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Qu'avons-nous fait de notre République en 60 ans ?
24/07/2017 | 19:59
4 min
Qu'avons-nous fait de notre République en 60 ans ?

Le 25 juillet 2017, nous fêterons 60 ans de République. Soixante ans pendant lesquels l’Etat s’est cherché quelques fois et pendant lesquelles il a été dans l’obligation de muter. Une mutation dont la quintessence était l’avènement de la deuxième assemblée constituante et le vote d’une deuxième constitution. Toutefois, les effets sur la vie quotidienne des Tunisiens ne se font pas ressentir. Alors, pouvons-nous réellement parler de deuxième République ?

 

C’était le 25 juillet 1957 que l’assemblée nationale constituante décide l’abolition de la monarchie et donc l’instauration de la République, dont Habib Bourguiba sera le président. Jusqu’au 26 janvier 2014, la Tunisie aura eu 4 présidents : Habib Bourguiba, Zine El Abidine Ben Ali, Foued Mebazâa et Moncef Marzouki. Pendant la majeure partie de la présidence de Habib Bourguiba, le pays a connu une certaine expansion au niveau économique et infrastructurel, cela s’est poursuivi sous la présidence Ben Ali.

 

C’est au niveau des droits et des libertés fondamentales que la Tunisie n’a pas su (ou voulu) sauter le pas, ce qui a créé chez les citoyens tunisiens une certaine frustration. Une frustration qui allait en grandissant avec les dépassements de l’ancien régime. C’est ainsi que la deuxième République est née. Le vote d’une nouvelle constitution, la mise en place d’une autre assemblée constituante, le changement fondamental du système politique… sont autant de moyens par lesquels une certaine classe politique espérait conjurer le sort et barrer la route à toute nouvelle tentation hégémonique en dispersant le pouvoir entre trois pôles qui sont l’Assemblée des représentants du peuple, la présidence du gouvernement et la présidence de la République.

 

Sauf que cette dispersion du pouvoir, couplée à l’avènement de nouvelles têtes inexpérimentées et avides, aux postes de responsabilité, a eu des effets désastreux à tous les niveaux. Déliquescence de l’Etat, creusement de tous les déficits, situation économique intenable, crises sociales à répétition…l’avènement de ce que l’on croyait une certaine liberté ne s’est pas fait sans dégâts. Par conséquent, la deuxième République, même s’il est encore trop tôt pour en juger, est le synonyme de la reconquête de certaines libertés, comme celle de l’expression ou de la presse. Elle s’est trouvée également être le synonyme de la perte du prestige de l’Etat et d’un certain immobilisme. Ceci peut être expliqué de manière objective par la dispersion des centres de décision et le fait qu’il faille s’adapter à ce nouveau système. La deuxième raison est plus vicieuse. Cette dispersion du pouvoir fait qu’il est parfaitement concevable aujourd’hui qu’un directeur par exemple sabote, discrètement, l’action d’un ministre qui se trouve obligé de le garder par le jeu des équilibres politiques. L’Etat, et par ricochet la République, deviennent le théâtre où se confrontent les enjeux politiques et où se concentrent les manigances politiciennes.

 

C’est principalement ce phénomène de déliquescence, de perte de prestige et d’autorité de l’Etat qui inquiète une certaine partie de l’opinion publique tunisienne. Une opinion qui rassemble plusieurs personnes d’un certain âge qui ont été les contemporains de Bourguiba et qui restent viscéralement attachés au rôle protecteur de l’Etat dans sa vision forte et omniprésente. Une autre partie de l’opinion trouve que ces perturbations sont une sorte de passage obligé ou de prix à payer pour que s’installent définitivement les libertés et le respect des droits en Tunisie. Ils soutiennent que cela est plus important pour les générations futures que de laisser des routes et des ponts.

Entre ces deux points de vue, il en existe un troisième qui ne se trouve pas représenté de manière aussi bruyante que les deux précédents. Un courant qui dit que la Tunisie ne peut pas s’offrir le luxe de rater le train économique et que se retrouver avec l’euro à 3 dinars, avec tous les comptes dans le rouge et avec de réelles menaces sur le pouvoir d’achat du Tunisien n’est pas une position tenable. Car le père de famille qui sera dans l’incapacité de nourrir sa famille ne leur dira pas qu’ils doivent s‘estimer heureux car ils sont libres de se plaindre. De l’autre côté, il n’est pas question de renoncer aux droits et libertés des Tunisiens mais celles-ci doivent se traduire dans tous les codes qui régissent la vie quotidienne des citoyens. Pour cela, un grand travail doit être entamé pour que les législations correspondent à la constitution de 2014. Tout cela doit être couplé à une réelle conscience des droits et des devoirs par les citoyens ce qui passe par un travail pédagogique important.

