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Chroniques
Elections : Des partis politiques que nous risquons de perdre
19/10/2014 | 17:32
3 min

Par Sofiene Ben Hamida


Dans une semaine exactement, les Tunisiens qui auront choisi d’assumer leur rôle de citoyens se déplaceront aux bureaux de vote pour choisir leurs représentants par les urnes. Ils décideront ainsi de la configuration du paysage politique pour les cinq prochaines années. Dans cette nouvelle configuration, des partis politiques consolideront leurs positions. D’autres connaitront une progression qui récompensera un travail de terrain et une stratégie intelligente. Mais il y aura obligatoirement des partis politiques qui sortiront perdants de ces élections, qui verront leur capital confiance s’effriter et qui constateront à leurs dépens l’échec de leurs programmes et de leurs stratégies.
Les soixante-dix partis politiques qui ont choisi de ne pas participer aux élections n’ont rien à perdre. Ils ont déjà perdu leur raison d’être et leur crédibilité en refusant de se plier aux règles du jeu démocratique. Les nouveaux partis créés après la révolution ne perdent rien de leur côté puisque ces élections constituent leur première expérience. Par contre, les partis de l’opposition au temps de l’ancien régime qui ont tellement investis au cours des longues années de plomb ont tout à gagner ou tout à perdre dans ces élections.

Au vu des résultats des derniers sondages censurés par la HAICA en connivence avec l’ISIE mais qui circulent allègrement dans certains milieux, plusieurs partis « historiques » de l’opposition risquent gros dans ces prochaines élections au point de mettre leur existence en péril. Il s’agit surtout du Mouvement des Démocrates Socialistes, MDS, de Ahmed Khaskhoussi, du Takattol de Mustapha Ben Jâfar, du Parti Joumhouri et du parti Massar.
Le MDS a connu son heure de gloire dans les années 80 mais depuis les élections anticipées de 1989 et le départ forcé à la retraite de son fondateur Ahmed Mestiri, il a connu des querelles fratricides et des scissions qui ont fini de le détruire. Aujourd’hui, il risque de ne récolter aucun siège dans le prochain parlement. Les dégâts causés par son ancien secrétaire général Mohamed Moada semblent être irréversibles et son actuel secrétaire général Ahmed khaskhoussi n’a jamais su malgré son courage et son intégrité, fédérer les militants de son parti esseulés et désorientés.

Le parti Takattol est d’ailleurs le fruit d’une scission au sein du MDS guidé par Mustapha Ben Jâfar, Mouldi Riahi, Khelil Zaouia et Mohamed Bennour. Durant les dernières années de l’ère Ben Ali, il a réussi à se tailler une place respectable parmi les partis de l’opposition démocratique grâce à son sérieux. Cela lui a servi à gagner la confiance des électeurs lors des élections du 23 octobre 2011. Mais une grande frange de ces électeurs se sent trahie aujourd’hui par le parti Takattol qui a choisi contre toute attente à s’allier à Ennahdha et former avec elle et le CPR une troika gouvernementale dont le bilan est jugé globalement négatif. Ce désamour à l’égard du parti Takattol pourrait prendre des dimensions dramatiques lors des prochaines élections législatives au point de mettre un frein aux ambitions présidentielles de son fondateur.
Quant au parti Joumhouri, ses alliances hâtives, ses scissions à répétition et ses positions hasardeuses parfois, impopulaires souvent ont fini par avoir raison de lui. La représentation dominante du parti Joumhouri aujourd’hui est celle d’un parti qui s’est vidé de ses adhérents et qui continue de se comporter comme un grand parti. Les résultats des prochaines élections risquent d’être décevants pour ce parti et porter préjudice aux chances de son candidat à la présidence Ahmed Néjib Chebbi.
Les résultats des prochaines élections risquent d’être encore plus décevants pour le parti Massar, cauchemardesques même. A force de changer d’appellation tous les deux ans, le parti Massar qui se présente cette fois sous l’appellation de l’UPT risque de ne récolter aucun siège au sein du prochain parlement. Dommage pour un parti de cadres qui a toujours été une force de proposition et qui est le plus ancien parti en exercice.

Le slogan du vote utile, lancé depuis quelques mois pour contrecarrer Ennahdha et son projet a ajouté aux difficultés de ces partis historiques au profit de Nidaa Tounes. Certes ce slogan permet à court terme de préserver un modèle de société moderniste auquel les Tunisiens sont attachés. Mais à moyen et à long termes, ce slogan de vote utile peut s’avérer néfaste pour le pluralisme, la diversité et la démocratie.
19/10/2014 | 17:32
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