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Tunisie - Entre ancien régime et LMD, le dilemme du master
23/08/2012 | 1
min
Tunisie - Entre ancien régime et LMD, le dilemme du master
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Les réformes dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement en Tunisie sont à la fois des objectifs de la révolution et des piliers de la construction d’une époque postrévolutionnaire prospère.
Investir dans ce secteur et le promouvoir a aussi été entrepris lors des 55 dernières années. Le résultat n’était point décevant et c’est grâce à un système éducatif moderne et gratuit que nous avons pu ériger une élite, construire un Etat d’institutions et gagner du terrain par rapport à d’autres pays du tiers monde.



On ne peut néanmoins nier qu’à un certain moment de notre histoire moderne, la qualité de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur a commencé à battre de l’aile…
Si l’on y ajoute l’instauration d’un nouveau système et de nouveaux choix pédagogiques et linguistiques, imposant parfois un changement brusque dans les programmes, déjà d’un niveau très moyen, on comprend mieux les déficiences dont souffrent beaucoup d’élèves et étudiants. 


Aujourd’hui, ancien et nouveau systèmes sont de nouveau en conflit. Des étudiants sont confrontés à une décision de « fusion » des deux régimes.

Les universitaires de la dernière promotion de la 5ème année Design (ESSTeD) de l’ancien système – maîtrise, master et doctorat – toutes spécialités confondues, sont appelés aujourd’hui à effectuer leurs études de master avec les étudiants du régime dit LMD (Licence, master, doctorat).

Précisons que ces diplômés ont eu à effectuer cinq ans d’études avant de postuler pour le master et seront normalement munis d’un bac + 7 au cas où ils l’obtiennent, alors que les étudiants de l’ancien régime entament un master au bout de la troisième année.

Suivant cette logique, c’est comme si on demandait aux premiers de « renoncer » à deux ans d’études, reprenant leur master à partir de la quatrième année.


S’adressant à leur Ecole, au rectorat de l’université de la Manouba puis au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ces « étudiants diplômés » en ont fait le tour pour exiger leur droit d'avoir accès à un master propre à eux, suivant le régime qu’ils ont suivi et auquel ils sont inscrits.
La réponse qu’on leur donnait était « qu’une loi à été signée depuis l’époque du régime de l’ancien président Ben Ali et que le problème sera bientôt résolu... ».

Il est à noter que des étudiants d’autres établissements, dont notamment l’Institut Supérieur des Beaux Arts, sont confrontés au même dilemme.

Selon les étudiants protestataires, la loi n°19 du 25 févier 2008 de l’enseignement supérieur ne peut s’appliquer à eux puisqu’ils ont entamé un cursus universitaire aboutissant à l’obtention d’un diplôme antérieur à cette date.

On relève aussi que des étudiants effectuant un cursus universitaire suivant l’ancien régime ont, en général, entre 24 et 26 ans, voire plus au bout de leur cinquième année et auront, probablement, besoin de travailler en parallèle des études qu’ils poursuivent en master.
L’ancien régime, avec un rythme de deux jours d’études par semaine, leur offre, effectivement, cette opportunité. Le nouveau, rythmé par quatre jours d’études par semaine, ne le permet pas.


Signalons que dans un décret du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, établi le 14 mars 2009, il a été précisé dans l’article 130 des procédures générales transitoires que « les étudiants inscrits dans l’ancien régime seront soumis aux procédures déjà en cours jusqu’à la promotion de 2011-2012 et que l’établissement des diplômes selon le régime du LMD commencerait au-delà de cette date » selon l’article 56 de la loi n°19/2008.

Précisons que pour la création d’un master, chaque département en fait les propositions au sein de son établissement. Elles sont, ensuite, déposées au département de la rénovation au sein dudit ministère. Une commission sectorielle les valide avant qu’elles ne soient approuvées par l’université elle-même.

La question qu’on peut se poser, également, se rapporte à la qualité des cours et des programmes donnés à partir de la troisième année de l’ancien régime. Le ministère juge-t-il leur apport si maigre qu’il décide soudainement de les rayer pour que l’étudiant les reprenne ? Nous avons contacté Ammar M’laoueh, directeur au sein la direction générale de la rénovation universitaire – DGRU – afin qu’il réponde à nos questions.

« Sur le plan juridique, l’ancien régime prend fin à la promotion 2011-2012 », commence par affirmer le responsable de la DGRU. « Ainsi, aucun master ne peut être créé au-delà de cette date. Concernant ces étudiants, ils ont tout intérêt à déposer des demandes de master avec le régime LMD.

Le rythme d’études ne peut que témoigner d’une meilleure qualité et les étudiants de l’ancien régime seront dispensés des matières communes des deux systèmes, puisqu’elles sont considérées comme ayant été déjà étudiées et obtenues.

Il est essentiel de savoir qu’effectuer un master n’est pas un droit, il revient aux plus méritants – tous régimes confondus – et donc il faut faire un choix entre étudier ou travailler. D’ailleurs, les dispenses de certaines matières laissent du temps libre aux candidats pour s’engager dans une activité lucrative », ajoute-t-il.
« Un master de recherche vise à introduire les titulaires de ce diplôme à une carrière de recherche ou d’enseignement universitaire et un master professionnel vise à améliorer les compétences. Le rythme n’est donc pas si excessif et même s’il retarde un peu la vie professionnelle, il ne peut que mieux préparer les étudiants à l’intégrer », conclut notre interlocuteur.


23/08/2012 | 1
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