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Tribunes
Bilan vs bilan : Pourquoi Béji Caïd Essebsi est le meilleur candidat ?
19/12/2014 | 09:49
7 min
Bilan vs bilan : Pourquoi Béji Caïd Essebsi est le meilleur candidat ?
Kabil Daoud*

La compétition pour les élections ne repose pas uniquement sur la qualité et l’importance des programmes mais aussi sur le bilan des candidats en lice. Dans le duel électoral qui oppose Béji Caïd Essebsi à Moncef Marzouki, il est probable que c’est le bilan des deux candidats qui les départagera autant que leur personnalité, leur image et le projet qu’ils portent.

Homme d’Etat riche d’une longue expérience du pouvoir, bénéficiant d’importantes relations au plan international, Béji Caïd Essebsi a présidé le gouvernement tunisien durant quelques mois, dans une situation extrêmement difficile à l’intérieur (blocages, violences et désordres en tous genres) comme à l’extérieur (en raison notamment d’un afflux massif d’émigrés libyens fuyant le chaos qui a précédé la chute du régime de kadhafi). Il est néanmoins parvenu à assurer, tant bien que mal, la marche de l’Etat et à conjurer les dangers de toutes sortes qui guettaient et menacent toujours la sécurité et la stabilité du pays. Il en est résulté, en résumé, l’organisation des élections du 23 octobre 2011, les premières élections libres et transparentes depuis l’Indépendance et qui ont installé une assemblée constituante grâce à laquelle nous avons aujourd’hui une Constitution que « le monde nous envie ».

Cette première partie de la transition démocratique réussie a été déterminante pour la suite des événements comme le confirmera certainement la réussite du dernier épisode de cette même transition avec le second tour des présidentielles. Béji Caïd Essebsi remettra le pouvoir après le 23 octobre 2011 à Hamadi Jebali au cours d’une cérémonie d’une civilité dont la symbolique restera dans les annales. Par la suite, et face à un déséquilibre dangereux né de l’omnipotence et de la prépondérance de la Troïka et des dérives qui ont accompagné sa gestion au point de mettre en péril la sécurité de la Tunisie et la cohésion de son peuple, Béji Caïd Essebsi, en homme d’Etat, a su créer l’équilibre politique en fondant Nidaa Tounes, ce qui a eu pour effet bénéfique de stabiliser le pays et de rendre l’alternance possible ainsi que le veut tout système démocratique digne de ce nom.

Le parcours du candidat Moncef Marzouki, au cours de ses trois années d’exercice du pouvoir à la présidence de la République, est autrement plus accidenté, plus erratique et plus sujet à controverse pour un personnage censé être, a priori et à ce niveau, de par sa fonction, le plus consensuel et le plus rassembleur de nos responsables politiques. Il fut, au contraire, davantage porté aux mouvements d’humeur et au mélange des genres qu’à la maîtrise de soi qui sied à sa haute fonction. Il se montra le plus « turbulent », le plus hystérique et le plus brouillon des présidents en même temps que le « plus grand commun diviseur » des Tunisiens.

Les « gaffes » du président Marzouki, homme caractériel aux réactions et aux foucades imprévisibles, ne se comptent plus. Le voici qui accueille en son palais les fameuses ligues dites de défense de la révolution, bras séculier d’un islam politique d’importation, semblables aux pasdarans des premiers temps de la révolution iranienne, constituées en bandes « barbouzardes » pour écumer les rues et réprimer, entre autre, par la violence, pour le compte de la Troïka, des manifestations pacifiques comme celle du 9 avril 2012 ou celle devant le siège de l’UGTT ou pour « casser » les réunions publiques de l’opposition. Le voici encore qui converse toujours, sous les lambris du palais de la République, avec de « vénérables » cheikhs salafistes qui s’avéreront être, jusqu’à aujourd’hui, les maîtres à penser du salafisme, qu’il soit jihadiste ou prétendument « scientifique ». On notera, au passage, que ces cheikhs n’ont jamais accepté de considérer nos victimes du terrorisme parmi les civils, les forces de l’ordre et les militaires comme des « chouhadas » ni de prononcer ce mot en public.

On ne sait rien de ce que la plupart d’entre eux pensent de «l’Etat islamique » ou de « Daech » ou encore d’ « Al Qaïda ». Le voici toujours qui ne prend aucune posture contre la fuite organisée de Abou yadh. Aucune position contre les nominations partisanes dans l’administration. Aucune position contre les violences multiples faites aux journalistes - contre lesquels il ne cesse de vitupérer -, aux artistes (épisode d’El Abdellya et autres), aux intellectuels et aux universitaires. Aucune position ferme contre les événements gravissimes de Siliana (tirs de grenaille contre la population) et autres manifestations de prosélytisme organisées dans nos rues par Ansar Chariâa avant que ce groupe ne soit déclaré terroriste. Cela sans parler de l’étrange ballet de limogeages et de nominations dirigé par Moncef Marzouki au sein de l’armée nationale, son différend avec le ministre de la Défense, Abdelkarim Zbidi ou aussi le règlement de comptes gratuit qui l’a opposé au gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli, ou encore son mutisme complaisant concernant les dérives nombreuses des deux gouvernements Jebali et Laârayedh, alliance de la Troïka oblige.

