Les chiffres économiques du 1er trimestre 2015 sont tombés et ne présagent rien de bon. La crise est bel et bien là, la Tunisie enregistre des décroissances dans quasiment tous les secteurs. En dépit de ce constat, les syndicats multiplient les grèves.
Les chiffres sont têtus et froids. Dans le secteur immobilier, les sociétés cotées ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 55% à 100% entre le 1er trimestre 2014 et 2015. Dans le secteur des services, l’investissement a baissé de 34%. Dans le tourisme, la baisse des nuitées est de 10,7% par rapport à 2014 et de 27,7% par rapport à 2010. Faut-il poursuivre avec le reste des secteurs ?
Avec un pareil tableau de bord, toute personne sensée se dit que l’on doit se serrer les coudes et travailler davantage pour affronter et dépasser la crise aigüe que vit le pays.
En Tunisie, on voit les choses autrement. On se serre les coudes, mais pour autre chose : observer des grèves ! Et ce ne sont pas les raisons qui manquent. Qu’elles soient réelles ou imaginaires, qu’elles soient liées à des problèmes structurels ou conjoncturels, on observe une grève pour un oui ou pour un non. La productivité, la crise, la faillite, l’inflation ? Des mots totalement absents du dictionnaire populaire tunisien. Et pourquoi ferait-on autrement puisqu’on réussit à obtenir gain de cause ?
Le phénomène des grèves « capricieuses » a démarré au lendemain de la révolution. Tout le monde y est passé et la facture a été payée cash. Les gouvernements successifs de 2011 jusqu’en 2014 ont, tous, cédé à la pression des syndicats pour accéder à leurs doléances. Les prétextes étaient tout trouvés, ces gouvernements n’avaient pas la légitimité nécessaire pour frapper du poing sur la table et dire non. Dans un contexte révolutionnaire, cela pourrait se comprendre.
Mais, théoriquement, les choses ont changé depuis les élections et l’arrivée de Habib Essid à la Kasbah. Son gouvernement a la légitimité nécessaire, vu qu’il a été nommé par des partis élus au suffrage universel, et vu qu’il a un appui réel de l’Assemblée. En pratique, les choses diffèrent. Le gouvernement de Habib Essid agit comme s’il était un gouvernement illégitime, de circonstance ou transitoire.
Son premier test a été avec les enseignants et leur grève de plusieurs semaines. Ces derniers ont su où frapper, et ce en prenant en otage nos lycéens avec la menace de ne pas organiser les examens et notamment le baccalauréat.
En dépit du soutien médiatique et de l’opinion publique, Néji Jelloul, ministre de l’Enseignement, a cédé devant les syndicats. Pourtant, il avait plus d’une corde à son arc pour obliger les grévistes à reculer. Une question de légitimité, tout d’abord, puisque le gouvernement a négocié avec la Centrale syndicale, l’UGTT. Le ministre n’avait pas à engager des négociations sectorielles, alors qu’il y avait une négociation globale. L’autre argument, qui aurait pu être suffisant pour casser la grève, était la loi qu’il fallait tout simplement appliquer. La grève est un droit et ceci est indéniable. Mais les grévistes n’ont aucun droit d’être payés durant leur grève et ceci est également un droit de l’employeur.
En Tunisie, on ne l’entend pas de cette oreille, nos grévistes ne vont pas au travail, réclament des droits, mais exigent, quand même, que leurs salaires soient versés à la fin du mois. Tous y passent : enseignants, magistrats, personnel médical et paramédical, etc. Tous ont été payés pour les grèves observées. Ni Néji Jelloul, ni aucun autre ministre n’a eu suffisamment de courage pour appliquer cette loi, consistant à retenir du salaire les journées de grèves.
Vérification faite, auprès de sources dignes de foi, Néji Jelloul n’a rien cédé et ne voulait pas céder. L’ordre est venu d’en haut, de la Kasbah. Habib Essid voulait en finir avec la grève des enseignants, espérant retrouver le calme. Il craignait une révolte populaire si les examens de fin d’année n’aient pas lieu et cette révolte aurait pu faire chuter son gouvernement. Il a donc cédé face aux enseignants, en prenant le risque d’ouvrir une brèche, impossible à refermer : les autres secteurs vont suivre l’exemple des enseignants en observant des grèves illimitées et illégales, jusqu’à ce que le gouvernement accède à leurs doléances. On y est ! Mercredi 29 avril, ce sont les personnels de la santé et les magistrats qui sont en grève. Hier, des centaines d’agents de Tunisie Telecom ont réclamé la hausse de leurs salaires et l’augmentation de plusieurs primes spéciales. Un mouvement qui suscité l’incompréhension totale de la direction de l’opérateur qui se dit, pourtant, ouvert au dialogue.
Parions que d’ici l’été, aucun secteur ne sera épargné par la « pandémie ». Et pourquoi donc n’observerait-on pas de grèves, puisque celles-ci sont assimilées à des congés payés en sus des congés légaux ordinaires ?
Comment résoudre le problème ? La centrale patronale UTICA le dit avec des mots à peine voilés : « appliquez la loi ! » Sous-entendu, « cessez de payer les grévistes et d’accéder à leurs caprices ».
Encore faudra-t-il cependant que le chef du gouvernement le veuille bien. Après quatre ans de laxisme et d’esprit révolutionnaire de ses prédécesseurs, le gouvernement a perdu la force et la solidité nécessaires pour pouvoir imposer une quelconque fermeté. Une fermeté immédiatement assimilée à du despotisme, voire d’un retour à la dictature, et Habib Essid ne veut surtout pas être accusé de cela.
Résultat des courses, les syndicats imposent leurs lois à tout le monde, en dépit des textes de lois et de la crise économique endémique qui exige un surcroit de productivité et de surseoir à toute revendication sociale.
Raouf Ben Hédi
Mais le faite qu'ils ne foutent rien juste travailler 2 h par jour , il vaut mieux de les mettre à la retraite du moment leurs présences ne servent a rien , donc il faut les remplacer par des jeunes chômeurs .
Ces jeunes chômeurs il faut les apprendre le goût du travail pour qu'ils ne suivent pas le chemin de leurs aînés .