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Chroniques
Syndicaliste ou pas, un bandit est un bandit !
Par Nizar Bahloul
06/05/2019 | 16:59
7 min
Syndicaliste ou pas, un bandit est un bandit !

 

Fini le travail, bonjour les vacances. C’est parti jusqu’aux mois de septembre-octobre pour retrouver le chemin de la « productivité » ou plutôt d’un simulacre de productivité. Maintenant, et à partir d’aujourd’hui, c’est grasse-matinée en début de journée, pointage au boulot au milieu, courses en début d’après-midi, sieste en milieu d’après-midi, farniente en fin d’après-midi, dîner copieux à la rupture du jeûne, feuilleton juste après, rami/belote/noufi le soir. Ceci pour les hommes.

Pour les femmes, c’est quasiment le même programme à la différence qu’en début d’après-midi, elles sont occupées à regarder le feuilleton qu’elles ont raté la veille, qu’elles sont occupées à cuisiner en milieu et fin d’après-midi et qu’elles continuent à regarder les feuilletons en soirée. Vous considérez ces phrases sexistes ? Odieuses ? Discriminatoires ? J’en conviens. Mais avant de les considérer comme telles, munissez-vous d’un miroir ou regardez autour de vous. Ramadan est ainsi conçu dans notre pays et pas autrement. Hélas. Pour la productivité, la vraie, on se donnera donc rendez-vous en septembre-octobre. Entre-temps, que l’on se munisse de patience infinie pour affronter les nerfs à fleur de peau, les embouteillages, la mauvaise haleine, la piété soudaine de nos compatriotes et leur grande expérience dans le « domaine de l’islam ».

 

La dernière semaine de « productivité » s’est illustrée par une grève spectaculaire des transporteurs pétroliers. Résultat des courses, entre mercredi et dimanche, il n’y avait quasiment plus de carburant dans nos stations-services. Des files d’attente monstres devant les quelques unes qui en avaient quelques gouttes.

Ministère et syndicat ont négocié longuement et ont fini par trouver une solution, ou pseudo-solution, mais plusieurs camionneurs ont refusé d’appliquer l’accord trouvé et ont maintenu les camions-citernes dans les dépôts. La centrale syndicale a appelé au respect de la loi et de l’accord trouvé, en vain. Le pays n’a pas pu fonctionner normalement, au point que le gouvernement a dû mobiliser l’armée pour réquisitionner des camions et approvisionner des stations.

Ce que l’on retient est que les citoyens étaient pris en otage, que la consigne de l’UGTT n’a pas été respectée et que la loi n’a pas été appliquée. Qui a défié la loi cette fois-ci ? Des syndicalistes rebelles. Que va-t-on faire à leur encontre ? Rien ! Au pire, un procès qui sera classé comme des dizaines d’autres, après quelques réunions de réconciliation quand on aura oublié tout cela.

Encore une fois, la loi est bafouée, le citoyen est méprisé, l’Etat est dédaigné. C’est devenu notre pain quotidien depuis la révolution. Béji Caïd Essebsi et Nidaa ont été élus avec la promesse ferme de redonner son prestige à l’Etat. Quatre ans et demi après, on voit le résultat. Pas étonnant d’ailleurs, car bien souvent, les promesses des politiques n’engagent que ceux qui les écoutent.

Certains ministres ont pourtant affronté avec courage les syndicats et, spécialement, les bandits syndicalistes, mais ils ont été désavoués par leur chef. On pense notamment à Néji Jelloul quand il était à l’Education et Saïd Aïdi quand il était à la Santé qui ont fini par le payer cher. Ils ont été éjectés alors qu’ils n’ont fait qu’essayer d’appliquer une promesse de campagne en veillant à la primauté de la loi et à redorer le prestige de l’Etat.

 

La question n’est plus que va-t-on faire, mais plutôt que doit-on faire face à des syndicats qui piétinent la loi et prennent les citoyens en otage ?