Quant à notre politique étrangère dont le président de la République est censé être l’initiateur et le maître d’œuvre, commençons par citer le cas de la Syrie, pays et régime sur lesquels il a jeté de manière précipitée l’anathème, renvoyant un ambassadeur syrien qui n’était même pas là et jetant la colonie tunisienne en Syrie à son sort, sans État pour la protéger, et encourageant du même coup, directement ou indirectement, des milliers de nos jeunes, embrigadés par des passeurs jihadistes, à aller se faire tuer au pays de Sham au service d’une improbable et sanglante révolution islamique. Citons aussi ces relations pour le moins douteuses avec l’État du Qatar qui semble avoir réussi à vassaliser la Tunisie de la défunte Troïka dans le cadre d’un agenda ikhwani triangulaire réunissant le Qatar, la Turquie d’Erdogan et la Tunisie d’Ennahdha (surtout celle de Jebali, Chourou, Ellouze et autres faucons) et mis en vente par les chaines « Al Jazira », « Zitouna », « Al Mutawassat », « TNN », voix officieuses de l’Islam politique en Tunisie. Citons encore tous ces voyages qui ont tant coûté au contribuable sans contre partie palpable ou invisible et dont certains n’ont fait que tendre nos relations avec certains pays frères comme l’Algérie. Citons toujours cet épisode ubuesque au cours duquel il nous a concocté un communiqué ridicule pour admonester et dénoncer… le gouvernement nord coréen à des milliers de kilomètres de là.

Il n’est pas de doute que la Tunisie, comme l’ensemble des pays du Maghreb, est confrontée depuis l’avènement du « printemps arabe » à une forte vague de ce qu’on appelle l’Islam politique. Par ses actes et ses prises de positions, Moncef Marzouki, souvent porte-parole et partisan d’un mariage, partout qualifié par lui de possible et même de souhaitable entre l’Islam et la politique, montre chaque jour et, notamment, à travers sa campagne électorale, qu’il entend être un des acteurs de ce processus et le candidat privilégié du projet d’instauration d’un Etat ikhwani en Tunisie, prélude à l’islamisation politique de tout le Maghreb. Il s’est souvent plu dans ses déclarations à vendre l’idée que Islam et politique sont conciliables et qu’il compte bien le démontrer et l’appliquer, sans spécifier de quel Islam il parle, le tunisien sunnite, la saoudien wahabite ou le quatari. En tout état de cause, son comportement ces trois dernières années à la tête du pays laisse planer bien des doutes sur ses motivations et ses intentions véritables.

Les hommes politiques ne valent que par les idées et les projets qu’ils portent et les bilans dont ils se prévalent. Il est courant de voir qu’un footballeur de génie ne fait pas forcément un entraîneur compétent qui gagne. De même, un homme politique qui fut un opposant acharné, parmi beaucoup d’autres, à la dictature de Ben Ali, ne fait pas pour autant un homme d’État digne de ce nom et à la hauteur des défis posés au pays.

Loin d’un président terne, inconstant et instable, sans vision, ni idées, ni ligne directrice et ni panache comme l’a été, jusqu’ici, Moncef Marzouki, la Tunisie a plus que jamais besoin d’un président qui rassure et qui rassemble. Un président capable de redonner aux Tunisiens confiance en l’avenir, de procurer à la Tunisie stabilité, développement et prospérité à l’intérieur, et de restaurer son rayonnement à l’extérieur. Un président qui réconcilie notre pays avec son histoire, son unité et l’originalité de son modèle de société. Un président en mesure de vaincre les démons du repli, du rejet et du fantasme. Il est clair qu’avec le bilan largement négatif qu’il traîne depuis trois ans, Moncef Marzouki a montré qu’il n’est pas et ne peut être ce président-là.

