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Remaniera, remaniera pas ?
21/07/2017 | 19:59
4 min
Remaniera, remaniera pas ?

L’ensemble de la scène politique tunisienne spécule actuellement sur un prochain remaniement ministériel. Entre ceux qui n’en voient pas l’utilité, ceux qui veulent que ce soit un remaniement en profondeur, tout le monde y est allé de son commentaire. Mais ce remaniement, au-delà des ministres qu’il concernera, constituera un nouvel épisode de la lutte d’influence dont Youssef Chahed est le personnage principal.

 

« Avant de remanier, il faudra évaluer le rendement des ministres, corriger les défaillances et remplacer les postes vacants ». C’est ainsi que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a tranché la question du remaniement lors d’une déclaration transmise par Mosaïque FM le 18 juillet 2017. Il est à rappeler que les ministères de l’Education et des Finances sont actuellement dirigés par deux ministres intérimaires, Slim Khalbous et Fadhel Abdelkefi. Au vu des échéances importantes qui attendent ces deux ministères, Loi de finances 2018 pour l’un et rentrée scolaire en septembre pour l’autre, plusieurs observateurs parient sur des nominations rapides à ces deux ministères.

 

Toutefois, tout le monde ne l’entend pas de cette oreille et certains, parmi les signataires de l’accord de Carthage, estiment que le pays a besoin d’un remaniement bien plus profond que le simple remplacement des ministres évincés. Parmi les tenants d’une telle hypothèse, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi. Le 29 juin, le dirigeant de Nidaa évoquait la nécessité d’un remaniement en profondeur, voire d’une restructuration. En fait, il aimerait voir son parti, Nidaa Tounes, plus représenté au sein du gouvernement pour plus de cohérence dans le travail gouvernemental et plus de représentation du choix des Tunisiens en 2014, selon lui.

Une autre partie, et non des moindres, trouve qu’un remaniement est « nécessaire et important », c’est l’UGTT. Par la voix de son secrétaire général, Noureddine Taboubi le 5 juillet, la centrale syndicale va pousser vers un remaniement qui va plus loin qu’un simple remplacement de ministres, même si les ministres à remplacer sont de première importance pour l’UGTT.

 

Youssef Chahed n’échappera pas à la nécessité de nommer des ministres aux Finances et à l’Education nationale. D’ailleurs, il se dit que ces nominations se feront fin août prochain. Toutefois, l’opinion publique se pose la question de savoir pourquoi changer une équipe qui gagne, si l’on prend en considération la campagne de lutte contre la corruption du gouvernement de Youssef Chahed.

Pour certains observateurs, Nidaa Tounes, en cherchant à tout prix un remaniement profond qui inclurait plusieurs de ses membres dans le gouvernement, chercherait en fait à s’associer au bilan de Youssef Chahed, plébiscité par l’opinion publique selon tous les sondages. Au début de la campagne de lutte contre la corruption, Nidaa Tounes, et particulièrement Hafedh Caïd Essebsi, avaient nourri des craintes vis-à-vis de cette campagne car ils ont estimé que l’un de ses objectifs était de salir l’image du parti et de ses députés. Ensuite, voyant que le succès de Youssef Chahed se répercutait positivement dans les opinions favorables de Béji Caïd Essebsi et de Nidaa Tounes, ce dernier a changé son fusil d’épaule.

Aujourd’hui, il est question de rétablir les liens avec Youssef Chahed, de rappeler à tout le monde qu’il est issu de Nidaa et ensuite de le pousser à constituer un gouvernement avec une forte empreinte du parti pour ensuite profiter de son bilan en vue des élections municipales, dans un premier temps, et des autres échéances électorales par la suite. Donc, il est fort à parier que Nidaa Tounes négociera de pied ferme les nominations en cas de remaniement qui dépasserait le simple remplacement de postes vacants.

 

Mais avant cela, il faudra contenter Ennahdha si jamais l’on se dirige vers un remaniement profond. Il ne faut pas oublier que l’ensemble des nouvelles nominations devra être validé par l’ARP au sein de laquelle la première force est désormais le bloc d’Ennahdha. Il faudra, à ce moment là, céder un ministère au parti islamiste, et il est fort à parier qu’il s’agisse de celui de la santé. D’un côté, le rendement du ministère de la Santé aujourd’hui est loin de faire l’unanimité sous la houlette de Samira Meraï. D’un autre côté, l’un des faucons d’Ennahdha, Abdellatif El Mekki, lorgne sur ce portefeuille depuis longtemps déjà. Si un tel scénario se réalisait, cela permettrait de calmer les ardeurs de l’un des principaux opposants du grand patron du parti islamiste, Rached Ghannouchi. Donc, El Mekki finirait par obtenir ce qu’il veut et l’ambiance générale au sein d’Ennahdha se calmerait.

 

Et Youssef Chahed dans tout ça ? La prudence qu’il applique dans le choix des termes concernant le remaniement indique qu’il n’est pas, lui-même, convaincu de la nécessité d’un remaniement profond de son gouvernement. Tout d’abord, il souhaite donner le maximum possible de stabilité à son gouvernement en évitant de le remanier chaque été, comme lui-même l’a déclaré. Donc, pour lui, il serait plus logique de se contenter de pourvoir les postes vacants uniquement. Ensuite, il ne souhaite pas se mettre en position de « otage » de n’importe laquelle des forces politiques qui vont négocier ce remaniement dans le but de rester seul aux commandes.

