alexametrics
jeudi 25 avril 2024
Heure de Tunis : 04:39
Chroniques
Que gagne la justice transitionnelle des témoignages de Sihem Ben Sedrine ?
21/05/2017 | 17:32
3 min

Le témoignage de Imed Trabelsi dans le cadre de l’Instance Vérité et Dignité, transmis vendredi soir par des chaines de télévision nationales a montré l’étendue de la corruption dans le pays. Mais pas seulement.

 

Certes, le témoignage d’Imed Trabelsi  était très instructif pour une large frange de la population qui ne s’intéressait pas, ou peu, à la chose publique du temps de l’ancien régime de Ben Ali. Il a donné des indications concrètes sur l’étendue de la corruption et du népotisme du temps de Ben Ali. Il a donné la preuve que le système de passe-droits mis en place pour faire profiter les familles des Ben Ali, Trabelsi, Chiboub, Materi et autres familles proches et alliées, continue de fonctionner au profit d’une nouvelle caste de corrompus : ceux qui étaient de simples hommes-de-mains et qui se sont retrouvés après la révolution eux-mêmes patrons d’une organisation mafieuse, les racailles en puissance qui n’existaient pas avant la révolution mais qui ont profité de la faiblesse de l’Etat et du climat d’impunité pour se faire une place parmi le conglomérat des racailles anciennes et ceux qui, soutenus par leurs partis au pouvoir, notamment Ennahdha, le CPR puis le Nidaa, ont pris la relève, sans état d’âme, des familles sus citées et de leurs réseaux corrompus et mafieux. Par contre ceux qui ont vécus impuissants cette descente aux enfers, les militants politiques ou associatifs et les victimes du népotisme et de l’arbitraire au temps de Ben Ali, ils n’ont rien trouvé de nouveau dans le témoignage de Imed Trabelsi.

 

Au contraire, pour eux, le témoignage de Imed Trabelsi est orienté et peu crédible. D’abord parce qu’il n’est pas un témoignage en direct. Il a été enregistré, monté, manipulé et qui sait ce qui a été ôté de ce témoignage et pour quelles raisons. En plus, il est plus que suspect que le témoignage insiste pour citer certaines personnes par leurs noms à plusieurs reprises, alors que d’autres personnes  ne sont citées que par allusion. Un règlement de compte personnel ? Peut-être. Mais pas seulement.

 

Enfin, il est avéré que ce témoignage est tronqué. En effet, le témoignage de Imed Trabelsi devant les instances et les commissions qui ont été créées après la révolution, notamment celle de feu Abdelfattah Amor et celle de Tawfik Bouderbala était plus exhaustif et complet. Le ramener six ans après devant une instance dite de vérité pour ne dire que des demi-vérités, n’est pas sérieux, encore moins productif.

 

En vérité, le témoignage de Imed Trabelsi n’est qu’une excuse, un faire-valoir pour l’IVD et sa présidente qui est passée maitre dans l’art de la manipulation, et qui ne pouvait trouver meilleur alibi que le témoignage du porte drapeau de la corruption dans le système Ben Ali pour s’inviter dans le débat politique du moment dans le pays concernant l’initiative présidentielle de réconciliation économique. Sur ce plan, nous ne pouvons que constater que cette manœuvre a été une réussite totale. L’IVD et sa présidente ont bel et bien marqué des points au sein de l’opinion publique contre le projet de loi sur la réconciliation. Une revanche personnelle pour Sihem Ben Sedrine et une aubaine pour l’opposition et même pour les islamistes qui semblent retrouver leurs anciennes habitudes de double discours et de double-jeu.

 

D’aucuns diront que ceci n’est une surprise pour personne. C’est vrai. Sauf que l’IVD n’est pas en principe un acteur direct de la vie politique et que ses membres doivent  de ce fait, adopter une réserve qui sied à leurs responsabilités. Malheureusement, il est de plus en plus évident que l’IVD, sous l’impulsion de sa présidente, se manifeste non comme une instance indépendante, mais comme un parti d’opposition allié des partis de la troika et sporadiquement de l’extrême gauche.

 

Sans risque de se tromper, on peut affirmer que le témoignage de Imed Trabelsi, dans le cadre de l’IVD, vendredi dernier, a permis à Sihem Ben Sedrine de marquer des points, mais ne nous a pas rapproché de la vérité. Au contraire, il nous a éloignés du sens et de la philosophie  de la justice transitionnelle.

21/05/2017 | 17:32
3 min
Suivez-nous

Commentaires (13)

Commenter

Jendoubi
| 28-05-2017 06:08
Si cette dame savait que à la suite de ses témoignages ses proches Spr et consorts seront dérangé elle n'aurait jamais autorisé se témoignages

saz
| 24-05-2017 19:22
Comment peut on prendre pour de l'argent comptant le témoignage de cette pourriture. Une omra et ce connard deviendra blanc comme neige. Un tel témoignage n'aura de valeur qu'en présence de contradicteurs. Faites témoigner Ben Ali, Sakhr Materi et ils vous en dironT des vertes et des pas mures sur cet odieux personne. Ce témoignage me rappele celui des repentis de la Mafia qui pour bénéficier de l'indulgence des juges ont commencé à balancer à tout va.

