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Chroniques
Pour qui faut-il aller voter?
Par Synda Tajine
26/03/2019 | 15:30
3 min
Pour qui faut-il aller voter?

 

 

La question est sur toutes les bouches, les élections étant prévues avant la fin de l’année. Enfin, en attendant de régler la question – épineuse, très épineuse ( !) – d’un éventuel report de la présidentielle à cause du Mouled. Tous les moyens sont bons pour retarder.

 

Mais si la question « faut-il aller voter ? » a une réponse évidente, celle de savoir quel nom glisser dans l’urne, l’est beaucoup moins. Si vous espérez avoir une réponse à la fin de cet article, vous serez déçus. Si vous espériez avoir une réponse en commençant la lecture, c’est que vous l’êtes déjà. Qui n’est pas déçu ?

 

Comme en 2014, ceux qui ne vont pas massivement se diriger vers le parti islamiste, ceux qui n’appartiennent pas à un parti donné et qui sont obligés d’aller voter pour, auront encore face à eux un grand dilemme. Encore. Le vote utile de 2014 se transformera en 2019 en vote sanction. L’utilité d’aller voter pour un parti ou une personne uniquement dans le but d’en contrer une/un autre se présente aujourd’hui comme la plus grande des supercheries. Ils se sont foutus de vos gueules en beauté et ça vous le savez. Celle d’un vote sanction n’est franchement pas plus brillante. « Punir » ceux qui vous ont déçus en allant voter pour d’autres, n’est pas le plus sain des choix. 

Un grand nombre d’électeurs n’ira pas voter cette année. L’euphorie des premiers jours passée, essayez de convaincre quelqu’un de perdre sa journée à aller accorder sa voix à des personnes qui l’ont déjà déçu et dans lesquelles il n’a plus aucune confiance.

 

Le parti islamiste – encore lui – tire son épingle du jeu et reste en tête selon les instituts de sondage (encore eux). Qu’un parti soupçonné d’avoir dirigé – ou de diriger encore – une organisation terroriste armée ne semble pas ébranler outre-mesure les partisans d’Ennahdha. Il en faudra plus pour faire vaciller leur foi. Difficile à comprendre…

En face, des partis aussi peu convaincants que Nidaa Tounes (du moins les miettes) et Tahya Tounes (qui ramasse les miettes) qui nourrissent de grands projets sans s’en donner les moyens d’y parvenir. A côté d’eux, vous avez cette ribambelle de partis et de personnalités politiques aux grands discours, mais aux programmes maladroits et hasardeux et qui n’arrivent pas à s’imposer.  

 

Pour la présidentielle, vous avez le choix entre Youssef Chahed qui prouve que sa campagne électorale est plus importante que les intérêts du pays et Béji Caïd Essebsi qui a prouvé (et reprouvé) que ses affaires de famille sont plus importantes que l’intérêt du pays.

De l’autre côté, Abir Moussi, grande gueule et porte-drapeau des Destouriens - une partie des Destouriens - est parmi les favoris à la présidentielle. Son discours semble appâter ceux qui rêvent en secret de mettre leurs adversaires - et au passage ceux qu’ils n’aiment pas - derrière les barreaux, y trouvent refuge.

Ceux qui nourrissent le fantasme de re-mettre leurs adversaires politiques en prison, d’appliquer la peine de mort et de gazer tout le monde… Pas à ce point ? J’ai bien dit fantasme, il suffit d’y regarder un peu plus près. En gros, Abir Moussi dépoussière un vieux discours longtemps rabâché et choisit le bon timing pour le remettre au goût du jour.

Et Kaïs Saïd, cet outsideur de la scène politique, cet ovni qui attire tellement de sympathie. Le « candidat de l’anti-système » au discours déshumanisé mais qui ne l’empêche pas de surfer sur la vague et venir dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre afin de se donner des airs de sauveur.

