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Mehdi Jomâa et Ghazi Jeribi dans la ligne de mire…
25/08/2014 | 1
min
Mehdi Jomâa et Ghazi Jeribi dans la ligne de mire…
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Une série de quatre textes de dénigrement et de déstabilisation de l’armée nationale a été lancée sur les réseaux sociaux il y a quelques jours par un proche du CPR et de Moncef Marzouki. Des informations alarmantes et de graves accusations ont été lancées contre de hauts cadres de l’armée ainsi qu'à Mehdi Jomâa et Ghazi Jeribi. Est-ce l’œuvre d’un fou à lier aveuglé par la haine ou une opération soigneusement commanditée ciblant le chef du gouvernement et son ministre ?

Lundi 11 août 2014, le président de la République, Moncef Marzouki, reçoit le chef du gouvernement Mehdi Jomâa et son ministre de la Défense Ghazi Jeribi. Rien d’officiel n’a été publié quant au contenu de la rencontre. Le lendemain, le président de la République nomme Ismaïl Fathalli chef d’Etat major de l’Armée de terre. La proposition du nom lui a été transmise par le ministre de tutelle la veille. Est-ce l’épilogue d’une polémique de plusieurs semaines quant au « limogeage non-dit » du chef d’Etat major prédécesseur du général Fathalli qu’est le général Mohamed Salah Hamdi ? Rien n’est moins sûr.
Jeudi 21 août, le blogueur Yassine Ayari annonce la publication d’une série de quatre articles dénonçant ce qui se passe à la tête de l’armée. Le blogueur en question est le fils du martyr lieutenant-colonel Tahar Ayari, assassiné en 2011 par un groupe de salafistes. Contrairement au défunt père, le fils est connu pour être un menteur (il l’a avoué lui-même) et pour être un proche de Moncef Marzouki. Il a fondé une association dont le financement est opaque et continue sa vie normalement, entre Paris et Tunis, bien qu’il soit condamné à six mois de prison ferme. Il a interjeté appel et la date du procès n’a toujours pas été fixée. Ayari s’est fait connaitre à plusieurs reprises à travers ses multiples appels à la violence et au meurtre en Tunisie (voir notre article à ce sujet) et s’est particulièrement distingué quand il s’en est pris ouvertement à l’Algérie sur des plateaux télé l’accusant, implicitement, d’être derrière les actions terroristes (voir notre article à ce sujet).

La série de Yassine Ayari sur l’armée, publiée la semaine dernière, se veut conforme à l’image que veut donner le blogueur de lui-même : révolutionnaire-patriote qui cherche à sauver l’armée et le pays. L’intention est bonne et louable en son apparence. Mais le blogueur est tombé dans son propre piège en restant fidèle à lui-même et à Moncef Marzouki. Il y a les « méchants » incarnés par Mehdi Jomâa et Ghazi Jeribi et les « gentils » incarnés par le président de la République. Il prend à témoin l’opinion publique et les médias patriotes à voir de près ce qu’il raconte et invite l’ANC à réagir.
Et c’est quand on regarde de près qu’il devient aisé de conclure que ce que raconte le blogueur ressemble plutôt à une stratégie bien ficelée pour déstabiliser l’armée, la présidence du gouvernement et le ministère de la Défense qu’à un dévoilement de vérités.
Ayari indique que sa source est au sein même de l’armée. Or quand on voit certains détails, il apparait que ces informations ne peuvent être détenues que par la présidence de la République. D’autant plus difficile qu’il est impossible d’imaginer que des officiers puissent trahir le secret professionnel pour le donner à un petit blogueur vivant à Paris en lui livrant moult détails qui peuvent leur coûter la peine capitale si l’on applique strictement la loi.
Le fait que Yassine Ayari puisse dévoiler autant de secrets militaires, autant de détails précis sur des mouvements de l’armée, reflète que le jeune est protégé en haut lieu et se sait impuni. Et sa protection dépasse un officier militaire, aussi gradé soit-il. On le sait d’ailleurs, il n’a pas du tout été inquiété quand il a lancé ses appels à la violence, ni quand il s’en est pris à l’Algérie. Et quand il a été arrêté à l’aéroport, après avoir été jugé par contumace à six mois de prison, il a été rapidement relâché. Dans son comité de défense, un certain Samir Ben Amor. Dans un pays où la présidence de la République fait convoquer devant la criminelle un journal accusé d’avoir rédigé une information erronée, il y a de quoi être étonné de l’audace d’un tel blogueur. Le monsieur se croit au dessus de la loi et les faits, jusqu’à présent, attestent de cela.

