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Présidentielle : La guerre des clans a commencé !
16/09/2014 | 1
min
Présidentielle : La guerre des clans a commencé !
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A l'approche des élections, c'est l'heure des grandes manœuvres ! Les lobbies et les groupes d'influence s'organisent en vue de l'échéance présidentielle et les luttes intestines commencent à donner certains résultats.
Le débat sur l'élection présidentielle est arrivé à un point où il occulte la question des législatives. Même si la Constitution donne une grande partie des pouvoirs de l'exécutif au chef du gouvernement, celui de président de la République déchaîne pourtant les passions…et les portefeuilles.


Les clans commencent à prendre forme et à fourbir leurs armes en vue de l'affrontement final, celui du déchirement pour le fauteuil présidentiel. Un fauteuil qui a gardé beaucoup d'attrait malgré le fait qu'il ait été vidé de sa substance par la Constitution tunisienne. Comme d'habitude, la guerre des petites phrases et des manœuvres médiatiques se passe au sein de ce qui est appelé "camp démocrate".

Commençons par l'un des principaux candidats à la course présidentielle : Béji Caïd Essebsi. Lors d'une conférence tenue le vendredi 12 septembre, Béji Caïd Essebsi a dit qu'il y avait trois personnes au sein du parti qui travaillaient à déstabiliser Nidaa Tounes et à l'empêcher d'accéder à la présidence de la République. Est-ce la proximité des élections ou un soudain regain de sérieux qui a révélé ces mauvais éléments? On ne le saura pas. Toutefois, on sait que la décision est tombée quelques jours plus tard par l'éviction de Omar S'habou et de Noureddine Ben Ticha.

Ceci nous amène au deuxième camp, celui de Mustapha Kamel Nabli. Concernant les deux membres de Nidaa Tounes qui ont été mis à la porte, si Omar S'habou a été évincé pour ses positions contre la candidature de Béji Caïd Essebsi, Noureddine Ben Ticha l'a été à cause de son soutien à Mustapha Kamel Nabli. C'est demain, mercredi 17 septembre 2014, que l'ancien gouverneur de la banque centrale va annoncer sa candidature à la présidentielle. Une volonté qui ne faisait déjà pas de doute depuis un certain temps malgré le suspens que M. Nabli a tenté de garder.

Les soutiens de Mustapha Kamel Nabli sont nombreux et il bénéficie d'une certaine aura aussi bien au niveau national qu'international. Parmi eux, le président de l'ancienne ISIE, Kamel Jendoubi, qui a publié une lettre sur Business News pour rendre public son ralliement à Mustapha Kamel Nabli. L'une des premières déclarations de Kamel Jendoubi a été de dire, à demi-mot certes, que le lobbyiste et homme d'affaires, Kamel Letaïef, mettrait ses réseaux au service de l'ancien gouverneur. Donc, l'équipe de Mustapha Kamel Nabli comprend Kamel Letaïef, Najla Chaâr en tant que directrice de la communication, Zied Milad en tant que directeur de campagne et finalement Kamel Jendoubi.

C'est justement Kamel Jendoubi qui nous amène au troisième clan de cette élection présidentielle. Ce clan est celui de Kamel Morjane et on pourrait l'élargir à Abderrahim Zouari et Mondher Zenaïdi. En effet, dès que Kamel Jendoubi a annoncé son soutien au candidat Mustapha Kamel Nabli, l'ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères s'est rappelé que les élections étaient truquées. Il a évoqué le cas du candidat de son parti à Hammam-Lif, Mongi Bhar, dont la place aurait été volée par Maya Jeribi.

En conséquence, le parti Al Jomhouri s'est fendu d'un communiqué au vitriol pour renvoyer Kamel Morjane à sa condition d'ancien ministre du régime Ben Ali. La secrétaire générale du parti, dans une déclaration à la presse a dit : "Je n'aime pas parler de moi, mais je pourrais donner des leçons de militantisme à Kamel Morjane". Le parti Al Jomhouri a, encore une fois, fait preuve d'immaturité politique car il fallait comprendre que la réelle cible de cette attaque est Kamel Jendoubi, ancien président de l'instante des élections, et derrière lui, Mustapha Kamel Nabli. Le président du parti Al Moubadara tente de discréditer son concurrent Mustapha Kamel Nabli en l'accusant d'avoir un faussaire à ses côtés,, visant ainsi à l'éloigner de son électorat. Toutefois, cette manœuvre de Kamel Morjane le privera de tout éventuel report de voix dans le cas d'un deuxième tour où il serait présent, même chose du côté d'Al Jomhouri.
Le principal intéressé, Kamel Jendoubi, s'est contenté de dire que ces accusations sont graves et irresponsables car elles remettent en cause la crédibilité de l'opération électorale.

Dans le camp des ex-ministres de Ben Ali, on trouve également Abderrahim Zouari qui garde, pour l'instant, ses distances et n'est pas particulièrement présent sur la scène politique et médiatique. On trouve également Mondher Zenaïdi qui a fait un retour triomphal à Tunis après trois ans passés en exil à Paris.

D'ailleurs, on remarquera que les trois camps évoqués ne s'épargnent rien. Khemaïes Ksila, porte parole officiel du parti Nidaa Tounes, a déclaré, le lendemain du retour de Mondher Zenaïdi, que ce dernier et ses acolytes sont pilotés par Zine El Abidine Ben Ali via Skype! C'est une attaque maladroite, certes, mais c'est une attaque quand même. Pourtant, Nidaa Tounes n'a pas attaqué des candidats comme Zouari ou Morjane. Pire encore, on ne sait pas encore si Mondher Zenaïdi est candidat à quoi que ce soit. Toutefois, il est nécessaire de tempérer la notion de clan dans ce dernier cas car les Kamel Morjane, Mondher Zenaïdi et Abderrahim Zouari ne se feront pas de cadeaux même s'ils se sont côtoyés lors des conseils ministériels d'avant-révolution.

Un quatrième camp semble sur le point de pointer son nez et si cela est avéré, ce serait un véritable séisme sur la scène politique tunisienne. De plus en plus de rumeurs tournent autour de l'éventuelle candidature à la présidence de Mehdi Jomâa. Selon nos sources, il y aurait des opérations de collecte de signatures en faveur de l'actuel chef du gouvernement. On se rappellera que Mehdi Jomâa, lors d'une entrevue avec la TAP avait déclaré qu'il ne serait plus chef du gouvernement, toutefois, il est resté évasif concernant une éventuelle candidature à la présidentielle. On remarquera également que les services de communication de la présidence du gouvernement, d'habitude si réactifs, n'ont pas encore commenté cette rumeur qu'il ne peuvent ignorer. Si jamais Mehdi Jomâa est candidat, les trois autres camps devront refaire leurs calculs et préparer de nouvelles stratégies.

Evidemment, tout ceci est au bénéfice d'Ennahdha. Le parti islamiste se place au dessus de la mêlée en déclarant ne pas s'intéresser à la présidentielle et surtout en poussant jusqu'au bout sa proposition de candidat consensuel. Ennahdha garde cette carte dans sa manche tout en laissant le camp démocrate se déchirer à propos de la présidence. Plus les partis démocrates négligeront les législatives plus les chances du parti islamiste de les remporter sont supérieures.
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