 

Par conséquent, la République est loin d’être un simple principe écrit en lettres d’or dans une constitution. La République, à tort ou à raison, s’exprime dans le rôle de l’Etat dans la vie quotidienne des citoyens. La redéfinition du rôle de l’Etat et le redéploiement de sa force de frappe est l’un des problèmes fondamentaux qui vont se poser de manière insistante dans les prochaines années de la vie républicaine de la Tunisie.

 

Marouen Achouri

24/07/2017 | 19:59
4 min
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Commentaires (33)

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Babamomes
| 28-07-2017 21:59
C est tout à fait vrai kil n y a jamais eu de republique dans le sens didactique du terre, puisque le bey lamine à gouverné moins longtemps que borquibat qui à dirige la Tunisie seul et sans partage pour leguer la pays à un successeur qui ignore tout de la democratie pour un manar de 23 annees

Jememarre
| 26-07-2017 10:22
Depuis la révolution....
Un catastrophique retour en arrière.
Islamiste,foulard saleté crasse ,ripoux, backchich
Et j'en passe.

Nourbr
| 25-07-2017 21:13
Comparaison de raison, de sérieux, de politique etc...
A la même année ou presque, Il y a 60 ans, un pays asiatique qui a souffert de colonialisme de humiliations, etc a vu son indépendance se réaliser...le but de sa politique s'était bien le développement rapide de la société et non de l'´élite...C la Corée du Sud en 56/57 un pays dans le chaos, classé 4ème pays pauvre du monde. Bref. La Tunisie manque beaucoup d'imagination, encore aujourd'hui, hélas ! Pour rattraper se retard ..faut des réformes approfondies et réalisme, même dans le concept de la pensée religieuse. Hélas le sérieux de la civilisation C arrêtée en Andalousie et la Cicile.

Gg
| 25-07-2017 18:55
Pareil ! Nous avons là des commentaires très intelligents, très enrichissants.
Merci à tous les intervenants.

HatemC
| 25-07-2017 17:00
Je suis votre échange avec un grand plaisir ... il est intéressant de lire plusieurs point de vue ... et chacun de vous est sur un registre complémentaire ... c'est enrichissant ... Hammadi et DHIEK ... Citoyen ... Lahyani ... eldorado .. el mancho ... rzouga ... zohra .. Kamel ... urmax ... Gabes et A4 le poete ... manque Tunisienne qui a disparu ... apportent un éclairage sur notre Tunisie ... quand je peux ... je vous lis tous et m'enrichis ... merci encore pour votre contribution ... je suis sur que beaucoup de Tunisiens vous suivent ... Cdt HC

Mohamed 1
| 25-07-2017 16:56
Explication vaste sur toute l'armada et l'artillerie mises en oeuvre pour aboutir à l'inexplicable.
Je te cite:""(certaines) femmes pensent qu'il suffit de mettre un voile pour se dire vertueuse"".
Alors qu'un hadith énonce clairement:« Dieu ne regarde pas vos corps, ni vos apparences, mais regarde vos coeurs et vos actes. » Muslim.
Ca montre que si on cherche bien, on trouve en l'islam tous les éléments de la modération. Malheureusement, pour qu'un politicien en religion puisse frapper les esprits et être suivi, il pense qu'il faut adopter les interprétations les plus extrêmes, donc les plus éloignées de notre temps. D'où le décalage historique qui nous frappe.
Cordialement.

HatemC
| 25-07-2017 16:45
Les invasions musulmane dite arabe ont commencé vers le 8 ieme S ' et ont été éjecté par les Ottomans ' et qu'elle est l'héritage laissé par les arabes ??? Uniquement des mosquées ' ont-ils légués des bibliothèques ??? Des 'uvres ???? des 'uvres architecturales ??? non ' par contre les Kotteb c'(est pas ça qui manque ' c'est par là qu'on assomme un peuple ' dès le berceau ' ils savaient y faire les Califes de l'époque '

 ' et lors des invasions successives ils sont venu avec l'idée d'arabiser et islamiser les peuples sur leur passages ' à la force du glaive et non d'apporter une quelconque civilisation '

 
La Keheena a été celle qui a botté les fesses aux zarabes ' elle a été trahi par son fils adoptif ' un arabe ' on ne se refait pas dans la traitrise '. Celle qui lui a offert le git et le couvert ' et l'amour ' il fini par la trahir '.

