Je n'ai pas le temps d'analyser les premiers.
N.B: je n'ai signé aucune pétition
Par Sofiene Ben Hamida
A quelques heures de l’annonce des premiers résultats du premier tour de l’élection présidentielle, trois remarques s’imposent.
La première remarque concerne le déroulement de la campagne électorale. Contrairement aux affirmations des uns et des autres, la campagne électorale s’est déroulée dans des conditions globalement satisfaisantes. Il y a eu certes des dépassements de la part des supporters de tous les candidats sans exception. Le nombre de ces infractions électorales est très important comme le soulignent les rapports de l’Isie. Seulement, il n’y a pas eu d’infractions graves de nature à perturber fortement le déroulement de la campagne électorale ou la rendre carrément impossible. En effet, aucun cas de violence physique n’a été enregistré durant cette campagne, les réunions et les meetings des candidats n’ont pas été perturbés, sauf peut-être pour quelques sorties du candidat Youssef Chahed qui a lui-même minimisé l’importance de ces incidents. Les affirmations qui stipulent que la campagne électorale a été entachée de beaucoup d’irrégularités n’est donc vraie que partiellement. Seulement, ces affirmations ont été largement diffusées par les réseaux sociaux au point que cette « vérité facebookienne » est devenue une vérité absolue. En réalité, cette campagne présidentielle n’est ni plus agressive, ni plus immorale que celle de 2014.
La seconde remarque concerne la publicité politique. La campagne présidentielle actuelle a montré les limites de l’interdiction, dans la loi électorale, de la publicité politique. En effet, les Tunisiens ont constaté lors de cette campagne combien cette loi est devenue désuète, inapplicable sur le terrain et pratiquement impossible à faire respecter. La question avait été posée déjà en 2011 mais l’Isie de l’époque avait estimé que la publicité politique avantageait les candidats les plus nantis, ouvrait la porte à l’argent sale et porte un coup fatal à l’égalité des chances entre les candidats. Presque une décennie après, on se retrouve dans une situation où l’argent sale occupe une place centrale dans la sphère politique nationale et où l’égalité des chances entre les candidats est devenue une question purement théorique. L’inefficacité de l’Isie à contrôler le financement des campagnes électorales a créé un climat d’impunité favorisant tous les dépassements et tous les dérapages. Quant à la Haica, elle a montré, encore une fois, son incapacité à contrôler le secteur audiovisuel à tel point que l’on se retrouve lors de cette campagne présidentielle avec un paysage audiovisuel en flagrante contradiction avec les dispositions de la loi électorale : Une chaîne (Nessma), carrément partisane après la présentation de la candidature de son patron et la création de son propre parti politique, une chaîne nationale qui roule pour le chef de gouvernement qui est lui-même candidat à la présidentielle, une autre chaîne (Attessia) qui soutient clairement le chef du gouvernement, une chaîne (Al Hiwar) qui soutient les adversaires du chef du gouvernement et d’autres chaînes éparses (Hannibal, Zitouna et autres) qui sont d’obédience islamiste. Lors de la prochaine révision - absolument nécessaire du code électoral - il serait plus conforme au bon sens d’accepter la publicité politique comme outil et levier des campagnes électorales.
Quant à la troisième remarque, elle concerne les centaines d’intellectuels qui, par pétitions interposées, déclarent leur soutien à un candidat ou à un autre. Sur un plan formel, rien n’empêche des intellectuels d’annoncer leurs préférences politiques dans le but d’orienter et d’influencer l’opinion publique. Généralement ce comportement est personnel et se fait d’une manière individuelle. Mais quand des intellectuels agissent en groupe, sous forme de pétition, ils s’engagent et deviennent des militants politiques, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas, ni l’ambition, de beaucoup d’entre eux. En plus, cette manière d’agir rappelle affreusement les « mounachidoun » du temps de Ben Ali. Mais si les « mounachidoun » d’antan étaient plus ou moins contraints à cet exercice de vassalité, ceux d’aujourd’hui ont choisi leur servitude de leur plein grès.
