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Chroniques
Lutte contre le terrorisme : Le leurre de l’unité nationale
20/07/2014 | 15:59
3 min
Par Sofiene Ben Hamida

Le dernier acte terroriste semble choquer les esprits des Tunisiens qui ont essayé un peu partout dans le pays, parfois dans la désorganisation et la précipitation, de crier leur colère et leur refus de la violence. A Tunis, Medenine, Tataouine, Béja ou ailleurs, la société civile a tenté de s’organiser pour descendre dans la rue. Une rue un peu sclérosée, gagnée par un mélange de colère et de fatalité.

En fait, le paradoxe du phénomène terroriste réside dans le fait d’accepter sa présence tout en refusant de s’y habituer et tout en continuant à le dénoncer. En effet, depuis le premier acte terroriste et dès l’installation des groupes salafistes armés dans notre pays, on savait que nous avions devant nous de longues années de violence. La lutte contre le terrorisme n’est pas une affaire simple et nécessite une décision politique ferme, un consensus national réel et beaucoup de moyens. Or ces conditions nécessaires nous font cruellement défaut ce qui explique que jusqu’à présent nous essuyons des revers répétés face à ces hordes de sanguinaires qui, comme nous l’avons pu le constater chez quelques uns de leurs représentants, sont loin d’être des gens exceptionnels ou dotés d’une grande intelligence. Mais ces hordes continuent malheureusement de profiter du soutien de personnes infiltrées dans les rouages de l’état et des services sécuritaires. Mohamed Ghanouchi qui a relâché puérilement les assassins et les terroristes de Soliman, Farhat Rajhi et son mauvais génie, Sihem Ben Sedrine, les gouvernements successifs de la troïka, Rached Ghannouchi et plusieurs des dirigeants de son parti Ennahdha, Ali Laârayedh, Moncef Marzouki et d’autres encore, ne doivent pas être fiers de ce qu’ils ont fait de notre pays. Par leurs décisions désastreuses, leur laxisme et leur soutien tacite ou pratique, ils ont encouragé les groupes extrémistes et participé à faire le lit de la violence et du terrorisme.

Aujourd’hui, on parle de consensus et d’union nationale contre le terrorisme. De la bouche de nos politiques, ces slogans sonnent faux tellement ils nous ont habitué à la langue de bois, au double discours et aux manœuvres politiciennes. Les comportements sur le terrain ne font que renforcer cette crise de confiance. Peut-on en effet parler d’union nationale et de consensus quand le parti Ennahdha appelle à une manifestation à partir de la mosquée El Fath? Peut-il y avoir un consensus avec un parti qui ne rechigne pas à utiliser les mosquées à l’instant même où il affirme son soutien à la neutralité des lieux de culte? Est-il possible de croire à un consensus national quelconque quand des militants islamistes s’en prennent à un dirigeant d’un autre parti, Kamal Morjane en l’occurrence, sous prétexte qu’il est l’une des figures de l’ancien régime? Ont-ils oublié que les dirigeants de leur parti ne s’embarrassent pas de négocier et de s’afficher avec lui?

En vérité, les partis politiques ne sont pas actuellement dans une logique consensuelle. Ils sont dans une logique électorale et dans une compétition qui ne dit pas son nom. Il n’est pas surprenant dans ce cas que les derniers attentats, au lieu d’être une occasion pour raffermir l’alliance nationale, ont été une occasion pour chacun des partis politiques pour peaufiner sa stratégie. Al Joumhouri qui ne dispose plus d’assise populaire s’est exercé au holdup sur les rassemblements de la société civile. Ennahdha  réactive ses relais dans les mosquées et Nidaa épuise son filon nommé Béji Caïd Essebsi.

En face, le gouvernement semble patauger, manquer de détermination et de moyens pour être efficace dans sa lutte contre le terrorisme. Au vu de ce qui s’est passé la semaine dernière, la situation sécuritaire est loin d’être stabilisée ce qui risque de poser des problèmes d’un genre nouveau à l’approche des échéances électorales. Mais ça, c’est un autre problème.
     
  
20/07/2014 | 15:59
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