 
Et on sait que les différentes dynasties qui ont régné en Tunisie depuis Okba le criminel en passant par les abbassides  ' omeyyades ' etc ' ont régné en imposant la terreur et en construisant que des mosquées et le peuple vivait dans la misère totale ' des gueux pleins de poux ' si c'est cela la civilisation arabe ' non merci '

Le monde musulman ressemble à s'y méprendre au Moyen Age quand ces gueux débarquent .. et ont imposé un système politique basé sur des verstes du coran mais uniquement des versets qui arrangent leur pouvoir '.

Tous ceux qui se rebelles étaient considéré comme terroriste à leur époque et on lui coupait la tête ' se rebeller contre l'autorité du Calife ou de son subordonné 'c'était assimilé à une rébellion contre le prophète lui même et donc contre la religion '

De cette façon ' ils façonnaient un peuple  ' la terreur '

C'est comme cela qu'ils régnaient les Califes '..où la science était associé à de la sorcellerie et où était considéré comme un sacrilège et une offense à l'ordre moral et une atteinte à Dieu ... toute atteinte à l'autorité du Calife ... ils ont soumis les peuples de cette façon ' en supprimant la RATIONALITE '. interdisant toute pensée libre, toute curiosité intellectuelle ' le fanatisme religieux d'aujourd'hui s'inspire sur ce passé odieux ' qui nous maintient dans l'ignorance ' ils commencent par les femmes en les voilant ' première étape de l'abrutissement des peuples ' et ils terminent par assoir leur autorité religiesue dès le berceau '. Cordialement

Mohamed 1
| 25-07-2017 15:57
Historique très intéressant. Les Tunisiens devraient faire un effort pour avoir une idée assez précise sur les grandes lignes de l'Histoire de leur pays. Comment est-ce possible qu'ils n'en ont pas connaissance, ou qu'ils en ont une perception totalement inversée?
Le problème vient sans doute du fait qu'ils se documentent, quand ils le font, uniquement à partir des médias populaires et du facebook, au lieu de le faire auprès d'historiens professionnels sérieux ou de livres respectables, quand l'occasion se présente.
Je souscris entièrement à ce que vous dites sur les périodes arabes les plus fastes: elles eurent lieu sous les régimes modérés et tolérants. Quand l'intégrisme a pointé son nez et l'intolérance s'est imposée, la civilisation a reculé. Il est très important de le noter. Cela a été le cas en Andalousie, en Inde et à Bagdad.
L'une des plus grandes catastrophes qui a affecté le savoir est survenue avec un sultan ottoman. L'imprimerie venant d'être inventée en Allemagne, il l'a décrétée...7ram. Bid3a pour lui sans doute. Elle est restée 7ram pendant deux siècles et demi entiers. Alors que les livres imprimés inondaient l'Europe pendant deux siècles et demi, les Arabes en étaient encore à la plume.
Après il y en a qui se posent des questions sur les origines de notre retard abyssal.
Bourguiba nous a mis précocement sur la bonne voie pour rattraper le temps perdu. Cap tous azimuts vers la modernité.
Maintenant il faut espérer que les Tunisiens ne se laissent pas distraire par les appels au retour en arrière. Comme leurs ancêtres l'ont été et l'ont payé cash en misère et arriération.
Il est déjà consternant de constater que pour le ramadan et l'aïd, on fasse plus confiance à la vue de l'être humain qu'aux calculs qui ont prouvé leur exactitude dans tous les phénomènes astronomiques connus. Alors que l'islam est la religion qui a le plus poussé au savoir par rapport au christianisme et au judaïsme.

Hanni2
| 25-07-2017 15:11
Malheureusement tout ceci est parfaitement explicable:

Il s'agit de la promotion intensive de ce que j'appelle "L'Islam pour les nuls" et dont les principaux promoteurs sont bien évidemment les marchands de religion en général, la secte des frérots en particulier et bien évidemment les grands argentiers obèses du golf qui, pour notre plus grand malheur, se sont trouvés êtres assis sur d'immenses réserves de pétro-dollars!

