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Chroniques
On ne peut ménager la chèvre et le chou
23/03/2017 | 16:43
3 min

Quelle mouche a piqué certains experts, si tant est qu’ils le soient dorénavant, pour affirmer péremptoirement que la délégation du FMI sera absente du rendez-vous fixé au début du mois d’avril 2017 pour faire le point sur l’état d’avancement du programme de réformes convenues avec le gouvernement et permettre ainsi le décaissement des tranches, en stand-by, du crédit de 2,7 milliards de dollars sur 4 ans, octroyé par l’institution de Bretton Woods à la Tunisie. Certes, les raisons qui les ont poussés à émettre une telle affirmation sont légitimement fondées. Il n’empêche,  leur résultante ne peut être que pure spéculation. Car, rarement contacts, entre la délégation du FMI et les autorités tunisiennes, n’ont été si nombreux que ces derniers jours. Par visioconférences, bien sûr. Sur cette base, rien ne peut suggérer un quelconque renoncement de l’équipe du FMI à faire le déplacement à Tunis. En revanche, cela dit long sur le branle bas qui agite et le ministère des Finances et la Banque centrale. Il est vrai que le prochain rendez-vous avec le FMI sera décisif. Il est hors de question qu’il débouche sur un second échec. Malheureusement, pour l’heure, cette hypothèse demeure envisageable et le gouvernement devra présenter un solide plaidoyer, fondé sur des données empiriques tangibles pour expliquer tant de lenteur dans la mise en œuvre des réformes visant à redresser les finances publiques et améliorer l’environnement de l’investissement dans le pays. Il faudra également qu’il donne de réelles garanties pour prouver sa détermination à combler le retard pris dans la réalisation du programme de réformes.

 

Celles-ci ne tiennent plus tant à l’accélération de l’approbation législative des réformes clés portant sur le secteur bancaire, la concurrence, le partenariat public-privé, la passation des marchés, l’investissement public et l’investissement en général ainsi que les procédures de faillite, mais à la publication des décrets d’application que prévoient ces réformes. Il en est de même des nouvelles législations sur les incitations à l’investissement et les avantages fiscaux,

en attendant la mise en place de la réforme de la fonction publique.

 

 

Celles-ci ne tiennent pas tant aussi aux objectifs de gestion des déficits jumeaux, budgétaires et de paiements extérieurs que des mesures qui y tendent comme la lutte contre la fraude, la corruption et l’économie parallèle.

 

 

C’est cette démarche qui mériterait de transparaître devant le principal bailleur de fond du pays sans l’approbation duquel, n’en déplaise, il serait illusoire d’envisager le soutien des autres bailleurs de fonds multilatéraux, Banque mondiale, Banque africaine de développement, Union européenne et Banque européenne d’investissement, a fortiori les marchés domestiques internationaux. Car, les 1,4 milliards de dinars d’appui budgétaire du FMI pour l’année 2017 constituent la plus importante clé pour bénéficier des 2,7 milliards de dinars de soutien budgétaire des autres bailleurs de fonds. A elle seule, cette enveloppe globale représente les deux-tiers des dépenses d’investissement du budget de l’Etat pour l’exercice 2017. 

 

Or, le gouvernement ne semble pas y prendre garde. La décision annoncée, à l’issue de la récente rencontre du Chef du gouvernement, Youssef  Chahed avec les signataires de l’Accord de Carthage, de la création de commissions chargées d’étudier les grandes réformes, notamment celles qui concernent les caisses sociales ou l’administration publique ou bien de l’éducation ou encore les entreprises publiques ne milite pas en faveur d’une accélération du processus mais risque, au contraire, d’être perçu comme un frein compte tenu des différences de vision et d’approche de sortie de crise affichés les partenaires de l’Accord de Carthage. « Très probablement et comme toujours, les tractations politiques au sujet de la constitution de ces commissions vont trainer en longueur, et ces commissions risquent d’enfanter des sous-commissions, qui à leur tour enfantent des comités d’experts, etc. Le tout avec des budgets mirobolants, et avec des résultats incertains », estime, à juste titre, l’analyste en économie politique, Asef Ben Ammar, dans une contribution publiée sur le site Bab Bnet.

 

A la veille du rendez-vous avec le FMI, Youssef Chahed n’avait-il pas autre chose à faire que ménager la chèvre et le chou et se fourvoyer ainsi dans cette impasse ?