Que le pays ait besoin d’un « sauveur » est, à mon sens, la clé du problème. Peu importe la personnalité compétente, patriotique et honnête qui sera placée au sommet, elle aura les mains liées si le reste ne suit pas. La campagne électorale commence déjà à battre son plein et elle sera ponctuée de nombreux événements qui feront détourner l’opinion publique du cirque donné par leurs aspirants.

 

Dans ce grand capharnaüm, une seule chose est sûre cependant…il faut absolument aller voter…

Par Synda Tajine
26/03/2019 | 15:30
3 min
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Commentaires (30)

Commenter

welles
| 29-03-2019 22:50
Madame; ce n'est pas votre discours et vos invectives qui redorer le blason de la classe politique; traiter une candidate à la présidentielle "de grande gueule" ne vous honore.
Mais on a compris depuis la chronique de votre rédacteur en chef que le journal est au service de ce mièvre de YC

observator
| 27-03-2019 16:11
Des fois je mets plus à temps à lire un article de Madame Tajine que l ensemble du contenu du journal telque La Presse ( leur plus grand journaliste est l AFP ).
Le sauveur, une culture mensongère Bourguibiste
Nous l avons essayé durant 55 ans et cela a donné un système corrompu.qui a bloqueaujourd'hui tout changement dans le pays.
Vous avez beau élire l' homme providentiel mais tant que ce système corrompu, qui a tissé sa toile sur le pays, perdure cet homme ne pourra rien faire.
Certes il en faut mais beaucoup d autres.
Donc il faut des hommess à tous les niveaux de decisions de l'Etat avec , à la base , une forte adhesion populaire au projet de changement.
Ainsi ces hommes pourront defier toutes ces corporations telles que l UTICA l UGTT et tous les clans mafieux qui se partagent le pays pour pourvoir entreprendre les grandes réformes necessaires au pays et tous les Tunisiens.
Dans ce cas on peut demander des sacrifices aux zwawla pour sauver le pays.
Vous ne pouvez pas demander aux zwawla de faire toijours les sacrifices et vous laisser tous ces mafieux qui amassent des milliards dans l impunité totale.
Il faut etre cohérent. Ca ne marchera pas, les corrompus sont unis pour garder leurs privilèges
Et puis il y a des regles consitutionnelles qu il faut respecter,

je dis la vérité
| 27-03-2019 15:53
Je vous remercie, en retour, cher Monsieur, d'avoir réagi à mon commentaire.
Au fond, et comme d'habitude, je ne fais que raconter, si l'occasion le permet, des choses du passé, que beaucoup de jeunes ne connaissaient pas. Vous, et je l'admets, vous êtes de ma génération. Vous avez vraisemblablement connu une époque que j'ai connue. Je ne veux pas parler "du bon vieux temps". Ce qui m'intéresse, c'est le quotidien des Tunisiens, leur bonheur..Est-ce que les citoyens tunisiens, sont heureux aujourd'hui?

Nos compatriotes n'oublieront pas ces neufs ans, ayant bousculé la Tunisie de bout en bout.

*Les répressions policières, les médias muselés, les militants emprisonnés, les jeunes frappés par un chômage endémique, la corruption régnante, les régions intérieures marginalisées, avaient abouti à un soulèvement populaire sans précédent contre le régime de Ben Ali, pendant l'hiver de 2010-2011.
Les uns l'appellent Révolution, d'autres le considèrent comme étant un complot américano-sioniste, planifié de longue date.

*Ben Ali, apeuré avait quitté précipitamment le pays, dans des circonstances obscures, avait laissé derrière lui le chaos. Nous avions connu en 2011, des moments d'angoisse, à cause des contestations qui se succédaient, les prémisses d'une guerre civile menaçaient le pays.

*Toutefois, depuis, un vent de liberté a soufflé sur le pays : La presse est désormais libre, les langues se sont déliées. On ose enfin s'exprimer, conspuer, voir même insulter.Cela n'avait pas cependant empêché certains islamistes, puissants, du mouvement Ennahda, de tenter de tordre le cou à certains organes de presse ou de médias. Nous avons rejoint, tant bien que mal, le giron du monde libre. Du jamais vu dans un pays arabe ou musulman.

