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Tunisie - Les rémunérations 2010 des chefs d'entreprises vont jusqu'à 77 000 dinars par mois
24/06/2011 | 1
min
Tunisie - Les rémunérations 2010 des chefs d'entreprises vont jusqu'à 77 000 dinars par mois
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Les rémunérations des chefs d’entreprise ont souvent suscité la curiosité. Le sujet a été longtemps considéré comme tabou en Tunisie. C’est culturel, c’est peut-être même superstitieux, les gros salaires n’aiment pas qu’on regarde de près combien ils gagnent. Sans aller jusqu’à dire qu’on a honte de dévoiler son salaire, il y a une gêne certaine. C’est le même cas en France et les débats à ce sujet continuent à occuper les médias, tous genres confondus. En Amérique, la perception de l’argent et du gain est toute autre. C’est même le contraire : quelqu’un qui gagne un gros salaire est quelqu’un qui a du mérite.
Pour la Tunisie, grâce au nouvel article 200 du code des sociétés commerciales, on exige des commissaires aux comptes d’inscrire dans leurs rapports, depuis 2010 pour les rapports de 2009, les obligations de l’entreprise envers ses dirigeants quand il s’agit d’une société anonyme.


Cliquer ici pour télécharger le tableau répertoriant les rémunérations obtenues en 2010 par les premiers dirigeants des sociétés cotées sur la Bourse de Tunis 


De ces rapports de commissaires aux comptes, nous avons tiré l’année dernière les rémunérations des PDG de banques dans un article qui a fait « scandale » dans le milieu.
Business News, avec African Manager, ont été les seuls à publier ce tableau qui n’a été repris par aucun autre media. Et pour cause, c’est que notre « audace » nous a valu son lot de problèmes et de coups de fil pour qu’on ne publie plus ce type d’articles. Les néo-révolutionnaires, parmi ceux qui nous donnent des leçons de patriotisme et de journalisme ont la mémoire courte.

Le 14 janvier étant passé par là, nous avons décidé d’élargir notre tableau à toutes les sociétés cotées en bourse. Du moins celles dont les commissaires aux comptes ont respecté les délais légaux de publication des rapports.
Nous avons tiré les rémunérations des premiers dirigeants en 2010 et quelques remarques doivent être signalées pour éclairer le lecteur sur les chiffres indiqués dans ce tableau réalisé par la rédaction de Business News.
La première remarque est que les montants sont indiqués en brut, arrondis (à 50 DT), sauf mention contraire. C'est-à-dire que le montant indiqué de la rémunération ne renvoie pas vers le salaire reçu par l’intéressé, mais plutôt combien il a « coûté » à l’entreprise en différentes charges : impôts, CNSS ou CNRPS, cotisations diverses, etc.
Le montant net devrait avoisiner, selon les cas, à 60 ou 70% du montant indiqué dans notre tableau.

L’autre point qui ne manquera pas d’alimenter les discussions de salon est le mérite de ce DG ou de ce PDG qui touche des dizaines de milliers de dinars par mois.
Il est bon de noter qu’une partie des rémunérations indiquées est variable et dépendant des résultats de l’entreprise à la fin de l’année.
Plusieurs parmi les dirigeants reçoivent donc un salaire annuel fixe, une prime de bilan complémentaire, une gratification de fin d’année et des jetons de présence au titre des filiales.
Les rémunérations ne sont pas décidées par les dirigeants eux-mêmes, mais par le conseil d’administration (représentant les actionnaires de la société) voire par un comité spécial de rémunération.


Interrogé lors d’une communication financière sur sa rémunération, Férid Ben Tanfous, DG de l’ATB remet les choses dans leur contexte tout en relativisant : « Pourquoi voudriez-vous que le salaire du dirigeant de la filiale tunisienne du groupe auquel j’appartiens touche une rémunération moindre que ses homologues d’autres pays arabes ? Pourquoi doit-on nous ringardiser, d’autant plus que les membres du conseil d’administration sont très stricts et ne font aucun cadeau ? »
La remarque est judicieuse : les grosses entreprises ne font pas de cadeau à leurs patrons qui ne touchent, finalement, que ce qu’ils méritent en fonction de ce qu’ils ont fait gagner à leur société.

Cela dit, et à lire la presse européenne (France et Suisse notamment), nos confrères n’hésitent pas à parler d’indécence quand l’écart entre le plus haut et le plus bas salaire dépasse un certain seuil.
Au vu de notre tableau, l’écart en Tunisie tourne autour de 150 fois. En Suisse, cet écart monte jusqu’à 313 fois (cas du Crédit Suisse).
Selon un sociologue, que nous avons consulté, il est permis de parler de gêne (voire même d’indécence pour certains) lorsque le PDG gagne plus de 25 fois que le collaborateur le moins payé de son entreprise.
Ce seuil psychologique n’est pas toujours respecté, ni dans les entreprises publiques ni dans les entreprises privées. On y fait attention, en revanche, dans l’administration. Un secrétaire d’Etat, par exemple, touche moins de 4000 dinars (nets) alors que le Smig tourne autour de 250 dinars, soit 16 fois.

Les appels au respect de ces écarts se multiplient, de plus en plus, et pas uniquement du côté des socialistes et des adversaires du libéralisme sauvage.
Pas plus tard que la semaine dernière, le Premier ministre français François Fillon (un gouvernement de droite) s’est déclaré carrément « choqué » par les salaires « exorbitants » perçus par certains dirigeants de grands groupes.
"Les entreprises devraient être attentives à ce débat qui s'ouvre. Le mieux serait qu'elles se régulent elles-mêmes. Si elles ne le font pas, nous serons obligés d'intervenir", a déclaré M. Fillon dont l’idée est de surtaxer les entreprises qui délivrent des rémunérations exorbitantes.
En Tunisie, le débat n’est pas encore ouvert, mais il ne manquera certainement pas de l’être, maintenant que la liberté d’expression est de mise et que les langues se sont déliées.


Cliquer ici pour télécharger le tableau répertoriant les rémunérations obtenues en 2010 par les premiers dirigeants des sociétés cotées sur la Bourse de Tunis

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