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Tunisie – La Troïka au pouvoir cale, le Trio démocratique se met en branle
20/01/2013 | 1
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Tunisie – La Troïka au pouvoir cale, le Trio démocratique se met en branle
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Les développements au sein du paysage politique en Tunisie se sont subitement accélérés lors des dernières quarante-huit heures avec, notamment, l’annonce officielle, dimanche 20 janvier 2013, faite par le trio d’ossature des forces démocratiques, en l’occurrence, le parti Al Joumhouri, Al Massar et Nidaa Tounès, concernant la formation d’une coalition politique entre eux.
En attendant d’en savoir plus sur les détails de cet accord, attendu certes après la visite de « l’état major » de Nidaa Tounès, samedi, chez Al Joumhouri, force est de reconnaître qu’il a surpris les observateurs par la rapidité de sa conclusion.

En ce même moment, les composantes de la Troïka au pouvoir continuent à vivre les pires difficultés pour effectuer le remaniement ministériel qui traîne en longueur depuis près de six mois.
Même la réunion du Conseil de la Choura, sanctionnée par un communiqué laconique, n’a pu se prononcer clairement sur la question. Un communiqué empreint de langue de bois versant dans les généralités sans aucune donne concrète, rappelant les déclarations officielles sous l’ancien régime. Qu’on en juge !
Dans ce communiqué, Ennahdha « remercie toutes les parties qui ont accepté de faire partie du gouvernement après le remaniement ministériel et ceux qui se sont abstenus. Il appelle, également, toutes les composantes politiques du pays à favoriser le consensus politique et social pour le bien du pays et pour fixer une date pour les prochaines élections en rappelant que le Mouvement Ennahdha est ouvert au dialogue dans le but de préserver l'intérêt du pays ».
C’est un constat d’échec et d’impuissance du parti islamiste à sortir de la crise. Il faut dire qu’en exigeant le « beurre et l’argent du beurre », comme dit le proverbe, on finit par ne rien obtenir du tout.
Tenant, coûte que coûte, à garder les rênes du pouvoir, Ennahdha s’est heurté, d’abord, à la « petite révolution » de Moncef Marzouki qui a revendiqué, publiquement, un remaniement allant dans le sens d’un gouvernement restreint et formé de compétences.
Voulant profiter, ensuite, du malentendu entre Al Joumhouri et Nidaa Tounès, Rached Ghannouchi, en personne, a pesé de tout son poids pour « amadouer » Ahmed Néjib Chebbi et son parti pour intégrer le gouvernement, allant jusqu’à lui proposer le ministère des Affaires étrangères en remplacement de Rafik Abdessalem, éclaboussé par le scandale du SheratonGate. En vain…

Du coup, c’est le statu quo. Qui pourrait, en effet, gober la pilule d’un changement de façade après les déboires avérés de l’équipe de Hamadi Jebali ? Même Ettakatol, complètement effacé jusque-là, s’est manifesté en exigeant de véritables modifications et un agenda clair des prochaines échéances. Dans le cas contraire, il menace de se retirer carrément du gouvernement. Ni plus, ni moins !
Le parti islamiste est allé jusqu’à courtiser les partis de Wafa d’Abderraouf Ayadi qui a, finalement, rejeté l’offre de faire partie du gouvernement, parce que ce dissident du CPR exige le portefeuille de la Justice. Ni plus, ni moins.
Pis encore, Cheikh Rached Ghannouchi n’a pas écarté la possibilité d’une association avec le « controversé », Bahri Jelassi ! C’est dire que le parti islamiste est vraiment aux abois et cherche, par tous les moyens, à sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve. Et a moins d’imprévu de dernière minute, tout porte à croire que la montagne devrait accoucher d’une souris et que le remaniement ne serait, finalement, qu’un simple replâtrage…

En face, le bloc démocratique semble avoir réalisé les dangers qui pourraient découler d’une éventuelle dislocation de leurs diverses composantes. Ainsi, après ledit « malentendu », le Trio des partis démocratiques, aux affinités communes, Al Joumhouri, Al Massar et Nidaa ont ressenti la nécessité de contracter ce mariage de raison s’ils veulent bien avoir une chance de provoquer l’alternance lors de la prochaine échéance électorale.

Grâce à son approche consensuelle qui lui avait permis de gouverner le pays lors de la période la plus difficile de l’histoire de la Tunisie en s’appuyant sur une simple légitimité « fonctionnelle », Béji Caïd Essebsi a réussi à renverser la vapeur en ayant l’humilité de se rendre chez Al Massar puis Al Joumhouri. Ce qui lui a permis, non seulement, de dissiper les « nuages » et de faire détendre les rapports avec ces deux formations politiques, mais d’aboutir à cette annonce rapide et spectaculaire de coalition politique tripartite.
Mieux encore, selon les dernières déclarations faites par Maher Hanine, membre du Bureau exécutif du parti Al Joumhouri, les pourparlers vont se poursuivre en vue de se faire rallier, dans une deuxième phase, le Front populaire.
Vieux loup des rouages politiques, M. Caïd Essebsi a bien compris que seul, Nidaa Tounès ferait, selon les divers sondages, à peine un poids égal à celui d’Ennahdha, d’où la nécessité absolue d’opter pour des alliances. Le duo Al Massar et Al Joumhouri l’ont compris aussi.

En effet, Ennahdha a toujours misé sur un paysage politique dispersé, comme cela a été le cas à la veille du scrutin du 23 octobre 2011. Mais l’avènement de Nidaa Tounès a fait tomber toute la stratégie du parti islamique à l’eau. D’où sa cabale effrénée contre le mouvement de l’ancien Premier ministre de la première période transitoire et cette volonté de l’exclure de la vie politique par un projet de loi discriminatoire et, de l’avis de tous les juristes et droits de l’hommistes, anticonstitutionnel.
Face à cette nouvelle donne, le parti islamiste tergiverse et fait tout pour retarder l’échéance électorale par maintes opérations de diversions, l’objectif étant d’avoir la mainmise sur tous les rouages déterminants dans les différents appareils de l’Etat et des mécanismes de l’administration, plus particulièrement la magistrature, les médias et l’Instance des élections.
Ainsi, il ne se passe pas pratiquement un jour sans que de nouvelles nominations voient le jour dans les sociétés nationales et dans l’administration, plus précisément, les délégations, les délégations spéciales des municipalités et autres institutions nationales.
D’ailleurs, même les organisations et autres instances internationales sont de plus en plus nombreuses à s’élever contre les restrictions en matière des libertés et du respect des droits de l’Homme et contre les tentatives de s’approprier les faveurs de l’appareil judiciaire et administratif.

Les forces démocratiques et progressistes semblent, enfin, être conscientes, de cette situation et des menaces qu’elle fait peser sur le bon déroulement du processus démocratique, d’où ces essais de faire naître un front commun afin de faire naître un vrai espoir d’une alternance au pouvoir, un principe essentiel de toute démocratie digne de ce nom.
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