*Bourguiba, éduquant son peuple, en envoyant des enfants ruraux, pieds nus, dans des écoles isolées, avait forgé la société civile la plus active des pays arabes et musulmans. C'est cette frange d'intellectuels qui régule, aujourd'hui, la vie politique de ce pays déchiré par des tiraillements de tous genres.


*Les partis politiques dissous, chassés, gelés ou écartés, ont repris surface, à partir du printemps de 2011. Leurs dirigeants charismatiques, dont certains étaient contraints à l'exil, commençaient à pointer du nez sur les plateaux de télévision et accordaient des interviews rassurantes, dans la foulée des tiraillements politiques.

Aujourd'hui, le pays est menacé par le terrorisme. Les forces de l'ordre et l'armée sont vigilants et ne dorment plus sur leurs deux oreilles. Une inquiétude plane sur le pays du fait de cette menace qui nous vient de Libye, jadis Eldorado des jeunes en quête de travail.
Nos concitoyens, leur souci majeur, c'est manger à leur fin, avoir un toit et se sentir en sécurité.

Quel est le parti politique qui peut dissiper l'angoisse collective ?

De mon côté, je n'en vois aucun. Cela n'empêche, qu'il faut aller voter.De mon côté Abir Moussi, ne fera pas des miracle, mais au moins, elle est courageuse et a son mot à dire.J'imagine, que si elle s'installait au Parlement, avec au moins 70 sièges, la Tunisie connaîtrait des horizons meilleurs.
C'est vrai, nous sommes tous lassés des promesses sans lendemain. Mais toutefois, l'espoir est toujours permis.Allons voter.

Bourguibiste nationaliste
| 27-03-2019 14:43
GRAND MERCI POUR VOTRE COMMENTAIRE
Monsieur, vous n'imaginez pas à quel point votre commentaire m'a fait plaisir. J'avais les larmes aux yeux en vous lisant car nous avons probablement le même âge ou presque et nous avons vécu les mêmes choses. Et votre témoignages sur la situation de la Tunisie dans les années cinquante et soixante est celle que vous décrivez. Je me rappelle aussi qu'à la sortie de certaines grandes villes, il y avait des gourbis, comme on dit. Je me rappelle aussi que très peu de foyers avaient l'eau courante chez eux : c'était un LUXE. Beaucoup aller chercher l'eau dans des robinets publics. Par ailleurs, bien des tous jeunes enfants avec leurs mamans allaient prendre leurs petits déjeuners dans des centres où leur donnait du lait en poudre et une tranche de pain. Je pourrais continuer à décrire la situation d'un pays alors où l'électricité n'était pas généralisé et on vivait parfois à la lueur des bougies.
Voilà la réalité de notre pays. Il est donc incontestable que le président Habib Bourguiba (qui était loin d'être un démocrate et pouvait-on l'être à cette époque compte tenu des urgences sociales !) nous a fait sortir de l'arriération, de l'obscurantisme et de la misère. Les ingrats islamistes le reconnaissent pas et crachent sur la mémoire de Bourguiba.
Merci d'avoir témoigné pour la postérité et pour les générations futures car ceux qui ne se rappellent pas du passé sont condamnés à la répéter. Notre pays sombre jour après jour dans la misère et le nouvel obscurantisme.
Enfin, cher Monsieur, je formule le v'?ux que le destin ou la providence nous aide à nous rencontrer quelque part en Tunisie ou ailleurs.
Bien à vous Monsieur et tous respects

je dis la vérité
| 27-03-2019 13:48
Je n'aime pas le culte de la personnalité. Cela n'empêche, que tu temps du règne du Président Bourguiba, le pays avait connu un décollement économique et un épanouissement social. Le Président Bourguiba avait frappé à toutes les portes des pays puissants de l'Occident, pour quémander leur soutien. Mais aussi, il avait une vision et un programme en tête:
*Libérer la femme.
*Scolariser les enfants
*Améliorer le quotidien de la population.

