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Moncef Marzouki : comment être libre tout en étant à la solde d'Al Jazeera ?
22/04/2014 | 1
min
Moncef Marzouki : comment être libre tout en étant à la solde d'Al Jazeera ?
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Le président Moncef Marzouki vient de publier son huitième article, en tant que président de la République, sur le site de la télévision qatarie Al Jazeera. Un article où il parle de liberté théorique qui a du mal à être appliquée dans la pratique.

Depuis la révolution du 14 janvier 2011, Moncef Marzouki a rédigé douze articles sur le site d’Al Jazeera. Trois avant les élections du 23 octobre, un quinze jours après et huit depuis qu’il occupe le poste de président de la République.
Moncef Marzouki n’en a cure, visiblement, de toutes les critiques qui le ciblent, Al Jazeera et lui-même.
Jamais un président en exercice n’a pourtant commis de tels impairs. Le premier de ces impairs est qu’il est inconcevable qu’un président trouve le temps matériel nécessaire pour rédiger ses réflexions à la manière d’un intellectuel qui rédige dans un blog ou d’une adolescente qui rédige ses notes intimes.
L’autre impair est dans le choix d’un support étranger pour publier ces réflexions. La Tunisie ne manque pourtant pas de titres, imprimés et électroniques, capables de publier les réflexions présidentielles, sans censure aucune.
Enfin, le choix même d’Al Jazeera, pour publier ces réflexions, est objet de discorde et une insulte à l’esprit droit de l’hommiste dont se prévaut Moncef Marzouki.

Pourquoi et pour qui écrit Moncef Marzouki ?
Le site d’Al Jazeera est le média électronique le plus lu dans le monde arabe, bien qu’il ne se classe premier nulle part. Il doit sa notoriété plutôt par le cumul des visites à travers les différents pays que par sa notoriété dans chacun de ces pays arabes. Au Qatar, et d’après les chiffres d’Alexa (non scientifiques et ne reflétant qu’une tendance) , Al Jazeera se classe 35ème site le plus visité et 7ème média le plus lu.
De par les pourcentages de ses visiteurs, le site d’Al Jazeera a le taux le plus élevé en Arabie Saoudite (13,2% de ses visiteurs) où il se classe 129ème site le plus visité, puis en Egypte (12,4% de ses visiteurs) où se classe 152ème , puis aux Etats-Unis (8,4% de ses visiteurs) où il se classe 4515ème, puis au Qatar (6,3% de ses visiteurs) où il est 35ème.
Quant au pourcentage de visite des Tunisiens, théoriquement public cible de Moncef Marzouki, le pourcentage de visite n’est que de 1,8% et le site qatari se classe à la 176ème place.
Loin derrière les médias les plus visités du pays tels Mosaïque FM (la Tunisie représente 82,6% des visites), premier média en Tunisie qui se classe 10ème, sur internet, ou de Business News (la Tunisie représente 82,1% des visites) qui se classe 34ème et occupe la tête des médias électroniques francophones.
Au vu des statistiques d’Al Jazeera, le président de la République n’a donc aucun intérêt à publier sur ce site, au vu de l’audience bien minime de ce site chez les Tunisiens.

Outre les problèmes monstres d’absence de crédibilité et de partialité aveugle frisant l’extrémisme, l’autre souci avec Al Jazeera est d’ordre éthique. C’est bien cette chaîne qui employait le journaliste tunisien Mahmoud Bouneb, actuellement détenu en toute illégalité au Qatar d’où il est empêché de quitter le territoire depuis 2012. M. Bouneb n’a pas été jugé et n’est pas en prison, il est juste interdit de voyage sur une décision de justice contraire à la loi qatarie et basée sur des accusations dénuées de preuves acceptables. Officiellement, on lui reproche d’avoir dilapidé les fonds publics qataris lorsqu’il dirigeait deux chaînes de la galaxie Al Jazeera. Concrètement, le journaliste tunisien n’a pas obéi aveuglément aux ordres de ses maitres de la famille dirigeante de l’émirat. La réaction du pouvoir ne s’est pas faite attendre et a été dans le sillage même de toute dictature qui se respecte.
Paradoxalement, c’est ce même support que choisit le président tunisien pour parler de libertés et de Droits de l’Homme.

Toujours avec l’éthique, un scandale en rapport avec les liens de Marzouki et Al Jazeera a éclaté en mars 2013 avant d’être rapidement étouffé pour qu’il ne soit plus traité par les médias, aussi bien tunisiens qu’étrangers.
En ce samedi 9 mars 2013, Salam Zahran, directeur de Media Focal Center, sise au Liban, affirme que le président tunisien travaillerait pour la chaîne de télévision Al Jazeera et en percevrait un salaire mensuel de 50 mille euros. L’information a été diffusée au micro du journaliste Zouheïr El Jiss sur les ondes de la radio tunisienne Express FM. Elle sera démentie mollement par le chef de cabinet de Marzouki, à l’époque, sur Mosaïque FM, puis le lendemain par le biais d’un communiqué officiel émis par la présidence.
Une plainte sera, par la suite, déposée en justice et impliquera le journaliste d’Express FM et son invité Salam Zahran.
A défaut de pouvoir l’étayer par des preuves, aucun média n’a pu rebondir sur ce scandale. N’empêche la suspicion continue et Moncef Marzouki n’arrange en rien la situation en continuant à « collaborer » avec Al Jazeera. Depuis la déclaration de M. Zahran, le président de la République a publié quatre tribunes. Soit avec le rythme d’une tribune par trimestre.
Pourtant, force est de reconnaitre que face à pareils doutes, n’importe quel homme politique se serait abstenu de continuer ce type de collaborations (en supposant qu’elles soient gracieuses) ne serait-ce que pour couper court aux polémiques improductives et aux suspicions fatales et salissantes.
Mais là n’est pas l’avis de Moncef Marzouki qui continue, contre vents et marées, à éditer ses articles dans un support étranger, financé par des entités ne respectant pas les Droits de l’Homme et ne générant pas une audience respectable digne d’un chef d’Etat.

Raouf Ben Hédi
22/04/2014 | 1
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