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Chroniques
Quelle cacophonie gouvernementale !
Par Houcine Ben Achour
09/04/2020 | 19:04
4 min
Quelle cacophonie gouvernementale !

 

 

Quoiqu’on puisse espérer, l’impact de l’épidémie du coronavirus sera dévastateur. Que ce soit à l’échelle nationale que mondiale.

Les marchés boursiers, supposés être les baromètres de l’économie réelle, ont plongé d’une façon vertigineuse. La reprise observée ces deux derniers jours sur les principales bourses mondiales ne serait qu’un « rebond technique », la tendance demeurera pour un temps à la baisse.

Chez nous, il n’est qu’à compulser les résultats de l’enquête réalisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) pour constater qu’on est sur la même trajectoire.  Dans son dernier rapport sur « le Covid-19 et le monde du travail », l’Organisation internationale du travail (OIT), de son côté, estime que plus de 80% de la population active mondiale, estimée à 3,3 milliards de personnes, sont actuellement affectées par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail. Le rapport ajoute : « Actuellement, dans divers secteurs économiques, les entreprises font face à des pertes catastrophiques qui menacent leur fonctionnement et leur solvabilité, notamment les petites entreprises, alors même que des millions de travailleurs sont exposés à des pertes de revenus et à des licenciements. (…). Plusieurs secteurs économiques essentiels souffrent d’une chute vertigineuse de la production, notamment l’hôtellerie et la restauration, l’industrie manufacturière, la vente en gros et au détail ainsi que les activités immobilières et le monde des affaires ». Chez nous, c’est cette même perspective qui prévaut. Et même plus encore sachant que l’emploi dans les secteurs précités représente au minimum 40% de la population active occupée du pays. Pire, s’il faut imaginer en plus l’emploi informel.

 

A travers le plan de soutien multiforme annoncé pour renforcer la résilience du tissu productif du pays face à ce séisme, le gouvernement donnait l’impression qu’il maîtrisait la situation. Mis à l’épreuve des faits, ce plan risque en effet de ne pas atteindre ses objectifs compte tenu de certaines prises de décisions ministérielles ramant à contre-courant.

La décision de fermeture des marchés de gros durant trois jours par semaine prise par le ministre du Commerce et le rétropédalage intempestif  effectué en fut une première illustration. La baisse des prix du carburant décidée par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables en constitue visiblement une autre.

Visiblement seulement, car elle peut constituer aussi le germe d’un changement radical de la politique de subvention du pays. La décision de livrer le réseau de La Poste à son propre sort pour la distribution des aides financières aux familles nécessiteuses a fragilisé tous les efforts fournis en amont pour juguler la propagation de l’épidémie. Le ministère des Affaires culturelles vient d’en rajouter une couche en permettant la poursuite des tournages des feuilletons afin qu’ils soient diffusés au cours du mois de Ramadan et fournir une source de revenu à tous les métiers qui y gravitent. Pourquoi dans ces conditions ne pas permettre aux marchés hebdomadaires de reprendre leurs activités. Ils constituent pourtant la seule source de revenu pour des centaines, sinon de milliers, de ménages. Certains ministres ne semblent pas encore avoir pris la mesure de la priorité absolue donnée au confinement général de la population dans le plan du gouvernement visant à soutenir l’entreprise, les salariés et les démunis. La faiblesse des moyens à mettre en œuvre impose cette priorité afin de réduire le temps de passage de l’onde de choc de l’épidémie et de minimiser de la sorte ses coûts pour la collectivité. L’émotion, réelle ou simulée, du ministre de la Santé prévenant du péril aurait mérité d’être adressée à ses pairs plus qu’à être exprimée en public.

 

En tout cas, cette cacophonie gouvernementale ne présage rien de positif.  Pourtant, cette épidémie a dévoilé les énormes capacités innovatrices des ressources humaines que recèlent le pays, des possibilités multiples de mettre fin à l’esprit procédurier et bureaucratique de plusieurs services publics. La multiplication des plateformes numériques, qu’elles soient le fait du pouvoir public ou des organisations de la société civile a donné à voir les potentialités inexploitées du pays dans le domaine numérique. Qui aurait pu penser qu’un jour l’autorité publique se suffise d’une déclaration sur l’honneur au lieu et place d’une signature légalisée ? Qui aurait pensé que les déclarations trimestrielles aux Caisses sociales pourraient un jour s’effectuer à distance ? Qui aurait pu imaginer qu’un jour, il suffirait d’un smartphone pour présenter une autorisation telle qu’elle se pratique aujourd’hui pour les autorisations de circulation ?

 

N’est-ce pas là des pistes à investir ? Mais d’abord que cesse la cacophonie. C’est au chef du gouvernement de l’imposer une fois pour toutes !

 

Par Houcine Ben Achour
09/04/2020 | 19:04
4 min
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Commentaires
Alya
Cacaphonie
a posté le 10-04-2020 à 01:40
Mr je suis l actualite parallèlement en Tunisie et en France cette cacophonie dont vous parlez est partout .vous voyez que certainsarches sont autorisés dans certaines communes et interdits dans d autres. Macron et son premier ministre sont hésitants et promettent des aides aux Mme qu ils n ont pas pu tenir pour ce mois de mars et qu ils ont rapporté pour avril? QQUE VOULEZ VOUS FAIRE LA C EST LE COVID QUI MENE LA DANSE !!!!
DHEJ
Cacophonie ou ignorance de l'ingénierie de gouvernance...
a posté le 10-04-2020 à 00:13
C'est à cause du chef du gouvernement le FAKH²!

Bref n'est pas qui veut est NOAH.