23/03/2017 | 16:43
3 min
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Commentaires (4)

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Dr. Jamel Tazarki
| 24-03-2017 10:13
Dans l'article ci-dessus on peut lire:"[---]fondé sur des données empiriques tangibles pour expliquer tant de lenteur dans la mise en 'uvre des réformes visant à redresser les finances publiques" ==>

Je donne un résumé des remèdes (des réformes) qui ont été appliqués par notre BCT visant à redresser les finances publiques:
a) diminuer le taux directeur à un très bas niveau afin d'encourager l'investissement et la croissance, Corrélativement avec cette baisse le taux moyen mensuel (TMM) et le taux de rémunération de l'épargne (TRE) ont diminué.
b) privilégier une baisse importante et rapide des dépenses publiques et renforcer simultanément la croissance dont l'atteinte nécessite une baisse de la pression fiscale (même au prix de dégrader à court terme le solde public).
c) recapitaliser notre système bancaire avec une injection de 6000 Millions de dinars (une offre gratuite d'argent à un système bancaire oligarque qui refuse de recapitaliser par ses propres moyens, mais ceci est autre thème).

Tous les remèdes ci-dessus tentés par notre BCT (Banque centrale de Tunisie) n'ont pas pu motiver nos hommes d'affaires à investir et à créer de la richesse et de la croissance afin que l'on puisse entre autre redresser les finances publiques!

==> Les solutions théoriques des sciences économiques que le FMI voudrait appliquer en notre pays n'ont pas donné de résultats. Et ça ne sert à rien de tenir bon à des remèdes qui se sont avérés inefficaces. Il faut penser autrement sinon le pays risque de couler!

Apparemment, même un taux directeur à zéro ou négatif (négatif ne fait pas de sens, mis à la limite faisable:)) ne pourrait pas motiver/inciter nos hommes d'affaires affairistes à investir! La preuve est que la baisse du taux directeur en 2011 n'a rien changé à la situation de l'investissement en Tunisie et par conséquent à notre situation socio-économique!

En plus qui a profité de la baisse du taux directeur et par conséquent de la baisse de TMM?
a) oui, les banques oligarques privées tunisiennes ont profité de la baisse du taux directeur et non pas ceux qui ont besoin d'un microcrédit afin de démarrer un projet et de créer de l'emploi: Les banques oligarques prêtent à la banque d'investissement ENDA a "TMM + 3%", Après quoi la banque ENDA prend sa marge d'intérêt ==> et ainsi les micro-créditeurs se retrouvent avec des financements avec des taux effectifs qui dépassent largement les 10% (voir le lien http ci-dessous) ==> c'est horrible et totalement injuste envers ceux qui veulent créer de la richesse pour leur propres familles et pour tous les Tunisiens. En Allemane c'est le bureau du travail (Arbeitsamt) qui accorde les microcrédits aux chômeurs à 0% d'intérêt et seulement en fonction du Business Plan. Seulement les "Business plan" ayant une bonne idée d'investissement ont une chance d'être financés par un microcrédit. Et c'est l'Etat allemand qui accorde l'argent indispensable pour les microcrédits directement au bureau de travail (Arbeitsamt). C'est complètement ridicule de faire passer les microcrédits par plusieurs banques intermédiaires et de les charger à chaque passage par des intérêts supplémentaires. C'est quoi toute cette médiocrité et ce manque d'intelligence socio-économique contre la masse pauvre intelligente qui voudrait créer de la richesse et de l'emploi pour tous les Tunisiens???
b) Certains de nos milliardaires entrepreneurs et l'oligarchie entrepreneuse reçoivent des crédits bancaires à un taux d'intérêt égale au TMM puisque les banques privées leur appartiennent, alors que ceux qui ont besoins de microcrédits doivent payer les crédits à un taux d'intérêt TMM+8% et même plus! Ceci n'est faisable et n'est possible qu'en Tunisie, c'est horrible que des entreprises tunisiennes possèdent leurs propres banques et profitent ainsi de la collecte de l'épargne des Tunisiens et de crédits à un taux d'intérêt égale au TMM! Ceci est complétement exclu en Allemagne!


