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Chroniques
Où est le gouvernement de Youssef Chahed ?
23/02/2017 | 15:59
3 min

Cette question, tout le monde se la pose tout bas. Eh bien, osons la poser tout haut : la présidence de la République n’est-elle pas en train d’empiéter, petit à petit, sournoisement, sur les prérogatives du gouvernement ?

 

Chaque lundi, le président de la République s’entretient avec le chef du gouvernement sur son programme de travail de la semaine. En vertu de quelle disposition constitutionnelle le Chef de l’Etat aurait-il un droit de contrôle sur l’activité du gouvernement, hormis celle inhérente à la défense nationale, la sécurité et les affaires étrangères ? Aucune. Or, depuis quelques temps, le chef de l’Etat semble s’immiscer de plus en plus dans des dossiers qui relèvent fondamentalement du gouvernement.

 

L’intervention présidentielle concernant la loi 52 est symptomatique. Elle s’apparente même à un coup de force puisque le chef de l’Etat a brandi la menace de recourir au Conseil de sécurité nationale pour mettre un terme aux procédures et sanctions privatives de liberté pour les prévenus accusés de consommation de drogue, balayant du coup les prérogatives d’action du gouvernement et les prérogatives législatives du parlement. Le plus curieux, c’est que le chef de l’Etat invoque les risques pour ces primo-consommateurs de cannabis de voir leurs vies de famille brisées et leurs avenirs hypothéqués pour suggérer dans la foulée que cela peut constituer un péril pour la sécurité nationale. Ainsi, quelques centaines jeunes bo-bo (bourgeois-bohème) des quartiers chics et quelques centaines autres jeunes déshérités des quartiers populaires qui n’ont que ce moyen pour rêver sont privilégiés par le chef de l’Etat tandis que l’immense majorité de la jeunesse, celle qui n’a aucun lien avec ce phénomène, est occultée alors qu’elle a plus que jamais besoin de repères solides et de perspectives saines. N’était-il pas plus judicieux pour le chef de l’Etat de s’adresser à cette jeunesse et de la prévenir contre ce péril de la drogue en laissant au bon soin du gouvernement de trouver les solutions idoines et au parlement d’en légiférer ? A la place, BCE a choisi de donner autorité au buzz et à un quarteron d’associations et de ne se focaliser que sur la dépénalisation de ce délit sans aborder les risques de sa banalisation, de sa décriminalisation et, plus que tout, de sa légalisation.

 

L’empiétement de la présidence de la République sur les prérogatives ne concerne pas seulement ce seul dossier social. Ainsi, pas plus loin que cette semaine, le chef de l’Etat a consacré avec son staff et rien que son staff, une réunion dédiée « au suivi de la mise en œuvre des projets annoncés dans le cadre de l'initiative présidentielle pour impulser la croissance et l’emploi ». Tiens, le dossier  de la croissance et de l’emploi relèverait-il désormais de la présidence de la République ? Un communiqué de la présidence publié à l’issue de cette réunion précise même que « trois projets ont ainsi été lancés, pour un investissement de 120 millions de dinars. Cinq projets, pour un montant d’investissement de 264 millions de dinars sont également en cours de réalisation et dix projets, d’un coût de 745 millions de dinars finalisent leurs procédures. Quatre autres projets sont en attente des autorisations administratives ». On croit rêver.

 

A ce rythme, il ne serait guère étonnant que les membres du cabinet présidentiel et les conseillers du président de la République viennent expliquer à l’opinion publique la grave dérive actuelle de l’économie du pays telle qu’elle est suggérée par les récentes données de conjoncture et les voies et moyens pour faire face aux périls économiques qui guettent le pays. Qu’ils viennent à expliciter les raisons d’une croissance en berne, d’un chômage persistant, d’un recul des exportations et les répercussions de ces indicateurs sur la dégradation continue des finances publiques, accentuée en cela par une détérioration sans fin du taux de change.

A l’occasion, ils pourraient nous dire aussi où est passé le gouvernement.

23/02/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (10)

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DHEJ
| 24-02-2017 22:00
C'est que tu n'as pas compris l'article!

BCE la nommé Chef du Gouvernement pour en faire un secrétaire de la présidence!


N'est-il pas un gamin?