Par Sofiene Ben Hamida
A quelques heures de l’annonce des premiers résultats du premier tour de l’élection présidentielle, trois remarques s’imposent.
La première remarque concerne le déroulement de la campagne électorale. Contrairement aux affirmations des uns et des autres, la campagne électorale s’est déroulée dans des conditions globalement satisfaisantes. Il y a eu certes des dépassements de la part des supporters de tous les candidats sans exception. Le nombre de ces infractions électorales est très important comme le soulignent les rapports de l’Isie. Seulement, il n’y a pas eu d’infractions graves de nature à perturber fortement le déroulement de la campagne électorale ou la rendre carrément impossible. En effet, aucun cas de violence physique n’a été enregistré durant cette campagne, les réunions et les meetings des candidats n’ont pas été perturbés, sauf peut-être pour quelques sorties du candidat Youssef Chahed qui a lui-même minimisé l’importance de ces incidents. Les affirmations qui stipulent que la campagne électorale a été entachée de beaucoup d’irrégularités n’est donc vraie que partiellement. Seulement, ces affirmations ont été largement diffusées par les réseaux sociaux au point que cette « vérité facebookienne » est devenue une vérité absolue. En réalité, cette campagne présidentielle n’est ni plus agressive, ni plus immorale que celle de 2014.
La seconde remarque concerne la publicité politique. La campagne présidentielle actuelle a montré les limites de l’interdiction, dans la loi électorale, de la publicité politique. En effet, les Tunisiens ont constaté lors de cette campagne combien cette loi est devenue désuète, inapplicable sur le terrain et pratiquement impossible à faire respecter. La question avait été posée déjà en 2011 mais l’Isie de l’époque avait estimé que la publicité politique avantageait les candidats les plus nantis, ouvrait la porte à l’argent sale et porte un coup fatal à l’égalité des chances entre les candidats. Presque une décennie après, on se retrouve dans une situation où l’argent sale occupe une place centrale dans la sphère politique nationale et où l’égalité des chances entre les candidats est devenue une question purement théorique. L’inefficacité de l’Isie à contrôler le financement des campagnes électorales a créé un climat d’impunité favorisant tous les dépassements et tous les dérapages. Quant à la Haica, elle a montré, encore une fois, son incapacité à contrôler le secteur audiovisuel à tel point que l’on se retrouve lors de cette campagne présidentielle avec un paysage audiovisuel en flagrante contradiction avec les dispositions de la loi électorale : Une chaîne (Nessma), carrément partisane après la présentation de la candidature de son patron et la création de son propre parti politique, une chaîne nationale qui roule pour le chef de gouvernement qui est lui-même candidat à la présidentielle, une autre chaîne (Attessia) qui soutient clairement le chef du gouvernement, une chaîne (Al Hiwar) qui soutient les adversaires du chef du gouvernement et d’autres chaînes éparses (Hannibal, Zitouna et autres) qui sont d’obédience islamiste. Lors de la prochaine révision - absolument nécessaire du code électoral - il serait plus conforme au bon sens d’accepter la publicité politique comme outil et levier des campagnes électorales.
Quant à la troisième remarque, elle concerne les centaines d’intellectuels qui, par pétitions interposées, déclarent leur soutien à un candidat ou à un autre. Sur un plan formel, rien n’empêche des intellectuels d’annoncer leurs préférences politiques dans le but d’orienter et d’influencer l’opinion publique. Généralement ce comportement est personnel et se fait d’une manière individuelle. Mais quand des intellectuels agissent en groupe, sous forme de pétition, ils s’engagent et deviennent des militants politiques, ce qui n’est vraisemblablement pas le cas, ni l’ambition, de beaucoup d’entre eux. En plus, cette manière d’agir rappelle affreusement les « mounachidoun » du temps de Ben Ali. Mais si les « mounachidoun » d’antan étaient plus ou moins contraints à cet exercice de vassalité, ceux d’aujourd’hui ont choisi leur servitude de leur plein grès.