Bob
| 24-05-2017 13:52
L'arrestation de quelques truands semble vous donner tort et donner raison à l'IVD et à sa présidente. Cette audition a tordu le bras du chef du gouvernement et l'a obligé à réagir-malgré lui ou pas?- pour sortir sa tête de l'eau et retrouver une légitimité, même infime et provisoire, au moment où il doit faire face à des contestations qui montent crescendo et font vaciller son fauteuil. Maintenant qu'il a donné un léger coup de pied dans une fourmilière bien garnie, il aura le choix entre aller jusqu'au bout de son coup de force ou se faire dévorer. Dans tous les cas de figure, l'IVD aura été le révélateur ou l'instigateur, même sans envisager la suite du scénario. Les arrestations d'hier, c'est l'ébauche d'un début de préambule tant attendu. Même si elles finissent en eau de boudin, elles laisseront des traces, c'est déjà beaucoup.

medjez
| 23-05-2017 15:41
mr sofiane l' hypocrite , connu et su que tu es l'un des défenseur et serviteur de benali et ses chiens donc arrête de jouer le martyre et le rôle de moralisateur .

njkhdf
| 22-05-2017 15:53
Rien de neuf dans toutes ces témoignages. Le peuple tunisien connait que les proches de Ben Ali ont trafiqué avec la complicité de certains ministères (commerce, justice et autres), de certains juges et de la douane.Ces affairistes proches de Ben Ali n'ont pas payé les taxes et les impôts sur toutes leurs importations et leurs affaires. Les déclarations n'ont rien changé aux conditions socio-économiques du pays. Est ce que ces mafieux vont payer par effet rétroactif toutes les sommes dues à l'Etat. Est ce que les ministres et les agents de douane qui les ont aidé dans ces affaires louches et qui se sont enrichies vont être jugés, dépossédés de leurs propriétés et payer quelque chose à l'Etat. Bien au contraire, on va récompenser ce monsieur Trabelsi pour avoir aidé l'IVD à combattre la nouvelle loi de réconciliation proposée par BCE.L'IVD est en train de bouffer l'argent du contribuable en le gavant de pièces théatrales à la télévision.L'Etat est perdant des deux côtés: elle finance l'IVD qui en contrepartie ne lui rend aucun service pour améliorer les finances publiques. Au contraire, l'Etat va encore perdre de l'argent en remboursant des gens qui avaient choisis au temps de Bourguiba et de Ben Ali par eux mêmes d'être dans l'opposition dans l'espoir de devenir un jour ministre ou président de la République.En effet, ces opposants au pouvoir savaient que leurs capacités intellectuelles, sociales et professionnelles ne leur permettaient pas d'atteindre vite la classe sociale aisée à qui ils aspiraient.Le peuple ne les a pas suivi car il y avait peu de misère et de chômage.Les conditions socio-économiques se sont empirés à la fin du règne de Ben Ali.Ce qui a provoqué la révolution de janvier 2011. Ces opportunistes ont sauté sur la révolution de janvier 2011 et se sont dévoilés en dévalisant l'Etat et en partageant le gâteau.Ils étaient impatient de se remplir les poches. Un jour, un autre IVD va être institué pour juger ceux qui ont fait vôter des lois et procéder à des recrûtements sauvages sans prendre en considération les capacités économiques du pays. Ce jour n'est pas loin car le chômage, l'inflation et la misère vont s'accroitre dans le pays. L'Etat devra avoir recours de plus en plus à la force publique pour arrêter les manifestants et mâter les mouvements de protestation.Pour justifier cette main forte, elle va se baser sur le fait que ce sont les urnes qui lui ont donné cette majorité de gouverner le pays. Le stade ultime sera les gens au pouvoir vont trafiquer les élections pour rester au pouvoir indéfiniment et éviter la constitution d'une nouvelle IVD.

el manchou
| 22-05-2017 09:58
Imed est libre depuis longtemps, le témognage devant l'IVD n'est qu'une mascarade.

Tous les noms ont été gommés, le message tronqué et on sentait qu'Imed récitait presque un texte avec des mots difficiles en Arabe et des formules recherchées, loin du vocable du voyou anaphabète qu'il était.

pit
| 22-05-2017 09:50
Dans un pays gangréné jusqu'à la moelle ou le dernier des derniers ira construire une maison de 3 étages sur un terrain appartenant aux domaines de l'état ou l'on met -soi-disant- sa ceinture de sécurité tout en roulant dans une rue en sens interdit et en vociférant au téléphone (ne riez pas vous faite en majorité partie du lot)ou l'on ne paye ses impôts que sous la menace ou lorsqu'on est fait comme des rats, où la cupidité est devenue religion, bref, en voiture, en politique, en religion, dans la vie de tous les jours ...nous avons tous quelque chose à nous reprocher nous sommes donc tous responsables! Quant à Ben Sedrine il y a un bout de temps qu'elle est passée du côté obscur de la force et ses magouilles orchestrées en collaboration avec ses tuteurs islamistes n'ont rien à envier aux entourloupes d'un Ben Ali, (qui lui, au moins n'affamait pas son peuple!) S'il reste encore des patriotes (des vrais) il serait grand temps d'essayer de reprendre le pays en main! Tahia Tounes!!!

bahr
| 21-05-2017 23:19
je pense que le dossier de la présidente de l IVD devra être mis à examen en priorité par cette même instance.

kameleon78
| 21-05-2017 21:38
L'IVD a été créée pour exercer la justice transitionnelle pour des faits datant de la période 1956-2011 mais pourquoi passe-telle sous silence toutes les malversations depuis la Révolution avec ce régime politico-mafieux sous la Troïka et même après les gouvernements de Mehdi Jomaâ, Habib Essid et Youssef Chaed.

Jilani
| 21-05-2017 20:58
Je sais que Sihem ben destiné à sa propre agenda mais elle a osé faire face à une mafia toujours au pouvoir et protégée par un président vieillissant. L'opposition est craintive elle a peur de se trouver impliquée dans réseau de mafia.l'attribution des marchés va toujours cette mafia. Regardez ce qui se passe dans Tunis air sonede, Steg, CNAM ...