Dans le gouvernement actuel, il y a trois ministres qui se distinguent en la matière et essaient de tenir cette promesse de campagne en affrontant, courageusement les syndicats. Il s’agit de Slim Khalbous, Hatem Ben Salem et Hichem Ben Ahmed. Chacun, parmi ces trois, appartient à une école différente et chacun a sa méthode, mais les trois ont ceci en commun : leur fermeté et volonté farouche d’en finir une fois pour toutes avec le banditisme syndical.

Hichem Ben Ahmed, ministre du Transport, a opté pour la négociation dans les coulisses loin des projecteurs. Dans ces négociations, la persuasion voire la menace et le chantage quand il sait qu’il a face à lui des syndicalistes trainant des casseroles. Eh oui, avant d’entamer une négociation, il faut bien investiguer et savoir, avec précision, à qui on a affaire. Il faut dire que Hichem Ben Ahmed est un enfant du Transport et part déjà avec un bel avantage.

Hatem Ben Salem a opté, également, pour la négociation, mais en refusant tout chantage. Il a refusé de faire subir du chantage à ses adversaires (alors que certains de ses vis-à-vis trainent bien de casseroles capables de les mener devant les tribunaux) et a refusé d’en subir. En guise de réponse pour les grèves et la prise en otage des élèves privés des examens, il s’est limité à ponctionner les jours de grève (ponction appliquée des mois en retard) sans aller plus loin.

Slim Khalbous a opté pour une toute nouvelle méthode, radicale s’il en est, mais elle a pour mérite de redorer le blason de l’Etat et de refléter un pouvoir puissant qui refuse de se laisser piétiner. Le seul regret est que ses vis-à-vis sont des enseignants-chercheurs, c'est-à-dire des gens faisant partie de l’élite et de la crème de la crème de ce pays et que leurs doléances (application d’un accord signé en 2018) sont justes sur le fond. Dommage, on ne choisit pas toujours ses adversaires.

La méthode Khalbous est toute simple, face au syndicat d’Ijaba qui a privé leurs étudiants de leurs examens, il a cessé de payer les salaires. Tout le salaire ! Mieux, les grévistes n’ont même plus droit à la couverture sociale.

C’est radical ? C’est injuste ? C’est illégal ? Peut-être, mais c’est au Tribunal administratif de dire ce qui est illégal ou pas. Slim Khalbous n’a peut-être pas tout à fait raison dans le dossier Ijaba puisque son département n’a pas respecté un accord signé, mais sa méthode est on ne peut plus efficace, et devrait être généralisée à tous les secteurs. 

 

Face à ces trois méthodes différentes et assez efficaces, que s’est-il passé ? Si les trois ministres ont le soutien indéfectible de Youssef Chahed (chance que n’ont pas eue Néji Jelloul et Saïd Aïdi) et moyennement par les médias, il est bon de remarquer qu’ils n’ont pas été vraiment soutenus par le reste de la classe politique et de la société. Pire, pour certains d’entre eux, ils ont été vilipendés. On se rappelle encore comment la députée Samia Abbou a été odieuse à l’égard de Hatem Ben Salem.

Slim Khalbous, également, en a eu pour son grade. Outre les procès qu’on lui colle de toutes pièces, on a vu le comble avec ce chroniqueur (autoproclamé journaliste-analyste) qui lui demandait sur la chaîne publique Watanya 1 pour qui se prend-il pour appliquer aussi fermement la loi ! C’est vraiment le comble ! Une chaîne publique qui fait appel à un chroniqueur pour casser un représentant de l’Etat à qui on reproche d’appliquer fermement la loi !! Devant le silence assourdissant de la Haica (qui n’ose jamais attaquer les chaînes publiques), une chaîne de l’Etat fait appel à un ancien membre-dirigeant du parti Harak et CPRiste notoire, qu’elle présente comme analyste indépendant, pour casser l’Etat !! 

 

C’est à cause de ce genre de comportement de certains de nos politiques, de nos magistrats et de nos hommes de médias que plusieurs syndicalistes ont pu devenir de véritables bandits et hors la loi.

C’est à cause d’eux que les chauffeurs pétroliers ont pu défier l’Etat, la loi et la centrale syndicale.

Ce qu’il faut face au banditisme syndical ? La fermeté, la radicalité et l’application stricte de la loi.