En résumé de sa série, Yassine Ayari accuse le ministre de la Défense d’avoir des ambitions politiques, accuse le ministre et l’ancien général Rachid Ammar d’avoir coopéré avec des services secrets étrangers, accuse des officiers de faire de l’espionnage sous la houlette du ministre et de Rachid Ammar. Il dit que les soldats sont démoralisés et que les officiers sont dans l’expectative. Pour lui, c’est le ministre qui est responsable de la mort de 15 soldats parce qu’il aurait donné des ordres contraires à ceux qu’aurait donné le chef d’Etat major. Le ministre n’aurait aucune volonté d’en finir avec les terroristes. Il rappelle que l’armée n’a toujours pas de directeur de sûreté et prétend que le ministre a politisé l’armée et a créé des clans ce qui reflète, d’après lui, une volonté de rester au-delà des trois mois qui lui restent. D’après lui, des civils du cabinet ministériel auraient humilié des officiers et le conseil supérieur de l’armée aurait été totalement marginalisé. En bref, conclut-il, le ministre est en train de prendre de graves décisions sur terrain et qu’il est soutenu par le chef du gouvernement et les membres de la cellule de crise. Une cellule de putsch selon lui.

Contacté par Business News, un haut officier de l’armée balaie d’un sourire toutes ces divagations. Fidèle à la tradition de la Grande muette, il répond par une seule et unique phrase : « A l’armée, nous sommes disciplinés, républicains et patriotes. Vous voyez bien et vous savez parfaitement qui est derrière cela ! ».
Ce dont Ayari accuse le ministre, est à la limite du risible. Le ministre n’a fait qu’exercer son mandat et ce que lui permet la loi. Il suffit de lire la loi pour constater qu’il ne s’en est pas éloigné d’une virgule. Ghazi Jeribi a certes opéré des changements majeurs, mais cela rentre exactement dans le cadre de la feuille de route imposée au gouvernement. Les personnes partisanes et incompétentes doivent déguerpir et aucun département ne saurait faire exception. Yassine Ayari ou ses commanditaires accusent Ghazi Jeribi de politiser l’armée, mais la même accusation pourrait toucher Moncef Marzouki. La différence est que M. Jeribi est nommé par consensus, alors que le président Marzouki est là, imposé par une troïka, sans même qu’il ne soit élu, et a largement dépassé son mandat initial.
La vérité est que Moncef Marzouki n’a pas supporté comment le ministre lui désobéit et agit sans concertation avec Carthage. La cellule de crise est une cellule parallèle au haut conseil de sécurité, que Marzouki préside théoriquement, et cela lui est insupportable qu’on échange des informations capitales, dans cette cellule, sans que cela ne passe par lui.
Moncef Marzouki a l’habitude, de temps à autre, de « convoquer » des ministres de Mehdi Jomâa. Ghazi Jeribi n’a pas répondu à cette convocation du 11 août relative à la nomination du général Fathalli et est allé voir le président de la République accompagné de son supérieur hiérarchique, qu’est le chef du gouvernement.
En bref, et si l’on doit évaluer à froid le travail de Ghazi Jeribi, on trouvera un ministre qui a le sens de l’Etat et respecte ses institutions et sa hiérarchie. Il exécute une mission bien déterminée par son chef du gouvernement lequel est mandaté par les membres du Dialogue national. Un dialogue national où ne figure pas le CPR, le parti présidentiel.
Est-ce alors une énième tentative de déstabilisation de l’armée en parfaite continuité de ce qui a déjà été entamé par la présidence de la République. Le doute est permis. on a beau vouloir croire aux textes du blogueur-menteur, il y a tellement d’incohérences et de volonté manifeste de servir une partie bien déterminée que la bonne foi et la sincérité de l’auteur ne sauraient ne pas être remises en doute.

25/08/2014 | 1
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