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SOS Villages d’enfants, la crise passe aussi par-là !
24/05/2019 | 17:59
5 min
SOS Villages d’enfants, la crise passe aussi par-là !

Fondée en 1981, l’association tunisienne des Villages d’Enfants SOS est une association de bienfaisance à caractère social et humanitaire, qui prend en charge des enfants sans soutien familial et en danger. L’association compte quatre villages, à Gammarth, à Akouda, à Seliana et à Mahres. En début de semaine, les représentants de SOS villages d’enfants ont lancé un appel à l’aide pour continuer à assurer leur mission dans une Tunisie en proie à une crise économique qui altère fortement la qualité de prise en charge des enfants sans soutien…

 

2dt800, voici le budget quotidien dédié à nourrir chaque enfant pris en charge par l’association SOS villages d’enfants Tunisie. Ce montant, a précisé le directeur national de l’association, Fethi Mâaoui, couvre les trois repas et au vu des prix des denrées alimentaires, qui ne cessent de grimper, devient largement insuffisant.  « Il en est de même pour les frais de scolarité, pour l’habillement, tout a augmenté et nous devrons revoir les budgets à la hausse » a-t-il confié.

 

De nombreux citoyens ont récemment été interpelés par une annonce des plus terrifiantes : trois villages d’enfants seraient menacés de fermeture. En réalité, il n’en est rien. Les représentants de l’association ont lourdement insisté sur le fait que s’il est vrai que les ressources manquent, il n’est pas question de fermer des villages.

 

« Nos villages sont constitués chacun d’une quinzaine de maisons familiales, ces maisons accueillent des enfants et une mère qui les prend en charge. Nous sommes actuellement à 70% de notre capacité d’accueil, cela est dû à notre manque de ressources et à l’orientation de l’association internationale et ce sont 4 maisons que nous avons fermées et non des villages » a expliqué Fethi Mâaoui, dans une déclaration accordée à Business News.

 

Le directeur a tenu à clarifier certains points relatifs à l’autonomie financière de l’association tunisienne. « L’association internationale nous finançait à 100%. En 2012, elle a fait une étude qui a révélé que l’association tunisienne avait assez de potentiel pour être totalement autonome et nous a alloué un budget pour entamer une stratégie dans ce sens. A partir de 2014, les financements internationaux ont commencé à être réduits, en maintenant toutefois les 40% dédiés au parrainage international. Nous serons appelés d’ici 2020 à assurer 60% de nos ressources » a-t-il souligné.

 

Le budget annuel de l’association SOS villages d’enfants Tunisie est estimé à 5 millions de dinars. Un budget qui est récolté grâce notamment aux dons, aux différentes actions menées par l’association et à l’aide de l’Etat. SOS villages d’enfants a également diversifié ses activités en intégrant le parrainage dans les familles originelles et prend ainsi en charge 1061 enfants qui résident chez leurs familles mais dont la situation est difficile. Les villages comptent pour leur part plus de 300 enfants pris en charge.

 

« Nous sommes aujourd’hui dans une situation délicate, et ce que nous faisons c’est alerter sur cette situation pour présenter nos solutions et mobiliser l’Etat et la société civile autour de notre cause. Nous recevons très peu d’aide de la part de l’Etat, 1% du budget qui nous est fourni par le ministère des Affaires sociales pour être exact, soit 50.000dt, qui n’ont pas été versés en 2018. Quand nous avons demandé à reconsidérer notre activité à Seliana, toutes les autorités régionales se sont dressées contre cette proposition et le ministère de la Femme nous a promis un budget de 220.000dt pour que nous puissions continuer à faire fonctionner le site. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons reçu que 34.000dt et nous attendons une aide plus soutenue et plus concrète de l’Etat » a poursuivi M. Mâaoui.  

Le directeur de SOS villages d’enfants a enfin tenu à souligner qu’il n’est pas question de fermer les villages ou d’abandonner les enfants soulignant que ces appels ont pour seul objectif de rassembler, de mobiliser et de faire entendre l’association auprès du plus grand nombre.

 

Les appels lancés par SOS villages semblent avoir été entendus, de nombreux politiciens ont déjà rallié la cause, à l’instar du parti Tahya Tounes qui s’est rendu auprès des responsables de l’association pour discuter de solutions pratiques aux problèmes rencontrés. Ces solutions ont d’ailleurs été proposées par l’association elle-même qui a appelé le ministère des Finances à étudier la possibilité de faire bénéficier le village SOS des conditions d’exonération d’impôts dédiées aux associations à caractère culturel et social.

L’association a également adressé une correspondance au ministère des Affaires religieuses, qui a répondu à l’appel. Le Mufti de la République Othmane Battikh a affirmé, dans une déclaration aux médias, que les villages SOS peuvent bénéficier de la Zakat de l’Aid Al-Fitr et que celle-ci devrait servir à améliorer la situation et l’Etat des villages qui accueillent les enfants sans soutien.

Hier, la ministre de la Femme, Neziha Laâbidi s’est réunie avec une délégation de SOS villages d’enfants afin de trouver des solutions aux difficultés rencontrées par l’association. Le ministère a souligné, dans un communiqué rendu public, que son département a accordé en janvier 2019 une enveloppe de 34 mille dinars à SOS villages d’enfants, consacrée à la prise en charge des enfants accueillis par le village de Seliana. Le ministère a ajouté que 66 mille dinars seront versés à l’association après la finalisation de la signature des accords entre les deux parties.

Au cours de la réunion, il a également été convenu d’accélérer la signature d’un accord de partenariat entre le ministère et l’association sur les domaines de coopération entre les deux parties. Le ministère de la Femme s’est, en outre, engagé à intervenir auprès ses services du ministère des Finances afin d'inclure SOS villages d’enfants au sein des associations qui permettent à leurs donateurs une exemption fiscale totale. Il a aussi proposé de coordonner avec le ministère des Affaires sociales pour examiner la possibilité d’accorder un soutien financier dédié aux ressources humaines de l’association.

 

C’est donc un appel à la solidarité et non un cri de détresse que disent lancer les responsables de SOS villages d’enfants Tunisie. L’association n’a eu de cesse de marteler qu’elle n’abandonnera jamais la cause des enfants, précisant qu’elle se bat aujourd’hui pour pouvoir assurer une prise en charge de qualité qui permette aux enfants sans soutien familial de vivre dignement. D’ici 2020, SOS villages d’enfants devra compter sur un financement local, le délai approche et l’heure est désormais à la mobilisation…

 

Myriam Ben Zineb

24/05/2019 | 17:59
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