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Tunisie - Moncef Marzouki se cherche une nouvelle virginité
26/08/2012 | 1
min
Tunisie - Moncef Marzouki se cherche une nouvelle virginité
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Depuis l’affaire de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi par le chef du gouvernement Hamadi Jebali sans en informer le président de la République, Moncef Marzouki, ce dernier se sent floué et humilié et cherche, par tous les moyens à se venger et ne manque pas une occasion pour « taper » sur Ennahdha et sur le gouvernement de la Troïka.
Ces critiques, de plus en plus acerbes, allaient crescendo et ont culminé, de l’avis de tous, avec le contenu de son allocution prononcée en son nom par le jeune Walid Haddoug lors de la séance d’ouverture des travaux du 2ème congrès du CPR, tenu à Tunis du 24 au 26 août 2012.


Cette fois-ci, M. Marzouki n’y est pas allé de main morte en attaquant frontalement le pouvoir en place, outrageusement dominé par le parti islamiste. Il y affirme, sans détour, que les pratiques et les tentatives de ce gouvernement en vue de mettre la main sur tous les pouvoirs rappellent celles de l’ancien régime de Ben Ali, et ce en multipliant les nominations de ses proches, qu’ils soient des compétences ou non, aux postes-clés au sein des différents centres de décision dans le pays.
Il accuse, également, de recourir, à maintes reprises, à la manière forte vis-à-vis des protestataires contre le régime sans oublier qu’il veut imposer le régime parlementaire comme système politique, ce qui consacrerait la centralisation de tous les pouvoirs entre les mains du chef du gouvernement.

Les observateurs estiment que Moncef Marzouki, obnubilé par l’idée fixe de rempiler et de devenir un « vrai » président de la République, élu au suffrage universel et aux prérogatives réelles dans un régime présidentiel amendé, n’a plus rien à perdre dans l’absolu et plus rien à gagner de la part d’Ennahdha qui veut étaler son hégémonie sur les commandes du pays.
Ce qui justifierait, donc, cette sortie spectaculaire dans l’espoir de se refaire une virginité politique et populaire en prévision des prochaines échéances électorales.
Mais il faut dire que depuis l’affaire de Baghdadi Mahmoudi, que d’eau a coulé sous les ponts. Il y eut les déclarations et autres écrits de trois conseillers du président de la République sur leurs pages de Facebook, ce qui leur avait valu d’être traités, par leur le locataire du Palais de Carthage, d’adolescents politiques sans prendre, toutefois, la moindre mesure contre eux. C'était avant l'extradition. 

Après, il y eut deux épisodes de l’affaire de la Banque centrale de Tunisie avec le limogeage de l’ancien gouverneur, Mustapha Kamel Nabli et la nomination fort controversée d’un nouveau gouverneur en la personne de Chedly Ayari.
Entretemps, deux des trois conseillers sus-cités ont préféré rendre le tablier au courant du mois de juin 2012.Mais ils n’en ont pas moins continué à se manifester par leurs écrits, analyses et autres déclarations à travers les réseaux sociaux et les divers médias, notamment électroniques et audiovisuels.
Des déclarations fracassantes mettant en cause et le gouvernement, et la constituante et l’institution militaire, ce qui a coûté pour Ayoub Massoudi un recours, toujours en cours et à l’issue incertaine, devant le Tribunal militaire de Tunis.

Dire que Moncef Marzouki joue la carte de ses anciens conseillers pour mener la guerre à Ennahdha, il n’y a qu’un pas que certains n’ont pas hésité à franchir surtout si l’on sait qu’à travers leurs critiques du pouvoir en place, MM. Abid et Massoudi ont fait preuve d’une loyauté sans faille à leur Président en s’abstenant de tenir aucun propos négatif à son égard.
Une attitude révélatrice à un moment où M. Marzouki semble ne plus faire confiance à Mohamed Abbou, plus dominateur que jamais et enclin à jouer son propre jeu. Et pourquoi pas devenir le véritable patron d’un CPR en déconfiture suite aux multiples scissions avec les départs d'Om Zied, Raouf Ayadi, Slim Boukhedhir et, plus récemment, Tahar Hmila.

Ainsi, tout en cherchant à reprendre les choses en mains au sein du CPR, M. Marzouki semble avoir coupé les ponts avec Ennahdha. Et tout porte à croire à cette hypothèse. Pour preuve, et en dépit des propos apaisants de Rached Ghannouchi, cette réaction instantanée des représentants du gouvernement et du parti islamiste, en l’occurrence des « poids lourds » d’Ennahdha, Samir Dilou, Ali Laârayedh, Mohamed Ben Salem et Ameur Laârayedh, qui ont quitté la salle du congrès en signe de mécontentement et de protestation
Peut-on dire que la rupture est consommée entre Moncef Marzouki et ses alliés du puissant parti islamiste ? En cas de confirmation de cette hypothèse, cela veut-il dire qu’il y a rupture, également, entre Ennahdha et le CPR ?

En tout état de cause et quelle que soit l’issue des travaux du congrès du CPR, rien ne sera plus comme avant au sein de la Troïka au pouvoir où chaque partie semble vouloir jouer à son propre compte, ce qui a l’air de déstabiliser le parti islamiste, déjà « secoué » par la montée en puissance de Nidaa Tounès et les critiques très sévères des médias et d'une bonne partie de la société civile intéressée par la chose politique. Toutes ces donnes réunies, font perdre, un tant soit peu, à Ennahdha de son assurance et de sa superbe étalées peu avant et peu après les élections du 23 octobre 2011.

Noureddine HLAOUI
26/08/2012 | 1
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