alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 00:03
Tribunes
Exploitation du Gaz de Schiste : un gouvernement ne peut en décider seul
25/07/2014 | 17:40
3 min
Exploitation du Gaz de Schiste : un gouvernement ne peut en décider seul
Par Nadia Chaabane


Hier, 24 juillet 2014, Mehdi Jomâa a dit quelque chose qui m’a beaucoup frappée par rapport à l'exploitation du gaz de schiste «…Alors que nos frères et voisins lancent des appels d’offres pour l’exploration et le développement de gisements de gaz de schiste, nous continuons à tergiverser et chercher les mille freins possibles, au moment même où nous en avons le plus grand besoin ! ».
M. Jomâa est dans une logique autoritaire et semble ne pas avoir compris grand chose à ce qui s’est passé le 14-Janvier. Être aux commandes du pays ne donne pas le droit d’hypothéquer l’avenir des futures générations sans consentement de la population. D’autres valeurs ont détrôné cette logique.

Une telle décision engage le pays dans un choix qui nécessite au moins  l’adhésion de la population. Sans ignorer, ni minimiser le problème énergétique, le gaz de schiste n’est ni un choix anodin ni inéluctable, il est impératif de prendre conscience de l’enjeu et des conséquences sur l’avenir du pays. Se hâter pour trouver une solution au problème énergétique, oui, mais « se hâter lentement ». Les difficultés économiques que notre pays traverse actuellement ne justifient pas l’acceptation de la prise d'une telle décision.
Ni ce gouvernement ni aucun autre ne peut décider seul de l'exploitation du gaz de schiste, d’autant qu’aucun cadre juridique ne permet l'exploitation de carburants non conventionnels en Tunisie aujourd’hui. De plus, cette décision doit faire l'objet d'un débat national et d’un référendum. Le  gouvernement se doit de permettre aux Tunisiennes et Tunisiens de s’informer. Il faut un débat national, organisé sous l’égide d’une autorité nationale indépendante et regroupant toutes les composantes de la société civile, un débat réel et équilibré qui permet à toutes les voix de s’exprimer et aux citoyens de se prononcer en connaissance de cause lors d’un référendum. L’Autriche a organisé un référendum sur le nucléaire dans les années 70. La réponse a été non et les Autrichiens ont cherché d'autres solutions aux problèmes énergétiques. Les risques doivent être connus de tous et les Tunisiens sont en droit de savoir. Les Tunisiens sont en droit de mesurer l’impact véritable d’une telle option.
Que l’Algérie décide de le faire, c'est son droit mais nous ne sommes pas obligés de les copier. D'autres pays et non des moindres (France, Bulgarie, Pays-Bas..) ont fait le choix d’un avenir énergétique (voire d’un présent) sans  gaz de schiste, pourquoi ne pas copier ces pays là ?

D’autres énergies existent et d’autres technologies sont à développer, elles ont le mérite de ne présenter aucun risque et surtout d’être durables et d’être plus soucieuses de la planète, de l'environnement mais aussi des femmes et des hommes. Energie solaire, éoliennes, énergie hydraulique, géothermie, biomasse, etc. plusieurs alternatives s’offrent à nous, pourquoi ne pas faire ce choix, pourquoi ne pas, au moins en débattre pour décider de notre avenir et de celui des générations futures ensemble?  

« Entre le point d'exclamation de la vie et le point d'interrogation de la mort, tout n'est que ponctuation » (Tristan Maya). Pour nous Tunisiens, ce qui nous préoccupe et nous interpelle aujourd’hui c’est comment participer à la ponctuation de l’entre deux et d’être acteurs et actrices de nos vies.


* Nadia Chaabane, élue France Nord Al Massar
25/07/2014 | 17:40
3 min
Suivez-nous