alexametrics
vendredi 29 mars 2024
Heure de Tunis : 13:42
Chroniques
Pourvu que l’éclaircie économique actuelle ne soit pas interrompue
17/05/2018 | 16:31
3 min

Ce serait faire preuve d’une certaine mauvaise foi que de persister à dire que la situation socioéconomique ne montre pas des signes d’amélioration. Les indicateurs macroéconomiques du 1er semestre 2018 l’indiquent substantiellement. Reste à espérer que cette tendance perdure.

En tout cas, il ne s’agit pas là non plus de faire étalage de triomphalisme. Car même si la conjoncture est favorable, elle ne permet pas au gouvernement de réaliser les objectifs fixés par le budget économique 2018. Le taux croissance du PIB au cours du 1er trimestre 2018 affiche un rythme de 2,5% en glissement annuel. C’est un rythme qui n’a pas été enregistré depuis le 1er trimestre 2014. Les spécialistes estiment que le résultat de croissance de cette période fournit plus que les autres trimestres le profil de la croissance annuelle.

 

Ainsi donc, le pays devrait enregistrer un taux de croissance de 2,5% environ en 2018. Ce qui relativement loin des 3% de croissance fixé par le gouvernement. D’ailleurs une telle tendance est confirmée par le Fonds monétaire international (FMI) qui vient de publier les perspectives économiques actualisées pour la région MENA (Moyen orient et Afrique du nord). Le taux de croissance de la Tunisie atteindrait 2,4% en 2018 et 2,9% en 2019. Ce n’est déjà pas si mal en comparaison avec les années 2017 (1,9%) et les années 2016 et 2015 où la croissance n’a affiché qu’un maigre 1%. Et ce n’est pas tout, selon le FMI, les ratios financiers du pays vont également connaître une amélioration.

Certes, le déficit budgétaire devrait dépasser les prévisions du gouvernement pour atteindre 5,3%, mais on s’éloignera des 6% de déficits observés ces dernières années. A ce rythme, l’objectif des pouvoirs publics de limiter le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2020 pourrait être atteint dans la mesure où l’Institution de Bretton Woods estime que le déficit budgétaire de la Tunisie en 2019 serait de 3,4%.

L’effort de rationalisation budgétaire est également à saluer puisque, toujours selon le FMI, une tendance se dessine vers un accroissement du ratio des ressources propres du budget de l’Etat par rapport au PIB parallèlement à une diminution du ratio des dépenses publiques totales.

 

Au niveau des finances extérieures, on perçoit quelques signaux positifs. En effet, le déficit des paiements courants devrait connaître une accalmie en 2018 affichant 9,2%, contre 10,1% en 2017, avant de reculer à 7,8% en 2019. Du coup, les réserves de changes vont se renforcer pour atteindre 6,3 milliards de dollars en 2018, soit plus de 100 jours d’importations. Elles devraient atteindre 7 milliards de dollars (114 jours d’importations) en 2019.

Actuellement, le stock de devises ne permet que 74 jours d’importations. Tout cela ne peut pas pour autant signifier que tous les indicateurs ont viré au vert. Le ratio de la dette demeurera élevé à 73,1% du PIB en 2018 contre 71,3% en 2017 et cela en dépit d’une sensible diminution de la dette nette du secteur public qui passerait de 21,3% en 2017 à près de 17% en 2018 et 14% en 2019.

 

Mais, plus que tout, c’est l’inflation qui cause le plus de souci. Elle devrait atteindre 7% en 2018 et ne fléchirait que petitement en 2019 à 6,1%. Pourvu que cette éclaircie actuelle continue et soit soutenue car, il convient de rappeler que les prévisions du FMI tiennent compte des réformes qu’envisage de mettre en œuvre le gouvernement au cours de 2018 et 2019 conformément au programme convenu avec l’institution financière multilatérale et soutenu par le Mécanisme de crédit élargi du Fonds. Cela suggère que Youssef Chahed est dans la nécessité de maintenir le cap de l’austérité et résister à toutes les pressions s’il veut présenter un bilan honorable à l’orée des prochaines élections législatives et de la présidentielle de 2019 et imposer sa candidature à la magistrature suprême à défaut d’une nouvelle candidature de Béji Caïd Essebsi.

A partir de maintenant, les spéculations vont aller bon train et les manœuvres politiciennes prendre de l’ampleur en conséquence. D’autant plus que le chef du gouvernement vient d’être conforté dans son poste et qu’aucun remaniement ministériel n’est à l’ordre jour. Pour le moment du moins.

17/05/2018 | 16:31
3 min
Suivez-nous

Commentaires (3)

Commenter

Zohra
| 19-05-2018 11:20
Tenez bon de ces charognards qui cherchent que leurs intérêts. la stabilité politique primordiale pour croissance durable.

TATA
| 19-05-2018 11:12
J'apprécie vos articles, merci pour vos efforts de consolider vos dires avec des données empiriques!

Bonne continuation

DHEJ
| 18-05-2018 10:33
Avec l'inflation galopante et encore le chute du dinar, le pouvoir d'achat se détériore!!!


L'UGTT et ses affiliés vont-ils réclamer une augmentation salariale à 2 chiffres?!