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Tunisie - Hamadi Jebali contraint à tourner en rond
21/01/2013 | 1
min
Tunisie - Hamadi Jebali contraint à tourner en rond
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Comme prévu, la montagne n’a accouché que d’une souris concernant le remaniement ministériel annoncé. La quasi-totalité des blocs parlementaires pressentis pour faire partie du prochain gouvernement ont refusé les conditions posées par Ennahdha. Après le refus d’Al Massar et du parti Al Joumhouri de rallier le gouvernement, l’Alliance démocratique et le parti Wafa ont rejeté, eux-aussi, les propositions d’Ennahdha et, surtout, sa vision future de la gestion du pays. Avec ces « Niet », reste-t-il encore une alternative à Hamadi Jebali pour élargir sa Troïka ?


Ce qui est sûr, c’est que le conseil de la choura d’Ennahdha, qui s’est réuni à plusieurs reprises durant ces dernières semaines, n’a pas été d’un grand secours pour le chef du gouvernement. L’instance suprême d’Ennahdha s’est montrée d’une intransigence à toute épreuve concernant la mainmise du parti sur les ministères de souveraineté.
En plus, l’analyse politique parvenant dudit conseil, a apporté un soutien indéfectible au gouvernement. Elle n’a délivré aucun signe de reproche pouvant être pris pour un tremplin d’une autocritique par l’équipe de Jebali. Il n’y a que des satisfécits alors que les autres partenaires voulaient rectifier le tir.
Du coup, et comme ceci a été dit et répété, sur ces mêmes colonnes depuis des semaines, seul le bloc parlementaire «liberté et dignité» a exprimé son accord à intégrer le prochain gouvernement et prêter mainforte à Ennahdha. On parle déjà d’un secrétariat d’Etat à Moez Kammoun et/ou Mohamed Tahar Ilahi. Ce bloc pourrait donc faire son entrée au gouvernement lors du prochain remaniement.
Il est toutefois utile de remarquer que les constituants de ce groupe ont été toujours classés dans le camp d’Ennahdha. Ils ont régulièrement voté avec le gouvernement, ce qui veut dire que l’isolement des islamistes reste donc entier, faute d’une manœuvre politique habile.

Les discours prometteurs de Rached Ghannouchi sur l’intention d’Ennahdha d’élargir la Troïka n’ont pas été suivis par des propositions pratiques traduisant cette volonté. Pire encore, le conseil de la choura d’Ennahdha a été plutôt intransigeant que conciliateur. Il n’a donné aucun signe de souplesse quant au redressement des orientations de la politique du gouvernement. Il a même apporté son soutien à la politique gouvernementale.
Suite à ces divers développements, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali a déclaré aux médias dans la matinée du lundi 21 janvier qu’il avait déjà reçu plusieurs réponses écrites de la part des partenaires politiques approchés pour faire partie du gouvernement. Jebali a indiqué qu’il allait se prononcer d’ici la fin de semaine des suites à donner à ces réponses.
Concernant le contenu desdites réponses, le chef du gouvernement a renvoyé les médias vers les partis concernés. Il s’agit, en effet, des refus successifs d’intégrer le gouvernement émanant du parti républicain, Wafa et l’Alliance démocratique. Que va donc annoncer Jebali ?

Le Chef du gouvernement ne s’est pas engagé à annoncer le remaniement en fin de semaine. Il va juste commenter les réponses des partis politiques contactés et «dire la vérité au peuple», comme se plait toujours à dire Hamadi Jebali, sans l’avoir jamais fait. Mais il est clair que le chef du gouvernement est dans une impasse.
La situation ne s’annonce évidemment pas de tout repos pour Hamadi Jebali. Non seulement, les possibles nouveaux partenaires politiques lui ont tourné le dos, mais il se trouve que ses anciens alliés deviennent plus gourmands et se rallient pratiquement aux thèses de l’opposition.
Pour preuve, Ettakattol exige que les ministères de souveraineté aillent à des indépendants. Il s’agit pratiquement de la même requête que Nida Tounes, Al Joumhouri et Al Massar. Ettakattol a même menacé, pour la première fois, de quitter le gouvernement.
Le CPR n’est pas moins exigeant. Il demande de réduire l’équipe gouvernante et de faire preuve davantage de rigueur dans la réalisation des objectifs de la révolution, notamment l’assainissement de la magistrature et la lutte contre la corruption.

La Troïka ne se présente donc pas sous son meilleur jour. Il y a même des doutes sur la majorité gouvernante. Ettakattol et le CPR sont conscients qu’Ennahdha n’a pas d’alternative, autre qu’eux, pour réunir une majorité. Ils se permettent donc de faire monter les enchères.
Si l’on tient compte des votes attendus sur les articles de la Constitution, il est clair que ce n’est pas du tout évident d’obtenir la majorité absolue, soit 109 voix. Ennahdha peinerait à obtenir 20 voix additionnelles aux 89 déjà acquises si les constituants nahdhaouis sont tous présents. Le bloc «liberté et dignité» ne dispose que d’une dizaine de voix qui ne sont pas assidus.
Pour répondre aux accusations adressées à Ennahdha d’être à l’origine de cette impasse, le président du conseil de la choura du parti islamiste, Fathi Ayadi, se permet d’accuséer Al Joumrhouri d’en être la cause. «Nous avons proposé à Ahmed Néjib Chebbi d’occuper le ministère des Affaires étrangères. Mais il a refusé», a-t-il indiqué. «Ennahdha n’était donc pas attaché aux ministères de souveraineté», a-t-il conclu.

Drôle de logique comme si la Tunisie n’avait pas d’autres personnalités, que celles d’Ennahdha ou du Joumhouri, capables de diriger les ministères de souveraineté. Un alibi qui ne saurait s’élever au rang d’argument. Mais Ennahdha ne cherche désormais plus à se justifier. Les islamistes sont dans le double langage et ils s’assument.
Le paysage politique est désormais caractérisé par un flou artistique. Et dans l’état actuel des choses, l’harmonie ne s’annonce pas à l’horizon. Loin de là…

Mounir Ben Mahmoud
21/01/2013 | 1
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