'entendent comme larrons en foire?Ghannouchi a suivi lemodele khomeyniste;il ne s 'appelle pas Kheriji pour rien;il est le wilayat el fakihih et pousuit la politique des etape de Bourguiba ;en orrganisant son parti avec une discipline stalinienne; plusieurs membres d'Enahda étaient d 'anciens communiste;c 'est BCE qui a trahi ceux qui ont cru au vote UTILE.Bourguiba était un lettré du sahel ;il venait du peuple il était dans la force de l 'age et n 'avait pas l 'esprit mamelouk pour vouloir imposer son fils HCE un néophyte en politique.La famine est revenue et bientôt j 'espere me tromper la somalisation

G&G
| 27-06-2016 22:26
Depuis Mars 2011 on avait malencontreusement emprunté le mauvais chemin. Une fausse route par l'adoption d'un destour nul et catastrophique qui engagea le pays dans une impasse. On avance droit au mur.
G&G
rcdiste pour la vie