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Tribunes
Et si l’on offrait à notre Tunisie un débat qui sied à la grandeur de sa révolution
20/04/2014 | 20:31
3 min
Et si l’on offrait à notre Tunisie un débat qui sied à la grandeur de sa révolution


Par le Colonel (r) : KASDALLAH Mohamed*

Ces derniers temps, on assiste à un déferlement sans précédent de la violence verbale envers la justice militaire et l’Armée en général et qui a pris des proportions jamais connues auparavant. La raison est bien connue : la sentence décidée par la Cour d’Appel Militaire qui n’a, par ailleurs, de militaire que le nom puisque ses membres sont aux deux tiers des civils y compris son président, conformément au principe sacro-saint de la primauté du civil sur le militaire. Mais à vrai dire, il n’y a pas que l’armée qui encaisse des coups. Hélas ! Le pays tout entier connait un climat général morose du fait qu’il soit perturbé par un ensemble d’aléas socio-politiques problématiques.
Quelques partis politiques, certainement aux pensées uniques et reflexes rentiers, s’inscrivent dans la théorie du médecin et physiologiste russe Yvan Petrovic PAVLOV (1849-1934) démontrant qu’un animal, une personne, un clan, sous l’influence de changement d’habitude aurait tendance à transformer subitement leurs reflexes d’asservissement en automatisme d’insoumission. D’où, l’agressivité verbale qu’on observe tous les soirs ou presque, en écoutant les propos venimeux de certains politiciens.
On se demanderait alors quelles sont les raisons de ce vent de folie qui s’est emparé du pays ? Quelle chienlit et chiennerie de la vie ! Seigneur, le pays est blessé ! Préserve-le de ses enfants aux crocs rancuniers et aux insultes jamais proférées envers une institution (l’armée) jadis choyée par tout un peuple.
Devant ces politiciens véreux, aux reflexes pavloviens voire mystificateurs, on ne peut qu’assister aphone, désabusé, décontenancé, aigris et subir ces « bon parleurs » qui semblent avoir accordé leurs violons pour nous servir un concert digne d’une assemblée byzantine. Un débat d’une pareille stérilité nous met inévitablement dans une sorte de pétaudière où certaines personnes ont fait provisions au « marché du verbe » des termes en apparence savants, destinés à éblouir les esprits et à les détourner des vrais problèmes.
Résultat, la scène nationale est polluée par des échanges de « politesse » obéissant au principe de l’action-réaction du genre anti-démocrate, anti-laïque, anti-islamiste, anti-femme, anti-nationaliste, anti-tout. Chacun essaye de se tailler une grille de lecture sur mesure pour paraitre le plus clean, le plus parfait.
Prenons garde, car à force de vouloir soigner l’image on oublie de traiter le mal. Au lieu de s’étriper, sans retenue pour certains, il serait judicieux de s’affronter, chacun à son corps défendant, à coups d’arguments soutenant des programmes réfléchis pour préparer aux tunisiens un avenir de bien-être et de vivre ensemble en paix et dans la dignité.
Réhabiliter les valeurs du travail, du mérite, du civisme, de l’éthique, de la morale politique, et autres valeurs humaines est le défi majeur à relever pour disqualifier la caste des charognards qui se complait dans la médiocrité qui envahit de plus en plus nos espaces vitaux.
Le danger réside dans le fait que le peuple, médusé et impuissant, ne pouvant se prononcer sur un projet ou contrat de société susceptible de sortir le pays des ornières, se contentera du rôle du témoin passif à la passe d’armes ou devra faire allégeance, les yeux fermés et le génie mis en berne, à l’un des antagonistes. Reste l’option périlleuse du rejet actif qu’il sera difficile de contrôler et encore moins de gérer. Que Dieu nous préserve du cataclysme qui pourrait en découler.
Nous pouvons, nous devons, à mon avis offrir bien mieux à la Tunisie, ne serait ce que par égard à toutes celles et tous ceux qui se sont sacrifiés par le passé et ceux qui continuent à le faire aujourd’hui encore.
Qu’il me soit permis de finir cette modeste contribution par citer le grand Mahatma Gandi notamment ce qu’il considère comme « les sept péchés sociaux », à savoir : la politique sans principe, la richesse sans travail, le plaisir sans conscience, la connaissance sans caractère, le commerce sans moralité, la science sans humanité, l’adoration divine sans sacrifice.

* Mohamed Kasdallah est Colonel à la retraite, ancien attaché militaire auprès de l’ambassade de Tunisie en Algérie et Président de l’association Anti Violence « Tolérance et Réconciliation »
20/04/2014 | 20:31
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