TMT
| 24-02-2017 15:28
Apparemment,vous vous réjouissez à traiter le Chef de Gouvernement de gamin. Si c'est bien le cas vous seriez au moins septuagénaire(70ans environ). Si c'est bien le cas, ne trouveriez vous pas qu'il est plus sage, et je suis sûr que vous l'êtes, de prendre un peu de recul et laisser les jeunes(gamins) de tracer eux mêmes leur avenir et d'être plus clément même quand ils font des erreurs?!
Sans rancune

Papy
| 24-02-2017 14:52
Ya si Ben Achour , vous avez pose' une question pertinente : ou est '' Youssif Eschahed '' . Moi , dans mon bled , loin des politiciens et des cercles mondains je vous repond ceci '' SI YOUSSIF EST ENTRAIN DE CHERCHER SI CHAHED , AU MOMENT OU SI CHAHED CHERCHE SI YOUSSIF '' . Ne te casse pas la tete , il y aura les '' heureuses retrouvailles '' . La question '' c' est , au bout de combien de temps '' ? Cherches que tu cherches , entre temps , l' espace vital risque d'etre envahi par l' autre ! .Attention ! Devinez ?

Tunisienne
| 24-02-2017 13:27




Personnellement, je verrais d'un bon oeil que BCE explique à son peuple ce que signifie 1% de croissance. En effet, puisqu'il a beaucoup de ressources (charisme, éloquence, espièglerie, aisance dans la mobilisation de Sourates, capacité de faire passer les pilules les plus improbables, et toujours le mot pour rire), et puisque ce sujet ne pourrait pas offenser ses "chers alliés" islamistes, il serait fortement utile que BCE joue le rôle de Président pédagogue, éducateur, vulgarisateur, sensibilisateur, créateur de sens et mobilisateur pour que les 1% de croissance ne soient plus une entité abstraite, que chacun comprenne le rôle qu'il peut jouer en tant que citoyen et sorte un peu de l'attentisme et de l'indifférence par rapport à la chose publique. Dans un langage simple et accessible, il pourrait être question de réhabilitation de la valeur Travail, de réconciliation avec le devoir fiscal, de freinage du surendettement des ménages et du consumérisme, de restauration de la confiance chez les opérateurs...


Assurément, BCE devrait s'adresser à son peuple sur ce sujet de la croissance, et même sur plusieurs fois, sans que cela n'empiète sur les prérogatives de quiconque !




Moi
| 24-02-2017 04:44
Un article qui ne nous apporte rien de nouveau et qui ne fait pas avancer les choses...Arrêtez d'écrire pour rien !

TMT
| 23-02-2017 18:48
L'explication doit être cherchée en grande partie dans le recul du secteur agricole suite à la sécheresse qui a sévi et aurait pu nous conduire vers une catastrophe.
Je me permets de vous signaler que les mêmes causes ont conduit leMaroc à se contenter lui aussi de1% alors qu'il tablait sur 4,5% .
Cet écart énorme est due a la part importante du secteur dans le pib,supérieure de moitié à celle chez nous.

TMT
| 23-02-2017 17:57
Où est le tribunal constitutionnel?
Quand à Mr Chahed,je peux vous assurer qu'il conduit toujours et avec courage son gouvernement.
Ah vous voulez parler de ses relations avec la présidence,il vaut mieux attendre, le temps que les juges se mettent d'accord.

Skander Ounaies
| 23-02-2017 17:52
Mon cher Houcine,
Bonnes interrogations,mais:
Un responsable gouvernemental a t il expliqué le taux de croissance de 1%,malgré les toutes les prévisions fantaisistes faites en Janvier 2016??
a t on expliqué aux gens la dérive explosive à venir des Finances Publiques,avec des salaires qui représentent 14 % du PIB,et 70 % des dépenses budgétaire??
Professeur Skander Ounaies

A4
| 23-02-2017 16:26
L'ETAT (2)
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2016

Il fût un temps pas lointain
Dont je me souviens encore
Où l'état était souverain
Où l'état était trop fort

Si fort qu'il se permettait
D'écraser sur son chemin
Les bipèdes qui l'embêtaient
Lors de nuit sans lendemain

Ce temps là est révolu
Dépassé, plus à la mode
Le problème est résolu
L'état a changé de code

C'est l'état mou des mauviettes
On ne le voit presque plus
Il s'incline, fait des courbettes
Aux arnaqueurs et goulus

C'est l'état aux poches vides
Qui n'a plus aucun dinar
Qui se comporte en timide
Face aux bandits et roublards

C'est l'état végétatif
Qui ne sort de sa cachette
Qui a peur, qui est craintif
Qui cède tout au racket

C'est l'état des grands niais
Qui avance à l'aveuglette
Ne sait où mettre les pieds
Et n'a plus rien dans la tête

C'est l'état doux des agneaux
Qui s'asphyxie et suffoque
Qui envoie ses mégalos
Faire la manche aux amerloques

C'est l'état des populistes
Qui caresse l'animal
Fainéant, sale et fumiste
Toujours dans le sens du poil

C'est l'état des défaitistes
Qui se croit faire du social
Regard livide d'utopiste
Qui se noie dans la spirale

C'est l'état, il est ainsi
Conforme à la volonté
De ceux qui nous ont écrit
Une constitution ratée