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Chroniques
La vérité oubliée : Les élections législatives précédent la présidentielle !
14/09/2014 | 17:57
3 min
Par Sofiene Ben Hamida

Allons-nous zapper les élections législatives et passer directement aux élections présidentielles ? C’est du moins l’impression qui se dégage en voyant tout cet engouement pour les informations en rapport avec les candidats « présidentiables » au détriment des élections législatives.
Rien que pour cette semaine, nous avons eu droit au Top 10 des signatures de soutien aux candidats, le parti Ennahdha continue de souffler le chaud et le froid par son initiative de président consensuel, le chef du Nidaa Béji Caid Essebsi nous sort un show, grandiose et flamboyant il est vrai, pour contrecarrer ses amis qui s’amusent à lui planter les couteaux dans le dos. « Omar m’a tuer » a fait la une des faits divers en France il y a quelques années, cette phrase est entrain de marquer le paysage politique tunisien cette année.

Entre-temps, Kamel Morjane annonce laconiquement sa candidature sur le réseau social, Mustapha Kamel Nabli entame carrément sa compagne électorale par le sud du pays et Mohamed Frikha, pourtant tête de liste d’Ennahdha à Sfax, annonce qu’il brigue aussi le fauteuil de Carthage. Désormais, il veut voler plus haut que sa compagnie qui prend les couleurs du blanc alors qu’il a viré au bleu depuis longtemps.

Les autres se préparent en silence. Les médias ne braquent pas encore leurs lumières sur eux, par méconnaissance pour certains d’entre eux, parce qu’il est indécent d’en parler pour d’autres. Les Almi, Jelasssi, Zouari, Nasra et bien d’autres se reconnaitront.

Pourtant, même chronologiquement, cette effervescence autour des candidats à la présidentielle ne s’explique pas. L’engouement devrait être lié aux élections législatives dont le processus est déjà entamé. Il est d’autant plus légitime de raisonner de la sorte que le système politique tunisien a connu une mutation et a glissé d’un système présidentiel vers un système parlementaire à peine aménagé. Désormais, c’est le gouvernement issu de la majorité parlementaire qui aura toutes les prérogatives ou presque. Le résident de Carthage n’aura plus qu’un rôle honorifique ou, au pire, un rôle de nuisance s’il s’avère de la trempe du locataire actuel.

Nous étions en droit d’attendre donc que les partis politiques commencent à nous dévoiler leurs programmes et leurs visions se rapportant à l’avenir du pays. Malheureusement rares sont ceux qui jusqu’à maintenant donnent l’impression d’une clairvoyance à ce niveau. Le risque, c’est de nous retrouver dans une compagne électorale qui se base ou bien sur la surenchère et les promesses frivoles et mensongères, ou bien encore basée sur les personnes des candidats, notamment les têtes de listes. La dernière campagne électorale qui a précédé les élections constituantes en 2011 avait connu ces déviations. Nous connaissons aujourd’hui les résultats. Pire, nous les subissons depuis trois ans.

Bien entendu, le risque de telles tergiversations est d’installer le doute, la lassitude et la démobilisation auprès des citoyens ce qui nuit à la construction démocratique dans le pays. Pour le commun des électeurs, les élections deviendront un simple enjeu qui n’intéresserait que les partis politiques et leurs militants. Cela pourrait, à court terme, faire l’affaire des partis politiques dominants mais ternira d’avantage leur image et les discréditeront encore plus au final.

C’est pourquoi il devient urgent de remettre de l’ordre dans cette effervescence politique, réorganiser les priorités, se concentrer sur les élections législatives avant toute autre élection, encourager le débat public autour des programmes et des propositions non autour des personnes des têtes de listes et redonner espoir aux tunisiens . Il est encore possible de faire ce recentrage profitable aux citoyens, au pays et aux partis politiques eux-mêmes.

Aux dernières nouvelles, Mustapha Ben Jâafar a annoncé officiellement sa candidature à la présidentielle. Les Tunisiens se souviennent qu’il avait promis de démissionner de la présidence de l’ANC dès l’annonce officielle de sa candidature. Ils pourront constater que ce n'est qu'un fumiste de plus, puisqu'il a choisi de garder son poste à l'ANC.
14/09/2014 | 17:57
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