alexametrics
mercredi 24 avril 2024
Heure de Tunis : 18:28
Chroniques
Si tu n'es pas avec Hafedh, c'est que tu es contre Caïd Essebsi
30/11/2015 | 15:59
5 min

 

A l’actualité cette semaine, un kamikaze s’explose dans un bus de la Garde présidentielle et fait douze morts. Paix à vos âmes braves soldats ! C’était mardi 24 novembre. Le bilan de l’attentat est suffisamment lourd pour que le pouvoir politique en tire sérieusement les conséquences cette fois, d’autant plus qu’il est le troisième du genre en huit mois.

L’attentat a eu lieu mardi. Mercredi et jeudi, nous avons chaudement pleuré nos soldats et animé les différents plateaux télé pour dénoncer la barbarie et jurer nos grands dieux de faire de la lutte contre le terrorisme la priorité de nos priorités. Vendredi et samedi, nous nous rendons compte qu’il y a un couvre-feu à Tunis rendant impossible un dîner en ville et toute soirée entre copains. Dimanche, nous avons déjà oublié, pour passer à d’autres « priorités ».

 

S’il y a un qui doit fixer la priorité des Tunisiens et les rassurer en cette période d’insécurité et de crise économique, c’est assurément le président de la République. Jouant parfaitement le rôle qui lui est dévolu, Béji Caïd Essebsi s’est adressé à la nation dimanche 29 novembre, la deuxième fois après l’attentat sanglant du mardi. Grâce au président de la République, nous voilà donc fixés sur nos priorités et elles sont les trois suivantes, d’après le chef suprême des armées :

- l’unité nationale (30 secondes) : il faut que les islamistes et anti-islamistes cessent de se tirer les uns sur les autres.

- la paix sociale (3 minutes 30 secondes) : il faut que les patrons et les ouvriers cessent de se tirer les uns sur les autres.

- la concorde au sein de Nidaa (11 minutes) : il faut que les pro-Hafedh et les pro-Mohsen cessent de se tirer les uns sur les autres.

Ceux qui s’attendaient à ce que le chef de l’Etat annonce le limogeage de son chef du gouvernement ou la prise de décisions drastiques contre le terrorisme, peuvent aller se rhabiller.

Pour mettre en application les directives présidentielles, je propose d’organiser une méga soulamia (ou une orgie) avec, sur la tribune, Samir Taïeb et Abdellatif Mekki ; Houcine Abassi et Wided Bouchamaoui ; et Hafedh Caïd Essebsi et Mohsen Marzouk. Cela illustrerait véritablement la concorde nationale, de quoi faire peur aux terroristes qui iront se faire exploser ailleurs !

 

Ce que je considérais, ici-même, comme un non-sujet est en réalité une priorité nationale, si je me réfère au président de la République et au timing qu’il a consacré à Nidaa Tounes.

Le fond du problème au sein du parti présidentiel, depuis le départ de son fondateur au palais de Carthage, est un problème de leadership. Chacun se voit comme leader capable de diriger le parti, mais aucun n’a réussi à s’imposer.

Dans une logique purement moderne et démocratique, on passe aux urnes. Quitte à voir un incompétent élu à la tête du parti et prendre le risque que Nidaa échappe des mains de ses fondateurs. C’est en résumé la solution prônée par le camp de Mohsen Marzouk.

Dans une logique de calcul de politique politicienne, se voulant sensée, le leader doit être adoubé par consensus. On part du principe que l’on va perdre beaucoup de temps pour mettre en place les structures, établir les listes électorales, organiser les bureaux etc. C’est la solution prônée par le camp de Hafedh Caïd Essebsi.

 

Par son discours du dimanche 29 novembre, Béji Caïd Essebsi (qui est père de Hafedh avant d’être président de la République) a levé le petit doute qui existait et a choisi son camp.

Le président de la République se doute-t-il qu’il n’a fait que servir Mohsen Marzouk par sa prise de position ? Sait-il que l’on est au XXIème siècle, dans une IIème République et que le choix (consensuel) de tous les Tunisiens réside justement en cette démocratie, la moins mauvaise des solutions ? Sait-il qu’il est le président de tous les Tunisiens et que Nidaa et ses problèmes sont le cadet de leurs soucis ?

Le fait est là, BCE a violé son obligation de réserve, n’a pas respecté son statut de président de la République, a oublié qu’il se devait de rester au dessus de la mêlée et est descendu sur le ring. Maintenant, on sait à quoi s’en tenir, si tu n’es pas avec son fils, c’est que tu es contre lui.  

Tout sera mis en œuvre pour atteindre cette fin, quitte à intimider devant chez lui le patron de la plus grande radio du pays (coupable d’indépendance éditoriale) et quitte à consacrer à ce sujet les deux-tiers d’un discours attendu, cinq jours à peine après un attentat sanglant touchant ses propres gardes. BCE ne nous a pas laissé une grande marge d’analyse pour comprendre autre chose que cela.

 

Quid de la nécessité de mettre en place une tradition démocratique, partout dans le pays, y compris dans son parti ? Ce n’est pas le moment, on n’a pas le temps.

