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Production laitière : l'export ou la mort
07/10/2015 | 19:58
5 min
Production laitière : l'export ou la mort

 

La Tunisie est au bord d’une crise laitière sans précédent. Des millions de litres de lait risquent d’être gâchés dans les égouts à cause d’un excédent faramineux des stocks. Pour éviter « la catastrophe », l’UTAP et l’UTICA ont lancé un cri d’alarme, sollicitant l’intervention des autorités compétentes. Des mesures d’urgence ont aussitôt été annoncées.

 

Les stocks de lait ont atteint un record historique, soit 68 millions de litres. Une surabondance qui a mis en détresse le secteur laitier. « C’est une situation dangereuse pour toute la filière, face à laquelle il faut réagir et prendre les décisions nécessaires et urgentes », ont souligné la chambre nationale des centres de collecte de lait relevant de l’UTICA et l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) dans un communiqué conjoint.

 

C’est la première fois que les quantités de lait stockées sont aussi énormes. Cette fois-ci, le surplus est beaucoup plus important que les années précédentes ce qui rend, par ailleurs, sa gestion bien plus difficile. Arrivé à saturation, le marché local ne supporte plus des quantités additionnelles de lait. La demande va donc baisser, les prix également et ce sont les producteurs qui paieront la facture la plus lourde.

 

Il faut savoir que la filière laitière se compose de trois acteurs principaux, à savoir : les éleveurs (ou producteurs), le centres de collecte et les centrales laitières (usines de fabrication). Les éleveurs produisent du lait frais qu’ils vendent aux centres de collecte. Ceux-ci le revendent à leur tour aux centrales laitières. En cas d’excédent, ces dernières s’en tiennent à leur stock et suspendent les achats de lait. Résultat des courses, les producteurs, « le maillon faible de la chaîne », se retrouvent avec des millions de litres invendus et des pertes colossales.

 

Pour endiguer la crise, l’UTAP a appelé à une série de mesures. D’abord, il faudra « libéraliser définitivement » l’exportation du lait. Pour ce faire, il a été proposé, de supprimer le système des quotas ainsi que les autorisations préalables. Une demande à laquelle le ministère du Commerce a répondu positivement. Le département de Ridha Lahouel a autorisé, dans un communiqué publié le même jour, l’exportation, sans autorisation prélable, de tous types de lait et de lait fermenté. Il s’agit, indique-t-on, d’une décision prise, à titre exceptionnel, qui entre en vigueur dès mardi 6 octobre.

 

Parmi les solutions proposées, l’UTAP et la chambre des centres de collecte de lait de l’UTICA proposent de transformer une partie de l’excédent laitier en lait en poudre. Cependant, une autre difficulté surgit. « Les centrales laitières préfèrent, en effet, le lait en poudre étranger à celui fabriqué localement, car ça coute moins cher », nous a révélé Amor Behi, vice-président de l’UTAP. Pour contourner ce problème, notre interlocuteur suggère, en premier lieu, d’interdire l’importation du lait en poudre, ou, à défaut, de le surtaxer de sorte que les prix locaux soient plus compétitifs.

 

En même temps, poursuit-il, il faudra élever la capacité de production de l’usine de séchage de lait de Mornaguia. « Celle-ci transforme actuellement 50 mille litres par jour. Alors qu’en tournant en pleine capacité, elle pourrait en transformer 270 mille », précise-t-il.

 

Pour encourager davantage l’exportation du lait, le vice-président de l’UTAP, propose ceci : « L’Etat subventionne actuellement chaque litre de lait stocké à hauteur de 150 millimes. Il reverse également 115 millimes pour chaque litre vendu. Soit au total 265 millimes par litre. Pourquoi ne pas subventionner en payant seulement 100 millimes pour chaque litre de lait exporté ? Cela boostera, d’une part, l’export, rapportera de la devise au pays et aidera à résorber le surplus. D’autre part, ça fera des économies pour le contribuable de 165 millimes par litre ».

