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Salafistes et pouvoir : Faut-il attendre d'arriver à un point de non-retour?
27/05/2012 | 1
min
Salafistes et pouvoir : Faut-il attendre d'arriver à un point de non-retour?
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Qui arrêtera ces barbus dits salafistes ? Ils sèment la terreur là où ils passent. Agressions verbales et physiques, saccage des biens publics et privés, incendies, mainmise sur les mosquées, etc. Bref ils font la loi et imposent leurs lois. Le tout, au vu et au su des autorités de l’Etat qui font preuve de mollesse, pour ne pas dire de laxisme.
Des déclarations de bonne volonté, on en a entendues. Celles du ministre de l’Intérieur et de celui de la Justice. Mais concrètement, aucune action pour mettre un terme à ces pratiques.


Les forces de sécurité, exaspérées par cette situation à laquelle le pays et le peuple ne sont nullement habitués, ont fini par se manifester par le biais de l'Union nationale des syndicats des forces de sûreté tunisienne (UNSFST) qui a réclamé les moyens légaux nécessaires pour accomplir leur devoir, et ce par la publication de décrets et de décrets-lois les autorisant à recourir à «tous les moyens dissuasifs» pour mettre fin au désordre et à la violation de la loi.
Le syndicat a, également, lancé un appel au conseil supérieur des forces de sécurité intérieure en vue d’élaborer, «dans les meilleurs délais», un plan sécuritaire «audacieux et fort» pour imposer la sécurité ainsi qu'un cadre juridique «clair» pour protéger les agents de l'ordre.
Ce communiqué des forces de sécurité démontre, si besoin est, que le verre déborde et que la cote d’alerte est déjà atteinte.

Il faut dire qu’au rythme où vont les choses, et si aucune action énergique digne de ce nom n’est prise, le climat sécuritaire et la stabilité sociopolitique dans le pays peuvent déraper à tout moment avec un sérieux risque d’atteindre le point de non retour.
En effet, il n’y a qu’à voir de plus près la succession des faits enregistrés à un rythme effréné dans plusieurs régions de la Tunisie. Cela a commencé avec les incidents à Sidi Bouzid où les barbus ont incendié le poste de police et les bars en activité dans la ville.
Au lieu d’arrêter les malfaiteurs et de les traduire devant la justice, les autorités officielles, représentées par le gouverneur, ont donné raison aux barbus en annonçant publiquement que justement, il fallait déplacer les bars en dehors du centre-ville de Sidi Bouzid.

Encouragés par cette première «victoire», les «salafistes» ont poursuivi leurs «conquêtes» et leurs raids dans d’autres gouvernorats et autres villes du pays. Jendouba, Le Kef, Ghardimaou, Gafsa, notamment, ont été pris d’assaut et leurs habitants vivent dans la hantise d’être maltraités et de voir leurs biens saccagés, surtout que les agents de l’ordre leur ont clairement signifié qu’ils ne peuvent rien pour eux.
Là aussi, des bâtiments publics attaqués, un hôtel incendié, des bars saccagés ou fermés de force, un poste de police mis à feu, des citoyens agressés. D’où une psychose régnant sur ces lieux. Puisque les agents sont allés jusqu’à conseiller aux représentants des médias de ne pas se hasarder à couvrir les événements sur les lieux pour la simple raison qu’ils sont dans l’impossibilité d’assurer leur sécurité.
Un tel aveu de la part des parties censées faire appliquer et régner la loi est gravissime et dénote du degré de laisser-aller qui prévaut chez nous. En effet, ces barbus sont de plus en plus enhardis et agissent au grand jour sans craindre la moindre opposition.
D’ailleurs, devant l’immobilité «forcée» des forces de sécurité, les habitants de Jendouba semblent prendre leur mal en patience et ont pris la décision et les dispositions pour se constituer en comités de défense pour sauvegarder et leurs vies et leurs biens. C’est ce qu’on peut appeler les prémices d’une guerre civile.

Quand des membres du gouvernement, dont notamment Ali Laârayedh et Lotfi Zitoun ainsi que des membres influents d’Ennahdha déclarent que ces barbus sont «nos enfants» avec lesquels il faut dialoguer, on ne s’étonnera plus de la tournure dramatique prise par les événements et de cette fuite en avant suivie par les salafistes sur la voie des violences et des faits accomplis.
Il ne faut pas oublier le fameux meeting des «partisans de la Chariâa» organisé à Kairouan avec la participation de près de dix mille salafistes chauffés à blanc et l’épisode de La Marsa où le pire a été évité de justesse.

Une question se pose, toutefois, à propos de cette triste évolution. A qui profite le climat de terreur qui est en train de s’instaurer sur le pays? Un prédicateur islamique Béchir Ben Hassan, dont le discours circule en vidéo sur les réseaux sociaux émet des hypothèses quant à l’existence d’éventuelles manipulations et autres infiltrations par des éléments qui n’ont rien avec le salafisme, lequel salafisme constitue un courant «pieux, modéré et contre les méthodes violentes», selon ses dires.
Le même prédicateur admet cependant la possibilité qu’ils soient de vrais salafistes. Et dans ce cas, il avoue qu’ils seraient, alors, dans leur tort et qu’il faudrait leur parler pour les remettre sur la bonne voie et, le cas échéant, appliquer contre eux la loi.

Quoiqu’il en soit, la sonnette d’alarme est tirée partout et par toutes les parties, sauf par les autorités officielles qui continuent à tergiverser, ce qui risque de faire pourrir la situation avec toutes les conséquences possibles et envisageables.
En attendant et en espérant l’annonce de vraies décisions pour une action énergique et décisive en vue de mettre un terme à ce fléau, la situation s’envenime et se dégrade. Plus rapide et plus efficace sera la réaction officielle, mieux cela vaudra. Il y va de la réussite ou non de cette étape transitoire.
Car une prolongation du statuquo régnant dans le pays risque fort d’entraîner le chaos avec toutes les retombées néfastes sur les investissements, sur le tourisme, sur l’emploi, sur le développement régional et sur tout le processus démocratique en Tunisie.

Noureddine HLAOUI
27/05/2012 | 1
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