Quand un syndicaliste prend en otage les examens de ses étudiants et refuse de revenir à la table des négociations, il faut le priver de salaire jusqu’à ce qu’il craque.

Quand un syndicaliste prend en otage le carburant de toute la population et refuse d’appliquer la loi et les consignes de son syndicat, il faut le licencier car il discrédite l’Etat et le syndicat. On n’est plus dans le militantisme syndical, on est dans le banditisme ! Qu’il aille se plaindre au Tribunal administratif, on verra après. Entre-temps, qu’il rejoigne le banc des chômeurs qui ne veulent pas travailler et que son poste soit offert à un chômeur qui veut travailler.

L’Etat se doit d’être radical quand ses lois sont bafouées. La loi doit être appliquée coûte que coûte. Les ministres qui font preuve de fermeté quand l’Etat est ridiculisé et que les lois sont bafouées, doivent être soutenus par toute la classe politico-médiatique. Les syndicalistes et CPRistes qui veulent casser cet Etat doivent être mis en hors d’état de nuire, car il y va de notre survie à nous tous que l’on soit Etat, syndicats ou simples citoyens.

Par Nizar Bahloul
06/05/2019 | 16:59
7 min
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Commentaires (14)

Commenter

Hachani
| 12-05-2019 12:12
Je vous invite Mr Nizar Bahloul à réviser vos propos concernant le syndicat d'IJABA. En fait, la seule revendication de ce syndicat est d'appliquer la loi : application d'un accord signé en 2018 que Mr le ministre (voulant toujours être hors la loi) n'avait pas respecté. Donc Monsieur le journaliste il ne faut pas mettre tous les '?ufs dans le même panier pour ne pas vous accuser (et à votre façon)
"journaliste ou pas, un '?'?'?'? est un '?'?'?'? !!!".

youssef
| 07-05-2019 19:06
Vous avez complètement raison, nous vivons dans un Etat de non droit

Abder
| 07-05-2019 08:53
Analyse aussi pertinente que courageuse. Rien à ajouter. Sauf que le pays coule sous le poids de la dette. Et que les générations futures vont payer la facture!

rzegfrezgfre@yahoo.com
| 06-05-2019 23:39
Ya bahloul dit toi que les personnes anti-système sont nombreuses et il n'existe pas que le CPR.
Ton amour et ta nostalgie vers les bourgibistes et RCD tu peux le garder en anonymat, fait des articles professionnel et neutre stp

HatemC
| 06-05-2019 19:42
On connait ton alignement aux Abbou et Marzouki et arrête un peu le laudateur '?' on a aussi vu la vidéo de l'hystérique abbou '?' HC

Mohamed 1
| 06-05-2019 19:18
Les militaires dans les casernes.
Les syndicalistes dans les centrales !
Nous ne sommes plus en 1956. Les syndicalistes étaient à ce moment des patriotes qui sortaient d'une confrontation sanglante avec la France.
La plupart étaient issus des rangs du Destour. C'était de vrais patriotes. Des bâtisseurs qui pouvaient être associés au pouvoir.
Quelle comparaison avec les syndicalistes d'aujourd'hui ? Prenons un Yaacoubi par exemple. La comparaison est possible ? Vaut mieux en rire.
Une première alerte a eu lieu le 26 janvier 1978 quand Achour, changeant subitement de profil, s'est senti pousser des ailes le poussant à briguer le poste de premier ministre détenu alors par Hédi Nouira.
Après le 14, devant l'évaporation de l'Etat, l'UGTT s'est transformée en conglomérat de petits caïds tenant chacun un secteur.
Il faut faire le ménage. Sinon, il n'est plus possible de continuer avec des syndicats dont le seul but est de faire de la politique et de vouloir accéder au pouvoir. Détruire les institutions au prix de chantages inouïs est devenu une simple formalité pour eux.
Les syndicalistes, ou ils deviennent patriotes, ou ils restent dans les centrales !