Ceux qui insultent sa mémoire aujourd'hui, n'ont pas honte et ils crachent dans la soupe.
La plupart des dirigeants islamistes se taisent quand on leur dit : "Qui vous a envoyé à l'école?". Le bey de Tunis? Les Français coloniaux?
Vos mères, vivant dans des tanières et dans la saleté, continuerait à pâtir, si ce grand'homme ne les avait pas soutenues.
Je me souviens, écolier dans les années cinquante, d'avoir côtoyé de pauvres camarades de classe, venir de loin étudier, pieds nus...Oui, pieds nus!
Vêtus de haillons, grelottant de froid, les doigts enflés par des engelures hivernales, ces gosses tenaient le coup. Ils voulaient à tout prix apprendre. Autrement, c'est le troupeau de mouton qui les attendraient, comme leurs aînés, s'ils échouaient....

Tout çà, nos islamistes ingrats ne le reconnaissent pas à ce Bourguiba, bâtisseur d'un pays ouvert et moderne.

Plus tard....Notre premier Président, commençait à faire des fautes, pendant son règne et ne voulait pas désigner un dauphin et méprisait même les dauphins. Cela avait causé sa perte.

Reste que et malgré tout, le Président Bourguiba, a impressionné plusieurs générations et laissé sa marque dans le monde arabe. Toutes nos femmes, dans les pays arabes, souhaitent que dans leur propre pays, il y ait un leader de la stature de Bourguiba.

Bourguibiste nationaliste
| 27-03-2019 12:45
Je comprends votre position et je dois dire qu'elle est cohérente et logique. Dans la situation où nous nous trouvons, Mme Moussi ne pourrait qu'apporter zb peu d'air frais et surtout un son différent.

je dis la vérité
| 27-03-2019 11:26
Déçu par les "laïques" stipendiés des frérots, j'irai glisser mon bulletin pour soutenir les iconoclastes et les nostalgiques de l'ère de Bourguiba.
Je voterai pour une dame que vous connaissez tous et qui défraie la chronique.
Tous les discours d'opportunistes de bas échelle, ne m'intéressent pas.
J'irai voter, sans angoisse et dans la quiétude, quel que soit le score que fera cette dame.
Je serais content d'entendre sa voix tonner dans ce Parlement, issu d'une constitution tirée par les cheveux.

Citoyen_H
| 27-03-2019 09:17
"Y a pas plus extremiste que Nhadha et le Harak '?' 2 partis de vendus et de harki".

Ya ci HatemC, ou est le scoop? C'est comme si vous révéliez que le ciel est bleu et que la mer est une étendue d'eau salée.
Salutations


Forza
| 26-03-2019 21:28
Bonsoir Microbio. Nous n'avons pas malheureusement une autorité comparable au Verfassungsschutz en Allemagne. A mon avis, il faut créer une telle authoritee ou par exemple placer quelques services de la sécurité intérieure sous la direction d'une cour constitutionnelle (qui elle aussi n'a pas encore vu le jour). Beaucoup de gens indiquent être la cible d'attaques des abiristes, déchaînés, les ex bandits et criminels du PSD et de l'RCD entrent en action, entre autre Mohammed Gharini l'ex secrétaire général de l'RCD, Mme Leila Haddad, Mme Ghozlani Kref - voir son commentaire sur le site facebook de Mohammed Gharianni sont déjà leurs victimes. Nous sommes donc vraiment confrontés a la montée d'un mouvement fasciste, pire que l'AFD.
voir poste de Mohammed Gharianni
https://www.facebook.com/mohamed.ghariani.5203/posts/2416090911983735

Consensus fi zebla
| 26-03-2019 21:02
D'un coté le consensus nadaoui et cette clique de partis composés de carriéristes corrompus jusqu'à la moelle qui sont près à se soumettre aux nadaouis et de l'autre abir moussi, pour moi ce sera abir moussi