Quid des véritables priorités du pays que sont la lutte contre le terrorisme, la crise économique aigüe, les tensions dans les régions, l’incompétence gouvernementale ? Elles attendront.

Quid de la mollesse de Habib Essid et de ses échecs ? Il n’a pas de remplaçant consensuel.

Aux dernières nouvelles, le chef du gouvernement ne sera pas délogé de la Kasbah et il nous jettera, la semaine prochaine ou celle d’après, de la poudre aux yeux sous forme de « haykalat el houkouma ».

Les entreprises sont en faillite, les Tunisiens réclament des augmentations, les terroristes sont à 100 mètres du ministère de l’Intérieur, mais la priorité c’est Nidaa et le camp du fils.

Il y a comme de l’anachronisme à la présidence de la République… Et il est fort à craindre que Béji Caïd Essebsi ne soit frappé par cette malédiction du palais de Carthage qui a déjà frappé Habib Bourguiba, ZineEl Abidine Ben Ali et Moncef Marzouki… Paix à l’âme de nos martyrs ! 

30/11/2015 | 15:59
5 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous

Commentaires (31)

Commenter

amal
| 09-12-2015 01:08
dans le Nouveau Testament, il est écrit : " au Nom du Père et du Fils ", si tu ne crois pas en l'un, tu ne peux pas croire en l'autre. Ils sont donc Un et Indivisible.

Désolée, je n'ai commenté que le titre.

imadou.......et autres
| 07-12-2015 06:33
Je prefere les sites honnetes et independants,qui respectent leurs intervenants et lecteurs
et ne les manipulent pas.Dommage.

Imado
| 06-12-2015 10:18
Businessnews.com.tn | Journal électronique de Tunisie

Veuillez ecrire correctement electronique sur le portal Google
merci de bien vouloir le faire

BN: Ce souci existe avec certains ordinateurs. Notre site n'est pas responsable de ce problème.

Bacchus
| 03-12-2015 19:25
...une fois pour toute d'être des lèches bottes et de pratiquer le culte de la personnalité. Autre chose personne ne pourrait donner des renseignements sur le parcours scolaire de HCE et sur son parcours professionnel?

cimba
| 01-12-2015 13:01
"Ceux qui s'attendaient à ce que le chef de l'Etat annonce le limogeage de son chef du gouvernement " Si Nizar, vous vivez encore l'époque Ben Ali????? c'est l'ARP qui peut limoger et non BCE

Moez
| 01-12-2015 11:57
C'est vous, partisans du vote "utile", qui avez voté pour cet incapable... Personnellement, j'ai refusé de choisir entre la Peste (Marzouki) et le Choléra (BCE). C'est vous qui avez considéré que l'un était "moins pire" (j'adore cette expression) que l'autre. Assumez votre choix... Même Marzouki n'est pas tombé aussi bas.

citoyen
| 01-12-2015 09:30
je ne suis pas hafedh et je ne serai plus BCE . ce n'est pas la fin du monde ! BCE a réalisé son rêve : dormir dans le lit de Bourguiba . Nous , nous ne sommes pas sortis de l'auberge . on s'est trouvé finalement sur un même banc nous et nos premiers adversaires !
Bourguiba doit se retourner dans sa tombe !

Mahmoud
| 01-12-2015 01:58
Bravo si Nizar. Toujours aussi percutant avec élégance et finesse. BCE a raté le coach. Il est de plus en plus le Roi Lear. C'est piteux et lamentable. On le croyait plus sage et plus mur que la classe politique Nationale, mediocre et dépourvue de loyauté à la patrie, à l'intêret national...on a tort. Ils sont tous pareils. La Tunisie pour eux c'est juste le pouvoir. Mais nous Avons les gouvernants qu'on merite.

DIEHK
| 01-12-2015 00:50
Avec son ami le Cheikh, on n'arrive pas à décoder ce qui se trame dans le dos des Tunisiens?
Pour la 2 ème fois BCE viole la constitution et personne ne trouve rien à dire?
Je l'ai écris plusieurs fois au nom de la diaspora que ces pratiques nous dirigent directement vers une Dictature Islamo-Tajamaouiste si TOUT le monde ne se lève pas comme un seul homme.
Nos deux Cheikhs savent très bien qu'il n'y a eu jamais de RÉVOLUTION en Tunisie mais ils s'accommodent avec la situation actuelle crée artificiellement pour EUX et ils veulent instaurer le système TURC en Tunisie et ça nous mènera un jour ou l'autre à une vraie RÉVOLUTION doublée d'une guerre civile ce que tout le monde feint d'ignorer dans ce pays de gueux!!!!!
Les Tunisiens ont toujours connu les Dictatures et l'injustice et apparemment veulent subir le même sort qu'avant!!!!!
Par votre article, vous risquez d'avoir toutes les emmerdes que subissent les non suiveurs et je vous souhaite bon courage dans ce panier à crabes .

abou leith
| 30-11-2015 23:01
n'est pas "bourguibien" qui il veut... il faut plus que des lunettes années 60 pour convaincre qu'on est moderne et leader d'Etat..