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Chroniques
Elections : Et le mercato se poursuit !
24/08/2014 | 18:21
3 min
Par Sofiene Ben Hamida

Le mercato électoral n’est pas prêt de finir. Dans tous les partis politiques, les candidats et surtout les têtes de listes se succèdent à quelques heures d’intervalle au gré des ambitions, des équilibres internes et des rapports de force. Dans cette valse à mille temps, aucun parti n’est épargné même si certains sont plus exposés que d’autres.

Le Nidaa semble prendre de l’eau tant les listes proposées par la direction sont contestées par les structures locales et régionales. A Tunis, Nabeul, le Kef, Gabes et Sfax comme à l’étranger, on assiste à une véritable fronde. Bizarrement, cette fronde s’est accélérée depuis la mise à l’écart du duo Fawzi Elloumi- Hafedh Caid Essebsi. Comme si au sein de Nidaa, une frange tenue jusque-là en laisse s’est libérée de tout contrôle et est entrée dans une transe autodestructive.

Au sein du parti Ennahdha, les choses ne sont guère mieux et l’éviction de figures emblématiques de son aile radicale comme parmi ses modérés tels que Sadok Chourou, Habib Ellouz, Néjib Mrad, Sonia Ben Toumia et Samir Dilou a suscité beaucoup de remous. Mais la direction du parti islamiste a réussi très vite à calmer les esprits et à imposer la discrétion à tous. La longue expérience de la clandestinité leur a servi, cette fois, à préserver une façade d’unité même quand les murs à l’intérieur sont fortement lézardés.

Même le parti de l’Alliance démocratique n’a pas été épargné par les querelles internes sur la présidence des listes électorales. Les sirènes du pouvoir y ont charmé tout le monde y compris Mohamed Hamdi dont les ambitions ne semblent pas être aussi modérées que le discours.

Pour tous ceux-là, les partis les plus populaires comme les partis unicellulaires, les élections semblent constituer une surprise à laquelle ils ne se sont pas préparés. Pourtant, on savait depuis le 23 octobre 2011 que des élections allaient suivre. On savait surtout depuis l’adoption de la nouvelle constitution en décembre dernier que les élections auront lieu avant la fin de l’année. Mais tous les partis politiques sans exception ont montré un amateurisme flagrant qui laisse entrevoir qu’aucun parmi eux ne dispose réellement d’une structure dédiée aux échéances électorales. Une telle structure aurait pourtant permis aux partis de préparer leurs listes, d’éviter les frictions de dernier moment entre ses militants et de se prépare d’une manière plus efficace pour aller chercher la confiance des électeurs.

Pour tous ces partis aussi, la compétition électorale ne concerne que les têtes de listes. Dans quelques rares circonscriptions, cette compétition s’élargit à la deuxième position, rarement à la troisième. Le reste des candidats sont appelés officiellement et pratiquement à jouer les figurants. Certains d’entre eux, racolés à la va vite dans le réservoir familial, ne se sentent pas concernés et ne daigneront même pas se déplacer pour assister aux meetings de leurs propres listes. Ce comportement a été observé lors des précédentes élections. Au lieu d’y remédier, on a choisi de reconduire le même mode de scrutin par liste avec toutes ses tares.

Le véritable risque des prochaines élections est qu’elles se focalisent sur les personnes et s’enlisent dans les querelles de coqs. Durant toute cette période nous n’avons entendu que des noms. Aucune allusion aux programmes. Lors des dernières élections, nous avons eu droit aux promesses les plus farfelues. Cette fois-ci, nous espérons pouvoir choisir entre de vrais programmes politiques, économiques, culturels, sociaux. La peur, c’est que dans la précipitation, les partis vont concocter des manifestes fleuves, populistes et qu’ils savent irréalisables. La compagne électorale deviendrait une simple surenchère comme la période pré-électorale a été un mercato.
24/08/2014 | 18:21
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