Forza
| 06-05-2019 19:10
1- Concernant le conflit opposant Mme Abbou à Mr. Ben Salem, c'est monsieur Ben Salem qui a déclenché les hostilités et j'ai vu la Video. Il était impoli et se moquait d'une femme malade, tout sauf un gentil man.
2- Mr. Boujila est un des rares chroniqueurs qui n'appartient pas à l'ancien système. Le système Rcdiste dispose d'un très grands groupes de journalistes dont Belqadi, Boughaleb, Laamari, Boubaker Ben Akacha pour ne citer que quelques-uns. Wataniya est bien sûr une chaîne publique mais je les salue pour avoir ouvert la porte à des personnes non appartenant à l'ancien système et créer de la façon un peu de pluralité d'opinions, les cprs sont assi des tunisiens et ne sont pas venus de mars.

HatemC
| 06-05-2019 18:55
Si tous les Tunisiens lisaient ces articles parus sur BN peut-être qu'ils verront leur propre reflet '?'

Si nous soutenons que la conscience de l'individu n'est que le reflet de la société à laquelle il appartient '?' tout comme la conscience morale qui n'est que le résultat de l'éducation que nous avons reçu '?'

Concernant l'improductivité qui a gagné toutes les couches sociales, vous ne serez pas uniquement taxé de sexiste Mr Nizar mais d'homophobe par la majorité écrasante qui s'est converti à l'islam radicale '?' le zèle touche toutes les couches sociales aussi '?' Ghannouchi est devenu fréquentable ainsi que sa secte assassine '?' alors que cette secte applique la FITNA à tous les niveaux pour mieux s'ancrer dans la société '?'

Autour de nous c'est qui rivalise de religiosité et le crie sur tous les toits '?'. les tunisiens jouent du coude pour crier leur religiosité sur les plateau TV quitte à paraitre homophobe, xénophobe '?' le fils de Lamine Nahdi est le parfait exemple de cette religiosité exacerbée '?'

Oui le reflet de la société Tunisienne est biaisé depuis 2011 '?' la société a changé, je m'autocensure en public non par peur d'un affrontement d'idée mais peur de l'agression gratuite venu de nulle part '?' devant un juge mon agresseur aura le verbe haut puisqu'il m'accusera d'avoir insulter Dieu.

Autrefois on s'imposait une censure politique, aujourd'hui la religion est sacralisé, élevé un niveau presque inégalé par le passé '?' dire que le Ramadan est un gouffre financier c'est déjà de l'apostasie, dire que la séance unique pendant Ramadan est improductive, c'est déjà un blasphème '?'

Pour ce qui est des syndicats, nous constatons avec effroi que ces syndicalistes n'ont absolu aucune formation syndicale, méconnaissent le droit du travail, les entreprises devraient organiser en leur sein des élections syndicales représentant les salariés, l'UGTT joue en monopole dans ce pays et paralyse le pays en envoyant des mafieux bmoquer les sites de production comme on l'a constaté avec El-Kamour, ce syndicat reproduit ce qui s'est passé aux USA, un syndicalisme douteux ...

Aucune vision moderne du syndicalisme, et cela a une cause, le prélèvement automatique des cotisations par l'Etat pour ces syndicats '?'
Ces syndicats dont le plus prestigieux l'UGTT par son passé prestigieux joue sur du velours ... Farhat Hached était un syndicaliste conscient et responsable pas ceux là '?'

Pour responsabiliser ces syndicats :
Rendre les cotisations libre ...
Aucun jour de grève n'est payé '?'
Audit des biens immobiliers de ce syndicat et de ses entreprises '?' HC

mansour
| 06-05-2019 18:33
une leçon de civisme et de patriotisme qui explique le miracle Bourguibien de transformer la Tunisie en un pays moderne avec une réussite économique,sociale et assurer le bonheur du peuple tunisien
Le salut viendra de Madame Abir Moussi d'identifier la cap et vision de sa politique sur celle du Zaim Habib Bourguiba

Zohra
| 06-05-2019 17:21
Inchallah Romdhanik mabrouk

Décidément, ça ne passe pas la pilule, c'est dure. L'article sur Abir, c'était un bel article
Ya sidi elmoussah karim. Nous sommes en plein dedans. LOL