 

Par ailleurs, il est à relever que l’Etat avait donné son accord pour effectuer une ponction de 10 millions de litre. Une mesure ayant pour but d’alléger les stocks dans les centrales laitières, relancer la demande et permettre, par ricochet, aux éleveurs de continuer à vendre leur lait.

 

La crise du lait n’est pas un phénomène nouveau. Les producteurs ont dû, maintes fois, jeter leur lait à la fosse. Rappelons qu’une surabondance de 54 millions de litres a été enregistrée en 2010 déclenchant une vague de protestations, à Sidi Bouzid, parmi les éleveurs. Certains observateurs vont jusqu’à dire que cette grogne était à l’origine, à l’époque, de la révolte contre le régime de Ben Ali et contribué à sa chute.

 

Sur les causes de ce surplus, l’UTAP et la chambre des centres de collecte de lait de l’UTICA pointent dans leur communiqué un dysfonctionnement au niveau de la gestion des stocks et une absence de valorisation des excédents. Aussi, parmi les autres raisons, figure la conjoncture touristique actuelle. Rappelons que cette année l’industrie hôtelière a été touchée de plein fouet par les deux attentats du Bardo et de Sousse. La baisse de la clientèle touristique a fait réduire l’approvisionnent des hôtels en produits alimentaires dont le lait.

 

Quant aux mesures du gouvernement pour juguler la crise, même si elles étaient louables, leur effet ne pourra pas, toutefois, être immédiat. Du moins, au niveau la libéralisation de l’exportation, cela nécessite un certain temps ne serait-ce que pour établir des contacts avec des prospects à l’étranger et dégoter des marchés.

 

Il y a environ deux ans, la Tunisie souffrait d’une pénurie de lait en pack. En ce temps-là, l’Etat a importé du lait de la Turquie et de la Slovénie. Le problème a été résolu, plus tard, avec la création d’une nouvelle unité de production de lait à Sidi Bouzid. Aujourd’hui, on souffre d’un excédent de lait frais. Cela amène à se demander s’il y a une politique d’Etat de gestion des ressources laitières ou si les choses se font plutôt arbitrairement ou à l’aveuglette.

 

Elyes ZAMMIT

07/10/2015 | 19:58
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Commentaires (11)

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j.trad
| 08-10-2015 20:16
le pouvoir d'achat est alarmant ,voilà pourquoi il y a problème ,point à la ligne./.merci noble animal ,merci noble laborieuse,merci sacrée VACHE ,indigne-toi si tes bébés manquent de lait ,pauvre ouvrière ,tu travaille à longueur de journées ,sans te plaindre,merci pour ta générosité ,tu incarne la noblesse ,ta générosité et ta charité ne sont jamais altérées par aucun (menne) ta manne tu l'offre pas pour remplir un coffre ,vive le brave Bénévolat ,les humains doivent avoir honte ,ils revendiquent toujours la hausse des salaires ...l'homme est plus à plaindre qu'à blâmer ,il s'agit d'une autre dimension ,d'un autre mode ,d'une condition tout à fait autre ,la comparaison est injuste ,lorsqu'on envisage l'échelle de responsabilités .bref ,il faut doubler :al 7amd wa'choukr li'RRAZZA9 .(wa amma bi ni3mati rabbika fa 7addith )c'est bien le cas.

Laitier Tunisien
| 08-10-2015 16:49
Bonjour,

Ci-joint une note que j'ai publié sur mon blog dédiée à la filière laitière, et qui résume tout notre malheur et les mesures d'urgence qu'on devra prendre. Bonne lecture

http://bloglaitiertunisien.blogspot.com/2015/09/oui-la-crise-actuelle-des-stocks-de.html

Montygolikely
| 08-10-2015 12:28
On pourrait faire travailler un peu sa cervelle et fabriquer de la galalithe
C'est en effet un polymère à base de lait, Découverte en 1889, son procédé d'obtention a été affiné au début du siècle: un chimiste français, M. TRILLAT, trouve le moyen d'insolubiliser la caséine (protéine du lait) en y rajoutant du formol qui garantit donc sa conservation.

