J’ai lu avec stupéfaction l’article que Sarra Hlaoui m’a consacré, sous le titre sensationnaliste et impressionniste de «Mezri Haddad demande aux Tunisiens de lui présenter des excuses et les assimile à des bêtes », et qui a été rédigé sur la base d’une interprétation pour le moins biaisée et subjective des propos que j’ai tenu vendredi dernier sur Ettounsiya TV, dans l’émission de M.Hamza Belloumi.

Je constate d’abord que cette jeune journaliste, comme d’ailleurs Hamza Belloumi et un certain Sofiene Ben Hamida, ont besoin de remettre à jour leurs disques durs. Nous ne sommes plus aujourd’hui à l’époque de l’hystérie pseudo-révolutionnaire de 2011, où l’on pouvait calomnier et lyncher en toute impunité au nom du peuple et de sa glorieuse « révolution ». Nous ne sommes plus à l’époque où certains khoubsistes et les panégyristes de l’ancien régime devaient mettre toute leur ferveur pour accabler les figures de ce régime dans le but de désencrasser leur propre souillure et faire oublier leur aliénation d’avant. A cette époque, certains zélateurs de Ben Ali et du RCD se sont transfigurés en zélotes de la « révolution » bouazizienne, ce qui pouvait tout à fait se comprendre.

Je ne reviendrai pas ici sur l’émission d’Ettounsiya TV. Je m’en suis largement expliqué hier dans une vidéo postée sur YouTube et publiée dans ma page facebook. Je voudrai seulement ajouter ici, à l’attention du jeune Iyad Dahmani, que le jour où j’ai démissionné de mon poste d’ambassadeur à l’UNESCO (13 janvier 2011 au soir), en réaction au discours pathétique de Ben Ali, Ahmed Néjib Chebbi, Maya Jeribi et Mustapha Ben Jaâfar cautionnaient ce discours et saluaient les « mesures courageuses du président Ben Ali ». Quant au marzoukiste de la dernière heure et matériste de la première heure, Tarek Kahlaoui alias Tahar Lassoued, il ne mérite aucune réponse de ma part si ce n’est mon royal mépris.

J’aurai souhaité que la composition du plateau d’Ettounsiya TV vendredi dernier soit à la hauteur des enjeux futurs et des périls qui menacent la Tunisie. J’aurai espéré débattre avec des politiciens de ma génération et je ne dis pas de mon niveau car, en démocratie, et plus encore en ochlocratie, la doxa et l’épistémè se valent.

Qu’importe si certains démagogues ou piètres sophistes continuent à entretenir le mensonge selon lequel par l’expression « horde fanatisée », je visais l’ensemble du peuple tunisien. Ce peuple, comme tous les peuples du monde, n’incarne ni l’infaillibilité ni la sainteté. N’étant candidat à aucune élection, ni postulant à aucune fonction, je n’ai pas à le caresser dans le sens du poil ou à le courtiser à l‘instar de certains.

Comme disait Gustave le Bon, dont l’illustre Bourguiba était un attentif lecteur, « Le véritable progrès démocratique n’est pas d’abaisser l’élite au niveau de la foule, mais d’élever la foule au niveau de l’élite ».