 

Derrière la nécessité de pourvoir les postes vacants au sein du gouvernement, aux Finances et à l’Education nationale, c’est une vraie partie d’échecs qui s’annonce. Entre les calculs de Nidaa Tounes, les pressions de l’UGTT et les volontés de Youssef Chahed, les négociations promettent d’être ardues. Tout cela sans parler des autres intervenants que sont l’UTICA ou, Machrouu Tounes de Mohsen Marzouk. Tout cela sans compter non plus sur les interventions de la présidence de la République qui ne se contentera certainement pas du rôle d’observateur.

 

Marouen Achouri  

21/07/2017 | 19:59
4 min
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Commentaires (9)

Commenter

G&G
| 23-07-2017 10:09
Elle avance cette vipère lentement mais surement tout droit vers ces deux vieux dont les jours sont comptés.
Remaniera ou remaniera pas sauve qui peut. Le tsunami est à quelques lieux.

G&G
RCDiste et fier

takilas
| 22-07-2017 23:13
Qui ont été nommés par la menace et le chantage.
Juste pour le décor, ou de partage d'un gâteau ou on ne sait pas quoi.
Il faut des compétents et connaisseurs, on en a assez de tâtonnements et de chefs chantier, voire de soi-disant protection d'arnaque et de manigance.
C'est fini maintenant cela a été fait avec le cirque de vagabonds et miliciens de nahdha de protection de révolution, il y en a assez ! Tout le monde a compris qu'il s'agit d'une corruption protégée par les députés de nahdha qui font honte par leurs flagrantes manigances, et plus s'enrichissent et plus ils grossissent.
Citez moi un seul de nahdha (homme ou femme) qui pèse moins de cent quarante kilos et qui ne s'habille pas par du signé et qui ne porte pas de bijoux onéreux, et ce que "taktakou" rien devant le luxe dans lequel ils vivent. Qu'ils nous revisionnent comme ils étaient habillés en 2011 lorsqu'ils étaient venus de Londres et de Paris.

DHEJ
| 22-07-2017 16:27
Comment répondre à la question si la PORTANCE DU GOUVERNEMENT n'est pas calculée? Une Portance qui dépend de quelles FORCES au fait?


C'est bien cette force qui est nécessaire pour MANIER le Gouvernement ou le REMANIER.


Or cette force est HYBRIDE entre les mains d'à l'actuelle majorité parlementaire qui n'est que NAHDHA-NIDAA soit NANI!

Est gestion cette force qui assure la PORTANCE DU GOUVERNEMENT du GAMIN candidat de la nouvelle majorité: LA NAHDHA dont est issu LE GAMIN autrefois nominé par NIDAA!

Citoyen_H
| 22-07-2017 13:05

Je ne sais plus exactement qui, avait déjà dit qu'on avait la meilleure constitution du monde?

Avec beaucoup de retard, je viens de percuter.
Il s'agit en fait de la meilleure constitution, vue du coté des élus.
En bref, les députés sont intouchables, quelque soient les écarts constatés.

Si les bouseux bagla-liha avaient mis trois ans pour nous pondre cette gargantuesque "kakatution", c'est parce les ploucs imposteurs de l'époque se sont arrangés pour se glisser dans la seconde place du podium de la sacralité, juste après notre créateur.

On est très mal barré.
On est juste à l'orée des malheurs qui nous attendent.

Salutations.



sassi
| 22-07-2017 12:45
un remaniement chaque six mois fait affaiblir le potentiel des hommes et des ministres compétents sur ce territoire
à ce rythme combien on dispose de ministres de secrétaires d'etat de chefs de cabinets de directeurs..
c'est une politique d'épuisement ce remaniement
et une politique des putshistes

veritas
| 22-07-2017 11:55
Assez de cinéma faites un seul parti qui s'appellera nidaa-ennahba et non pas tunis car ils n'ont rien de tunisien ,Malheureusement les tunisiens ont été trahis et n'ont plus confiance en aucun musulman ainsi soit il ,les colonisateur les du pays n'ont eu la dent dur contre la tunisie et les tunisiens comme c'est le cas aujourd'hui chose faite par les islamo-fascistes et leur sbires de nida de abbou ,du cpr et de toute la bande qui est à la solde des khwanjias mercenaires du Qatar de la Turquie et des anglo-saxons.

MT
| 22-07-2017 11:24
Au contraire, il faut aller voter et sanctionner ces deux partis,si non vous favorisez systématiquement Ennahda !Et j'ajoute comment est ce que possible que Nida coopère avec les assassins,et pour combien de temps ces deux partis vont ils cacher leurs crimes??!!!

takilas
| 21-07-2017 21:48
Il faut :
- Designer des responsables qui ont des compétences adéquates, et qui n'ont aucun rôle politique avec un parti et étroitement suivi pour d'éventuelles connivences avec les partis.
- Démunie les députés de l'immunité parlementaire.
- Obliger tous les responsables ainsi que les députés de déclarer leurs biens.
En conclusion, nous remarquons que les députés et leurs caprices de leurs partis respectifs, deviennent un obstacle évident pour la marche du pays.
Rôle du député à proscrire et éclaircir.

hadou
| 21-07-2017 20:49
monsieur chahed ainsi que tous ceux qui l'ont precedé ainsi que monsieur béji caid sebsi ont promi la verité sur les meurtre de bel3id et brahmi..et ils n'ont pas tenu leur promesse...honte à eux..et c'est pour cela que la majorité des tunisiens ne mettront plus les pieds dans un bureau de vote...