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Habib Essid accouche d'un gouvernement qui surprend
23/01/2015 | 20:01
5 min
Habib Essid accouche d'un gouvernement qui surprend
Enfin, la Tunisie est dotée d'un gouvernement, ou presque, issu des dernières élections législatives du 26 octobre 2014. Mais ce gouvernement devra attendre le passage obligé devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) en vue d’obtenir le vote de confiance. Ainsi, il pourra procéder à la passation, prévue et annoncée, pour le mercredi 28 janvier 2015 avec le gouvernement de Mehdi Jomâa.
Une lecture préliminaire de la composition du premier gouvernement de la deuxième République fait ressortir des points positifs et d’autres qui le sont beaucoup moins. Ce sont, surtout, les points d’interrogations soulevées par la nouvelle équipe gouvernementale qui laissent planer des doutes quant à ses chances de réussite.


Le premier constat est contradictoire avec ce qui était prévu. En effet, on s’attendait à la plus large coalition possible de représentants de partis politique et un nombre réduit de technocrates indépendants.
Mais, finalement, on se retrouve avec l’alliance la plus réduite possible entre Nidaa Tounes et l’Union patriotique libre (UPL), alors que les indépendants technocrates, et ceux appartenant à la société civile, en constituent la majorité des membres.

Pourquoi on en est arrivé là ? Les observateurs estiment que la faute incombe à Nidaa Tounes qui n’a pas été conséquent avec ses principes énoncés au départ, depuis sa création et durant les campagnes avant les législatives et la présidentielle.
Faisant baser toute son argumentation sur l’opposition entre deux projets de sociétés et criant tout haut que tous ceux qui voteraient contre Nidaa feraient le bonheur d’Ennahdha, Béji Caïd Essebsi et son équipe laissaient croire qu’ils ne pouvaient, en aucun cas, faire bon ménage avec le parti islamiste. Plus encore, après les élections législatives, BCE disait en substance : « On s’alliera avec les gens et les formations politiques qui nous ressemblent ».
Or, dès le lendemain de la présidentielle et son élection à la magistrature suprême, Nidaa et son chef ont changé de ton en laissant entendre que tout est possible, qu’il faut gouverner avec tout le monde et n’exclure personne, ce qui a créé des vagues voire des réticences chez les « amis » au sein des autres partis, notamment le Front populaire et, à degré moindre, Afek Tounes et l’UPL.

La rivalité s’est déplacée, ensuite entre l’UPL et Afek quant au nombre et la nature des portefeuilles alloués à chacun d’eux. Ceci a entraîné le gel de la participation du premier cité aux tractations avant de revenir à la charge, vingt quatre heures après, pour décrocher trois postes qui semblent l’avoir satisfait. Avec les départements des Investissements, du Tourisme et des Sports, le parti de Slim Riahi juge qu’il a été « honnêtement » récompensé.
Par contre, Afek estime qu’il a été floué car, en dépit du nombre réduit de sièges obtenus à l’ARP, soit la moitié de ceux engrangés par l’UPL, il reste persuadé que son parti a un poids autrement plus consistant et mériterait, par voie de conséquences, des postes plus importants aussi bien en nombre qu’en envergure. Et devant le blocage sur ces points, Afek a préféré se retirer et ne pas faire partie du cabinet de Habib Essid.

Pour revenir à Ennahdha, certains avancent que le chef du gouvernement chargé lui a proposé des postes tellement « insignifiants » qu’il était sûr de son refus, ce qui constitue une manière indirecte et détournée pour écarter le parti islamiste. Un calcul qui s’est avéré, en fin de compte, payant puisqu’Ennahdha ne figure pas au sein de l’équipe de M. Essid.

Reste Nidaa Tounes qui a récolté une belle moisson, mais sans oublier qu’il n’a pas respecté la clause qui a été émise par Béji Caïd Essebsi en personne quant à la non participation des élus appartenant à Nidaa au sein du gouvernement. Mais là, aussi, il semble que les « Barons » de Nidaa sont parvenus à imposer leurs desiderata en intégrant le gouvernement pour certains d’entre eux, à l’instar de Lazhar Akremi, Saïd Aidi et Selma Elloumi Rekik.
Et outre Touhami Abdouli, qualifié de « nidaïste » pur et dur, et qui s’en est sorti avec un poste de secrétaire d’Etat, on notera la présence de deux autres hauts cadres de Nidaa, à savoir Mahmoud Ben Romdhane et Slim Chaker, les deux architectes du programme économique et social du parti de BCE.