*Membre du bureau politique de Afek Tounes
19/12/2014 | 09:49
7 min
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Commentaires (8) Commenter
@Ouf, personnes ne soutient aveuglement BCE
Mounir
| 20-12-2014 14:46
Cher ami, avec tout le respect que je te dois, je sais que tu penses faire le bon choix! un peu comme moi quand j'ai voté ennahdha en 2011 et que jour après jour j'ai regretté mon geste jusqu'à m'en bouffé les doigts!
Aujourd'hui le choix est clair! c'est la Tunisie et nos enfants qui sont en jeux! si certains vote beji comme moi je le ferais, sache que ce n'est pas pour mon amour profond envers son passé mais pour ce qu'il apporté a notre futur!
Même malgré son age, il est vieux certes! même très vieux! mais je pense que par son passage il montrera au futur comment il faut faire! nous sommes tous tunisien et nous aimons tous notre patrie, ne croit pas que l'on va voté pour faire du mal a nos enfants bien au contraire! En regardant de plus près (de bien plus près) il y a des milliers de bourdes que nous paieront tous, pas forcément de marzouki! même jomaa que tous le monde aime nous a offert un gouvernement "mort", qui ne bouge pas, qui n'apporte rien de plus, qui ne cogne pas du poing sur la table pour le coté social et humain, pour faire changer les choses, qui n'apparait que lors des grand moment!
On a l'impression d'un locataire qui en prenant les clés de la maison, ne fait rien pour l'entretenir, jusqu'à ce qu'un nouveau locataire arrive.
Si le parlement européen s'est levé, c'est pour la Tunisie (pour toi et moi), et non pas "seulement" pour les diplômes de marzouki, ne confond pas le représentant du peuple, et la personne! Les européens ont un profond respect pour ce qui s'est passé en Tunisie et ce qui s'y passe encore! il n'interviennent pas car personne n'a dans le monde l'expérience d'une révolution!
Je voterais BCE, tu voteras apparemment Marzouki! mais au dela des votes saches que les partisans de BCE ou de Marzouki on une chose en commun, ils votent pour le bien de la Tunisie!
Sinon pour la petite touche humour, on va surement gagné, c'est une réalité inaliénable, Marzouki, quand on passe son temps a ne rien foutre, a être au plus bas dans les sondages, et surtout a profiter de l'absence (mesquine) d'un candidat nahdhaoui... oui on a la chance peut être d'avoir un bon 20% des voix! pas plus!
Les gens qui votent pour BCE veulent BCE
Les gens qui votent pour Marzouki sont pour la plupart les partisans nahdhaouis qui n'ont pas eu de prérogative claire mise a part de voter contre celui du camp adverse! celui qui je le rappelle à demandé à ennahdha d'être présent au gouvernement en respect au Tunisien qui ont voté pour eux!
Le futur gouvernement sera un bon gouvernement! représentatif du peuple! si le président n'est pas de leur coté! on passera notre temps a les voirs se disputer a à s'auto accusé en récitant les prérogatives de l'autre! au lieu de batir pour un avenir meilleur!

Marzouki a bien montré la couleur! ils est plus sur un champs de bataille que su un chantier!
Toujours bon de rappeler !
Stouko
| 19-12-2014 22:40

Beau travail !! Une seule remarque : de quel pgcd parlez vous!? Marzouki est le SEUL responsable de la division du peuple tunisien. Et il y excelle même.
(crdt)

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@Ouuf
Tounes hobbi
| 19-12-2014 16:08
A Ouuf : il est tout à fait normal que MMM parle bien devant le parlement européen, son discours était bien préparé et il voulait donner bonne image, ensuite, le parlement européen s'est levé pour saluer la Tunisie à travers celui qui le représente, ils se seraient levés devant n'importe lequel de nos présidents, cela ne veut rien dire pour nous! Cela n'est pas une référence et un gage de bon avenir ! Je respecte tes idées, nous avons tous le droit d'avoir nos choix étant enfin en démocratie, Allah yarham nos tués et Allah yechfi nos blessés, mais essayez de raisonner de façon logique , et non sentimentale comme il semblerait que vous le faites.
@fethi
Ouuf
| 19-12-2014 14:32
Je ne peux baisser à ton niveau mais effectivement tu doit ressembler à BCE (propre et élégants) et ça se voit quand tu traite les gens de terroristes et clochards.
Bravo Afek
A.
| 19-12-2014 14:13
Bravi Afek pour votre patriotisme et votre analyse objective!
Tartour n'est qu'un clown, la ou il va il fait soit rire soit pleurer et dans les 2 cas les gens se moquent de lui après!

J'invite ceux qui sont fier du mot de tartour devant le parlement de regarder la giffle que tatour a recu dans l'Assemblée francaise lorsque le ministre manuel vall a refusé de le saluer en lui donnant la main.

Le problème de tartour et de ses partisans est qu'ils ne pensent jamais à l'effet "boomrang". Si on maitrise pas un sujet, on fait mieux de se taire parce que ca peut se retourner contre nous.

@ Mansar il tahfoun: Ne pleure pas stp!

Vive la Tunisie! Vive la république!
Ouuf
fethi
| 19-12-2014 13:31
Gardes tes conseils. On veut d'un président propre dans tous les sens du termeet ayant de la prestance. Ton tartour, qui doit te ressembler d'ailleurs, tu peux voter pour lui et ses amis les terroristes clochards comme vous. Nous, on vote les propres et les élégants, comme beji CE. Ok?
je croyais qu"il avait une cigarette sur le bout des levres
fatima
| 19-12-2014 13:29
Je vote BCE et je n'ai pas besoin de preuves pour cela.
Invitation
Ouuf
| 19-12-2014 10:10
Un message à nos ami(e)s de Afek Tounes qui se prennent pour des intellectuels et pour ceux qui soutiennent aveuglement BCE. Je vous invite à regarder l'allocution de Mr Marzouki devant le parlement Européen (disponible sur Youtube) et de juger vous même qui de chez vous fera mieux.