Dans l'article ci-dessus on peut lire : "l'approbation législative des réformes clés portant sur le secteur bancaire" ==> qui voudrait acheter ou investir dans des banques semi-étatiques en faillites? C'était complétement absurde du gouvernement de Mr. Essid de recapitaliser (ce qui signifie d'offrir) avec 6000 Millions de dinars (et en vérité même plus) un système bancaire oligarque en faillite. Non, si j'étais à la place de Mr. Essid, j'aurais nationalisé à 100% et à zéro dinar/euros les banques en grandes difficultés de trésoreries. L'Allemagne a eu le courage de nationaliser entièrement et à zéro euro l'une de ses plus grandes banques avant d'y injecter de l'argent, la Hypo Real Estate. En Allemagne, la majorité du système bancaire est nationalisée sous la forme de banques détenues par les Länder (les Etats régionaux). C'est horrible qu'en Tunisie il n'y a plus de banques qui n'appartiennent pas en grande partie à la bourgeoisie ou aux milliardaires Tunisiens qui refusent de recapitaliser par leurs propres moyens!

Jamel Tazarki

DHEJ
| 24-03-2017 10:06
D'ailleurs ses membres de gouvernement vont-ils endossé le bleu de travail???

Redressement par quoi? Ah par la justice!

Dr. Jamel Tazarki
| 24-03-2017 10:06
Il faut se libérer de cette idée absurde de l'entrepreneur tunisien créateur qui serait le personnage central de notre développement économique, qui prendrait des risques pour créer de nouveaux produits et emplois et ne demandant qu'un peu de capital-risque et d'être libéré des charges fiscales. Une idée platonique que voudrait nous imposer l'UTICA. Même un taux directeur négatif ne pourrait pas motiver nos hommes d'affaires affairiste à investir. Le rêve de développement d'un Silicon Valley en Tunisie ne serait possible qu'avec l'intervention directe de l'État.

Il n'y a pas un seul homme d'affaire millionnaire/milliardaire en Tunisie dont les entreprises n'appartiennent pas en grande partie à des cartels internationaux. Même délice qui monopolise le marché laitier en Tunisie est à 50% française (avons-nous besoin de Danone afin de produire notre fromage et pasteuriser notre lait???) ! Au juste, on ne produit que très peu en Tunisie par nous même!

Il est temps de réviser les rôles respectifs de l'Etat et des firmes privées dans le processus du développement socio-économique de notre pays. Le véritable entrepreneur qui prend des risques a toujours été le pouvoir public en Tunisie. Il n'y aura pas d'amélioration socio-économique essentielle dans laquelle l'Etat tunisien ne joue pas le rôle moteur, non seulement comme entrepreneur mais aussi comme créateur de marché.

Les firmes privées tunisiennes exigent et obtiennent des baisses d'impôts et des dépenses publiques et privent ainsi l'Etat tunisien des moyens financiers de jouer son rôle d'entrepreneur dans des secteurs économiques indispensables pour la Tunisie où personne n'ose investir, elles assèchent ainsi les moyens de la source d'investissement de l'État sans pour autant apporter de remèdes à notre économie. L'action publique est irremplaçable en Tunisie. Et ça ne sert à rien de jouer avec la valeur du taux directeur afin de motiver nos hommes d'affaires affairistes à investir et de faire ainsi fonctionner notre économie' Il faut faire face à la réalité et l'accepter sinon on risque la faillite totale et le collapse socio-économique!

La seule chose que maitrisent nos hommes d'affaires affairistes est l'industrie touristique et avec la faillite de cet industrie tout un pays risque la faillite.

Non, Il nous faut une politique socio-économique/industrielle qui devrait redonner à l'intervention publique une place centrale, non comme correcteur des échecs de marché ou garant de la libre concurrence, mais comme entrepreneur dans des domaines où personne n'ose prendre le risque et comme créateur de marchés. Cela exige de ne plus financer les firmes tunisiennes privées passivement et indirectement avec des mécanismes ruineux.

Jamel Tazarki

C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.

Mes publications scientifiques sur le Web (tout est gratuit):
http://dedocz.com/doc/1236507/pronostics-jamel-tazarki