L’autre fait saillant consiste en la présence renforcée des indépendants dont notamment ceux ayant accaparé les ministères de souveraineté avec les Farhat Horchani au département de la Défense, Mohamed Najem Gharsalli à l’Intérieur et Mohamed Salah Ben Aissa à la Justice. Ainsi, hormis le ministère des Affaires étrangères, revenu à Taïeb Baccouche, les trois autres ont été confiés à des indépendants.

Pour les indépendants, il y a lieu de souligner la présence de personnalités appartenant, notamment, à la société civile, en l’occurrence les Kamel Jendoubi, Khedija Cherif, Mejdouline Cherni, etc.
On signalera, également, la présence d’un quota de neuf femmes au sein du nouveau gouvernement, ce qui signifie un respect des engagements pris dans ce sens. De même pour le nombre global des membres du cabinet, il s’est élevé à quarante, soit un chef, 24 ministres, un secrétaire général et 14 secrétaires d’Etat.

A part des lectures neutres, certaines critiques ont commencé à fuser dont celle criant au conflit d’intérêt suite à la nomination de Maher Ben Dhia en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports alors que le président de son parti, Slim Riahi, est président du Club Africain, ce que le ministre concerné estime un faux argument dans le sens où le ministère n’intervient nullement dans les affaires des fédérations sportives et, encore moins, dans celles des clubs.

Reste, enfin, la question cruciale de savoir si le gouvernement, avec la présence de représentants de deux partis seulement, parviendra à passer l’obstacle du vote de confiance à l’ARP. En effet, un simple calcul donnerait 102 voix (celle des élus de Nidaa et de l’UPL).
Certains misent sur d’éventuels ralliements de la part de députés nahdhaouis et « jabhaouis » et restent persuadés que l’obtention d’une dizaine de voix supplémentaires n’est pas difficile à réaliser. Mais est-on sûr que Nidaa va faire le plein des voix de ses élus ? Une question et une inconnue qui seront élucidées le jour du vote de cette fameuse confiance.


Sarra HLAOUI
23/01/2015 | 20:01
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Commentaires (19) Commenter
Le génie de BCE
Premiumwatcher
| 25-01-2015 10:15
On sent la patte de BCE, faute de majorité absolue confortable, BCE divise et installe la peur de l'autre. Tous les partis sont d'office mis devant un choix cornélien : rejeter le gvt au risque de pousser nidaa dans les bras de l'autre!! Si le FP et Afek rejettent le gvt, ils ouvriront une voie royale à un tandem ennahdha nidaa, si c'est ennahdha qui rejette, elle pousse nidaa dans les bras de son pire ennemi! Alors qui va degainer le premier?
On nous roulera pas dans la farine
veritas
| 25-01-2015 10:00
Certaine nomination sont très bizarre ça ne peut être que des noms nahbaoui secret non connu malgré que ennahba joue en ce moment la victimisation et fait semblant qu'aucun ne fait partie de leur rang,c'est a douter a 1000%.
Du sang neuf
HatemC
| 24-01-2015 23:23
Que voulez vous .... remettre le même couvert ...
Reconduire les mêmes figures du passé ?

Vous aurez voulu voir qui au GVT ?
Des chefs de partis ou leur lieutenants ?
C'est impossible ...
Faisons un parallèle ....vous imaginez un François Hollande président prendre comme ministres des chefs de partis ?????
Mélenchon ...LePen ... Sarkozy ....
Bin c'est pareil en Tunisie .. les Hamma ... Taieb ... Brahim ... ne sont pas éligibles.
Ils peuvent être déçu ... c'est leur problème ....

Le parti qui gagne les élections fait sa politique ....

Essid a trouvé la formule ... tout chamboulé ... et installer des inconnus ....

Approuvez ce GVT .... juste 100 jours puis critiquez le ... laissons lui le bénéfice du doute ....
Le sens de l'expression reprend cette notion ...
"Je ne te crois qu'a moitié, mais comme j'ai un doute, je vais te faire confiance" ....

Tous les Tunisiens sont impatients .... soutenons ce GVT pendant 3 mois ...Hatem Chaieb
que chacun s'occupe enfin de son travail !
drmohamedsellam
| 24-01-2015 17:22
Equipe très fournie,composée d'un nombre pléthorique de ministres de tous bords'Il y a des ministères qui ne sont pas nécessaires impérativement'Quoi qu'il en soit,il faut qu'elle se mette au travail le plus rapidement possible..Le pays en a besoin.
@ MST
Citoyen_H
| 24-01-2015 17:16

Tout simplement.