La caséine représente environ 30 g de matière par litre de lait. En la mélangeant à du formol et à divers colorant, on a donc obtenu le premier polymère artificiel, qui a été largement utilisé au début du siècle dans la fabrication de boutons, bijoux, stylos, fume-cigarettes, matériel électrique, etc...
La galalithe, dure et soyeuse, se travaille comme la corne et a un aspect proche de l'ivoire. Elle ne se moule pas et requiert un travail de polissage manuel.
Elle pourrait remplacer les matières plastiques polluantes à souhait, et sa production arrêtée pourrait être relancée car elle est biodégradable, anti-allergique, anti-statique, et nécessite un mode d'élaboration simple et écologique.

EL OUAFI
| 08-10-2015 08:59
C'est en votre honneur Mr Ilyes Zammit, vous nous suggérez des sujets percutants, sujets que la Société Tunisienne subi cette mal gouvernance, des postes sensibles,aux secteurs importants,concernant l'économie du pays.
Toute cette politique doit être revue et corriger, ces inamovibles incompétents doivent êtres déboulonnés.
Le savoir faire ne manque pas ,des polytechniciens ce n'est pas ça qui manque dans notre pays donnez leurs l'opportunité à exercez et à prendre leur responsabilité.(Manai)

R.T.
| 08-10-2015 08:13
A vendre a ceux qui ont la charge de faire nourrir les réfugiés des guerres de l'Afrique et du monde arabe . Le ministère concerné doit faire les démarches nécessaires pour faire écouler cette sur production même à titre humanitaire si ça s'impose.

R.T.
| 08-10-2015 06:55
Ou bien ils ne sont actifs que dans les conférences ? Il y a beaucoup de pays en Afrique qui en souffrent de manque de nourriture dont le lait représente un élément principal. Ou sont nos accords dans ce sens là ? Ou Sont ONU,UNESCO,CROISSANT ROUGE,CROIX ROUGE etc.....? Ou bien ils ne sont bons que pour lancer des slogans ? Les associations pour aider à la pauvreté dans les tiers monde ,possèdent beaucoup de moyens et énormément d'argent pour intervenir , faire face puis faire d'une pierre 2 coups .A mon sens c'est mieux que de verser notre lait frais dans les fosses.!!!!!

brebis.
| 08-10-2015 02:36
Transformer en lait en poudre, le stocker ou le vendre en Afrique ou les enfants manquent de lait.

amal
| 07-10-2015 22:00
ont leur bol de lait chaque matin ???

Je doute très très fort.
Commencez par prospecter le terrain local ou bien faites don de cet excédent à des associations, puis le surplus pourra être envoyé ou vendu vers des pays africains dont la population est sous alimentée.

Quand vous dites ceci :

" cela nécessite un certain temps ne serait-ce que pour établir des contacts avec des prospects à l'étranger et dégoter des marchés. "

Moi, je dis que je rigole...
Vous attendez le dernier moment pour tisser des liens à l'étranger et vous mettre en quête d'un éventuel intéressé.

J'aurai presque envie de crier : " c'est quoi ce B... ou cette gestion ? "

ANTICIPER c'est GOUVERNER !

D'autre part quand vous dites :
" ça fera des économies pour le contribuable de 165 millimes par litre ». "

Ce gain est virtuel..Il n'a aucun sens..
Parlez nous des 100 millimes pour chaque litre X xmillions de litres, ça fait combien de millions de millimes que le contribuable devra supporter ???

Alors que si vous étiez bien organisés avec une bonne gestion pour savoir à qui vendre en cas de surplus, on ne courrait pas dans tous les sens et on ne viendrait pas à penser qu'il faut jeter le lait dans les égouts et le contribuable n'aurait pas à participer.

TOUTE LA GESTION EST A REPENSER ET ORGANISER.

DHEJ
| 07-10-2015 21:51
Obéit-il à BERNOULLI?

Régulation volumétrique ou fluidification des flux?


La réponse, il faut mettre un militaire!


Ce n'est pas seulement CHDOULA qui est drole, mais tout le pays avec ses responsables!

TLS
| 07-10-2015 21:23
Crevez, plus rien à foutre d'un pays en déclin complet