Pour résumer, c'est un Islam vidé de toute sa substance que les marchands de religion ont défiguré en un espèce de prêt-à-penser qui ne tolère pas la moindre reflexion...ceux qui y adhèrent sont séduits par les facilités que propose cette idéologie transformée par "ceux qui craignent Dieu" en repère idoine pour tous les sociopathes que compte cette planète: A bon compte, on s'auto-attribue un certificat en vérité absolue et définitive, se considérant de fait supérieur au reste de l'humanité sans pour autant avoir accompli quoi que ce soit dans sa vie....comme c'est pratique!

C'est ainsi que d'anciens vendeurs de légumes quasi-analphabètes se déclarent représentants de Dieu sur terre, que d'anciens trafiquants et criminels s'improvisent défenseurs de la religion en trois coup de cuillère à pot, ainsi que (certaines) femmes pensent qu'il suffit de mettre un voile pour se dire vertueuse et, dans les cas les plus extreme, ainsi que des idiots utiles croient rendre gloire à Dieu en egorgeant des innocants et en lancant des camions fous sur la foule tout en beuglant Allahou Akbar...

Pour prospérer grâce à l'Islam pour les nuls, les marchands de religion doivent néanmoins appliquer la politique de la terre brûlée (pour que les borgnes qu'il sont puissent régner sur les troupeaux d'aveugles qu'ils élèvent en batterie). A savoir saboter toutes les institutions étatiques qui fonctionnent, et en particulier l'éducation (c'est en bonne voie, déjà des thèses sur la terre plate), faire taire le voies discordantes (Chokri, Lotfi, etc) et "réeduquer" le peuple avec une identité importée...ce que la troika s'est evertuée à faire pendant ces trois ans de règne et dont on sentira encore les conséquences dans une cinquantaine d'années...comme toujours, me revient l'image cauchmardesque du maboule provisoir non-élu en train de remettre un prix "d'interprétation du Coran" à une nikabée au Plais de Carthage avec son petit sourir narquois du minable qui a accompli sa petite vengance...

Pas la peine également de citer pour la énième fois toutes les déclarations plus que mielleuses de la part du gourou à l'attention de ses enfants porteur d'une culture nouvelle qui lui rappelle sa jeunesse et dont l'expression violente n'est que la manifestation d'une colère somme toute légitime...tout le monde est au courant...et rien ne se passe!

Pour faire simple, le monde arabo-musulman est en train d'exploser sous le coup de frustrations énormes et de complexes innombrables et variés...frustrations et complexes que les marchands de religion, c'est la un de leurs atout qu'il faut reconnaitre, savent exploiter au mieux...

Evidemment, quant on prétend régner en s'appuyant exlcusivement sur des textes vieux de plusieurs siècles, et après tant de découvertes scientifiques et technologiques, il faut prendre des accomodements avec la réalité/vérité...d'ou la scysophrénie qui s'empare de notre jeunesse qui a accès à toutes les informations grace à internet mais qui en raison de l'éducation qu'ils recoivent des marchands de religion et de leur relais (parents, Imams, enseignants) les rendent tout simplement fou à lier et scysophréniques...promoteur par excellence de l'absurde:

Donc sans qu'ils y voeint la moindre contradiction, nous avons des jeunes hommes qui ont fourniqué toute leurs jeunesse mais qui n'envisage pas une seule seconde d'épouser une femme qui ne serait pas vierge, des anti-sémites des plus virulants qui consomment matin midi et soir des produits israéliens et, last but not leat, des marchands de religion qui de la main droite jure craindre Dieu et de la main gauche font exploser la corruption qui a atteint en Tunisie des niveaux jamais vu depuis l'indépendance...

Donc malheuruesement tout ceci est parfaitement explicable mon cher Mohamed, ce que nous observons est un mix de misère culturelle et éducationelle couplée au cynisme et à la rapacité sans bornes des hommes de Dieu sans foi ni loi...les perdants? Ou plutôt les victimes? les enfants musulmans du présent et du futurs que l'on condamne dès la naissance...si c'est pas malheureux et criminel!!!!

Le seule plaisir qui reste en ce moment? dénnoncer leur supercherie grossières et groteques à chaque fois que l'occasion se présente...c'est maigre mais c'est déjà ça..en attendant un hypothétique (r)éveil des consciences ou un miracle dont je n'ai aucne idée de la forme qu'il pourrait prendre...

Cordialement,

Hannibal

el manchou
| 25-07-2017 14:44
Le bled est devenu un "cafi chanta" depuis le suicide du désespéré de Bouzid et l'avènement de la dimoucratie made in freedom house et open society.

Benali reviens, la révolution était une caméra cachée !