C'est pour cela qu'il nous faudrait un régime mené par une main de fer pour mater les "jamais contents" & les "affamés fainéants" que cette révolution a mis au grand jour.

Nous adorons les figues de barbarie épluchées et le tout cuit.
J'aimerai bien savoir, exceptés les membres forces de l'ordre massacrés par les mercenaires des ex-gouvernants, ce qu'ont réellement subi les pseudos-martyrs, comparés à tous ceux qui sont tombés pour nous délivrer des forces coloniales.

Où étaient tous ces râleurs à cette époque.
Ils étaient tous terrés tels des rats apeurés, baignant dans une lâcheté sans nom.
Une fois le travail fait, ils sont tous sortis de leurs tanières pour réclamer un dû qui ne leur a jamais appartenu.

Et dire qu'ils ont créé un ministère pour tous les bandits imposteurs qui ont profité de cette maudite révolution, pour planifier des opérations de pillage hors normes..
Jamais la honte & le ridicule n'ont culminé à ce point.
Salutations.





Le mauvais choix ( suite et fin)
Talha Husseini (hôtelier)
| 24-01-2015 15:38
Mauvais choix du ministre du Tourisme Talha Husseini ( Hôtelier) |24-01-2015 12:09 Ministre du Tourisme : Le secteur du Tourisme bat de l'aile depuis 2010 et aucun des préposés au Ministère depuis cette date n'a pu, ni su , améliorer la situation, étant donné que le secteur est dépendant de la sécurité et de la stabilité.
Il faut aussi souligner , qu'aucun n'était un enfant du secteur et que les nominations ont été purement politiques pour parer au plus pressé.
Mr Mohsen Hassen UPLISTE vient completer la liste des inconnus, même si il a papillonné en 2006 dans le secteur grâce à certains audits effectués lors de la mise à niveau des hôtels. Ces audits ont été sous traités par d'autres cabinets qui ont remis les expertises au cabinet du futur Ministre.
Est-ce que cela lui donne les compétences et capacités pour devenir Ministre d'un secteur moribond et touché de plein fouet par les conséquences de la révolution ? Je dis non.
Je dis en toute honnêteté que Mr Hassen, n'est pas le bon choix et que Mr Essid ne rend pas service au secteur mais bel et bien à Mr Slim Riahi. Un mauvais casting.
Comment peut-on donner un ministère aussi délicat et important à un inconnu pas suffisamment compétent dans ce secteur.
Je résume son programme après installation : nomination d'un nouveau chef de cabinet, d'un nouveau DG à la tête de L'Ontt, étudier certains dossiers laissés par Mme Karboul, établir son programme régional de visites, réunir les professionnels du secteur, changer les commissaires régionaux et les représentants à l'étranger, être présent aux foires importantes , et discuter avec les grands Patrons des TO pour aider la Tunisie à améliorer ses entrées et son image.
Voilà un programme on ne peut plus classique, sauf que Mr Hassen n'a pas les compétences pour établir un entretien profond, productif et competent avec les grands professionnels.
Au risque de me répéter, c'est un mauvais choix.
G vt faible
Amilcar
| 24-01-2015 15:08
Les ministeres, defence,interieur et justice , laches , donnes a des soi-disants independants, qui constitue un Gvt faible sans colonne vertebrale , au grand bonheur des islLamistes. grande deception de Nidaa et de son manque de clairvoyance .
Gov de la sérénité
rzouga
| 24-01-2015 12:36
A mon avis c'est un choix judicieux qui a su éviter toutes les discordes et on reconnait là une touche particulière! BRAVO
Arrêtez de pleurnicher !
MST
| 24-01-2015 11:33
Mais qu'est-ce-que vous voulez ?:
Pas d'islamistes, pas de technocrates, pas de nahdhaouis, pas de cpr, pas d'indépendants, pas d'administratifs, ... vous aurez toujours quelques chose à dire finalement. Vous avez eu vos élections, maintenant au boulot !

Le peuple Tunisien ne s'arrêtera jamais de critiquer, lâchez les cafés et allez bosser au lieu de toujours vous lamenter sur votre sort ! arrêtez de faire les Français, regardez où ça les a menés !

Occupez-vous de votre devoir, et laissez les gens travailler, bande d'ingrats !
Nous n'avons que ce qu'on merite !
kacemabakricha
| 24-01-2015 11:10
pourquoi s'etonner de la composition de ce gouvernement, alors que c'est la pure volonte de celui qui l'a forme (le gourou GHANNOUCHI):une equipe a sa propre merci en compensation de son ententente avec BCE et leurs maitres Americains.