http://dedocz.com/doc/766520/finite-element-method-quadtree-verfahren-dr.-jamel

http://dedocz.com/doc/780359/1-finite-element-method-quadtree-verfahren-dr

http://dedocz.com/doc/1236515/kuenstliche-intelligenz-und-simulation

Dr. Jamel Tazarki
| 24-03-2017 10:04
Je propose pour la Tunisie une solution pragmatique à la chinoise. En effet, le gouvernement chinois a créé une structure organisationnelle par laquelle il peut procéder en tant qu'actionnaire dans tous les grands projets économiques afin d'optimiser la gouvernance et de guider la modernisation. Même si ces sociétés par actions présentent des particularités d'entreprise privées (actionnaires, conseil d'administration, rapports annuels), le gouvernement chinois détient au départ toujours la majorité des actions et il exerce ainsi un contrôle solide sur l'activité de l'entreprise. La privatisation complète se fait quand l'entreprise fait des bénéfices. Le gouvernement chinois a ainsi créé plus que 4 millions d'entreprises privées. Ces entreprises emploient près de 120 millions de chinois. La chine fait pression sur les responsables des banques afin de permettre des prêts à des conditions avantagées aux nouvelles entreprises qui sont au début surveillées par les fonctionnaires des autorités chinoises. Ces prêts hors des conditions de marché ne sont accordés qu'aux entreprises rentables. Les entreprises non rentables n'ont plus le droit d'opérer ou d'investir car les règles du marché les forcent à arrêter leurs activités ou du moins de ne pas réaliser de nouveaux investissements. Lors de la privatisation complète des entreprises fonctionnantes, les banques reçoivent leur argent de nouveau. Le stock des créances est à plus de 1200 milliards de dollars. Les dirigeants chinois sont conscients de la fragilité de ces investissements. C'est pour cela que les banques chinoises reçoivent du budget de l'Etat. Le gouvernement chinois cherche aussi des capitaux privés, chinois et étranger afin de recapitaliser ses banques. Par contre l'Etat chinois (contrairement aux américains et aux européens) n'accorde pas de crédit hors conditions de marché (très faible taux d'intérêt) aux ménages et à la consommation. Les ménages chinois doivent préalablement épargner les sommes nécessaires pour l'achat d'une voiture ou d'un appartement. De même de nombreux produits d'assurance ne sont pas disponibles. Les ménages doivent également épargner pour se protéger contre les risques de la vie courante. On comprend ainsi pourquoi le taux d'épargne des ménages chinois est très élevé et d'ailleurs il ne cesse pas de croître. Le taux d'épargne des chinois est de 50% du BIP. Ce taux d'épargne contribue à l'investissement. Les banques d'Etat dirigent l'essentiel de l'épargne chinoise vers les entreprises. Ces prêts soutiennent la production et favorise l'investissement. Ce qui augmente le taux de croissance du PIB.


La question est comment assurer l'autosuffisance et la stabilité des prix dans un temps record. Pour cela, il suffit de transformer notre agriculture traditionnelle, en la dotant d'équipements et de techniques d'avant-garde. L'agriculture moderne nécessite des techniques avancées, des équipements de haute performance et des agriculteurs qualifiés. Il nous faut un haut rendement, une excellente qualité, une grande rentabilité et un bon écosystème. Le développement de la productivité agricole est un but primordial de la construction de la nouvelle Tunisie. Le mode de production agricole caractérisé par les systèmes d'irrigation classique et de labour traditionnel n'est plus suffisant afin de nourrir 13 Millions de Tunisien. Afin de développer une agriculture moderne, il est important de la transformer et la doter des techniques modernes de l'hydro-culture. Puis, il faut augmenter les investissements dans les régions rurales, soutenir financièrement les agriculteurs.

Parallèlement, il faut pratiquer des politiques économiques structurelles qui ont une action à long terme. Par exemple une politique industrielle comme l'encouragement de la production artificielle des engrais agricoles et de l'industrie chimique.

De même, je propose de déterminer les potentialités de notre pays et de mettre en oeuvre les projets correspondants. Nous privilégions lors de la réalisation de nos projets d'abord le savoir-faire et les compétences locales. Et pour combler les compétences manquantes, on va rechercher les personnes susceptibles d'être recrutées partout dans le monde. Il y a énormément d'ingénieurs et scientifiques sur le marché international qui pourraient nous aider, mais ils ont un prix. C'est toujours une question d'argent. Les Américains, les Chinois, les Allemands et tous les autres font pareils, ils captent les meilleurs scientifiques et les meilleures capacités du monde. Nous ne sommes pas encore au plus haut niveau, mais on veut l'être. Nous sommes juste sur le bord d'y arriver. C'est une question de temps et de choix politiques. On ne cherchera pas seulement à séduire les entreprises étrangères à investir dans notre pays mais nous définiront nos projets en fonction de nos besoins et on cherchera sur le marché international de travail les compétences manquantes et peu importe le prix que l'on aura à payer

Jamel Tazarki